(tw child abuse, domestic violence)
(ONE) enfant unique, temps solitaires quand ses parents vaquaient à leurs occupations. jace, il aurait bien aimé avoir un frère ou une soeur, quelqu'un sur qui se reposer de temps en temps. surtout lorsque les choses devenaient plus compliquées, les disputes un peu plus nombreuses. il aurait juste aimé une main à tenir, quelqu'un qui serait toujours là ; un peu comme lui.

(TWO) dix ans. l'accident, tragique. un virage mal calculé, une trajectoire déviée et les tonneaux qui s'enchaînent. il fait parfois des cauchemars de ce jour, où tout a réellement basculé. parties occultées par son cerveau, son innocence à moitié protégée. il garde quelques cicatrices mais elles ne sont rien comparées aux autres. jace, il se souvient surtout du vide à son réveil. maman n'était plus là. il n'y avait plus que son père aux yeux rougis par le chagrin, à la frustration grandissante.

(THREE) trou noir dans lequel ils ont semblé s'enfoncer, sans que personne ne voit rien. les portes de la maison closes, les premiers dérapages. l'alcool trop bu, les bouteilles éparpillées dans le salon. l'odeur nauséabonde et reconnaissable, le chaos derrière la façade bien mise de chez eux. son père qui sombre et jace qui le regarde, impuissant. peut-être que c'est l'envie de l'aider ou bien la peur qui ne le fera pas bouger quand les mains s'avanceront vers lui ; quand les sévices commenceront.

(FOUR) les mensonges sortent avec une aisance déconcertante. les excuses toutes trouvées, la maladresse clamée haut et fort lorsque les constellations passent du bleu violet au jaune et puis disparaissent. ce ne sont que des cicatrices à ses yeux, plus rien maintenant. la violence a escaladé avec les années, jace devenant plus robuste et l'état de son père empirant. parfois, il se dit que ce sera la dernière mais il n'arrive jamais à répliquer. jace, il se laisse faire ; se jugeant presque coupable de l'incident. s'il n'avait pas eu de match de volley, s'il n'avait pas été en retard ; maman serait toujours là.

(FIVE) émotions déguisées par moments, jace qui se sent comme un imposteur certains jours. il n'arrive pourtant pas à faire autrement. si la vie est ainsi, qu'y peut-il ? demain pourra peut-être être différent. c'est ce à quoi il se raccroche, optimisme hérité de sa génitrice ; dont il est le portrait craché. mêmes sourires prenants, même capacité à attirer les gens autour d'eux, le monde aussi flou que lui.

(SIX) nox. nox a toujours été là, sauf pendant quelques temps mais il est son ami le plus fidèle. il est ces longues après-midi à jouer sous le soleil, les rires enfantins et les doigts qui s'accrochent. il est les conversations idiotes ou peut-être avec trop de sens. meilleur ami, ami d'enfance. toutes les étiquettes lui collent à la peau. ces derniers temps pourtant, l'air est différent. les gestes sont plus suffocants ou juste apaisants. jace, il alterne entre les deux ; visage parfois teinté d'un rouge peu subtil. des sentiments étranges.

(SEVEN) volley, une passion depuis l'enfance. le plaisir de toucher le ballon, rien que quelques secondes. jace qui voudrait bien en faire son métier ; si le ciel le lui permettait. il voudrait voir la vue des sommets le plus longtemps possible. il a toujours été dans une équipe, poussé par son père à faire un vrai sport viril. il joue au poste de wing spiker, le moral jamais démonté par un adversaire tenace. il aime les challenges et gagner encore plus. haute taille plus que pratique pour contrer ; comme si ce sport était fait pour lui et réciproquement. sur le terrain, il oublie tout jace.

(EIGHT) enfant, il aimait peindre avec sa mère. longues heures passées à la regarder et puis il touchait aux couleurs de lui-même. plaisir hérité d'elle mais à sa mort, les chevalets ont été cassés pour certains ; rangés à la cave pour d'autres. et son père n'a plus jugé utile, ni intéressant de le laisser faire. ce n'était pas pour les garçons, qu'il répétait mille fois. jace ne devait plus perdre son temps dans ces idiots. sourire amer lorsqu'il y repense, les ailes un peu coupées.