Matin, pas vraiment d'heure, probablement encore décalée. Il est peut-être très tôt, peut-être très tard. Quoi qu'il en soit, je rentre sans frapper, criant "Horaaaaace debout ! On va à la plaaaaage !" puis approche du lit, secoue la couette et je le vois sans le voir, je suppose ; "Mais attends t'es tout nu ?" en même temps, rien de mal dans sa chambre d'hôtel, mais disons que ce n'est pas la vue que j'espérais de si bon matin.

Et moi, dans mon rêve, j'fantasme une vie que j'ai ; j'ai juste effacé ce qui grince, ce qui picote, les questions qui s'accrochent. Elles ont pas capté que j'étais pas de ceux qui voulaient réfléchir. Cul nu, à découvert. Voilà ce que je suis. Pas assez d'heures de sommeil, clairement. Cheveux hirsutes, et corps qui s'retourne ; manque de pudeur. « hmm.. » Ca frotte les paupières. « Viens dormir. » Et j't'emmène dans la couette, dans un mouvement ample. Moins de bruit, sert-moi au moins de doudou.

Il dort encore, il fait même pas semblant. Et là, entre deux morceaux de couverture, je vois un morceau de chair que je devine beaucoup trop rebondie pour être la fin de son dos ou un bout de sa cuisse. « hmm.. » et je suis là, dans ma robe sous lequel est mon maillot de bain, à attendre qu'il ouvre les yeux. « Viens dormir. » et le corps est emporté dans la couette, et le rire retenti dans la chambre ; "mais t'as aucune intimité lààààà" pourtant, le corps se laisse faire, entouré rapidement de ses bras. Le corps se rapproche de celui de l'homme, utilisée comme une peluche. "Ok mais juste cinq minutes, après on aura plus de place sur les transats..." même si nous, on est le genre à jouer dans l'eau, c'est toujours pratique pour poser les affaires. Passe la main tendrement dans ses cheveux en regardant l'homme essayer de dormir. "T'as fais quoi hier pour dormir encore ?"

L'intimité, c'est pour les faibles. La pudeur, pour ceux qui en ont encore quelque-chose à secouer de ce genre de préoccupation. J'pouffe contre ta peau, parce que t'auras beau jouer à celles qui s'gênent d'un morceau de chair, j'te rappelle : « Y a plus vraiment d'pudeur depuis les jeudis tout nus. » Un principe qui devrait s'étendre à toutes les colocs, pour une osmose parfaite, si vous voulez mon avis. On a trouvé notre équilibre, et dans cet équilibre, il y a une acceptation complète de l'autre. Enfin, quasi, y a encore quelques trucs que je tais. Mais, dans l'idée, j'vois même pas le problème de t'utiliser comme un doudou qui sent bon. Bras autour de ta taille, cheveux nichés dans ton cou. « On s'en fout des transaaats.. » Râlé, enfant boudeur. « Laisse-moi deux minutes. » Le sommeil, on aura le temps quand on sera mort. Mais, laisse-le moi deux minutes. Dans le feu du quotidien, je récupère un peu de douceur. « J'ai fais le Summer Camp. » Un sourire, sur les traits de gosse endormi. Des bêtises pour d'autres, la définition des vacances pour Il. « Y a pas vraiment de règles, hein ? » Ou on a oublié de me le dire.

« Y a plus vraiment d'pudeur depuis les jeudis tout nus. » la meilleure invention. De toute façon, ça arrive forcément à un moment. Une porte de salle de bain mal fermée, une coucherie sur le canapé non annoncé. Il y a un moment, j'allais voir son corps et lui le mien. Alors, plutôt que d'en être gênés, autant désacralisé la chose de manière volontaire et fréquente : les jeudis tout nus. C'est une belle chose à faire, et ça renforce aussi le lien qui nous unis. Il sait ce qu'est un corps de femme de toute façon, et c'est la même chose à l'inverse. « On s'en fout des transaaats.. Laisse-moi deux minutes. » J'accepte, le laissant somnoler contre moi. « J'ai fais le Summer Camp. » sent le sourire de l'homme qui me tire un sourire aussi. « Y a pas vraiment de règles, hein ? » Rigole et secoue la tête ; "J'fais aussi beaucoup le Summer Camp, si y avait des règles, on a oublié de me les dire..." que je lance en riant, jouant toujours d'une main dans ses cheveux, caressant sa peau de l'autre main. "Faut que tu fasses du shopping avec moi aujourd'hui, j'ai besoin de petites robes et il me faut un œil masculin sur ça, donc repose bien tes yeux, j'ai besoin qu'ils soient ouverts tout à l'heure !" ce niveau de confort entre nous est presque surprennant.

