Vendredi 8 Juillet. Début de soirée.

La journée avait été épuisante. Comme les autres participants au Summer Camp, nous avions pris un vol pour arriver en Alexandrie quelques heures plus tôt. Un nouveau lieu où vivre des aventures. Serait-ce au sein de la bulle Neakas ? Je n’en savais rien. Il était possible que mon mari doive rejoindre son équipe et me laisse seul pendant plusieurs heures. Cependant, ce n’était pas pour tout de suite. Pour le moment nous étions ensembles. Après un rapide tour à l’hôtel afin de déposer nos affaires dans notre chambre, mon mari et moi étions sortis pour dîner. Un moment en tête à tête qui avait fait du bien après l’agitation de la veille suite à ma brève perte de mémoire. Le dîner avalé, Lukas et moi n’avions pas traîné. Mon mari était fatigué et nous étions rentrés pour prendre une douche avant de se mettre au lit. Si Mio Amore s’était endormi, ce n’était pas mon cas. Après les événements de la veille et le voyage, tout le monde aurait pu croire que cela aurait suffit à me faire tomber dans le sommeil. Malheureusement, il ne s'invitait pas même si je l'attendais. Quelques minutes. Quelques heures. Finalement, bien trop torturé par cette absence, je griffonnais un message à mon amoureux avant de quitter l’hôtel. Je déambulais dans la rue avant de rentrer dans le premier bar que je trouvais sur ma route. La machine des erreurs se lançait.

Vendredi 8 Juillet. 23h55

Deux heures que je me trouvais au sein du bar accoudé à celui-ci laissant les verres défiler. Cela faisait des mois que j’étais sage. Cela faisait des mois que je restais dans ma case. Fidèle, sans alcool, sans bêtises, sans combats… J’étais irréprochable. Pourtant, la perte de mémoire m’avait foutu à terre hier. Alors, ce soir, j’envoyais tout en l’air. Ce soir, j’envoyais les restrictions des médecins au diable. Ce soir, je noyais la panique de ce qui pourrait se passer sous des verres d’alcool. Ce soir, je m’abandonnais dans ce monde que j’avais toujours tant aimé. Le nombre de verres descendus était bien trop important pour quelqu’un comme moi. Quelqu’un qui ne buvait plus depuis des mois. Quelqu’un qui n’était plus censé boire. Je sentais l’effet de l’alcool. Je sentais l’ivresse coller à mon être et c’était diablement délicieux. Je prenais mon pied à laisser le liquide alcoolisé descendre dans ma gorge. J'avais envie de folies. Sourire aux lèvres, je déboutonnais un peu ma chemise sous la chaleur que je ressentais. Commandant un nouveau verre, je manquais de chuter de mon tabouret lorsque la musique se lançait et m’emportait. Gamin fou. Gosse surexcité. Le verre était bu cul sec et, le pas tanguant, je me dirigeais vers la piste de danse. Je me laissais porter par la musique me foutant de me donner en spectacle devant tout le monde. Juste danser et m'enivrer. Soudainement, mes prunelles se posaient sur une silhouette que je reconnaissais. Sans la moindre hésitation ni la moindre gêne, je me précipitais vers le jeune homme sans me demander s'il m'avait vu ou pas. Je sautais sur son dos, enroulant mes bras autour de son cou en criant « JACE D'AMOUUUUUUR » avant de déposer un baiser sur sa joue. Ou peut-être que mes lèvres se posaient au coin des siennes...

J’étais fou. J’étais ivre. J’avais bu beaucoup trop de verres au cours des dernières heures et l’effet était dévastateur. Gamin plus habitué à autant d’alcool. Gosse qui semblait se foutre de se mettre la tête à l’envers. Être humain qui avait envoyé au diable les précautions et les risques. La folie avait pris le pas sur le reste. Le besoin de liberté se révélait plus fort que tout le reste. L’appel de la piste de danse et de l’alcool demeurait plus fort que celui de la raison et du sommeil. Après un énième verre, je me retrouvais sur la piste de danse prêt à abandonner mon corps au rythme de la musique – ou peut-être bien au rythme d’un autre corps. F*ck it. Voilà pourquoi j’avais arrêté l’alcool. Au-delà des recommandations du médecin, j’avais cessé de boire parce que je savais comment j’étais dans ces situations. Incontrôlable. Insatiable. La possibilité de tromper mon mari était élevée dans ce genre de situation. Encore plus ce soir, après tous les événements de ces dernières semaines. Quelque part, je savais que j’étais en train de faire une connerie. Quelque part, je savais que je prenais des risques. Mais, au lieu de sagement rentrer, mes iris se posaient sur une silhouette que je connaissais. Jace était là. À quelques mètres. Le sourire heureux glissait sur mon visage. La distraction était bienvenue. La porte à la folie restait grande ouverte. La tentation était là aussi. Sans réfléchir, sans prendre le temps d’imaginer le reste de la nuit, je me dirigeais vers le jeune homme sautant sur son dos en hurlant un surnom qui n’aurait peut-être pas dû quitter mes lèvres. Des lèvres qui se déposaient au coin des siennes. J’entendais Jace râler à propos du verre qu’il tenait. Levant les yeux au ciel, je m’éloignais à peine.

Finalement, le jeune homme me regardait, me reconnaissait et son ricanement attirait mon sourire. Quand il soufflait une vérité sur mon état, je ne pouvais m’empêcher d’acquiescer vivement pour lui donner raison. Jace reculait. La moue boudeuse s’invitait sur mon visage « Recu… » Je n’avais même pas le temps de lui demander de ne pas s'éloigner qu’un verre était présenté sous mes yeux avec une interrogation. Sans même répondre, je tendais la main pour attraper le présent et boire cul sec le contenu du verre sans questionner sur son contenu. Le verre était descendu et l’énorme sourire revenait sur mon visage. Les yeux rivés sur Jace, je lui tendais le verre vide en soufflant un « Merciiiiii Jace d’amouuuuuuur » avant de lui envoyer un baiser. Mes iris sombres parcouraient l’endroit à la recherche de quelqu’un qui accompagnerait Jace. Je ne voyais personne. Mais, putain, je n’étais pas en état d'y faire attention. Plantant de nouveau mes prunelles dans celles du jeune homme, je me rapprochais d’un pas avant de prendre la parole « Jaceeeeeee… D’amouuuuuuuur… Dis, dis, dis… T’es tout seul ? T’es v’nu avec quelqu’un ici ? Ou p’tetre t’as trouvé quelqu’un pour ta fin d’soirée ? Pour ta nuit ? » Fronçant les sourcils, je marmonnais « Ce quelqu’un s’ra j’mais aussi bien que moi d’toute façon ! » comme si j’étais persuadé d’être le seul à pouvoir entendre ces mots. Sans m’y arrêter, je reprenais plus fort « S’t'as personne, suis là ! Et je suis en forme pour touteeeeeeee la nuiiiiiiiiiit ! » Sourire trop grand collé aux lèvres, je fixais le jeune homme sans bouger et j’attendais sa réponse. Savoir si ces retrouvailles étaient passagères ou si elles allaient s’éterniser.