professional pain in the ass (alix)

l'entraînement avait été long. la passion pouvait te prendre aux tripes mais il n'accélérait pas le temps quand l'intensité était de mise, l'acharné d'entraîneur t'ayant pas accordé un seul souffle entre deux exercices. toute forme d'énergie avait donc quitté ton corps lorsque tu franchis le seuil de l'appart, dans l'espoir de sauter sans attendre sous la douche. aucun son ne résonnait dans la baraque, c'qui te fit soupirer de soulagement. tu cherches pas plus loin, impatient de te débarrasser de la crasse qui s'était entassé sur ta peau. mais la traversée vers la salle de bain fut si silencieuse que t'hésitais pendant deux secondes à brailler à la recherche de vie - avant de passer devant la chambre d'alix. seule femelle de la horde, seule lionne de la savane. lionne actuellement plongé dans un monde parallèle, l'nez dans un bouquin, le visage caché par ces pages. tentation trop grande, tu rebrousses chemin, t'appuies sur le cadran de sa porte. Heathcliff il meurt à la fin. spoiles sans complexe mais quasi certain que tes mots lui étaient passés au dessus de la tête, malgré le ton fort et que tu finiras par lui arracher le fichu bouquin des yeux.

parce que ton domaine de prédilection c'était l'emmerdement du monde entier, tu pouvais pas débarquer dans une coloc sans faire valoir ton talent inné. c'était bien tombé, entre les rothschilds et les deux gugus de service - toi y compris, tu mettais tes aptitudes exceptionnelles au service de tes pairs, tu les utilisais pour faire briller ta virtuosité. alix étant la première cobaye - suivi de près par val. la différence entre les deux frères et soeurs seulement, c'est que la p'tite naine commençait à déjouer tes plans; preuve à l'appui, la couverture de livre qui sert de dissimulation à son vrai livre. tu pourrais presque afficher un sourire d'admiration face à son innovation mais tu joues plutôt l'offensé, la main sur l'coeur, faussement dramatique. Je suis outré que tu puisses penser que j'prenne si souvent plaisir à te gâcher ton moment de paix.. Ou-tré ! dans l'fond, tu te sentais également vexé d'être aussi prévisible mais le cache vite derrière l'expression malicieuse, presque menaçante en entendant ton prénom de baptême. Retire c'que tu viens de dire Alix.. et tu lui laisses même pas le temps de réagir avant que tu fonces tout droit, vision fixée sur un des coussins qui soutenait sa tête. ni une ni deux, ce coussin avait fini dans tes mains en guise d'arme de menace, pendant qu'elle devait probablement chanceler par l'enlèvement d'un de ses appuis. J'te laisse trois secondes avant que j'déplume toute ta literie sur toi..

c’était ton mini trigger ton prénom. ce blase qui te renvoyait dix ans en arrière, ta mère piaillant incessamment ces six lettres pour te tirer les verres du nez sur ta dernière péripétie dans les vieux quartiers de londres. tu l’avais tellement entendu ce prénom que paradoxalement, le détachement vis à vis de celui-ci s’était créé. comme un mot qui perd tout son sens quand tu le joues en boucle. t’avais jamais donné d’explications quant au mépris que t’avais de ce prénom mais tes proches ont tous été témoin de tes traits tendus à chaque utilisation qu’ils en avaient adopté ton patronyme. sauf alix. alix savait titiller et utiliser à bon escient ta krypnonite quand l’occasion en était donné. pour te désarçonner et marquer aisément le point contre l’adversaire, contre toi. le deal implicit entre vous deux, vous fracasser les genoux - métaphoriquement. embarqué officiellement dans le match, tu contres naturellement pour rattraper ton retard, jouer tes points forts et c’était ce regard menaçant, ta rapidité pour t’emparer de ton arme habituelle - ses coussins - que tu répliques. réaction immédiate, mademoiselle monte dans les aigus, lance tous les membres de son corps en l’air en guise de protection et se confond entre rires, supplications et abdication. ce genre de petite victoire qui te faisait tirer tes lippes en un rictus mauvais. « T’es si faible.. j’te laisse vivre pour cette fois.. » le rictus s’élargit cependant, tes pupilles brillant de diablerie contredisent tes paroles. et très vite, ta supercherie est démasquée, t’allais jamais réellement la laisser tranquille. « … OU PAS ! » le coussin s’abat aussitôt sur elle, butte contre ses jambes et ses mains qui la protègent. mais tu te contentes d’un coup unique, profites d’une seconde de destabilisation de sa part pour t’emparer habilement de ton autre main de son livre et recule rapidement loin d’elle pour avoir le temps de capter une ou deux lignes du précieux et combler ta curiosité. « ‘Il a son regard de dominant, froid, dur et sexy en diable : sept nuances de péchés en un seul coup d’œil…’ alix rothschild, quelle effrontée dis donc, c’est ça que tu caches sous ta fausse couverture !! » que tu pouffes sans retenu.

