Un SMS... Il m'aura fallu d'un seul et unique texto de ta part pour que je commence à m'inquiéter. Pourquoi ? Parce que dans ce seul message, j'ai pu ressentir ton attitude négative. Et je ne veux pas ça, pas que tu baisses les bras dès que tu sens que ça va mal. Je ne met guère longtemps à arriver chez toi, il se peut même que je reçoive une contravention dans quelques jours pour avoir roulé un peu trop vite. Mais peu importe, je toque à ta porte et tu ne réponds pas, ce qui ne fait qu'accentuer ton inquiétude. "Macy ! T'es là Macy ??!!!", gueulais-je sans qu'aucune réponse ne me parvienne. Je me décide donc à poser la main sur la poignée, remarquant que ta porte est ouverte, j'entre et me rue dans ton appart', cherchant ta chambre, tombant dans un premier temps dans ta salle de bain, puis tes chiottes. Ce n'est que lors de ma troisième tentative que je tombe sur ta chambre. Mes yeux se posent sur ton corps allongé dans ce lit et mon inquiétude atteint désormais son paroxysme.

"Macy !"

Je fais les quelques pas qui me sépare de ton lit et me penche au dessus de ton corps, te secouant quelque peu jusqu'à ce que tes yeux s'ouvrent, me rendant compte que tu ne faisais que dormir. Je souffle un bon coup puis repose mes yeux dans les tiens avant de te sermonner:

"T'as le droit de répondre quand on t'appelles tu sais !"

Non mais sérieusement ! J'ai cru que t'étais en train de crever ! Ne me refais plus un coup pareil Miss Rowan ! La prochaine fois c'est moi qui te tue...

Mon cœur a littéralement fait un bond dans ma poitrine à la vue de ton corps inerte sur ce matelas, un peu plus et je le ramassais par terre. Je n'ose imaginer ce qui ce serait passé si jamais tes yeux ne s'étaient pas ouvert, si jamais j'avais dû me rendre compte que la vie avait quitté ton corps. Je n'ai vraiment pas besoin de ça en ce moment. Ton regard se pose sur moi et tu ronchonnes comme une gamine avant de replacer ta petite bouille de boudeuse sous ta couette.

"Tu ne vas pas crever Macy.", dis-je d'un ton calme bien que ça ne me plaise pas vraiment d'entendre ce genre de déclarations sortant de ta bouche, mes yeux se posant avec aberration sur la bouteille d'alcool au sol.

Soupirant, je fais le tour de ton lit et vient me glisser sous la couette à tes côtés, refermant cette dernière au dessus de ma tête également. Ce sera notre fort, comme quand tu es gamin et que tu fait un château fort avec des couverture et des épingles. On est désormais dans notre petite bulle, mon visage à quelques centimètres du tien, mon doigt venant frapper ton épaule, ponctuant ce geste d'un "Hey...", chuchoté pour te forcer à poser tes billes noisettes dans mes prunelles azures. "Qu'est ce qui ne va pas ma belle ?", demandais-je sur le même ton bas pour en savoir plus sur ton état. Je ne te jugerais pas, je sais que c'est difficile pour toi en ce moment et je suis mal placé pour donner des conseils vis à vis de l'alcool, mais je n'aime pas te savoir comme ça.

Je mens ? Je vais t'apprendre à me traiter de menteur tu vas voir ! Je viens me glisser dans ta forteresse de solitude, devenant ainsi la bulle que nous partagerons le temps qu'il faudra pour que je retrouve ne serait-ce que l'esquisse d'un sourire sur ton visage. Tu as bien partagée ma douleur et mon humeur il y a peu, j'en ferais de même aujourd'hui et ne compte pas te débarrasser de moi facilement. Si tu décides de t'étouffer sous ce drap, je te suivrais dans l'au delà, parce que je suis persuadé que tu en ferais de même.

Tes mots viennent me transpercer, ce que je ne voulais pas est en train de se produire. Ton moral s'effrite, tu perds confiance, tu songes même à abandonner. Me rapprochant, je te prends dans mes bras pour un câlin, je sens le tremblement de tout ton corps, espérant que mon étreinte sera assez forte pour le stopper. "Tiens le coup ma belle, tu vas vaincre cette merde.", chuchotais-je à ton oreille en te gardant près de moi. Je sais bien que ce n'est pas facile, je le vois bien que tu souffres, je ne peux qu'être présent pour toi, comme lors de ta première chimiothérapie pendant laquelle tu as brisée les doigts de la main que je t'ai donné.

Je ne saurais dire combien de temps j'ai passé avec toi sous cette couette, le temps semble s'écouler différemment en ta présence. Plus vite lorsque nous vivons de supers moment, beaucoup moins quand je te vois dans un tel état. Finalement, je brise ce silence qui peut vite devenir pesant.

"Je pourrais dire que j'ai couché avec toi après aujourd'hui ?"

Tu me connais maintenant, pour moi la meilleure solution est de réussir à te faire rire, de faire en sorte que ce sourire radieux s'affiche de nouveau sur ton visage. Mais je sais que ce sera difficile aujourd'hui, si je parviens à entendre ne serait-ce qu'un ricanement, je considérerais que j'ai réussis. 

