Les yeux fermés et la respiration apaisée, je n'étais pourtant guère en train de dormir paisiblement. Cela aurait pu être le cas pour une fois. Une rare fois depuis de nombreuses semaines. Les cauchemars ne faisaient que s'intensifier dernièrement déclenchant des crises d'insomnie et des folies. Beaucoup trop de folies. Des bêtises que je gardais sous silence même si je savais que mon mari n'était pas dupe et qu'il devait se douter de quelque chose. Enfin, ce n'était guère le plus important en cet instant. Ce matin, ça allait. Il n'y avait pas de voix dans la tête. Il n'y avait pas de folie dans l'être. Il n'y avait pas de manque pulsant dans les veines. Il n'y avait pas de cauchemars envahissant la réalité. Ce matin, je profitais des doigts de mon amoureux qui glissaient sur ma peau. Les yeux clos, le sourire heureux aux lèvres, j'étais réellement bien. J'aurai pu rester des heures ainsi. Ne plus bouger. Rester dans la bulle. Oublier le monde extérieur. Juste être bien. Ici. Dans la bulle Neakas. Cependant, mon amoureux semblait en avoir décidé autrement. Sa voix résonnait au creux de mon oreille. Les propos accéléraient le cœur. Les mots déclenchaient les frissons. Les lèvres de mon mari se déposaient sur les miennes pour un baiser trop sage. Un baiser dont je profitais quelques minutes avant d'ouvrir les yeux quand mon mari s'éloignait. Regard posé sur lui, je soufflais « S'envoyer en l'air ? Encore une fois ? » en haussant un sourcil avec un sourire amusé accroché aux lèvres. Sans attendre de réponse, l'une de mes mains glissaient déjà le long du torse de mon mari.

Le doux sourire prenait place sur mes lèvres à l'instant même où le rire de mon mari résonnait dans la pièce. Une mélodie agréable dont je ne me lasserais jamais. Une délicieuse mélodie que j'aimais entendre encore et encore. Surtout ce matin. Surtout pendant ce Summer Camp qui n'était pas un Summer Camp spécial Neakas. Ce matin semblait être différent pourtant. Ce matin nous pouvions rester dans notre bulle et je devais bien vous avouer que j'aurai volontiers passé ma journée au lit avec l'homme que j'aimais. Néanmoins, mon amoureux semblait avoir un drôle de plan en tête tandis qu'il avait lancé une réalité. S'envoyer en l'air ? Que voulait-il dire par là ? Une partie de mon être penchait pour une réalité foutrement plaisante. Une journée de ce type n'était pas pour me déranger. Bien au contraire. Cette partie me poussait d'ailleurs à laisser ma main glisser le long du torse de mon mari. Un mari qui ne me repoussait guère. Cependant, les mots étaient murmurés tout contre mes lèvres. Mes sourcils se fronçaient face aux propos alors que l'incertitude me gagnait et me poussait à demander « Et comment veux tu qu'on s'envoie en l'air Mio Amore ? » Ma langue glissait lentement sur mes lèvres. Provocateur. Allumeur. Ma main s'arrêtait sur le bas-ventre de mon amoureux lorsqu'il glissait sa main dans ma nuque pour approcher mon visage. Je n'avais pas le droit à un baiser cependant. Juste de nouveaux mots. Une promesse alléchante glissait entre les lèvres de mon amoureux. Me redressant lentement, je soufflais « Avec ton emploi du temps, tu es sûr d'avoir réellement ce temps à m'offrir Amore ? » J'haussais un sourcil amusé et je restais assis sur le lit dans l'attente.

Le plan semblait être bien dessiné dans l'esprit de mon mari. Je ne pensais pas qu'il aurait trouvé un moment pour prévoir quelque chose pour nous. Nos moments passés ensemble se résumait à des visites, à des moments détentes au bord de la piscine ou encore à ces instants parfaits d'intimité. Pourtant, aujourd'hui, les choses changeaient. Aujourd'hui, Mio Amore avait quelque chose en tête et il ne voulait pas en démordre. Il ne voulait même pas m'offrir d'informations malgré ma main glissant le long de son corps. J'observais la langue de mon amoureux glisser sur ses lèvres. F*ck it, j'avais follement envie de lui faire l'amour. Là. Tout de suite. Cependant, Mio Amore prenait la parole pour souffler ces mots qui poussaient mes sourcils à se foncer. Quel était ce programme ? S'envoyer en l'air ? Avoir très chaud ? Je ne voyais pas de quoi il pouvait s'agir. Main à plat sur son bas ventre, je murmurais « J'ai déjà très chaud Amore... » avec un sourire provocateur. La négociation se lançait avec l'offre alléchante de mon mari. Une offre qui me plaisait. Une offre qui me semblait incertaine tout de même. Je ne pouvais m'empêcher de le questionner sur la véracité de ces propos tout en m'asseyant dans le lit. Mon mari venait s'installer à califourchon sur moi. Ses bras glissaient autour de mon cou alors que mes mains venaient trouver leur place sur les hanches de cet homme que j'aimais. La promesse tombait alors. Promesse réelle. Promesse sincère. J'hochais doucement la tête pour céder. Lui dire que je le croyais. Lui dire que j'étais prêt à le suivre. Et, apparemment, il ne fallait pas traîner au vu des derniers mots de mon mari. Déposant un baiser sur le bout du nez de mon amoureux, je m'éloignais pour planter mon regard dans le sien et souffler « Alors hop debout Amore, donne moi des fringues et je te suis pour cette surprise où on va s'envoyer en l'air et avoir chaud ! » Le cerveau était en ébullition à tenter de trouver ce que pouvait bien être cette surprise. Bordel, je n'en avais pas la moindre idée. Quelle activité mon mari avait prévu ?

