L'envie d'être là se dissipe peu à peu. Je pense que j'irai voir Eowyn une fois que je me serai décidé à partir, savoir si elle était d'avis de s'en aller aussi, ou continuer avec sa copine. Après tout, c'était une soirée pleine d'espoirs pour elle et j'espérais quand même qu'elle y trouve son compte. De mon côté, j'arrivais pas à me défaire de ce sentiment qui m'habitait depuis plusieurs jours maintenant. Déception, tristesse, colère. Te regarder de loin, finalement, ça me suffisait ce soir. J'avais pas envie d'être proche de toi, de te voir poser le regard sur moi, de te parler. A quoi ça servirait de toute façon ? On était rien et sûrement qu'on sera jamais rien. Je m'y faisais peu à peu, même si ça faisait mal. Accoudé au bar, j'attendais ma boisson avec la ferme intention de la siroter seul, dehors, avec une clope au bec. C'était loin d'être une bonne idée mais j'en avais rien à faire. Glissant la cigarette entre mes lèvres, j'avançais vers l'espace extérieur, cherchant le briquet dans ma poche, sans faire forcément attention à qui se trouvait sur mon passage. Des épaules qui s'entrechoquent et un « pardon » immédiat qui sort de mes lèvres. Le regard se lève et se pose sur toi. Le coeur se ressert, mais je ne laisse rien paraître. « désolé » que j'dis juste, avant de reprendre ma course vers un coin tranquille ou personne ne me retrouvera. La fuite n'est pas la meilleure idée, mais c'est la seule que j'pouvais assumer ce soir.

ce soir est la soirée qu'une grande partie des étudiants attendent: le bal de fin d'année. tout se déroule sans incident jusqu'à présent, les awards ont été remis et tu n'as pas été élue reine de la soirée. pas plus mal, t'avais pas vraiment envie d'être le centre de l'attention, le but à l'inscription avait surtout été de tuer le temps à l'hôpital et pour rigoler avec simeon. malgré la bonne ambiance à la table, les rires et les taquineries, tu te retrouves avec cette envie irrépressible d'avoir envie de prendre l'air. tu t'excuses auprès de tes amis et te diriges vers l'extérieur ton verre à la main. malencontreusement, ton corps fait la rencontre d'un autre. un que tu reconnais immédiatement à son parfum. et avant que tu n'aies le temps de relever tes yeux, sa voix vient confirmer ta pensée. ta main vient se poser sur son bras instinctivement.  — c'est rien dis-tu presque dans le vent. ta main qui reste dans le vide et le regard qui le suit se faufiler rapidement vers l'extérieur. ton cœur bondit dans ta cage thoracique à un rythme infernal. tu réunies intérieurement tes forces pour aller le confronter, crever l'abcès de ces derniers jours. tu te plantes devant lui, bêtement, sans un mot qui ne réussit à sortir. la fumée de cigarette te fait tousser alors tu te décales sur le côté pour respirer un air plus pur. — tu comptes m'ignorer combien de temps? tes mains sont serrées autour de ton verre, cramponnée à un espoir, mais tu ne sais pas lequel.

Ça craint de ressentir tous ces sentiments contradictoires. Forcément, une partie de moi était heureuse de te voir, mais celle qui t'en voulait était bien trop dominante pour laisser l'autre s'exprimer. Alors ouais, j'avais fui, parce que c'était plus simple. Se disputer, c'était pas ce que je voulais, pas ce soir. Et puis de toute façon, demain tu t'en vas donc à quoi bon chercher à se rabibocher. Alors que je pensais être seul, ton corps se plantait devant moi, avec la ferme intention d'avoir des réponses. « je t'ignore pas » que j'disais, reprenant une taff de cette cigarette qui était loin d'être mon délire habituellement, mais j'avais un peu trop de tension dernièrement et fallait que je la relâche. « je vis ma vie et tu vis la tienne, ça marche comme ça apparemment » Mâchoire resserrée, tentant d'oublier les images que je pouvais me faire de ton séjour à Washington.

— si tu m'ignores pas, tu fais quoi ? il te fuit et tu le sais très bien. tu le sens s'éloigner de toi et c'est loin d'être agréable. t'arrives à imaginer les raisons qui le poussent à faire ça. peut être qu'il a raison de se préserver de toi. les longues discussions que t'as eu ces derniers jours avec valentin t'ont fait réfléchir et t'as verbalisé des choses pour la premières fois. pas facile d'avouer des vérités et d'y faire face. pourtant, malgré tes craintes et tes doutes, quand tu le vois, tout s'envole et ta première pensée, ce que ton intérieur te cris de faire, c'est de lui dire qu'il te manque. mais t'es encore incapable de ce genre de mots. baisser la garde t'es encore beaucoup trop difficile. tu retombes dans tes travers, sûrement un peu toxique, de le suivre et de ne pas lui laisser sa liberté. verre que tu portes à tes lèvres carminées. — ça marche comme ça? tu sous entends quoi ? sourcil qui se hausse, t'essayes de percer à jour le fond de ses pensées parce que là, il t'as perdu.

