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{ you killed me on the moon }
crédit/ tumblr ✰ w/@"pluton"

Humeur du jour ? Heureuse. C’est une humeur ? J’en sais rien. Ce que je sais, c’est que j’adore ça, j’adore traîner tard le soir, avec l’homme que j’aime à mes côtés. Je trace sur la route. Un parfum de bonheur et de sexe flotte dans l’habitacle. Nos sourires parlent pour nous. Pas besoin de mots, l’ambiance est décontractée. Le souffle chaud des radiateurs tiédit mon visage et mes mains. De temps à autre, je meurs d’envie de te dire que je t’aime, mais je m’en empêche. Plus je te le dirais, plus ça perdra en intensité et en valeur, j’veux pas. J’veux conserver l’impact de mes déclarations. J’ai peur que ça s’use, qu’on s’use. Et alors que je jetais un oeil sur toi, dans le but de m’exprimer sur la suite de notre soirée, je perds le contrôle. Moment d’inattention, flash trop puissant dans les yeux, la voiture perd de son adhérence. Elle serpente sur la chaussée et s’approche dangereusement du bas-côté. Mon coeur s’emballe sous l’adrénaline libérée. La peur est présente, mais les réflexes la dominent pour nous empêcher le pire. Enfin, j’y ai cru. J’ai cru que j’arriverais à nous arrêter avant de nous emboutir, mais non. La voiture s’est enfoncée dans un arbre. Le choc a été terrible. Mon cerveau s’est déconnecté à la libération des airbags. Trou noir complet. Combien de temps ? Je l’ignore. Ma conscience finit par se réactiver. L’odeur de brûlé titille mes narines. Le moteur est en feu, juste devant. Les flammes se développent et la terreur s’empare de moi. Aussitôt réveillée, je me débarrasse du coussin m’aveuglant pour vérifier ton état. J’crois que c’est le pire qui puisse m’arriver, te perdre définitivement par ma faute. Je m’en remettrais jamais, vraiment jamais. J’finirais dans un hospice pour le restant de ma vie si jamais je ne réussis pas à me buter. Hallelujah, t’es encore vivant. Le soulagement est absolu. Tu réagis de plus en plus. « Moi non plus j’y arrive pas !!! On va finir en barbecue ! » Comment j’ai le temps de faire un brin d’humour avec la mort en approche moi ? J’hallucine. Le brasier prend de l’ampleur. La panique grandit en chacun d’entre nous. Nos doigts tremblent pour nous délivrer de la ceinture. Ma gorge se resserre et les larmes se déversent. Je n’ai pas envie de partir pour me faire chier ailleurs, je veux pas qu’on me sépare de toi. Quand j’atterrirais en Enfer, tu seras au Paradis, on se verra plus et non ! J’veux rester ici. J’veux qu’on rentre dans notre appartement avant que notre maison au bord de la colline ne sorte de terre. J’veux encore te faire l’amour, me perdre des heures sur les contours de ton visage lorsque tu dors. J’veux rencontrer tes parents et te dire que je t’aime. Merde, j’aurais dû le faire quand j’en avais encore l’occasion. Clic, la ceinture sort de sa prison. Je suis libre. J’enfonce la portière et je m’extirpe de la caisse en feu. Titubante, je m’éloigne et tu me rejoins en cours de route. Les policiers sortent de leur véhicule à quelques mètres de nous. « J’vais bien, le genou en vrac, mais je vais bien » Le front est aussi douloureux, mais sûrement pas autant que le tien. Sur la pointe des pieds, j’essuie d’ailleurs le sang qui coule de ton cuir chevelu et je le frotte sur mes fringues. « Et toi ça va ? J’suis tellement désolée mon amour, tellement. Si je t’avais tué, tu sais que je me serais aussi collé une balle dans la tête juste après hein ? » Les larmes faisant luire mon visage, j’encercle ta nuque de mes bras et plaque mes lèvres salées sur les tiennes. Le baiser est puissant et révélateur de mon angoisse. J'ai eu peur, terriblement peur de devoir embrasser une bouche froide à la morgue. Quelques secondes plus tard, une détonation impressionnante se produit et je me décolle en sursautant. Ma Chevrolet vient d’exploser. Bordel .. « Écoute, je crois que je vais finir en prison pour cette nuit .. J’ai bu et ils vont le voir. Promets-moi que tu seras sage ok ? » Un des flics gratte sa gorge et je sais que c'est le moment pour reconnaître mes torts .. Ouais, je sais que c'est le moment où on va être séparé et j'veux pas .. « Je t’aime, prie pour moi en rentrant .. Prie pour que je sorte indemne steplaît »

