A NOT SO SOBER BIRTHDAY
w/ @William Bennett
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C'est presque comme si j'avais oublié que mon anniversaire arrivait. Il faut dire que je fais exprès d'être le plus occupé possible afin de combler la solitude de mes nuits lorsque je rentre dans cette maison fraichement achetée et finie de rénovée. Une belle maison de famille, une maison dans laquelle j'aurais aimé grandir mais que mes parents n'auraient jamais pu s'offrir avec leurs deux salaires modestes et les factures qui s'accumulaient avec le cancer de mon père et la découverte de ma leucémie un peu plus tard. Une maison que ma mère, veuve, élevant seule un enfant à la maladie incurable n'aurait jamais osée imaginer, même dans ses rêves les plus fous. Je suis heureux d'offrir cette maison à mes enfants, bien qu'ils ne puissent en profiter qu'une semaine sur deux, faisant de cette solitude un poids encore plus lourd lorsqu'ils ne sont pas là et que je me retrouve seul dans cette trop grande demeure. Alors je m'occupe, travaille et ça paie. La clinique se porte merveilleusement bien et je commence à avoir des pistes pour pouvoir en ouvrir une deuxième à l'autre bout du pays. Je suis cependant content que William me propose qu'on sorte et qu'on boive un verre ce soir pour célébrer ma nouvelle bougie.

Le corps se redresse lorsque je vois l'homme arriver et son petit sourire satisfait en dit long sur ses intentions. Le plateau glissé face à moi me fait d'autant plus sourire. "si tu savais le nombre de soirées que j'ai passé ici quand j'étais à la fac", que je lui dis en prenant un des verres pour le lever vers lui, trinquer et le boire cul sec. "ça fait trente trois", que je lui réponds en posant le verre vide. "mais quand on a une leucémie, trente trois c'est un peu l'équivalant de 70 balais tu vois", que j'ajoute en riant amèrement. C'est quelque chose que Leandra n'a jamais voulue entendre, mais qui est vrai : je souffre d'un cancer incurable qui m'emportera à un moment ou à un autre et mon espérance de vie est bien plus basse que la moyenne.

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A NOT SO SOBER BIRTHDAY
w/ @William Bennett
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Ça a commencé de manière très polie, entre William et moi : on discutait de manière assez casual en faisant du golf et ça se transforme petit à petit en une amitié. Une amitié d'adultes : quelque chose que je ne connais pas encore vraiment puisque la plupart de mes amis n'ont pas vraiment ce statut. C'est marrant, comme à trente trois ans, je me sens dans un espèce de "entre deux". Plus très jeune, pas très vieux non plus. Je grimace quand Will dit qu'il me voit venir d'un milieu aisé, "oulala, non pas du tout", que je dis en secouant la tête, "je viens d'une famille très modeste et quand mon père est décédé, ma mère a du prendre deux boulots pour qu'on puisse joindre les deux bouts. La fac de médecine, c'est grâce à une bourse sinon je n'aurais jamais pu aller à l'université" Mais oui, je passais mes soirées ici à boire, pas à servir les gens. Jude le dévergondé, qui buvait pour oublier. Oublier la maladie, oublier l'adolescence difficile, oublier la perte de ma mère à seulement dix-neuf ans. Il a pas mal de bagages, le Jude. Ce qui me donne encore plus de mérite, quand on y pense : j'aurais pu mal tourner, mais regardez moi aujourd'hui : j'ai créée ma clinique, je suis pédiatre, je gagne bien ma vie. Je peux offrir à mes enfants l'enfance que je n'ai pas eu, trimballé à l'hôpital beaucoup trop régulièrement, trop fragile pour faire des choses que les enfants aiment d'habitude faire. "Non j'réalise pas ce qu'il y a dans mon verre", que je dis avant de lancer un petit sourire moqueur, "parce que j'suis trop sénile" On me fait tellement de blagues sur mon âge, que je me tâcle tout seul maintenant. "j'ai toujours été une mauvaise influence", que je dis avant de pousser le shot fraichement bu. "Yes, Riley et Aaron sont chez Leandra, mais je devrais les voir ce week-end", que je dis en haussant les épaules. "j'déteste toujours autant les avoir qu'une semaine sur deux mais bon, pas le choix" J'déteste ça, mais je m'y suis fait. "bon alors, et toi ?", que je demande en me redressant sur mon tabouret. Je suis sûr que William a une vie beaucoup plus palpitante que la mienne.

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