Etre à la hauteur, de ce qu'on vous demande. Ce que les autres attendent. Et surmonter sa peur, d'être à la hauteur du commun des mortels. Pour chaque jour répondre à l'appel et avoir à cœur D'être à la hauteur. C'est un devoir quotidien, un costume qu'il faut mettrePour un rôle qui ne mène à rien. Mais faut-il vraiment s'y soumettre jusqu'à la fin?


« Nicholas William Fitzalan Howard, viens ici ! » Généralement quand l’on prononce votre nom entier, cela ne dit rien qui vaille. J’étais dans ma chambre, mordillant le bout de mon stylo tout en rédigeant ma dissertation à rendre pour le lendemain. Je n’ai pas le temps de me lever de ma chaise, que la silhouette de mon père se dessine dans l’encadrement de la porte. J’ai beau chercher, je ne vois pas ce que j’ai pu faire de mal. Mes notes sont largement correctes, même si je ne suis pas le premier de ma classe. Je me redresse, mon dos bien droit, je m’incline face à mon père. Oui, la noblesse de notre famille impose quelques règles de vie. « Père. » Je peux lire sur son visage que quelque chose le dérange. « Lord Dudley m’a téléphoné, il semblerait que tu as repoussé sa fille Marie Amélie. » Je roule des yeux ce qui énerve mon père. Je déteste ce genre de rendez-vous arrangé, et malheureusement, j’endure ce genre de chose depuis des années déjà. Comment dire à mon père, sans le vexer et surtout l’énerver… que cette fille était un vrai laideron, et qu’elle n’avait aucune conversation ? « Je ne l’ai pas repoussé, j’ai écourté notre rencontre car elle m’ennuyait. Cette fille a beau avoir des parents très cultivés, ce n’est pas son cas. Elle ne parle que de vanité et star hollywoodienne. Je pense à mon image, et celle de notre famille. » …
« Monsieur Fitzalan Howard, j’ai déposé votre courrier sur votre bureau. » Je sortais tout juste des cours, et j’étais stressé depuis quelques jours. En effet, les réponses pour les demandes universitaires commençaient à arriver, plusieurs élèves de ma classe avaient déjà leurs réponses. Cambridge, Oxford, Manchester, la plupart ont fait leur demande dans une université anglaise. Certes, j’ai fait des demandes aussi… mais celle qui me tient le plus à cœur est celle pour Havard en Amérique. Je grimpe les marches quatre par quatre, elles sont là… trois enveloppes avec les logos de chaque université à laquelle j’ai postulé. J’ouvre la première… acceptée. J’ouvre la seconde… acceptée. J’ouvre la dernière, je suis nerveux. Je pousse un cri quand je lis que je suis accepté à Havard… puis l’euphorie redescend d’un coup. Je dois l’annoncer à mon père, mais aussi à ma famille, plus précisément à Philippa, ma sœur dont je suis le plus proche.

« Hey Lippa, regarde-moi ça ! On est en Amérique ! » Nous avions atterri tous les deux sur le sol américain, prêt à affronter notre futur… notre destin. Ici, je n’étais pas un Lord, ou Monsieur Fitzalan, je voulais être normal. Profiter de ma liberté… sans pour autant déconner. Je sais qu’à l’université, il en faut peu pour que des ragots se propagent… et je n’ai pas envie qu’ils traversent l’atlantique.

« Yeimi, reviens ! S’il te plait, ne crois pas ces idiots ! » J’étais là sur le bord du trottoir devant l’Eliot House. Elle a grimpé dans un taxi, et je ne l’ai jamais revu. Cette fille, elle était différente des autres. Je crois que pour la première fois de ma vie, en vingt-quatre ans… J’étais amoureux. Elle était intelligente, magnifique, la main sur le cœur. Je l’ai rencontrée à la bibliothèque, je l’ai observée derrière ma pile de bouquins, elle était si belle avec son air concentré. Je l’ai abordé, timidement… je ne suis pas vraiment un bourreau des cœurs. J’ai appris à la connaître, nous avons passé pas mal de temps ensemble… et il y a eu ce fameux jour… un défi qui a mal tourné. Vous connaissez les réputations des confréries… je n’y ai pas échappé et Yeimi a été humilié. Tout ça parce qu’elle ne venait pas d’une famille riche, qu’elle n’avait pas de Yacht ou encore de villa en bord de mer. Elle a quitté l’université, je ne sais pas où elle est… tout ça part ma faute.