Je détestais ressentir ça, ce manque, cette jalousie, cette colère et cette tristesse. Seulement, j'avais pas le choix, parce que tu ne faisais que me repousser et je n'avais plus la force de tenir. J'commençais à faiblir, j'le sentais. Cette sensation de toucher le fond, elle était désagréable. Et tu ne sais pas ce que ça fait que d'être rejeté sans cesse par la personne la plus importante. C'était l'histoire de mon année visiblement. Et le fait que cette année scolaire se termine comme ça me déprimait encore plus. « je m'éloigne » Je me préserve, je me protège. Peut-être que tu te rendais pas compte de la violence de tes mots échangés mercredi, finalement. Et c'était bien ça le problème. La douleur que les mots et les actes engendraient, malgré les sentiments existants. Je lève les yeux vers toi à ta question, sans rien dire, avant de soupirer. « si j'te dis que je vais à milwaukee avec heidi, tu le prendrais comment ? » Simple échange de situation, petit jeu de rôle qui pourrait mettre en lumière une fraction de ce que je peux ressentir en ce moment.

t'es persuadée d'être le genre à fuir les sentiments, à balayer la moindre émotion que tu ne saurais gérer. mais la réalité est tout autre. tu t'attaches facilement, tu pleures pour un rien, t'es susceptible, une éponge à émotion des uns, des autres et de toi même. t'essayes de construire tout autour de toi, un mur qui te protégerait de nouvelles déceptions. parce que t'as essayé d'aimer, t'as essayé de tout donner à la personne que tu aimais. dans les faits, tout à été différent de ce que tu avais toujours idéalisé. c'est plus simple de repousser les autres, de faire barrage à l'inconnu, que d'affronter de nouvelles possibles déceptions. tu te complets dans ton cercle fermé. jusqu'à ce que sa rencontre change la donne. et ses mots violents, viennent te mettre une claque. la voilà, la douleur que tu évites. prise de pleins fouets par le retour de tes propres actes. donnant donnant. t'engendres ce dont tu te méfies. — heidi est pas ton amie depuis des années. dis-tu sèchement. tu ne laisserais rien ni personne entraver à tes relations amicales et surtout pas les plus anciennes. valentin en fait parti, et quoi qu'il puisse s'être passé entre vous, tu n'autoriserais personne à en juger. — c'est juste la meuf que tu baises. rappelle précis de ce qu'est cette heidi pour lui. du moins, ce que t'en sais. parce qu'en fait, t'en sais pas plus. peut être que c'est une menace considérable. peut être que tu ferais mieux de te méfier et qu'elle est celle qui réussira à lui faire oublier ta personne. mâchoire serrée, l'esprit braquée, tu sens que cette conversation n'est pas de bonne augure.

C'était évident que ça allait mal tourner cette histoire. Fallait pas me suivre Ana. Fallait rester dans ton coin et profiter de ta soirée. Fallait que tu continues de faire ce que tu fais d'aussi loin que j'te connaisse : me fuir ou me repousser. Parce qu'à creuser, j'allais forcément te faire part de mes états d'âme et spoiler alert: j'allais pas bien. A cause de toi principalement. Et j'avais pas envie de mettre un masque, de faire semblant. Quand je te voyais là, face à moi, tout ce que j'imaginais, c'était les mains de Valentin sur ta peau. Ses lèvres dans ton cou, tes gémissements quand il te prend comme moi j'te prends. Rien que cette pensée me faisait fermer les yeux. En même temps que le ton sec qui sortait de ta bouche, remettant Heidi à sa place. Oui, c'était pas une amie de longue date, mais au moins avec elle c'était simple. « parce que tu l'as pas baisé peut-être ? » Rire jaune qui s'échappe et j'écrase la cigarette au sol, avant de me lever pour te faire face. C'était peut-être ton ami de longue date mais c'était surtout ton plan cul et ça serait hypocrite de ta part que de nier cet aspect de votre relation. « tu fais ce que tu veux, peu importe si ça me blesse. alors je fais aussi ce que je veux » Le cœur battant, l'envie de fuir plutôt que de dire ces mots qui vont me détruire de l'intérieur. Je buvais mon verre cul sec, avant de lâcher ces mots « je vais aller la rejoindre et aller la baiser dans les chiottes »