S'amuser d'un n'importe quoi, se vautrer dedans, et attraper ta main au passage. J'ai tellement détesté mon reflet dans le miroir, j'ai tellement essuyé des remarques sur son aspect longiligne, que j'en ai désormais plus rien à secouer d'en dévoiler les creux et les os. Le vendre, en thérapie. L'aimer à travers ceux qui le désirent. L'exhiber dans une coloc qui s'en fout. On garde quelques secrets, et pour le reste, on partage un appart et des vérités. Des instantanéités. C'qui fait que, oui, j'vois même pas le mal de me servir de toi comme nounours, oubliant la notion de nudité. Y a que les autres pour trouver ça étrange. Un rire qui s'étouffe contre la peau. « Faudra pas qu'ils viennent râler si ca devient n'imp'. » C'est de leur faute, on nous donne pas les règles à transgresser. Dans ce monde libre, j'en aspire chaque bouffée. J'refuse tout drama ou toute perturbation, foutez-moi la paix pendant quelques semaines. « Tu veux que j'te serve de cobaye homme de base en fait. » Dès qu'on parle de shopping, il me faut pas beaucoup plus d'argument pour être motivé. « Savoir si ça donne envie de te les enlever. » J'en fais marcher index et majeur sur ton bras, avant d'en mordre ton épaule ; carnassier. Ca se libère en un rire. « Allez vas-y, j'suis ton homme ! » L'étreinte qui se resserre. Moi j'm'y habitue, à ton odeur. « Mais bon courage pour m'faire lever. » Accord de principe, qui se heurte à cette difficulté soufflée par l'esprit malicieux.

Cette année est bien loin des années précédentes en terme de summer camp, surtout en terme de relation de mon côté. Avant, j'avais Caesar, ce qui me calmait pas mal quant à mes folies. L'année avant Caesar, il y avait Aidan, ce qui me calmait sans me calmer, mais aucun de mes summer camp précédents n'avaient été aussi fou que celui-ci. Mon corps est à celui qui le veut, tout l'été. A ceux qui le veulent, même. C'est peut-être aussi pour ça que même si les premières secondes, la nudité entre toi et moi me surprends, elle ne me gêne pas plus que ça. Les corps, c'est du déjà vu des tas de fois.  « Faudra pas qu'ils viennent râler si ca devient n'imp'. » rigole et fait oui de la tête ; "ça va devenir du n'importe quoi !" si ça ne l'est pas déjà. « Tu veux que j'te serve de cobaye homme de base en fait. » regarde l'homme et offre un énorme sourire, enfant marquée sur le visage. « Savoir si ça donne envie de te les enlever. » sa main sur mon avant-bras ; "Le but justement c'est qu- aaaah mais !" la morsure qui n'était pas attendue, et mon rire qui se joint au sien. « Allez vas-y, j'suis ton homme ! » il resserre le corps alors que la voix murmure ; "t'avais pas le choix." j'allais t'y traîner, de toute façon. « Mais bon courage pour m'faire lever. » la malice au bout des lèvres, "on parle de quoi là ?" de l'homme ou d'autre chose ? Dans les deux cas, je relève le défi, mais c'est une proposition qui m'étonne venant de toi. "Je sais que t'as pas l'habitude de m'avoir si proche mais j'pensais pas que j'réveillais l'animal en toi..." que je dis, sourire taquin au bout des lèvres. Je glisse mes mains sous la couette, essaie d'avoir ses côtes pour tenter des chatouilles, voir si le corps peut potentiellement bouger.

