(meghan) enjoy football game

J'ai appris ce qu'il t'était arrivé, je n'ai pas su comment réagir pour le coup et je sais ce que ça fait de vivre un traumatisme. Ce que l'on a vécu tout les deux est très différent, mais je sais que lorsque j'étais en fauteuil roulant, je ne voulais pas voir la pitié des autres. C'est ce que je compte faire avec toi, je t'invite simplement à ce match de charité pour te changer les idées, non pas pour te prendre en pitié. Je ne sais pas si tu es arrivée, mais je t'envoie un message pour te donner la place où tu es, une place où tu peux me voir jouer. Le match débute contre une équipe composée d'anciens militaires, pompiers ou policiers, un très beau match. Je t'aperçois à la fin du match, à peu près une heure et demi après le commencement, je m'approche de toi. Hey, j'avais peur que tu ne viennes pas. Tu permets que je prenne une douche, on se voit tout de suite après ? Te dis-je, souriant et heureux de te voir.

un match de charité. est-ce que j'avais d'y aller ? pas spécialement. est-ce que j'allais y aller ? la question était encore en suspens. j'avais peut être dit oui par message mais ce n'était pas pour autant que j'allais le faire. généralement, j’acquiesçais à tout juste pour qu'on me laisse tranquille. sauf que j'étouffais. j'avais l'impression d'étouffer totalement chez moi et je crois que pour échapper à ça je prenais finalement la direction du quartier ou était prévu le match. regardant une dernière fois le message de kale pour mémoriser ma place, j'allais m'y asseoir, attendant, les yeux perdus dans la vague. fin du match. y avait un engouement que je ne partageais pas, restant juste assise là les jambes croisés jusqu'à ce que tu m'abordes. « oui on fait ça » je croisais les bras autour de ma poitrine te laissant partir vers les douches, attendant patiemment. qu'est-ce que je pouvais faire d'autre de toute façon ? ce n'était pas comme si j'avais envie de me mêler à la foule ou de discuter avec quiconque.

Je suis content de voir que tu es venue, je m'approche de toi et te demande si ça ne te dérange pas de patienter quelques instants que je puisse prendre une douche. Tu me l'accordes, je m'en vais rapidement et reviens une bonne quinzaine de minutes après, habillé civilement et chaudement. Je suis content que tu sois venue ! Parce que j'ai pensé que tu ne viendrais pas, c'est vrai, mais j'aurai parfaitement compris. On va boire quelque chose ? Je te souris, commence à marcher jusqu'à la buvette mis en place par le club. Tu veux quoi ? J'essaye de ne pas te faire penser à ton quotidien, j'ai envie que tu souffles un bon coup.

et une nouvelle fois, je me faisais happer par mes propres pensées. comme si j'avais la capacité de totalement me couper du monde pour ne vivre qu'à travers mon esprit. je crois qu'en fait, j'avais cette faculté à créer un tout nouveau monde dans ma tête me permettant alors de ne pas lâcher complètement prise. et si j'avais pas eu cette imagination débordante, sûrement qu'il y aurait bien longtemps que j'aurais abandonnée. dès le début à vrai dire. parce que c'était pratiquement impossible d'avoir les tripes de supporter un truc pareil. et tu revenais finalement me faisant revenir à la réalité par la même occasion. levant mes prunelles vers toi, j'finissais par acquiescer d'un signe de tête. « yep » te suivant jusqu'à la buvette mise en place pour l'occasion, je réfléchissais quelques instants avant de te répondre. « ils ont du thé tu crois ? » et j'avais l'impression qu'on était dans le genre de moment où l'on faisait exprès de parler des sujets les plus insignifiants au monde juste pour faire croire qu'il n'y avait pas de réel problème. « tu sais que t'es pas obligé ? » d'être là. j'suppose que je suis pas la meilleure compagnie à espérer en ce moment de toute façon.

Je reviens le plus vite possible, je t'ai invité et ça fait pas très bien de te laisser seule parmi toute cette foule. Je te propose qu'on aille boire quelque chose, même grignoter si tu as faim. On se dirige jusqu'à la petite buvette que le club a installé, je te demande ce que tu veux boire. Il doit y avoir, je vais te chercher ça. Je m'eclipse le temps de quelques secondes, reviens vers toi avec un thé à la main et une bière dans l'autre. Thé vert oriental, ça te va? Au pire des cas, j'irai le changer si ça ne te convient pas. Je te souris, m'attendant à ce genre de réaction. Et si j'en ai envie ? Allez viens. Je te demande pas ton avis, je prends ta main et t'amène dans un coin un peu plus tranquille. Je te fais t'asseoir sur le banc, je t'accompagne. Je me suis dit que sortir te ferait du bien, surtout avec moi, apparemment mon enthousiasme est contagieux. Je te souris, mes lèvres se dirigeant presqu'à mes oreilles.

