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the 23.07.2022 Djerba, Summer Camp

Les plaisanteries avaient finalement pris des allures de plan. Passer un week-end au Summer Camp, malgré les nombreuses heures de vols qui m’attendaient pour cela. Léonie ayant organisé une petite journée en mer pour fêter l’anniversaire de Baptiste, je devais rajouter encore plus de surprise à l’évènement par ma présence. Ce qui avait merveilleusement bien fonctionné. On avait passé une journée formidable sur un petit catamaran avec les amis les plus proches de mon frère, sa copine, et notre autre frère. Une journée riche en émotion, en rire et en joie qui avait touché à sa fin lorsque les premiers signes de fatigue avaient commencé à se faire voir chez les convives. Comme tous les autres, j’en avais ressenti les effets également, mais pas question pour moi de rentrer faire une sieste ou de me coucher une fois le port regagné. Un autre rendez-vous m’attendait, des retrouvailles, évoquées depuis plusieurs semaines et qu’il était temps de célébrer, même si elles ne seraient que de courte durée.

Une douche rapide et une préparation qui l’est tout autant, j’essaye de mettre les formes malgré le temps qui me fait défaut. C’était le grand problème de mon week-end. Vêtu d’un short, un t-shirt et une chemisette restée ouverte, je vérifie mon apparence générale une dernière fois. Certes, mon rendez-vous de ce soir m’avait déjà vu dans des états bien moins élégants, mais ce n’était pas une raison pour ne pas donner le meilleur de moi ce soir. Bon, j’avais bien quelques cernes légères, mais je ne pouvais plus rien y faire à ce stade. Dans un panier, je vérifie que je n’ai rien oublié. Quelques bouteilles, de quoi manger, des fruits, des spécialités locales faciles à transporter, ne sachant pas si on passerait la totalité de la soirée dans la chambre, ou si on irait tout de même profiter de la plage pour se poser.

J’attrape le tout et file hors de la chambre, le coeur battant à vive allure. Je parcours les couloirs de l’hôtel jusqu’à la chambre d’Arlo, dont le numéro m’avait été communiqué par Saige, ma complice dans l’organisation de cette surprise. Il faut dire que sans l’aide de la jeune femme, je me serais peut-être retrouvé devant une chambre vide ce soir, mais là, je savais qu’Arlo m’attendait. Enfin, techniquement, il l’attendait elle, mais c’était pour avoir le plaisir de découvrir la surprise sur son visage. Il ne savait rien de ma venue ce week-end, et c’était exactement ce que je voulais. Confiant et souriant, je frappe à sa porte, attend qu’il se manifeste pour l’ouvrir et la pousser doucement, grand sourire aux lèvres. « Désolé Arlo, mais il y a un petit changement de programme pour ce soir. » Un changement qui j’espérais, malgré tout, le ravirait.

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Je n'ai jamais lésiné sur les moyens pour faire plaisir à une personne qui m'est chère, ou pour faire une surprise. Aujourd'hui, il était question de surprendre deux personnes dans la même journée, séparément l'une de l'autre. La première surprise, celle pour Baptiste avait été un succès, notamment grâce à l'investissement de Léonie dans le projet. Pour le coup, je n'avais pas eut grande chose d'autre à faire que de ramener mes fesses et des victuailles mais ma présence quand j'étais supposé être à des milliers de kilomètres était suffisante pour le laisser ahuri quelques secondes avant de lui arracher un grand sourire. Et tout le reste de la journée s'était déroulé dans une ambiance de gaieté et de taquinerie pour l'ensemble de notre petit groupe. De quoi mettre tout le monde de bonne humeur. De quoi me permettre de poursuivre mes plans pour la soirée le coeur léger. Maintenant que j'avais passé un merveilleux moment en famille - ou presque comme telle - il ne me restait plus qu'à passer un bon moment avec celui qui hantait mon cœur depuis plusieurs semaines, et la journée serait parfaite.

