Avant et Après.

C’est ainsi que se caractérise mon début de vie. Je me souviens de ce jeune garçon heureux, souriant, insouciant, optimiste, et paisible. J’avais une mère, un père, une petite sœur âgée d’un an de moins que moi, mais nous étions comme chiens et chats. J’étais jeune, mais ce bonheur si fort m’était si grand et si présent, que même maintenant, je ne peux me résoudre à l’oublier. Ce garçon était aimé, et entouré.

Pourtant, ce 12 janvier 2001, soir de mon anniversaire, tout bascula, et le début de ma seconde vie commença, lorsque ma famille décéda lors d’un accident de voiture. Je me souviens encore de cette femme ronde, aux cheveux gras et clairs, de ce sourire qui se voulait doux et rassurant, mais qui me rendit triste et m’apporta tant de peines. Il s’agissait de l’assistante sociale qui venait m’annoncer que mes parents, et ma petite sœur ne reviendraient pas, qu’ils étaient partis en paradis. Il me fallu plusieurs jours pour comprendre réellement ce qu’elle voulait dire.

Le départ de ma famille avait entraîné des conséquences bien malheureuses. Parmi elles, ma situation sociale. J’étais passé d’un niveau aisé, à un niveau pauvre, dépendant des aides sociales, bourses et associations caritatives. Ma famille étant qui provenait de l’immigration latine émergente, je n’avais rien hérité d’eux, si ce n’est que de meubles et documents administratifs inutiles. Je ne l’appris que tardivement, mais mes parents avait en fait été des trafiquants de cocaïne en début de carrière. C’était principalement la raison pour laquelle je ne reçu aucun héritage fiscal, de plus, ils n’avait certainement pas eu encore le temps de penser à blanchir leur revenu, et quant à tout leur argent amassé en cash...nul idée d’où il pouvait se trouver. Si j’avais pu mettre main sur cet argent, autant dire que ma seconde vie aurait pu être radicalement différente.

Pauvre, mais gourmand de réussir, je n’eus donc pas le choix que de me tourner vers l’escroquerie. Vol et utilisation de cartes bancaires, utilisation de chèques, cela fut mon quotidien. J’étais bien trop malin et intelligent pour me faire attraper, et je m’assurais de toute façon que de ne voler à des individus à haut rang social. La plupart ne s’en rendait même pas compte.
Car je n’avais jamais accepté l’idée d’être devenu un pauvre petit orphelin et d’inspirer de la peine ou de la compassion. J’avais décidé de prendre ma vie en main, de vivre ma vie comme je le souhaitais, sans dépendre de cette fatalité sociale et émotionnelle. Et si pour cela je devais enfreindre la loi, alors tant pis.

Parallèlement à cette activité secrète, j’étais un excellent élève, c’était d’ailleurs là mon principal alibi. Nul personne ne pouvait se douter que j’étais capable de fraudes bancaires, et puis je n’étais pas l’un de ses jeunes tapes à l’œil, j’enfreignais la loi uniquement pour payer mon loyer, et un niveau de vie convenable. Après tout, mes parents étant dealers, j’avais donc en quelques sorte ça dans le sang.

Grace à mon excellent niveau scolaire, et à mon statut d’orphelin, je réussi à obtenir une bourse intégrale d’étude à Harvard. Cette annonce fut en quelque sorte pour moi une revanche sur cette malédiction, comme l’unique chance de pouvoir échapper à ce destin de pauvre orphelin que je n’avais pas choisi. Il me suffisait que de 5 années d’études, 5 années d’investissements, 5 années de courages et de travail, pour enfin me délivrer de cette condition sociale qui me hantait tant. Seulement, plus les années passaient, plus je touchais enfin mon rêve du doigt, mais ce mal être lui, se faisait plus grand, et plus persistant. Le problème en fait, c’est que je n’avais jamais fait le deuil de leur mort, et cela me hantait de jours en jours.