Mon impuissance me révolte, je ne peux que te garder dans mes bras dans l'espoir que cela te soulage. Cependant, c'est utopique de penser une chose pareille... Je pourrais peut-être voler de la morphine à l'hôpital, c'est formellement interdit et hautement répréhensible, mais si ça peut t'aider à te sentir mieux, je suis prêt à prendre le risque Macy. Si ça peut me permettre de ne plus te voir souffrir ainsi, cela vaut peut-être le coup. Parce que je suis bien obligé de me rendre à l'évidence, même mes pointes d'humour ne t'atteignent pas comme d'habitude, tu les reçois même avec une froideur que je ne soupçonnais même pas en toi. Tu es parvenue à dormir pendant quelques minutes, mais je pouvais sentir ton corps ne cessant de trembler, tes spasmes me valant des coups de pied, mais que j'accepte sans problèmes. S'il faut que je devienne ton bouclier pour te soulager, je l'endurerais sans broncher.  Tu te réveille et tu te recroquevilles de douleur. "Macy ?", demandais-je sans dissimuler l'inquiétude dans ma voix avant de reprendre: "Macy qu'est ce qu'il y a ???". Je retire la couette de nos têtes, ce château fort n'aura finalement eu aucun effet... Je suis désolé Macy. Je jette un œil à ton corps tremblotant violemment, tes cris de douleur me fendent le cœur, je pose ma main sur ton front en sueur et constate que tu es brûlante. Sans attendre, j'attrape mon téléphone et appelle les pompiers, tentant de rester calme en leur donnant les informations nécessaire avant de raccrocher. Je m'allonge à tes côtés, te serrant contre moi et prenant ta main dans la mienne. "Serre ma main.", te demandais-je afin que tu ne perdes pas conscience. "Serre la Macy !", gueulais-je encore plus fort quand je sens ta pression sur ma main diminuer lentement. Je peux faire tout ce qui est en mon pouvoir, te prendre dans mes bras pour tenter de calmer tes tremblements, éponger ton front en sueur, mais je n'y arriverais pas sans toi, il faut que tu y mettes du tien aussi. Les minutes sont longues, mon inquiétude grandit plus ces dernières défilent et tes cris de douleurs deviennent horrible à supporter. Les pompiers débarquent enfin et je me fais éjecter de la scène, tenant toujours ta main fermement, sentant tes doigts glisser dans celle-ci jusqu’à ce que j'en perde leurs contacts et que je vois ta main tomber sans vie sur le matelas. Un pompier me retient de revenir auprès de toi alors que je vois tous les autres s'affairer sur ton corps: "Qu'est ce que vous faites ? Elle a besoin d'un médecin ! Emmenez là tout de suite à l'hôpital bande d'imbéciles !", criais-je de nouveau de ma voix brisé par l’émotion désormais. Si je m'écoutais, je mettrais un pain à ce pompier plus baraqué que moi qui me retiens et je retournerais auprès de toi. Mais je suis impuissant de nouveau, je ne fais pour le moment qu'assister à cette scène horrible dans l'attente d'un dénouement qui, je l'espère, ne me plongera pas dans une tristesse des plus douloureuse...  

Je suis plutôt fan des films d'horreurs, mais celui qui se déroule devant mes yeux est loin d'être mon préféré... Et pourtant, j'en vois tous les jours à l'hôpital des scènes de ce genre, voire pire que celle-là, mais je parviens difficilement à garder ce calme que je peux avoir en tant que médecin, justement parce que tu n'es pas une patiente comme les autres. Je suis confronté à la mort tous les jours, mais la tienne, je ne veux même pas y penser parce qu'elle me plongerais dans une tristesse des plus profondes, de laquelle j'aurais énormément de mal à me remettre. Ton corps est installé sur un brancard et je vois ta main s'agitait, ce seul signe me décidant à pousser mon rempart pour te rejoindre et emprisonner ta main dans les miennes avant d'afficher dans ton champs de vision la bouille la plus rassurante que je suis possible de faire dans ce moment de panique. "Ça va aller Macy", dis-je dans le but de te rassurer alors que mon cœur palpite tellement présentement que je n'ai pas besoin de poser ma main sur mon torse pour en connaitre le fort rythme. Je ne lâche pas ta main et ne demande même pas l'autorisation pour grimper avec toi dans le camion de pompier. Un masque d’oxygène est posé sur ton visage pour t'aider à mieux respirer, ton regard s'affole et balaye le camion dans toutes les directions. Je pose une main sur ta joue et te force à me regarder, à ne plus t'affoler comme tu le fais, à respirer calmement pendant que je te parle de choses et d'autres pour te changer les idées, abordant même un sujet qui te plaira surement: "Pense à la p'tite Alycia. Elle se bat tous les jours et elle n'est pas plus haut que trois pommes, elle ne voudrait pas voir sa grande sœur abandonner comme ça.". Prendre exemple sur une gamine d'a peine 6 ans, cela peut paraître idiot, mais Alycia est surement une des petites filles les plus courageuses que je connaisse et Macy le sait aussi bien que moi. "Je lui ai dis que tu étais malade quand elle m'a demandé pourquoi tu ne venais plus, elle a dit qu'elle viendrait te voir et t'apporterais pleins de bracelets et de dessins, te ferais pleins de bisous et câlins magiques pour t'aider à vaincre la maladie. Tu vois comment elle tient à toi ?", ajoutais-je en lui souriant. Je ne me bats pas que pour notre amitié, j'ai aussi promis à tout ces gamins qui t'adorent et qui te voient comme une grande sœur que tu reviendrais jouer avec eux, je compte tenir cette promesse.