Lorsque je toque contre la porte, j'ai l'impression que mon cœur frappe lui aussi plus fort contre ma cage thoracique. Il y a longtemps que je n'avais pas éprouvé ce genre de chose, longtemps que le myocarde ne s'était pas emballé de la sorte. Mais ça faisait aussi longtemps que je n'avais pas été si impatient de revoir quelqu'un. Je passe une main rapide dans mes cheveux avant d'ouvrir la porte quand une réponse se fait entendre de l'autre côté de celle-ci. Mes lèvres s'étirent un peu plus dans un sourire en apercevant Arlo, tête dans sa serviette, sans avoir encore réalisé. Il lui faut quelques secondes pour traiter l'information, laissant apparaître sur son visage l'expression de surprise que j'attendais, que j'espérais. Celle dans laquelle on peut également sentir la joie, l'euphorie. Celle qui montre que les gens tiennent à nous autant que l'on tient à eux. Je le laisse s'approcher tandis que je pose le panier au sol, le regard et le sourire malicieux, trop pour feinter l'innocence. « Oui, moi… Qui d'autre voulais tu que ce soit ? » Je sais très bien qui il attendait et ça me faisait on ne peut plus plaisir qu'il n'ait rien vu venir. « Je préfère qu'on qualifie cela de surprise si ça ne te dérange pas. Mes intentions sont parfaitement honorables ! » Je prends un air faussement outré. J'avais vu une opportunité de se retrouver un peu plus tôt que prévu, et j'avais voulu en profiter.

Nos corps retrouvent cette proximité que nous nous étions déjà découvert à Paris, sa main dans mon dos m'invitant à me rapprocher de lui. Tous les signes étaient là, et pourtant, il m'avait été impossible de les voir. A moins que ce ne soit parce que je me refusais de les voir comme tel. Mais ce soir, pas question de refaire la même erreur une deuxième fois. Une main vient se poser sur la nuque du jeune homme, tandis que mes yeux plongent dans les siens. Certains souvenirs resurgissent comme pour me pousser à agir cette fois. « J'espère que tu m'en voudras pas, mais je veux pas attendre un jour de plus pour faire cela. » Mes lèvres viennent se poser sur les siennes pour un baiser passionné. Je sais qu'on avait longtemps hésité, lui comme moi, mais il n'était plus question de douter. Désormais, il fallait se lancer et assumer tout ce que nous avions retenu ces dernières semaines.

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Actuellement, je suis l’homme le plus fier de la planète d’avoir réussi à piéger Arlo de la sorte, et surtout, de pouvoir être au plus près pour admirer sa réaction. Elle est sobre, contrairement à moi qui aurait commencé à sauter partout à sa place, mais elle est loin d’être dépourvue d’émotion. Je la vois dans ses yeux, cette lueur à part de ceux qui éprouvent sincèrement au plus profond de leur cœur mais qui ne le montrent pas si facilement. Il me paraît parfois si introverti Arlo, mais cela ne me dérange aucunement. J’avais appris avec Baptiste, que ce n’était pas le silence, que ce n’était pas l’absence de mots ou de gestes qui déterminait si l’on ressentait ou non, et ce que l’on ressentait. Le coeur de l’écossais est parfaitement fonctionnel, et rempli de bon sentiment. Il rit doucement lorsqu’il s’approche, se moquant de sa propre naïveté. Un trait de caractère qui me séduit, parce que cela donnait lieu aux plus belles retrouvailles que je pouvais imaginer entre nous. A tel point que je n’arrive même pas à rester offusqué une minute. Non, j’avais juste envie de sauter dans ses bras, de l’embrasser et de lui poser mille questions sur ce qu’il avait fait depuis que l’on s’était quitté après notre retour de Paris. « De faire plaisir à quelqu’un qui m’est cher avec ma présence alors que je suis supposé être à l’autre bout du monde. Et de lui montrer ce qu’il aurait pu faire la dernière fois qu’il était en vacances avec moi ! » Comme je le disais, des intentions tout à fait honorables. A aucun moment il n’était question que quelque chose puisse lui déplaire dans cette soirée. Sauf peut-être le fait de ne pas voir son amie finalement, mais je suppose que j’arriverais à lui faire oublier ce petit détail.

