Oui, il avait osé lui confier vouloir être dans sa tête. Quelques secondes suffiraient à s’en faire une idée, nul doute là-dessus. Pourtant elle lui assurait qu’il risquerait de ne pas aimer ce qui s’y tramait. Croyez-vous seulement que c’était fait pour l’aider à y voir plus clair ? Pas du tout. « Peut-être mais j’y verrai plus clair. » Puis soudainement il réalisait que peut-être elle-même n’y voyait pas clair. Gía’ avait moins de mal à dire les choses. Seulement il est vrai que Colombe le poussait, sans le vouloir, à se censurer. Il se disait trop souvent qu’elle n’était sûrement pas prête à entendre certaines choses. « Je ne veux pas te forcer à te livrer mais sache seulement que la seule chose que je crains c'est que tu renonces à ces moments rien qu'à nous. » C'était horrible pour lui, parce qu'il jouait gros. Peut-être qu'elle finirait par être celle qui prend peur. C'était bien la seule chose qu'il craignait quand il était prêt d'elle. Il s'efforçait de la regarder même si après une telle confidence ça lui était difficile.

Il dit qu’il y verrait plus clair. Très certainement car Colombe a toujours été du genre compliquée, à n’en jamais vraiment dire ce qu’elle ressent. Et encore aujourd’hui elle n’arrive à se confier réellement. Parce qu’elle ne sait pas vraiment mettre de mots sur ce qu’elle éprouve et avant tout parce qu’elle a peur de lui faire peur et qu’il s’en barre pour de vrai cette fois ci. Parce qu’ils ont beau ne plus être ensemble, ils passent tout de même des moments a deux comme dans le passé. Il semblerait que les choses soient plus simples lorsque la demoiselle n’a d’étiquette. Alors, elle espérait que les choses se deroulent de la sorte encore bien longtemps. Mais c’est pas sain. Et c’est encore moins une relation d’adulte. Elle se comporte encore et toujours comme une gamine pourrie gâtée a qui tout est du. Elle ne veut pas que Giacobe sache et c’est pour cette raison qu’elle se trouve conne à l’heure actuelle. Et puis, il ajoute que lui aussi a des craintes. La preuve qu’elle renonce à tout cela et elle sourit. Je ferais jamais ça Gia... Cette fois-ci elle arrive à le regarder et a être sincère. finalement elle s’éclaircit la voix et reprend cette fois-ci d’un ton plus assuré. T’as trouvé un film ? Changement de sujet. La plus grande réussite de mademoiselle Perol. La pro pour esquiver les conversations compliquées. Surtout à une heure pareille.

Lui dire qu'il craignait qu'elle renonce à leurs moments c'était bien prendre un risque. C'était se dévoiler à demi-mots. Mais Gía' aussi était sur ses gardes. Il connaissait Colombe. Il savait quelles étaient leurs forces quand il s'agissait d'être tout les deux. Mais il connaissait aussi leur faiblesse. En passant des soirées ensemble comme ces derniers temps il n'avait jamais fait qu'exploiter certains points forts, ignorant les failles. Oublier les ressentis dans le fond pour se concentrer sur ce que la forme provoquait lorsqu'ils étaient ensemble. Elle prenait le parti de lui que jamais elle ne ferait ça, et même si il n'avait rien dit, elle l'avait comme perdu à cet instant. Incapable de lire entre les lignes. Devait-il se sentir serein ? Difficile à dire. Elle ne tarda pas à l'extirper de ce petit moment d'absence en lui parlant du film. Il se frotta légèrement la mâchoire en finissant par rire quelques peu. « Tu sais à quel point c'est compliqué de trouver un truc qui pourrait te plaire ? » Oui, Colombe c'était une princesse. Elle n'était pas le genre exigeante, elle était le genre chieuse. Du moins elle adorait l'être sans jamais laisser entrevoir qu'elle était tellement plus que ça. « Pourquoi pas la dernière production Netflix : Bird Box ? Et pas seulement parce que je fantasmais sur Sandra Bullock étant ado'. » Le propre de Gía' ? Avoir conscience du côté chieuse de la Perol, mais avoir tout de même envie de lui faire plaisir. Puis apparemment il était aussi décidé à faire diversion sur cette conversation. Il n'arrivait jamais à être trop souvent sérieux c'est vrai. La preuve, puis un peu d'humour c'était aussi désamorcée la conversation sérieuse qui ne l'aurait pas aidé, lui, à y voir plus clair.

