hier soir j'ai tué un homme. presque 24h que j'ai des sueurs froides, la nausée et ce son grave dans ma tête, celui de ses os qui craquent contre mes poings, de sa boite crânienne qui tape contre le bitume au rythme de ma rage. un animal. une proie. un dommage collatéral. voilà ce que moi, lui et dawie on était. ni plus ni moins. et même si je veux oublier ce qui s'est passé, ces cinq minutes de pure rage, ce sentiment de soulagement, cette douleur si intense qu'elle en était presque délicieuse, j'y arrive pas. les images défilent en boucle, encore et encore. j'ai essayé de contrôler mes sanglots en les chassant de mes phalanges abimés, mais j'ai finalement fini par noyer mes larmes dans du whisky. hier soir j'ai tué un homme de mes propres mains. j'ai pas réussi à contrôler ma colère et j'ai enfoncé mes poings dans son crâne jusqu'à ce que son propre sang me rende aveugle. et toutes les paroles de dawie n'ont servit à rien. ces mots n'avaient aucun sens, ses mains sur moi pour essayer de me tirer de là n'avait aucun impact. mon but, c'était de faire souffrir ce fils de pute. je voulais qui ait aussi mal que roxane quand il lui a brisé des côtes. je voulais qu'il ait aussi peur que laïa quand il l'a forçait à coucher avec lui. hier j'ai tué un homme de mes propres mains et j'ai aimé ça. j'ai fini en piteux état chez laïa, à répéter la même chose sans vraiment en saisir moi même le sens. je sais pas trop comment je suis rentré chez moi et je sais encore moins comment je suis arrivé devant ta porte ce soir. tu voulais me parler ? bah je vais t'écouter. mais je crois que j'ai même plus la force de dire quoi que ce soit. je monte à l'étage, j'appuie mon front contre la porte d'entrée de ton appartement, essayant de réprimer un haut le coeur avant d'enter chez toi. j'suis blanc comme un linge, des cernes qui creusent mon visage, le regard vide. j'suis vide alix, j'suis complètement vide. hier soir un homme a perdu la. vie et moi j'ai perdu mon âme. « salut bébé » je me penche sur le canapé, odeur de whisky qui plane dans l'air, et j'embrasse ta tempe. tu voulais parler alix ? je suis là.

elle part en couille. sérieusement. elle pige plus rien et c’est tellement pas elle de se comporter de cette façon. elle a envie de se frapper, de plus être elle. et.. elle angoisse. parce qu’elle sait qu’il arrive. elle sait qu’aidan sera là d’une seconde à l’autre et elle sait pas vraiment comment gérer les choses. elle sait pas quoi dire, comment. parce qu’elle est nulle, parce que c’est compliqué, parce qu’elle a jamais été aussi mal à l’aise que maintenant. et quand la porte s’ouvre, dans un premier temps, elle n’ose même pas bouger. respire lentement alors qu’elle sent ton ombre approcher, tes lèvres sur sa tempe et ? t’as bu ? se redresse d’un coup pour le regarder, l’ai un peu perdu. parce que t’avais vraiment une sale tête. le genre à faire peur sans qu’elle ne comprenne vraiment pourquoi. t’avais été absent la veille pour bosser sur un dossier, pas vrai ? attends, attends. tu m’expliques pourquoi t’es bourré à cette heure là ? et ça l’agace parce que c’est pas les meilleures conditions, parce que ça rend les choses encore plus compliquée. parce que c'est pas comme ça que ça devait se passer. p'tain, t'as foutu quoi encore aidan ? ils sont beaux les "j'vais faire des efforts". la blague.

j'ai pas envie d'être là. c'est pas contre toi alix, c'est pas toi que j'ai pas envie de voir, c'est ma carcasse que j'ai pas envie de trainer. je préférerais être au fond de mon pieux, à vider les dernières bouteilles de Sky qui traine. là je dois faire face à ton regard, ouais celui là, celui que t'as en ce moment quand tu te retournes d'un coup pour me demander si j'ai bu. pourquoi je suis bourré à cette heure ? parce que j'essaie d'oublier. j'essaie de faire taire le bruit d'une gorge qui essaie de parler en même temps qu'elle se noie dans du sang. j'essaie d'oublier que si j'ai mal au main c'est pas à cause du froid mais des plaies qui ornent mes phalanges. si je suis complètement bourré au point de devoir me tenir un peu contre le bar de la cuisine c'est parce que je me suis imbibé jusqu'à ne plus me reconnaitre dans un miroir. « qu'est-ce que ça peut faire ? t'es ma mère maintenant ? » hm mauvaise réponse aidan. très mauvaise réponse. « qu'est-ce que j'ai fais ? » j'explose de rire, un rire presque machiavélique. « j'me suis bourré la gueule bébé, j'me suis démonté la gueule » si seulement y avait que ça.