Pendant un instant, j’ai l’impression d’être à nouveau à Paris. Il fait plutôt sombre dehors, Arlo est face à moi, une main dans mon dos. Tout semble nous ramener à cette soirée durant laquelle le courage nous avait manqué. Ce que je refuse de subir une fois de plus. Une main dans sa nuque, des regards qui ne se quittent plus et je décide de me lancer. L’écossais n’est pas contre, je le comprends lorsque lui aussi fait l’effort de se pencher vers moi. C’est la passion qui lie nos lèvres, faisant brûler dans mes veines tout en tas de sentiments que je ne peux identifier correctement en raison de l’euphorie dans laquelle je me trouve. Lorsque nos lèvres se séparent, le jeune homme me rassure. Il ne m’en veut pas pour ce que je venais d’entreprendre et semblait lui aussi le vouloir tout autant que moi. « C’est parfait alors. » Cette fois, c’est lui qui prend l’initiative, me repoussant doucement pour lui permettre de refermer la porte contre laquelle je me retrouve bloqué. Sa main sur ma joue, son pouce qui effleure doucement mes lèvres provoque un petit frisson sur ma peau, mais surtout, un sourire doux et sincère, presque amoureux. Mon regard se plonge dans le sien tandis que je me fais violence pour rester calme et sérieux à ses mots, auxquels je tente de répondre. « Hmm. Là par contre, on va avoir un petit problème. Parce que je venais te faire un bisous et je repartais. On m’attends pour une soirée. » Je me mords l’intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire histoire de le laisser y croire quelques secondes mais c’est trop d’efforts pour moi. J’ai à peine le temps de voir une lueur de déception dans le regard de l’écossais que je passe mes bras autour de sa nuque et revient l’embrasser avec encore plus d’envie. « C’est une plaisanterie, me boude pas, en vrai j’arrive même pas à faire semblant. Et j’ai tout prévu, il y a plein de choses à grignoter dans le panier, on peut rester ici ou aller à la plage, c’est comme tu veux. » Je commence à parler vite, attrape la main d’Arlo et l’entraine avec moi pour commencer à lui montrer le contenu du panier.

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Mon regard plongé dans celui de l’écossais, je me sens un peu niais. Je ne peux plus nier l’attraction que j’éprouve pour lui, ni réellement la dissimuler. Elle est présente et exprimée par ce petit jeu de séduction qui reprend place entre nous, le plus naturellement qui soit. Comme s'il en avait toujours été ainsi entre nous. Peut-être était-ce le cas. Après tout, je ne pouvais pas bien dire quand tout cela avait vraiment commencé entre nous. Quelque part, peut-être que ça avait toujours été là. Nos corps se rapprochent avec une douceur qui nous est propre, s’effleurant doucement. Ça m'avait manqué de l’avoir si proche de moi. « Je pense que tu as déjà une bonne idée de la réponse. » Ca n’avait plus rien d’une surprise ou d’un secret et pourtant, je n’arrive pas encore à énoncer les choses plus franchement. J’avais encore une forte pudeur face à lui, face à la nouveauté de ces gestes. Ca allait être une première pour moi dans ces conditions, et pourtant, j’allais sauter à pieds joints de l’autre côté de la ligne.

Le myocarde tambourinant dans ma poitrine comme s’il allait en briser les os, je me lance enfin, venant chercher le contact de ses lèvres. Un baiser passionné, retenu depuis bien trop longtemps et qui enfin, vient faire parler nos sentiments. Un geste autant apprécié par l’écossais que par moi-même, sa patience ayant sûrement été autant mise à l’épreuve que la mienne. Une expression de notre passion commune renouveler par l’étudiant, me coinçant entre lui et la porte, désormais refermée à cause du poids exercé dessus. Le contact de nos lèvres rompu, mais pas celui de nos corps, je garde mon regard plongé dans le sien, contenant l’envie de l’embrasser à nouveau alors qu’il confesse à moitié vouloir me garder avec lui toute la soirée. Peut-être même au-delà. Je me fais le plus sérieux du monde, l’intérieur de mes joues pincé entre mes dents pour empêcher tout sourire de se dessiner avant de lui annoncer, faussement, que cela ne sera pas possible. Mais il n’a pas vraiment le temps d’exprimer sa déception que je rectifie mes propos par un nouveau baiser et des excuses. « Désolé, mais c’était vraiment trop tentant. Je voulais voir quelle tête tu allais faire. Mais promis, je suis à toi toute la nuit. » Et il n’avait jamais été question qu’il puisse en être autrement. Cela faisait trop longtemps que j’attendais ce moment. « J’ai prévu de te faire des bisous toute la soirée, et ce jusqu’à ce que je m’endorme. Ce qui risque d’arriver très tard, car comme tu peux le voir… Je suis en grande forme ! » Je lui fais un grand sourire, annonçant ce qui l’attendait pour la soirée et une bonne partie de la nuit. Je débordais d’énergie, et il n’allait pas tarder à s’en rendre compte. « Il y a des fruits secs, des fruits, des pâtisseries locales, des samosas. Y a même un thermos de thé à la menthe et de l’eau. » De quoi grignoter ce qui nous ferait envie toute la soirée. « Direction la plage alors ? Je suis sûr qu’on peut se trouver un petit coin à l’écart pour être tranquille. » Je n’avais pas pour objectif de cacher le fait que je fréquentais Arlo, mais pour ce soir, j’espérais que ça ne serait qu’entre lui et moi.