Colombe décide de changer de conversation parce que parler de ce qu’elle ressent, c’est beaucoup trop compliqué. Elle n’a pas envie de ça ce soir. Elle préfère savoir s’il a trouvé un film ou non. Il dit une fois de plus que c’est compliqué. Sans doute que tout est toujours trop compliqué avec Colombe. Peut-être que c’est pour cette raison qu’ils ne sont plus ensemble aujourd’hui. Elle est beaucoup trop compliquée et il est beaucoup trop gentil. Tellement qu’il cède toujours à ses moindres caprices, raison pour laquelle il finit d’ailleurs par trouver quelque chose qui pourrait un temps soit peu lui correspondre. Et elle lève les yeux au ciel. Genre moi je suis compliquée ?! Petite gosse pourrie gâtée qui ne se rend compte de rien. Gamine qui pense que tout est normal alors que c’est loin d’être le cas. Elle finit pas esquiver un sourire. Ça marche, lance ça ça devrait le faire. Et puis comme ça si tu fais des bruits bizarres cette nuit ou si tu cries le prénom de Sandra, je saurais d’où ça vient. Elle lui adresse un clin d’œil avant de se caler bien comme il faut dans le canapé.

Elle osait en plus demander si véritablement elle était compliquée, à croire qu'elle niait presque même. « T'es la pire, Perol. » Oh oui, et il pensait en attendant, il se attrapa la télécommande du téléviseur de la demoiselle, et s’attelait à aller chercher Sandra Bullock. D'ailleurs elle lui arracha un rire. « Oui, puis tu sauras qu'il ne faut surtout pas me réveiller. » Probabilités ? Moindre, mais qui sait. En attendant, il ne savait pas ce que valait ce film, mais il avait hâte de le découvrir, une fois sélectionné, il but une gorgée de sa bière pour finir par dire. « Je vais chauffer ce burger. » Comme à la maison, euh ouais. Il tardait à se redresser pour ce faire et éteignit la lumière au passage.

Elle hausse un sourcil d’un air interrogateur. Finalement elle prend une grande inspiration et se contente d’hausser les épaules. Qu’est-ce qu’elle peut bien dire suite à cela si ce n’est : Je te remercie. Il prend la télécommande et elle s’enfonce un peu plus dans le canapé sans pour autant dire quoique ce soit. Elle a pas faim tout de suite. La conversation sur Sandra est beaucoup plus divertissante. Ok, tu dormiras sur le canapé. Elle esquive un petit sourire avant de se concentrer sur la télévision. Il va réchauffer son burger et elle secoue la tête en guise de « ok, fais comme chez toi. » De toute façon ça a toujours été le cas. Il est ici comme chez elle et elle n’a aucune envie de se lever pour faire à sa place. Elle attrape d’ailleurs un plaid. Autant dire qu’elle est prête à s’endormir si jamais le film est nul.

Il aura sourit l'air de dire qu'elle n'avait nullement à se donner la peine de le remercier. Il voyait bien qu'elle ne choisissait pas de le prendre comme un compliment, et qu'à l'inverse son caractère choisissait presque d'en râler silencieusement. Amusé par sa menace du canapé il répliquait. « Tu crois que tu sauras te passer de moi après ce film ? » A distance, il observait le début du film alors que son burger se réchauffait au micro-ondes. Chill.. c'était vraiment le bon terme. Oubliée la conversation sérieuse, ils étaient à nouveau à l'aise, et ces moments-là, lui plaisaient.

Apparemment, Giacobe préfère passer du temps en tête à tête avec Sandra alors Colombe, elle précise que le canapé sera très bien pour lui et ses fantasmes. Il part vers la cuisine pour faire chauffer son burger, observant de loin ce qu’il se passe à la télé. Le début du film est lancé et la demoiselle hausse les épaules avant de s’apercevoir qu’il ne peut la voir de là où il se trouve. Alors, elle prend le temps de lui répondre : Ouais t’inquiètes. Ça a pas l’air si terrible que ça. Et puis, j’ai l’habitude de dormir toute seule, ça me dérange pas. Plaid sur les genoux, elle fixe d’écran pour se concentrer et ne pas se mettre à rire. C’est un peu compliqué avec Giacobe. Mais ça va le faire. Elle va survivre.

Bien sûr que monsieur n'avait pas fait tout ce déplacement pour finir par dormir sur le canapé avec une Colombe qui se la joue boudeuse. Il se marrait secrètement en sortant son burger du micro-onde, manquant de se brûler. « Tu renoncerais si facilement ? » Les voilà bien parti pour profiter du film. Forcément il allait se mettre à la taquiner gentiment, à se dire des choses pour lesquelles il fallait forcément lire entre les lignes. Jouer avec le feu, un peu beaucoup. Jouer de leur attache. Tester les limites de l'affection qu'ils se portaient.

Colombe a beaucoup de caractère. C’est une vraie tête de mule. Elle a pas l’habitude qu’on lui dise non. Elle aime pas qu’on lui résiste. Alors, elle lui explique que ce n’est pas grave. C’est vrai qu’elle vit seule. Elle a l’habitude d’être en tête à tête avec elle même. Notamment la nuit lorsque Sandrick ne squatte pas. Alors, elle lui explique que ce n’est pas grave, qu’il peut rester sur le canapé. Forcément Giacobe insiste et elle se contente d’hausser les épaules. Elle marque une courte pause avant de reprendre. Evidemment. Je suis plus sexy que Sandra B alors, c’est toi qui y perd au chance. Surtout qu’elle, elle est et restera à jamais un fantasme. Autrement dit, tout est à mon avantage. Maligne la gosse, vraiment.