elle tentait de s'défendre comme elle pouvait, lançait ses jambes dans les airs, exécutait quelques figures de kung-fu ou peu importe - elle tentait. t'étais un p'tit peu plus rapide ou fourbe, feins de la l'épargner avant d'abattre ton coup unique pour t'emparer de c'qui t'intriguait le plus entre ses mains. t'étais chiant et immature, c'est pas nouveau mais ça atteignait un niveau supplémentaire lorsqu'on déjouait tes plans par avance. après deux ans de colocation, fallait p't'être que tu songes à renouveler tes tactiques, alix te maîtrisait un peu trop. tant pis, t'avais tout de même réussi à te saisir du bouquin, à collecter deux ou trois lignes, captant assez vite le thème du roman. exit heathcliff et l'romantisme européen, tu faisais face à un autre type de romantisme plus moderne. tu pouffes, elle pouffe, le voisin devait pouffer aussi avant qu'elle t'arrache en retour le livre. un vrai ping pong, avec ce pauvre bouquin maltraité. « Tout c'que j'retiens c'est que ma voix te fait de l'effet.. » les sourcils qui la narguent, les lippes qui s'étirent en sourire en coin provocateur. et le coussin qui t'avait servi d'armes quelques secondes plus tôt t'atterrit dessus. « Outch. » avec sa force de mouche, l'onomatopée c'était juste pour la forme. tout comme son ordre de quitter son havre de paix que t'ignorais sans gêne. tu suis même son move, plonges sur le lit pour t'allonger sur le ventre à côté d'elle. « Et c'est mooort, t'es obligée d'me faire lire ta partie préférée maintenant ! Repasse moi ça ! » reprends possession du livre et le cales une fois de plus sous tes yeux. « Depuis quand tu lis c'genre de trucs ? » toujours le sourire en coin, t'étais pas prêt à la laisser tranquille sur le sujet.

bien évidemment que t'allais pas quitter le navire aussi rapidement et docilement. p't'être que toi tu devais apprendre de nouvelles tactiques de défense face à elle mais elle, elle devrait retenir depuis tout ce temps l'entêtement dont tu faisais constamment preuve. après la - grosse - découverte sur l'origine de son bouquin, s'en être moqué mais en restant intrigué, t'avais forcé ta présence à ses côtés dans le lit, te saisissant du livre encore une autre. et les premières questions fusaient. « Quoi ? T'as lu toute la saga d'ce truc ? » tu vivais pas tant que ça dans une grotte pour ne pas en avoir entendu parler mais l'étudiant en litté que t'es en était effaré des revues. « Me dis pas que ça fait parti de tes romans préférés stp.. » un petit de dépit dans ta voix pourtant tu ne devrais pas être étonné par alix et les surprises qu'elle vous sortait au quotidien dans la coloc. « Attends, 'notamment des romans érotiques' ? t'as une section entière dans ta bibli ? » ta bouche qui formait un 'o' d'étonnement était sorti par réflexe. « Vas-y, partage moi tes meilleurs titres que j'me marre. » l'nez dans le bouquin, t'attendais pas sa collection pour commencer à rire.