pluson ☾ You killed me on the moon
w/ louison chamberlain  — near Boston, novembre 2018
C'était certainement la pire chose qui puisse arriver. Après le moment magique qu'on venait de vivre tous les deux sur cette colline, l'échange de cadeaux symboliques, on finissait par perdre toute adhérence sur la route, nous poussant à finir notre route dans un arbre, non sans conséquences. Les airbags se sont libérés de leur cage mais c'était trop tard pour moi, j'avais déjà eu un choc à la tête qui laissait le sang se répandre sur mon visage et sur les quelques éléments de la voiture qui étaient autour de moi. L'airbag en avait pas mal aussi, surtout que j'étais couché dessus pendant bien trop longtemps. Je n'avais aucune notion du temps quand finalement mes yeux se rouvraient. Dans le flou total de ce qui venait de se passer, je remarquais que Louison était inquiète pour moi, puis qu'elle était dans l'incapacité de se défaire de cette maudite ceinture de sécurité. Moi non plus j'y arrivais pas quand je m'attelais à la tâche. La panique s'emparait de moi, d'elle aussi. C'était compliqué à gérer comme situation, comme sensation aussi. Je n'avais alors contrôle de rien. Bloqué et prisonnier d'une carcasse qui n'allait pas tarder à exploser, je ne savais pas comment faire pour qu'on s'en sorte. Finalement, nos deux ceintures cédaient à ce qu'on leur demandait et on pouvait s'en aller, échapper sûrement au pire. Je la rejoignais tant bien que mal, surtout de mal. J'avais alors manqué de me ramasser la gueule à plusieurs reprises et une fois proche d'elle, j'arrivais enfin à me retenir à elle pour ne pas tomber, vérifiant au préalable qu'elle allait bien. Genou en vrac, oh merde. « Mal à la tête... J'vois flou et j'me sens bizarre, ça doit être le choc » que je disais, cherchant le moindre repère mais je n'en avais pas, juste elle. Elle était mon repère, que ce soit dans les pires ou les bons moments. Je n'avais pas forcément capté tout ce qu'elle disait mais j'avais finalement ses lèvres sur les miennes et ça, c'était mieux que tout. Vraiment mieux que tout. Je sursautais cependant quand une explosion se produit : la voiture avait pas survécu à l'accident. « TA CLÉ, ELLE EST OÙ TA CLÉ ? » que je finissais par dire après ses mots, captant par la suite qu'elle mentionnait la prison. « Non, pas la prison, non, non, je, non » Et un flic arrive alors près de nous, grattant sa gorge. Que... non, prier moi ? Rien du tout. « C'est ma faute ! » que je finissais par dire, pris de panique pour pas laisser Louison prendre tout sur son dos. Mais.. qu'est-ce que j'fous moi ? J'avais clairement pas les idées bien nettes pour le coup et elle allait m'en vouloir. Ma main glissée dans la sienne, je resserrais, parce que je voulais pas être séparé d'elle. Putain, c'était trop le bordel dans ma tête.

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{ you killed me on the moon }
crédit/ tumblr ✰ w/@"pluton"

En quelques secondes à peine, toute une vie peut basculer, deux vies peuvent basculer. Un moment d’inattention, un peu trop d’alcool et d’amour dans les veines peuvent suffire à tout détruire. Ouais, un trop-plein de vie avait pu me conduire à la mort, nous conduire à la mort. Je m’en serais jamais remise. Jamais. Te perdre, pour toujours, t’enterrer, j’aurais pas pu, j’aurais obligatoirement mis fin à mes jours. J’crois qu’aujourd’hui, j’ai compris un truc. La seule cause possible pouvant me conduire au suicide, ce serait de te voir inerte, dans un cercueil et descendre six pieds sous-terre. J’pourrais jamais voir ça, je veux mourir avant toi. De toute manière, on a encore une chance de s’en sortir. Nos cerveaux répondent à nos ordres. Nos doigts s’excitent autour de nos ceintures. La panique nous gagne. Je réponds plus de rien, je laisse mes réflexes de survie prendre le dessus. Après un véritable acharnement sur la boucle de la ceinture, j’arrive à me libérer et sortir de la bagnole. Le poignet sur ma bouche et mon nez, je m’éloigne de la voiture en feu et tu me retrouves, loin de ces flammes qui cherchent à atteindre le ciel. « Ouais, c’est l’adrénaline bébé et le choc, le choc était violent » Je suis submergée par les spasmes, par la peur. Je tremble comme une feuille, mais je trouve refuge et apaisement dans tes bras, en soudant nos lèvres qui ont failli ne plus jamais se fréquenter. Et boum ! Ma Chevrolet explose. Nos bouches se décollent et nos pupilles fixent ce spectacle apocalyptique. « LA CLÉ ? Non ! Non non non .. Elle .. » La clé de mon coeur ? Elle est avec la clé de notre appartement, mon téléphone, mes lunettes Prada et tout le reste. Elle est dans ce brasier. C’est un désastre. Les larmes me montent aux yeux. Les forces de l’ordre approchent et je sens que ma fin est proche. J’vais croupir en prison, surtout après le test d’alcoolémie. Néanmoins, quand le flic arrive, tu me doubles et tu t’accuses ! C’est une blague ? « Noooon, c’est la faute d’un putain de cerf qui a déboulé de nulle part ! Ne l'écoutez pas ! » J’sais même pas si des cerfs vivent dans l’coin. C’est hors de question que tu portes le chapeau pour moi. Ta main s’enroule à la mienne et comprime mes pauvres phalanges. Le flic nous regarde, perplexe. Pour une fois, j’active mes larmes et j’exprime une détresse absolue. Pitié, épargnez-le, le Westerberg ne peut pas survivre à une nuit en prison. Raté. Entre temps, les pompiers débarquent et éteignent la carcasse incandescente. Par un miracle absolu, mon sac à main se trouvant à l’arrière est sauvé, ainsi que la clé de mon coeur. Malheureusement, nous avons passé la soirée en garde à vue. Trop d'alcool dans le sang. Maudite haleine, traîtresse ! Nos permis ont été suspendus et ma voiture se trouve à la casse. Peu importe, ce n’est que matériel, tout ce qui compte, c’est qu’en cette soirée, nous avons fait don de notre coeur. Ouais, c’est incontrôlable tout ça, je t’aime et j’en suis esclave. Je suis esclave de mes sentiments pour toi. Une fois de plus, tu as voulu me préserver, payer pour mes erreurs. Il n’y a plus de doute là, tu es sans doute aussi amoureux de moi que je le suis de toi.