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Paris semble à la fois si loin et si proche. Les semaines avaient été longues jusqu’ici, et pourtant, c’est comme si le temps s’était figé entre nous. Il y avait toujours cette envie que je n’osais braver, pour laquelle je cherchais encore au fond de moi une once de courage malgré tous les messages échangés. Comme si la vérité était ailleurs, insoupçonnée, malgré les encouragements dissimulés de l’écossais. Je sais qu’il ne m’en voudra pas, je sais que lui aussi le désire. Je sais. Et il était temps de me lancer à le faire. Dans un geste lent, je viens effacer les derniers centimètres entre nos lèvres, nous offrant cette douce libération d’un acte manqué qui nous avait longtemps torturé tous les deux. Le coeur en exprime une délivrance particulière, rythmée par des battements incessant, trop faiblement espacés ce qui ne tarde pas à provoquer une énorme vague de chaleur dans tout mon corps. Une vague qui prend une nouvelle ampleur lorsqu’Arlo me rend mon geste avec tout autant de tendresse et un peu plus de passion. L’instant est parfait, mais moi non, et lorsque la perche est tendue, je ne peux pas m’empêcher de taquiner l’écossais. Une blague de courte durée quand je vois la déception ombrager son visage. Je ne peux définitivement pas résister à cette bouille et ses yeux azurés. « Je pense que c’est un dédommagement acceptable. Combien de nuit exactement ? » Une lueur de malice prend place dans mon regard. C’était une punition - si ça pouvait vraiment en porter le nom - tout à fait raisonnable et loin d’être à mon désavantage.

Ses lèvres dévient jusqu’à mon oreille, m’arrachant un frisson lorsque j’entends les mots qu’il prononce. On était sur la même longueur d’onde et ça me plaisait. Après tout, entre les épreuves et son programme estival, j’avais eu peur qu’il soit bien plus fatigué que moi et que cette soirée devienne rapidement une charge sur son état physique et sa fatigue. Mais il semble parfaitement en forme, et prêt lui aussi à rattraper ces semaines de distance. « Hm, on verra bien demain si tu seras encore ravie de cette énergie après n’avoir dormi que deux heures cette nuit. » Un baiser dans le creux du cou qui me donne envie de lui rendre la pareille, je finis tout de même par instaurer un peu plus de distance entre nous - ayant pour seul but de me permettre de rester concentrer -  pour lui montrer le pique-nique improvisé que je nous avais prévu. Deux options se présentent à nous : le faire ici ou se trouver un petit coin tranquille de plage. Et sans trop de surprise, c’est la seconde option qui nous charme, de quoi rajouter un peu plus de douceur à cette soirée. « C’est parfait ! A croire que tu t’étais préparé toi aussi à ma venue. » Je me doute bien que ce n’était pas le cas, mais j’appréciais que l’univers semble nous soutenir. « Par contre, tu devrais peut-être te rhabiller un peu. Enfin, moi ça ne me gêne pas que tu restes ainsi, mais tu risques d'attirer un peu trop les regards et attraper froid. » Et finalement, je comprends que la chambre avait également ses avantages, mais tant pis, on avait dit la plage.