veni vidi viciC’est la seconde fois qu’à cause – ou grâce – au jeu proposé par leurs deux présidentes de leur maison elle s’aventure à lui demander si la jalousie, en sa faveur, il l’a déjà ressenti. Une question qu’en temps normal, l’amérindienne n’aurait jamais osée. En tous les cas pas après le fiasco du bal de fin d’année. Et si la première réponse à l’interrogation ne l’avait pas totalement satisfaite, faute de la distinction entre l’amour et l’amitié. Se glanant seulement d’être possessif, alors qu’elle le sait réticent à tout ce qui peut toucher l’affectif. Sans pour autant pouvoir le contredire, Haiwee est consciente de lui appartenir.
Mais oui, aujourd’hui, après les mots qu’Anders lui a envoyés, elle a eu des volontés de retenter. De vérifier. En un sens, aussi, de se rassurer. Cependant, c’était sans compter sur Sheng et sa tendance à ne pas vouloir dire clairement la vérité. Les pupilles rivées sur l’écran de son cellulaire, elle en a délaissé son livre à étudier, ruminant le fait d’être frustrée.

Toutefois, quand il propose de la retrouver, elle ne peut pas refuser, elle comptait aussi le faire, à dire vrai. Elle brûle en permanence son envie de pouvoir grapiller du temps avec lui. Alors les secondes s’en deviennent des minutes jusqu’à ce qu’apparaissent devant ses yeux, deux gobelets de café. " Alors on remet en doute ma zénitude..." qu’il suppose après s’être positionné sur la chaise à proximité. Elle décline sur son être son regard, le jaugeant de toute l’innocence qu’on lui connait. « Moi ? » femme angélique qui lui murmure, « Je me contente de jouer le jeu. » même si pour le coup, elle n'est plus totalement la plus honnête des deux.

@Sheng Lao Xian
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veni vidi viciBien sûr, elle sait, qu’elle a voulu outrepasser les limites de ce petit amusement, mais pour obtenir quelque chose, il faut se hasarder à essayer ? C’est ce qu’elle a fait. S’essayer à poser les interrogations clairement. Ne plus emprunter quatre chemins, elle qui doute à chaque instant de leur avenir commun. Si incertain. Puis il amorce, jugeant l’un des verres cartonnés de sa main, « Tu en réinventes les règles, » ses sourcils se haussent, feignant de ne pas comprendre cette accusation, lui intimant de façon taciturne de poursuivre son explication. « Tu ne cherches pas à me connaitre, » si un peu, beaucoup et même trop peut-être, « mais à savoir quelque chose en particulier, » elle se doit de contenir un réflexe, rictus contrarié qui se traduirait par ses lèvres pincées, « qui te concerne aussi, » juste à peine, de loin, elle le jure, pas de si près, « Mais bien tenté. » A l’innocence, elle ne peut plus réellement s’y risquer. Coupable démasquée.

Elle en soulève ses épaules, dans le fond, toujours irritée, choisissant d’être finalement nonchalante, comme si elle s’en fichait. C’est bête combien elle aimerait que l’aveu de la jalousie viennent traverser ces lèvres qui viennent ici la narguer. « Pas de triche, » d’ailleurs ne l’a-t-il pas fait en premier, tricher ? Lui aussi a posé des questions dans son intérêt. « Mon fantasme te concernait. » pour ce dire, le ton de sa voix, c’est de plusieurs octaves, qu’elle l’a baissé. Jonglant avant sa pudicité, elle va finalement poser sa paume sur le gobelet qu’il n’a pas touché.

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veni vidi viciBien qu’il soit un brin sorti de nulle part, l’argument est valide. Elle en est persuadée, parce que la demande qui concernait son fantasme – même s’il ne l’a pas émise en premier – ne pouvait être désintéressée, car des lits, elle n’en a pas visité des milliers. Pour le savoir d’ailleurs, il est bien placé ; ce n’est qu’avec lui que la Haiwee a dormi. Alors forcément, ses rêves érotiques n’ont comme protagoniste principal, que lui. « Je sais. Le mien aussi. » Il susurre à son tour, le visage baissé en direction de l’amérindienne dont les joues viennent à nouveau de s’enflammer. A la réminiscence des messages évoqués, avant qu’il n’avorte d’un coup sec le cheminement de ses pensées. « Il me concernait. » Derechef, ses doigts se crispent sur le carton du café, altérant le niveau de sa contenance, elle met à rude épreuve sa résistance.