souffle fortement, l’agacement plus que palpable. parce qu’en vérité, elle se serait bien passé de tout ça. elle aurait préféré éviter de te voir débarquer chez elle dans un état pareil. et ça l’agace, sentiment pouvant se lire sur ses traits fins. et elle se redresse, les mains qu’elle pose sur ses hanches, les yeux accusateurs. pardon ? siffle entre ses lèvres, le regard qui devient noir. ton rire qui résonne dans la pièce et sa colère qui gronde intérieurement. sors articule le mot, catégorique. oh, elle n’aura aucune conversation avec toi dans cet état. pas le moindre mot qu’elle échangera alors que t’es même pas foutu de tenir debout par toi même. je rigole pas aidan, tu t’en vas. et t’en fais pas, elle le voit que tu t’es démonté la gueule. elle le voit que t’es dans un piteux état. elle a juste pas le coeur à le supporter. l’impression désagréable de retourner dans le passé, faire face à un paternel toujours trop haut, toujours trop loin. de-hors qu’elle répète devant ton visage.

je crois que peut importe ce que tu comptes me dire, je suis pas sûr de tout saisir. j'ai l'impression que ce que je vois perds en couleur, tout devient terne, j'ai un goût métallique dans la bouche. je te regarde même pas dans les yeux, j'ai le visage à moitié caché par ma capuche, j'avais pas envie que tout le monde me voit avec la bouche fendu et un coquard naissant sur l'oeil gauche. j'suis appuyer contre la table, regardant par terre comme si j'allais trouver une réponse. j'ai même pas de question en fait. pourquoi ? parce qu'il tabassé ma soeur et violé laïa. est-ce que je regrette ? je crois que non. est-ce que j'ai peur ? je suis terrifié. toi, tu mesures pas du tout ce qui vient de se jouer dans les dernières 24h et je t'en veux pas. « arrête de crier » j'aime pas voix, mais là elle fait écho dans ma tête et c'est pas agréable du tout. « non c'est bon, tu voulais me parler j'suis là » mon corps est là ouais. mon esprit il est avec le corps de Jordy dans une benne à ordure d'une ruelle pourrit de Chinatown.

t’as même pas le courage de la regarder dans les yeux et ça l’énerve encore plus alix. elle déteste te voir dans cet état. elle déteste que t’ai osé te pointer chez elle comme ça. à faire le malin comme si c’était drôle quand la vérité est juste que t’avais l’air pathétique. et elle a envie de te frapper d'te voir en rire parce que putain, c'était tout sauf drôle. j’arrêterais de crier quand tu te pointeras pas complètement bourré ici. parce qu’elle a tous les droits du monde d’être énervée. parce qu’elle en a assez de te voir agir comme un gosse qui n’est même pas foutu de garder un tant soit peu de sobriété. j’ai plus envie de te parler non pas comme ça, pas dans ces circonstances. et si elle aurait clairement préféré ne pas repousser, il était hors de question que ton haleine de whisky vienne se mélanger au reste. regarde moi quand j’te parle non ? la main de la rousse qui part, force pour te faire tourner la tête. t’es en train de la gonfler aidan, ni plus ni moins.