— tu l'as déjà la réponse à ta question. sans s'imaginer ces derniers jours passés avec valentin, il est déjà au courant que tu as couché avec lui, le jour où il t'as surpris avec lui en soirée. t'aurais préféré qu'il ne sache jamais ça, qu'il ne te surprenne pas comme ça. ces mots résonne en toi les uns après les autres. tu pourrais te mettre à pleurer si tu te retenais pas. t'as une boule dans la gorge, le cœur qui s'accélère. désillusion la plus totale. certains pourront dire qu'ils t'avaient prévenu. et ils ont raison. tu pourrais le perdre si tu faisais rien. mais t'es plantée comme une conne devant lui, à pas réussir à faire mieux que de répondre à ses attaques. la fierté, l'égo. ce que t'as pas eu l'habitude d'avoir et qui se révèle être destructeur, chose que tu conscientises de plus en plus. — vas-y, je t'en prie. à ton tour, tu termines ton verre. dans un jeu d'imitation, de provocation. tu ne sais pas quelle va être sa réaction et tu l'appréhendes un peu mais tu ne le montre pas. — j'connais, c'genre de meuf prête à s'faire baiser dans des chiottes. petite référence à toi même. petit pique envers lui. — et puis faites bien du bruit, histoire qu'veritas puisse parler d'vous sans m'y associer. tu continues de faire de la provocation, tu pourrais en rajouter encore des tonnes et des tonnes, mais tu finis par te stopper là, attendant une quelconque réaction de sa part.

Ouais, je l'avais la réponse à cette question, et ça me tendait plus qu'autre chose. Dégoûté que tu aies préféré partir avec lui plutôt que me rejoindre à New York. C'était bien ça le fond du problème non ? Je passais après tout le monde et je détestais ça. Je détestais que tu me repousses, me relègues au second plan. Et s'en suit donc un échange pour agrandir nos blessures respectives, le tout dans une provocation que je ne savais même pas que j'avais. Levant les yeux au ciel, face à tes mots, j'étais juste exaspéré. J'en pouvais plus de cette situation. Alors je posais le verre sur la table, prêt à en découdre une bonne fois pour toute. Je me rapprochais de toi, le regard sombre... mais pas trop. Le ton sec... mais pas trop. « j'en ai marre ana... j'en ai marre de tout ça » que j'finissais par dire, résigné. « j'en ai marre qu'on se blesse et qu'on rende coup pour coup. c'est pas comme ça que j'vois les choses, c'est pas comme ça que j'veux que ça s'passe entre nous » J'finis par me reculer légèrement, remettant une distance entre nous, représentant celle de ces quelques jours déjà. « c'est pas elle que j'veux, et tu l'sais. sauf que moi ça m'tue que je sois pas celui que tu veux. alors j'fais de la merde, j'te provoque, j'te blesse » J'marque un temps d'arrêt. « c'est pas moi ça... j'veux pas de tout ça, j'veux qu'ça s'arrête » Tu m'prends ou tu m'laisses. Mais j'peux pas rester dans cet entre-deux.

le changement d'ambiance entre vous est net, radical. un froid polaire alors que la température extérieure est plutôt agréable. tu croises tes bras sur ta poitrine, ton visage est impassible, alors qu'à l'intérieur c'est l'implosion. lorsqu'il s'approche de toi, ton cœur s'emballe. partagée par deux émotions: la peur et le désir. tu te sens menacée, paniquée par ce qu'il pourrait faire. les mauvais souvenirs de ce genre de comportement remontent et tu fais immédiatement un pas en arrière pour te sentir plus à l'aise. tu hoches la tête à ses paroles. il a raison, tu le sais pertinemment. sauf que ce que tu lui montre, c'est un air hautain, un peu détaché et surtout provocateur. t'as même un petit sourire désagréable, qui s'inscrit sur ton visage. — c'est pas elle que tu veux, mais c'est celle que j'suis ton assurée, ton regard perce le sien. personne ne peut te dire qui tu es. tu ne veux plus qu'on décide à ta place. t'es entêtée dans cette idée idiote que personne et surtout pas un homme, ne pourra dicter ta vie de nouveau. trop agacée par ses piques pour te remettre les pieds sur terre et rationaliser les faits; il n'est pas comme travis, et tu le sais. mais à l'instant t, plus rien n'a de sens, à part ton égo qui en prend un coup. — tu veux que ça s'arrête? le pas de recul que t'as fais viens s'effacer puisque tu avances vers lui, puis un deuxième pas viens combler la dernière distance entre vous. vos corps sont proches, si tu approchais un peu plus ton visage, tu sentirais son souffle sur ta peau. — répète le, dis le moi une bonne fois pour toute et j'te laisse. les yeux dans les yeux, tu lui murmures ces mots. — j'irais même te chercher heidi pour qu'tu la saute dans les toilettes. attirer pour mieux repousser. être repoussée pour mieux l'agripper. cette sensation désagréable de perte de contrôle quand il menace de te laisser, elle te fait froid dans le dos et elle te pousse à être une personne toxique.