En trois mots il lui a confirmé le pourquoi elle avait mis plusieurs jours avant d’oser ce sujet. Parce qu’elle craignait de se heurter à un songe dans lequel elle n’aurait pas joué. Car s’il est son unique, l’inverse n’est pas vrai. Elle qui souhaitait lire sa jalousie, c’est la sienne qui est maintenant titillée. Armée d’un regard noir, elle articule, « Heureuse de le savoir. » parfois, elle le hait de posséder sur elle, un tel pouvoir. Alors elle pallie son ressentiment par une première gorgée, bravant le mont de crème fouettée, « J’dois pas être la seule amérindienne sur le campus. » elle joue avec un feu qui commence déjà à la brûler. Novice invétérée.

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veni vidi viciUne autre amérindienne qui pourrait s’amouracher de lui, possédant une famille conservatrice qu’il pourrait choquer en s’aventurant jusque dans leur réserve afin de réaliser ce fantasme qu’il lui a confié. C’est bête parce qu’elle n’a beau exister que dans son esprit, elle en éprouve de la jalousie, comme elle déteste celles qui partagent son lit. « La seule à ma connaissance, » au moins à ce niveau-là, elle est unique, n’est-ce pas ? Ca la heurte dans sa poitrine, juste à l’endroit où ça bat.

Et s’il s’amuse à parcourir les pages du livre qu’elle étudiait, elle en profite pour pallier son aigreur en buvant encore un trait de la boisson lactée. « Barbant » Il est tout sourire alors qu’elle s’essaie de maitriser l’agacement qui a pris le pas sur le reste de ses sentiments, « Y’a pas d’images, » il lui en dira tant… Elle hausse les sourcils, comme signe d’approbation et de compréhension, avant de se laisser surprendre par la paume de l’étudiant qui s’approche dangereusement. D’une ébauche de caresse, il retire les traces de crème restées sur ses lèvres après sa gorgée, « Ma faute. » ou plutôt la sienne de sentir autant de faiblesse et d’envie résultant de ce geste. Fébrile, elle accuse en un murmure, provocante, « Toujours. » sa faute pour tous ses états. De la haine à l’émoi. « Mais je prends note, pas jaloux et prêt à partager. » Sa langue serpentant malgré elle sur l’arc de sa bouche qu’il vient d’effleurer. C’est rare qu’elle ose autant le bousculer. Et pourtant… ça l’ébranle tellement ça lui plaît.

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veni vidi viciSa réaction ne se fait pas attendre, et Haiwee ne mentira pas, elle adore ça, « Quoi ? » même s’ils deviennent un spectacle lorsqu’il élève la voix. Une représentation qu’il efface d’un mouvement d’excuse de ses doigts.

Evidemment, elle n’a jamais eu envie d’un autre. Il est le seul, l’unique, même si ça donne à l’amérindienne ce côté trop romantique, un brin pathétique. « C’est quoi ce délire de partage ? » Elle-même l’ignore, elle ne voulait que le piquer, voir s’il saurait jouer, cacher en face à face sa possessivité. Assumer cette jalousie qu’il se refuse à nommer. Parce qu’il est jaloux, n’est-ce pas ? Elle aimerait tant qu’il le prononce clairement, rien qu’une fois. « Quel rapport ? » Tout et rien, l’idée de le confronter à une possible réalité. A la perte de cette exclusivité que depuis le départ, elle lui a donné.

Elle s’arme d’un sourire énigmatique pour aller apposer sa main sur son poignet, elle s’abaisse vers son pouce encore marqué, et souffle, « Voyons, aucun. » avant de le faufiler entre ses lèvres dans le but de retirer la crème d’un coup de langue mesuré, un infime baiser. « Je suis trop crédule pour qu’il y en ait un. » Puis elle se recule, relâche son emprise et se concentre sur le livre, l’attrape et se lève afin d’aller dans les rayonnages, le ranger. Ne pouvant s’empêcher de lui lancer une œillade, désireuse de s’assurer qu’il ne décide pas de s’en aller.

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