La longue journée qui se termine enfin. Il paraît presque soulagé quand il laisse sa place à son collègue de nuit pour l'épicerie. Il n'y tient plus, l'épuisement à son paroxysme. Et il sent bien qu'il est sur le point de craquer. Moult messages échangés avec son père, l'angoisse qui lui tord les tripes. La vérité qui fait mal, ne frappe pas que les autres. Elle est malade. Elle. Sa mère. Son pilier. Celle qui lui a tout donné pour qu'il soit un bon garçon. Malgré les écarts de jeunesse avant Harvard, il a toujours essayé de la rendre fière de lui. Il soulèverait des montagnes pour elle, pour tout ce qu'elle lui a donné. Malgré la sévérité de son éducation, il sait parfaitement qu'elle a fait de son mieux. Plus qu'il n'aurait imaginé au fond. Il soupire doucement et quitte son lieu de travail. Marche lentement dans la rue pour rejoindre Narcisse, oreille dans laquelle il n'hésitera pas à lâcher ses pensées les plus sombres. Peut être parce qu'ils se ressemblent un peu. Il arrive enfin à la hauteur de son meilleur ami, clope coincée entre les lèvres. « J'oserai jamais. » Qu'il lâche en fixant le sol. Il est entier avec Narcisse, ne cache quasi rien. Il pince les lèvres puis regarde autour d'eux, tire la manche de son pote pour aller s'asseoir sur un banc un peu plus loin. « Ma mère est malade. Et mon père n'a pas les moyens de payer ses soins sans se tuer au travail... Je ne sais pas comment l'aider. Je peux pas prendre plus d'heure de travail à cause de mes études. Et c'est ma dernière année en plus... » Il soupire, passe une main sur son visage fatigué.

Les soucis s'lisent sur sa gueule, les cernes décorent ses yeux. Et y'a cette haine qui continue d'pourrir son coeur depuis bien trop d'années, l'môme incapable de pardonner le départ de son père. La fuite, la lâcheté de son paternel. Il a décidé d'noyer le chagrin dans les bagarres des rues, d'trouver de la thune dans des trafics illégaux, d'se démerder du mieux qu'il peut pour tenter de nourrir toute sa fratrie sans qu'sa mère crève au travail. Alors quand le meilleur ami lui raconte ses soucis, trop similaires aux siens, il ressent à nouveau cette flamme destructrice. Haine du capitalisme. — T'as besoin d'combien ? c'est pas question de le prendre en pitié, il veut l'aider. Il connaît trop bien la famille de son meilleur pote pour les laisser dans la merde. — J'vais t'aider à le trouver ce fric, d'accord ? de n'importe quelle façon. 

Il hausse les épaules le gamin, la mine déconfite et basse. Il n'aurait jamais imaginé qu'un drame pareil toucherait sa famille. Sa mère. Parents coréens, sévères mais aimant. Et il a trop de souvenirs en tête de quand il était petit, à toujours chercher à les rendre fiers de lui. Des souvenirs adorables qui devraient le faire sourire mais au fond, ça lui fait du mal. Énormément de mal. Il soupire longuement. « Beaucoup. Il est agressif donc le traitement sera plus fort. La chimio, les visites médicales, les médocs... De plus, on veut lui offrir des perruques pour quand elle commencera à perdre ses cheveux... » Il redresse les épaules et observe Narcisse. Ça l'intrigue. Comment est ce qu'il va pouvoir l'aider ? Mingyu fait une moue songeuse puis lâche un léger rire amusé, presque sans le prendre au sérieux. « Tu veux faire comment hein ? Je vais juste travailler un peu plus. On va pas aller braquer une banque... Cons comme on est, on va finir en taule... » Qu'il lance, presque sérieux au fond.