éteint, en colère, d'une tristesse infinie. trop de sentiment qui s'entre-choc, qui me bouscule, qui me submerge. j'arrive pas à faire le trie. ça cogne dans ma tête, autant que l'alcool qui fait son effet ou que ta voix aigüe. fou moi la paix alix. j'te jure me pousse pas à bout parce que je suis pas encore redescendu de la veille. j'sens encore l'adrénaline dans mes jambes, c'est ce qui m'a porté ici. pour le reste, j'suis qu'une épave encore brulante. j'ai rien d'un phénix, je renais pas de mes cendres, je me consume doucement. « faut savoir ce que tu veux putain » irritable le Nesbitt. c'est l'alcool qui fait ça ? non. la haine, la colère ? non. je crois que c'est le mélange de tout ça à la fois. et alors que me sens ma mâchoire se crisper sous la tension, ta main entre en contact avec mon visage, pour me faire tourner la tête. « me touche pas » que j'te crache au visage avant d'attraper fermement ton poignet. je tourne la tête vers toi. tu les vois les bleus ? tu le vois mon regard injecté de sang ? ma lèvre fendu ? tu le vois l'animal ?

elle roule des yeux, à une seconde d’exploser. c’est une blague ? c’est elle qui ne sait pas ce qu’elle veut ? à quel moment ça rentrait dans le pack ça ? serre les poings, souffle un coup. bien loin l’envie d’avoir une crise de rage. c’était visiblement pas le moment, le mieux était probablement qu’il s’en aille pour éviter les dégâts mais ils ne seraient pas eux s’ils agissaient simplement. va te faire foutre aidan. vraiment. parce que tu dépassais les limites sans le moindre doute. elle inspire doucement, ses mains qu’elle passe dans ses cheveux. ça l’insupporte que tu ne la regarde même pas et alix, elle force le contact. la voix qui monte, ses poignets qui se retrouvent bloqués dans tes mains alors qu’elle observe les dégâts. lâche moi détache les syllabes sans se démonter. putain mais qu’est-ce que t’as encore foutu ? un dossier hein ? un dossier pour les cours avec des potes. elle secoue la tête, tire un peu pour tenter de se dégager. lâche moi aidan où ça va mal s'passer

va te faire foutre. ça raisonne dans ma tête. ça chamboule tout. c'est violent, douloureux. est-ce que je le mérite ? je sais pas. je sais pas grand chose là. j'suis en colère putain. j'ai envie d'hurler. rien ne me calme. ni l'alcool, ni toi, ni laïa. rien. absolument rien du tout. mes doigts abimés, ouverts, encore imprégné de son sang attrapent tes poignets que je sers plus fort que de raison. ton regard croise le mien et tu me vois. je te regarde enfin et tu peux contempler les dégâts. et encore, physiquement, c'est mieux qu'à l'intérieur de moi. « qu'est-ce que j'ai encore foutu ? QU'EST-CE QUE J'AI ENCORE FOUTU » que j'te hurle dessus. « c'est forcément ma faute hein ? c'est moi le gros connard alors c'est forcément moi qui a merdé. » tu me menaces ? je vrille. je te repousse violemment en arrière. tu voulais que je te lâche, vos désires sont des ordres princesse. « mais tu vois pas que tout se passe mal déjà ? » je parle de toi et moi là maintenant, de la distance que tu mets entre nous depuis quelques jours alors que putain j'me suis surpris à être réglo avec toi, de ce qui s'est passé hier. tout se passe mal déjà en fait.

et tu serres trop fort ses poignets. assez pour qu’elle grimace. elle se contorsionne comme elle peut pour te faire lâcher. tu m’fais mal aidan mais à la place, tu hurles. tu hurles et la pousse trop fort. recule trop vite, la table qui réceptionne son dos, poupée qui se plie en deux sous l’impact. et elle souffle, ferme ses prunelles quelques secondes, inspire pour calmer la douleur soudaine, les réouvre finalement. le bleu ciel a laissé place à la tempête. oh non, plus jamais. elle s’était jurée que plus jamais elle ne deviendrait le réceptacle de qui que ce soit. les pas qui franchissent la distance, la main qui s’abat sûrement trop vite sur ton visage déjà abîmé. ça s’passe mal hein ? parce que j’te cours pas après comme une conne ? parce que j’ai une vie qui s’résume à autre chose que m’bourrer la gueule avec mes potes ? crache les mots avec dédain, colère qui gronde. c'est quoi qui t'va pas aidan en fait ? t'es un gosse de riche capricieux et tu t'attends à ce que tout le monde te bouffe dans la main les mots qui dépassent la pensée mais toujours plus venimeux. oh la pousse pas, c'pas la gosse gentille qui se taira.