Les braises ne s’éteignaient jamais entre nous. Elles brûlaient toujours. Il suffisait d’un mot de la part de mon mari pour les enflammer fortement. Il suffisait d’un geste à mon amoureux pour remettre le feu. Il adorait souffler sur ces braises tout comme moi. C’était sans doute l’un de nos jeux favoris. Ce jeu auquel Mio Amore jouait encore ce matin avec moi. Le murmure m’échappait déclenchant le rire de mon amoureux. Ce rire si délicieux qui me poussait à sourire bien trop heureux. Les mots tombaient et je me contentais de tirer la langue à l’homme que j’aimais. J’aurai pu répliquer et nous aurions pu rester des heures à parler sans doute. Ou peut-être pas des heures puisque Mio Amore semblait avoir un plan en tête. Il s’installait à califourchon sur moi avant de souffler la promesse. Une promesse qui me poussait à hocher la tête et à céder. J’étais prêt à le suivre dans cette aventure inconnue qui allait me donner chaud et m’envoyer en l’air. Mes lèvres se déposaient sur le bout du nez de Mio Amore et je le hâtais alors. Gosse trop impatient de connaître la suite. Gamin bien trop curieux qui ne savait pas se contenir. Les demandes tombaient et mon mari ne tardait pas à agir. Je m’habillais rapidement avec les affaires lancées par mon amoureux laissant mon cerveau partir en ébullition. Une ébullition bien vite stoppée par l’amoureux qui me soufflait des mots qui m’accrochaient. Des propos face auxquels je murmurais un « D’accord… » appréciant les doigts glissants dans mes cheveux et le doux baiser amoureux qui m’était offert. Main dans la main, nous nous retrouvions à l’accueil de l’hôtel puis au sous-sol devant une moto. Les mots de mon mari tombait pour me donner une rapide idée de la suite. J’allais conduire cette moto en direction du désert. Le prochain point ? Ce n’était donc peut-être pas le dernier. Repoussant au loin la réflexion lorsque les lèvres de mon amoureux se posaient sur les miennes, je ne tentais même pas de me remettre à réfléchir après. J’enfilais le casque m’installant sur la moto et laissant mon mari s’installer derrière moi. Je le regardais une dernière fois pour être certain qu’il avait bien mis son casque et je démarrais. Je suivais l’itinéraire enregistré les yeux rivés sur la route. La tête était vide comme bien souvent lorsque je conduisais et, putain, ça faisait du bien.

Dis Amore, crois-tu que toutes les promesses peuvent être tenues? J’avais envie d’y croire. J’avais envie de me dire que tout le monde pouvait tenir les promesses qui étaient faites. J’avais envie de croire que Mio Amore tiendrait cette promesse qu’il soufflait installé à califourchon sur moi avant notre départ à l’aventure. J’avais terriblement envie d’y croire oui. De croire que nous aurions plus de temps pour nous. De croire que nous parviendrions à prendre ce temps. Mais, putain, il y avait une partie de moi qui ne pouvait s’empêcher de douter. Il y avait une partie de moi qui s’alarmait en soufflant de ne pas trop s’y accrocher. Après tout, le destin aimait bien nous chahuter. La tranquillité ne berçait pas notre vie. Les programmes se changeaient. Souvent. Trop souvent. À cause de ce plateau de jeu que nous ne maîtrisions guère. Foutu destin. J’avais envie d’y croire, mais je ne pouvais m’empêcher d’être sur la réserve. Une réserve que je masquais tandis que je hâtais mon amoureux pour découvrir l’aventure d’aujourd’hui. Curieux de connaître le programme. Impatient de se changer les idées. Une fois habillés et après un passage à l’accueil de l’hôtel, nous nous retrouvions face à une moto au sous-sol. Une moto que je devais conduire en direction du prochain point. Une moto que j’observais un petit moment toujours fasciné par leur beauté et attiré par leur appel. Après un baiser à mon mari, le casque prenait place sur ma tête avant que je ne m’installe sur la moto et que mon mari ne s’installe derrière moi. Un dernier regard et l’aventure se lançait. Je me sentais bien comme ça. Les yeux rivés sur la route, la tête vide, la sensation de liberté dans la tête, la sensation de bien-être dans les veines et cette pointe de chaleur dans mon dos avec la présence de mon mari. Je conduisais en suivant la destination que mon mari avait programmé. Je conduisais sans me questionner. Je profitais simplement. Pleinement. J’étais foutrement bien de cette manière. J’aurai pu conduire toute la journée sans avoir envie de m’arrêter, sans même sentir la fatigue. Ça faisait du bien. Un break dans la vie effréné. Un break dans la tête assourdissante. Mais, aujourd’hui, il n’était pas prévu de conduire à l’infini. Aujourd’hui, le GPS me faisait m’arrêter devant un petit magasin de moto. Le désert s’étendait devant nous. Mes sourcils se fronçaient. Aucun indice à l’horizon. Juste le désert. J’observais mon mari retirer son casque le sourire aux lèvres et annoncer la suite du programme. Une suite qui me poussait à froncer encore plus les sourcils. Descendant de moto, je retirais mon casque avant de souffler « On ne va pas aller se perdre dans le désert hein Amore ? » Avec notre chance foireuse et le destin qui s’en mêlait si souvent, je cherchais à être rassuré. Je tentais de découvrir ce que mon mari pouvait bien me cacher. Que faisions-nous là ? Et pourquoi abandonner la moto comme ça ? Qu’avait-il prévu ? Iris sombres rivées sur mon mari, j’étais prêt à le suivre partout docilement. Même à l’autre bout du monde. Mais, je voulais quand même en savoir plus. Curieux et impatient oui. Mais, peut-être aussi un peu inquiet de ce qui pourrait mal tourner.