Mio Amore était facilement reconnaissable. Au-delà de l’indication qui m’avait été offerte par message, je savais que l’homme à qui je piquais le verre était mon mari. Je n’avais pas le moindre doute et c’était la raison pour laquelle je me permettais d’attraper le verre pour en boire une gorgée. Juste une gorgée avant de lui tendre le verre de nouveau pour ne pas plonger prendre le risque de boire trop. Gosse qui n’avait pas le droit à l’alcool. Gamin qui avait du mal à respecter cette règle parfois. Au lieu de prendre son verre, j’aurais pu m’approcher pour lui voler un baiser sans hésiter. Cependant, je préférais souffler quelques mots d’un ton amusé pour tenter de détendre mon amoureux que je savais stressé par toute cette soirée. Je voulais tenter de l’aider à se sentir bien avec cet amusement dont j’usais. Je voulais essayer de lui apporter mon soutien en apportant cette dose de légèreté. Mon mari ne tardait pas à me répondre me poussant à lever les yeux au ciel parce que je n’étais pas d’accord. Il était parfait et magnifique et ce n’était pas juste subjectif. J’étais persuadé que je pouvais trouver beaucoup d’autres personnes qui viendraient souffler les mêmes vérités qui glissaient entre mes lèvres. Je n’avais pas le temps de rétorquer puisque les lèvres de mon amoureux venaient se déposer sur les miennes pour mon plus grand plaisir. Un agréable baiser dont je profitais pleinement laissant l’une de mes mains se poser sur la hanche de l’homme que j’aimais. Mon corps se rapprochait du sien irrémédiablement attiré comme un aimant pouvait l’être. Je finissais par m’éloigner déposant mon front contre le sien. Ma main libre venait caresser la joue de mon mari à qui je demandais « Comment tu te sens Mio Amore ? » La réponse me préoccupait. Je savais qu’il devait être stressé par cette soirée, mais j’avais besoin de l’entendre de lui. Glissant ma main dans ses cheveux, je rajoutais une nouvelle interrogation « Je peux faire quelque chose ? » Gamin prêt à tout pour l’aider pour qu’il profite pleinement de cette soirée.

Ça faisait toujours du bien de retrouver mon mari. Ça me filait toujours ces frissons foutrement agréables le long de mon être. C’était un peu comme rentrer à la maison à chaque fois. Être au chaud et en sécurité. Être aimé malgré tous les défauts de l’être et l’horreur de l’existence. L’horreur du quotidien. Être juste parfaitement heureux et bien avec cet homme qui faisait battre mon cœur. Cet homme pour qui j’étais prêt à tout. Ce soir, je venais le rejoindre au Sun Rock pour cette nouvelle inauguration. Ce soir, je venais lui apporter mon soutien. Je voulais être celui sur qui il pouvait se reposer. Je désirais être celui qui pouvait l’aider. Mon front déposé contre le sien, je caressais sa joue le questionnant sur son état. Un état qui me préoccupait autant que ma capacité à l’aider dans ce moment. J’hochais lentement la tête à sa réponse sur son état. Mes prunelles se fermaient un instant lorsque ses doigts jouaient avec la fermeture de la chaîne que je portais autour du cou. Ouais, il y avait du monde pour cette soirée et j’offrais un doux sourire rassurant à mon mari pour confirmer que oui ça irait. Oui le discours allait bien se passer malgré le stress qu’il pouvait ressentir. La demande tombait alors. Que je laisse ma bague sortie pour qu’il puisse me retrouver après le discours. Il venait même sortir cette bague sans que je n’ai à le faire. Soufflant un « Je la laisse sortie et je ne bouge pas d’ici… », j’accueillais avec plaisir le baiser qui m’était offert avant que Mio Amore ne s’éloigne. Je ne le quittais pas des yeux alors qu’il traversait la foule jusqu’à la scène improvisée. Cette scène sur laquelle il se lançait dans un discours. Je fixais mon amoureux le sourire aux lèvres et je venais accompagner les applaudissements qui résonnaient à la fin des mots. C’était bien le seul mouvement que je pouvais accompagner. Moi qui n’avait pas de verre à la main. Moi qui ne pouvait pas boire. Mes prunelles se perdaient un instant vers le bar et j’hésitais. J’avais envie de descendre un verre au moins. Être sage, mais franchir la ligne interdite quand même. Pourtant, je ne bougeais pas de ma place. Mio Amore devait pouvoir me retrouver aisément. Et je n’avais pas le droit de franchir la ligne interdite. Je le savais.