et en y réfléchissant bien je ne suis pas certaine moi même d'avoir envie d'avoir la moindre compagnie de mon côté. peut être que je me complaît dans ma solitude. ou peut être que c'est juste plus facile dans la finalité de n'avoir personne à côté de moi. j'en sais rien. j'ai juste l'impression d'être plongée dans un brouillard constant en fait et clairement, c'était pas spécialement facile d'y voir clair dans tout ça. « c'est parfait » que je soufflais après que tu ais ramené les boissons. de toute manière, j'allais clairement pas faire la difficile. m'enfin, dans tous les cas j'ai pas l'impression que tu comptes réellement me laisser le choix vis à vis de quoi que ce soit aujourd'hui et tu le prouves attrapant ma main pour m'entraîner plus loin. on prenait place sur un banc et moi, je soufflais regardant légèrement autour de moi. j'étais pas l'aise. j'étais plus à l'aise dans le monde tout court. « ah » mais tu sais, je ne suis pas certaine moi même de ce qui pourrait me faire du bien ou pas. alors c'est pas méchant mais enthousiaste ou pas, j'crois pas que tu puisses réussir à changer quoi que ce soit chez moi. « c'est gentil en tout cas » vraiment. j'te fais pas de reproches ni rien de tout ça. j'trouve ça cool que t'essaie au moins même si j'suis pas certaine de vouloir voir qui que ce soit.

Tant mieux que ce soit parfait, c'est le but recherché. Je décide que l'on aille se poser au lieu de rester debout comme deux idiots, voyant un banc libre, je prends ta main et t'y amène. Puis, même pour boire c'est beaucoup mieux d'être assis que debout, du moins, je préfère. Je t'avoue alors que je me suis dit que sortir te ferait du bien, que je compte sur mon enthousiasme contagieux pour que ça aille un peu mieux pour toi. J'imagine ce que tu dois vivre, ça ne doit pas du tout être facile. T'es au courant qu'il y a quelques mois, j'étais handicapé ? J'pouvais plus marcher ? Je bois ma boisson, regardant les quelques enfants jouer sur le terrain. Je me suis éloigné de tout le monde, j'voulais parler à personne, j'étais bien seul et à me torturer l'esprit. J'essaye de te faire comprendre qu'on a été dans le même cas, même si nos situations diffèrent. Au final, personne ne m'a lâché et je pense que c'est ce qui m'a sauvé.

en fait, j'ai l'impression d'être dans un état semi-végétatif. j'suis là, j'suis vivante, je bouge, je respire mais.. c'est comme si j'étais morte à l’intérieur alors clairement ça ne peut pas donner un bon résultat. et tu me parles de ta propre expérience, comme si ça allait m'aider. sauf que ça marche comme ça. j'dis pas que c'est pire ou moins pire, j'dis juste que personne ne traverse les choses de la même façon et de toute évidence, j'le vis pas comme les gens voudraient que je le fasse. j'ai pas envie d'en parler et j'ai pas envie non plus qu'on me colle comme si j'allais fondre sur place d'une seconde à l'autre. je suis déjà complètement effondrée. c'est pas comme s'il restait grand chose à sauver dans tous les cas. « tant mieux pour toi » tant mieux si t'as pu te reconstruire.  sauf que c'est pas comparable. handicapé ? tu te tiens pourtant sur tes deux jambes maintenant. moi, ce qu'on m'a pris, personne ne pourra jamais me le rendre. « j'ai pas besoin d'aide. » ou alors j'en ai juste pas envie. un mélange des deux sûrement mais c'est comme ça. et j'voudrais vraiment qu'on arrête de remuer le couteau dans la plaie à chaque fois.

Je te parle un peu de mon expérience, de ce que j'ai pu ressentir lorsque j'ai perdu l'usage de mes jambes et ça a été un véritable calvaire. Peu de personne ont pu comprendre ce que j'ai ressenti à ce moment-là, me rappelant alors les propos que j'ai dit. J'aurais préféré mourir, je m'en rappelle comme si ça a été dit hier. Sauf que finalement, ce que je te dis, ça ne t'aide pas. Non, tu le dis clairement que tu n'as pas besoin d'aide, tu te braques. Je suis désolé, Meg... Je comprends ta réaction... Tu te brusques, je peux comprendre et je suis clairement idiot. Bref... tu sais que je vais signer une prolongation de contrat, je suis vraiment trop content. Je m'y attendais pas. Au final, je décide de la jouer normalement. La vie continue, je préfère ne pas parler de ce qu'il t'est arrivé et parler normalement avec toi. Si tu veux en parler, tu m'en parleras.

parce. que ouais, j'ai l'impression que c'est ça ce que les gens font. remuer le couteau dans la plaie inlassablement. revenir sur le sujet même quand je répète à qui veut l'entendre que je n'ai pas envie d'en parler. et j'crois que c'est mon droit. que j'ai encore le choix de décider si oui ou non on peut discuter de tout ça. j'ai pas envie de le faire, j'suis fatiguée de voir qu'à chaque fois je ne peux pas y échapper. puis comment ça tu comprends ? tout le monde me le dit ça aussi mais qui comprends réellement ce que je traverse ? parce que même moi, j'arrive pas spécialement à mettre le doigt dessus. j'ai trop d'émotion qui se mélangent en même pour réellement réussir à dire ce que je ressent alors comment un autre pourrait le faire à ma place ? et je me rends compte que je suis sûrement trop aigri. que je passe tellement de temps à repousser tout et tout le monde que j'en deviens haineuse mais je le contrôle pas. j'le fais pas exprès. « oh, c'est chouette » vraiment, j'suis contente pour toi. « comment t'as su que t'étais vraiment passionné par ça ? » parce que moi j'ai pas de passion dans la vie, aucun but, rien.