Comme son frère alors c'est hors de question d'le laisser gérer ses problèmes seul, surtout qu'il les connaît bien les problèmes d'argent narcisse. Il sait qu'ça vous ronge la nuit et vous enlève toute possibilité d'dormir, il veut pas qu'le gamin vive la même chose que lui, qu'le putain de stress commence à grignoter ses intestins. Et il aime pas ce qu'il entend, narcisse, les soucis médicaux. — J'suis désolé ... mais elle va s'en sortir, c'est une femme forte. Je peux demander à Minjun de s'occuper d'elle. son petit ami est interne en médecine et narcisse sait que ça ne le dérangera pas de passer voir la mère de son ami. — T'occupe pas d'ça, la manière dont je trouve l'argent c'est mon problème. il traîne déjà dans des magouilles pas nettes, une de plus ça changera pas grand chose à sa vie. — Et jamais j't'entraînerais dans un braquage. C'est à cause de toi qu'on s'ferait prendre. il dit ça sur l'ton de l'humour mais l'idée continue d'lui trotter dans un coin de sa tête, avec un peu de ruse peut-être que ça pourrait l'faire.

Le stress sans doute qui le pousse à s'allumer une autre cigarette. Il tire nerveusement dessus, les mains tremblantes d'une émotion trop intense. « Tu comptes envoyer Minjun à New York ? » Qu'il lui demande. Narcisse oublie sans doute que sa mère est à New York et non à Boston. Il secoue la tête, recrachant la fumée de la cigarette dans l'air. « Non mais tu vas pas trouver l'argent tout seul... Je ne te laisserai pas faire. Et je n'accepterai certainement pas ton argent. » Qu'il lance un peu fermement. Parce que Mingyu, c'est l'homme de la famille, celui qui prendra le relais de son père un jour. Alors, hors de question de laisser Narcisse n'en faire qu'à sa tête et le laisser n'être que spectateur de sa propre vie. Il fronce les sourcils, l'observe en coin. « Eho ! Je suis pas plus con qu'toi hein ! » Et surtout, il ne laisserait pas Narcisse s'embarquer dans les emmerdes sans lui. Et surtout pas pour lui. Il passe une main sur son visage et pince les lèvres. « Si t'as une idée en tête, je veux que tu m'en parles. Et je veux en faire parti surtout. » Parce qu'il est hors de question qu'il ne fasse pas quoi que ce soit.

— Il connaît peut-être des gens là-bas. il a pensé pendant quelques instants qu'ils avaient peut-être fait hospitaliser sa mère dans le coin mais c'est pas une raison de perdre espoir, son petit ami a peut-être des contacts. Mais l'important c'est de trouver l'argent et narcisse compte pas lâcher l'affaire à ce sujet. Il secoue la tête. — J'irai directement régler les frais à l'hôpital, si tu le refuse. il plonge les mains dans les poches de son manteau, sa décision est prise. — Va pas t'foutre dans des emmerdes alors qu't'as ton avenir devant toi. Moi j'ai plus rien, j'te rappelle qu'Harvard m'a dégagé. alors il a plus grand chose à perdre.

Ça le rassurerait sans doute. « Ok, demande lui alors. Je pense que ça me rassurerait de la savoir entre de bonnes mains. » Parce que c'est sa mère. Le pilier de leur famille et qu'il est hors de question qu'elle les abandonne. Il grimace légèrement, un brin agacé mais aussi touché par le comportement de Narcisse. « Non mais... On fera attention. On est pas si con quand même si ? » Déjà pour avoir des idées comme ça, faut pas avoir inventer l'eau chaude. Il soupire et passe une main sur son visage. « Écoute... Si t'as un plan, tu partages et tu me laisses participer. Sinon, je me démerde dans mon coin. Quitte à quitter Harvard complètement pour bosser à temps plein. » Ce serait con alors qu'il est en dernière année de médecine et qu'il deviendrait interne l'an prochain.

— Non bah non j'ai pas d'plan, non. On est pas dans la casa de papel et je suis pas le professeur. malheureusement, un cerveau comme le sien ne serait pas de refus pour préparer un braquage. — Mais je dois pouvoir demander à des contacts. mais il a pas envie d'embarquer son ami là-dedans, parce qu'il le considère comme un membre de sa famille. Mias il le connaît suffisamment pour savoir qu'il peut se montrer têtu. Et narcisse lève les yeux au ciel, souffle fort. — Tu vas pas arrêter harvard alors que t'en es à ta dernière année, t'es con ou quoi ? il fronce les sourcils — et je compte sur toi pour m'acheter une villa quand tu seras médecin donc déconne pas. il plaisante à ce sujet mais il veut pas que son ami foute son avenir en l'air. le sien est d'jà foutu à narcisse, mais mingyu c'est un gamin intelligent qui peut s'en sortir. — Je vais multiplier les ventes.