L'éternité ne serait certainement pas assez longue et puissante pour décrire le temps que ton absence avait représenté à mes yeux, certainement parce que tu m'avais bien trop manqué durant ton voyage de noces et que je n'avais pas pu m'empêcher d'envier ton mari qui s'était évadé loin de notre ville en ta compagnie. Mais je t'avais retrouvé ce soir et je ne comptais pas te lâcher d'une semelle. T'ayant rejoins dans un bar où tu m'avais donné rendez-vous, la soirée avait commencé par durer en même temps qu'on enchaînait les verres d'alcool afin de profiter pleinement de notre moment ensemble. L'alcool montant, la chaleur n'avait pas tardé à se faire une place dans notre échange jusqu'à ce que tu retires ton sweat devant moi. Mon corps s'était alors rapproché du tien pour te conserver à mes côtés, pour te protéger de tous les autres et t'avoir jalousement rien qu'à moi. Et j'avais profité de nos échanges corporels sur la piste de danse. Cela avait été plaisant de pouvoir te retrouver, de pouvoir retrouver notre proximité.

Pourtant, le lendemain, tout tambourinait dans ma tête. Endormi dans un lit inconnu, dénudé sous des draps qui n'étaient pas miens, mes mèches blondes s'abattant sur mon front, je profitais d'un sommeil paisible et réparateur pour me remettre des événements de la veille. Mais ce ne fut pas tes paroles qui vinrent d'abord m'éveiller, mais les bruits provoqués par ta chute. Grognant légèrement, n'aimant pas être dérangé lorsque je dors, je finissais par ouvrir les yeux pour les refermer aussitôt quand le soleil vint à la rencontre de mes prunelles. Râlant, je me redressais avant de chercher la source du bruit soudain. Mon regard posé sur toi, je te regardais avec incompréhension avant de parler, la voix bien trop grave dû au réveil récent. — Qu'est-ce que tu fais sur le sol, Neal ? Perdu, perplexe, je me redressais pour me mettre à genou et me pencher vers toi avant de me figer quand je sentis l'air sur ma peau bien trop nue. Et que mon regard capta le manque de vêtement sur ton corps. — Okay... pourquoi on est nus ?

Le liquide, tantôt ambré tantôt transparent, n'avait pas passé beaucoup de temps dans les récipients lui étant dédiés puisqu'ils finissaient toujours rapidement vidés par mes propres lèvres alors que ma gorge se réchauffait au contact des degrés si élevés d'un alcool particulièrement délicieux. Bien que conscient du fait que ma maîtrise de ma personnalité lorsque je suis alcoolisé laisse particulièrement à désirer depuis quelques temps, depuis que j'avais plongé dans les bouteilles tintant dans une armoire chez mes parents pour essayer d'oublier celui qui avait ravagé mon corps et qui aurait pu (aurait dû) faire de même avec mon corps. J'essayais cependant de l'oublier et c'était pour cela que j'enchainais les soirées comme celles d'hier. Mais c'était différent hier, parce que c'était avec toi. Et que je n'étais pas tant perturbé d'habitude lorsque je me réveillais nu auprès de quelqu'un. Mais tu n'étais pas l'une de ces personnes qui fréquentaient mon lit le temps de quelques heures et que je jetais juste après. Tu étais tout, et c'était sûrement cela qui rendait la situation encore plus compliquée. Si l'on oublie, évidemment, que l'on s'était avoué à quelques reprises d'une attirance mutuelle évidente. Le haut du corps redressé, les cheveux en bataille à cause de la nuit (possiblement de folies) que l'on venait de vivre, je laissais ma voix rauque t'interroger avant de hausser un sourcil quand tu me répondis quelque chose de si évident que je me demandais vraiment si tu avais osé dire cela. — Je pense que je l'avais deviné ça, bébé... J'aurai certainement pu rire de la situation si je ne m'inquiétais pas pour toi à cause de cette chute et que mon cerveau n'avait pas déjà analysé la situation pour me faire réaliser que tu étais si déshabillé que moi.

Et je viens de nouveau t'interroger, espérant que tu aies une réponse pour venir remplacer celles que je ne possédais pas actuellement. Mais tu étais encore plus perdu que moi et mon cœur se serrait déjà en te voyant presque paniquer au fait de ne pas pouvoir me donner de réponse. Pourtant, je ne réagissais pas encore, laissant le film de notre soirée être projeté dans ma tête avant de me laisser surprendre par ta question. Clignant rapidement des yeux, je me posais même la question, venant toucher ce que tu semblais indiquer comme endroit. — N-non ? Enfin... peut-être ? J'en ai aucune idée, j'fais jamais gaffe au fait qu'on m'laisse des marques lorsque je couche avec les autres... Mais j'crois pas que j'en avais une ? Est-ce que je faisais, ainsi, de cette marque une preuve de nos fautes ? Je n'en savais rien mais je finissais par descendre du lit pour te rejoindre, faisant abstraction de ma nudité pour saisir la couverture et t'en couvrir entièrement, espérant pouvoir ainsi te rassurer dans tes peurs incontrôlables. J'osais même t'attirer dans une douce étreinte, bien que perdu dans mes pensées en recherche de réponses aux milliers de questions que j'avais. — Je suis persuadé qu'on a été sage, ne t'en fais pas.