J'veux tout tester, m'taper toute la carte, découvrir tous les paysages, les décors, goûter aux peaux salées. J'rêvais d'Harvard, j'aurais le SC. Alors laissez-moi vivre cette vie-là, comme eux, ceux qui portent les sweats à logo de leur confrérie, juste le temps de cet été. Le prix de soirées de boulot. Ca vaut le coup. Ca vaut vraiment le coup. Car dans cette route que j'prends, celle de l'intense, j'te croise à ce carrefour où les gens font demi-tour. Evidemment que nous on s'en fout et qu'on continue. Parce que j'avais même pas tilté. La langue qui se tire, enfantin, puis les lèvres pincées, ça pouffe derrière, car l'homme capte. Nous sommes de ceux qui se dévoilent sans s'approcher. Mais voilà que tu squattes ma tanière ; l'habitude de tout partager en deux. « Y en a un qui s'réveille plus facilement que l'autre. » Repris avec un rictus idiot. On s'voit nus mais on ne voit que l'enveloppe, sans y rajouter l'envie. Un de nos supers pouvoirs. Sauf que j'avais pas prévu l'attaque. Tes doigts s'incrustent sous la couette et je gesticule comme je peux. Un éclat. « Aaaaah, nan nan nan ! Attends ! » Quoi, j'en sais rien. Pantin dénudé, ridicule qui fuit les attaques en se marrant, tente de chopper tes doigts mais accroche ton haut à la place. Tente d'établir une distance nécessaire à la maîtrise de l'attaque, le tissu serré, juste sous ta poitrine. « T'as une armure et pas moi, c'est pas juste. » Tu devineras ma moue boudeuse ; parce que j'aime la justice moi, toussa.

Notre gêne, ou le manque de cette dernière, c'est surtout parce que ce n'est pas non plus constant. C'est l'idée d'être à l'aise chez soi, et on s'en sort bien, à ça. On est pas tout le temps tout nu, on est seulement à l'aise. Passer de la salle de bain à la chambre en serviette, en peignoir ou sans rien, ça arrive. Les jeudis c'est différent mais ça vient surtout d'une connerie. Conneries, quoi de mieux comme définition d'un nous ? « Y en a un qui s'réveille plus facilement que l'autre. » rigole et fait oui de la tête "oh ça j'me doute" je sais que l'un est plus facilement debout que l'autre, mais je ne jouerai pas à ce jeu, pas trop loin, disons. Je chatouille, je ris, « Aaaaah, nan nan nan ! Attends ! » Cesse pendant quelques secondes, les mains qui s'échappent des siennes, mes yeux qui regardent ses mains sur mon haut, serré désormais. « T'as une armure et pas moi, c'est pas juste. » j'explose de rire ; "Ok j'l'enlève alors !" et dans le jeu, j'en oublie la pudeur. Le short se défait rapidement, mes mains attrapent les siennes pour l'aider à défaire le t-shirt aussi, garde les sous-vêtements, tout de même, avant de s'éclaffer ; "à l'aaaattaaaaaqueeee !" et glisse de nouveau les mains sur les endroits sensibles, chatouille, avant de relever les mains en l'air, manque de souffle. "attends, attends, attends, pause !" et là, dans un combat de regard, entre jeu et provocation, elle juge quel est le meilleur moment pour se jeter sur lui et repartir à nouveau à la guerre. Jeu d'enfants.

Animal tapis dans son propre terrier, nu comme un ver. Clairement j’ai pas l’avantage, et je le sais. Alors j’essaye de grappiller un peu, de réduire l’écart dans la guerre. T’es sur-équipée. Et moi, je dois gérer le fait de garder le contrôle sur ma propre situation, me défendre, mesurer mes gestes pour éviter d’être brusque. Tu mènes la danse ; donc je tente une négociation. J’aime le multicolore des drapeaux, mais c’est le blanc que j’exhibe. Gris, au moins. Je gagne cet échange, de mes doigts qui t’aident à dégager ton haut. Pour le bas tu te débrouilles. Pas à égalité, mais mieux. Pas assez pour ne pas se faire secouer de spasmes et rires, quand tu t’engages. « T’AS PAS LEVE LA PAUSE ! » Que je gueule comme un gamin mécontent, me tortillant jusqu’à m’enrouler dans la couette pour me détendre et m’casser la gueule sur le sol, tortilla humaine. Grosse galère pour se relever. Mais j’suis habile. Agile. « T’es virée ! » Alors oui, l’autorité quand tu ressembles à une tige enroulée avec juste la tête ébouriffée qui dépasse c’est vite fait. « J’te vire de ta journée shopping. » Ouais, je suis comme ça. Enfin, j'en sais rien, j'ai jamais dirigé personne. L'échelle, je la vois d'en bas. « Parce que tu triches. » Et je suis un homme de valeurS, comme tout le monde le sait. Hm. Surtout parce que j’ai besoin de reprendre mon souffle. Puis la vue est pas désagréable, d’ici. Sans oublier mon boxer que j’essaye de chopper en sortant une main de mon sarcophage.