Jour férié, pas de cours aujourd'hui, de toute façon c'était les vacances donc repos oblige.. Hier j'avais été un peu fiévreuse donc j'en avais profité pour ne rien faire, dormir, regarder des séries..
Aujourd'hui j'avais eu ma sœur au téléphone, j'avais été m'acheter deux trois bricoles sur Boston pour la décoration de mon appartement et ce soir, j'avais pas cessé de manger des conneries, bonbons et pop corns à gogo. Il était presque 21 heures et j'avais envie de fumer, ça me manquait et je commençais à me ronger les ongles depuis quelques temps, mauvais..

Je descendais, vêtue d'un gros gilet, baladant dans les rues pour trouver quelque chose d'ouvert, qui pourrait me vendre du tabac et des feuilles. Bingo! Non loin de mon appart, y avait ce petit bar.. J'y entrais, ne remarquant pas les personnes à l'intérieur, demandant ce que je désirais pour ensuite en sortir rapidement. C'était glauque le silence dans les rues..
J'aimerais avoir un signe de ma mère, mais bon, je rêvais trop.

Etant rentré tôt dans la matinée de sa soirée d’Halloween, Rylan n’avait dormi que quelques heures. Pendant les vacances de la toussaint, la Winthrop House était étrangement vide. Aussi, son réveil fu accueillit par des ronflements lointains et des raclements de gorges. Répétant une habitude, l’irlandais jetait un coup d’œil à la fenêtre. Dehors, le temps était gris et morne. Ce qui était totalement en accord avec cette journée. Trainant des pieds, le jeune homme allait prendre une douche.

Le reste de sa journée, c’était déroulée avec calme. Il en avait profité pour trainer devant des séries, mais aussi, faire quelques parties de PlayStation avec ses frères. C’est vers vingt-et-une heure qu’il se décidait enfin à bouger. Armé d’un gros manteau noir, l’irlandais avait décidé de faire un tour en ville. La cuisine de la fraternité était à court de café et Rylan avait absolument envie de ça. D’ailleurs, ça le rongeait depuis le matin. En digne accro de la caféine qu’il était, il avait donc prit la route de la ville. Malheureusement, la plupart des commerces étaient fermés. Il ne restait plus qu’un bar miteux. Pour l’atteindre, il empruntait un raccourci.

C’est en débouchant d’une allée sinueuse et sombre qu’il se prenait en pleine face une femme. « « Merdee.. » Il allait s’excuser lorsqu’il reconnaissait le visage de Loïs. Pendant une fraction de seconde, son visage devenait pale. D’elle, il n’avait eu aucune nouvelle. Ce qui n’était pas dans ses habitudes. « « C’est une manie chez toi de débouler de nulle part ! » Honnêtement, il était impoli, mais c’était son inquiétude qui parlait. Qu’est-ce qu’elle foutait là à une heure aussi tardive ?!

Je n'étais pas une grande fan d'Halloween, si ce n'était du maquillage et des déguisements, mais cette période était triste. C'était la période des esprits, des défunts et ça me rappelait un peu plus que ma mère me manquait, que j'aurais besoin d'elle.. J'avais pas envie de sortir, juste envie qu'on me foute la paix, en plus Tom avait décidé de me faire une lettre, alors lui..je l'avais lu hier et j'avais bien ri. Il regrettait, avait jeté sa blondasse et voulait qu'on se redonne une dernière chance, grosse blague. Bref, l'amour c'était nul, l'attachement aussi.

Dans cette ruelle qui menait à mon appartement, je te bousculais, et ça me sortais de mes pensées. J'avalais une respiration de choc en mettant une main au niveau de ma poitrine. Tu m'as fais peur! Rylan, pas toi putain, pas maintenant.. j'savais même pas comment agir là. T'avais l'air content de me voir tiens.. De bonne humeur en plus, quelle chance.. je déboulais de nule part? J'étais dans mon quartier. J'habite juste derrière, toi, qu'est tu fais là? y avait des prostituées pas loin? Tu dealais? Tu sortais de chez qui?
Ça promettait une belle soirée ça, tiens..

« J’te rassure, t’es pas la seule. » marmonnait-il comme un gamin. Répondant avec sarcasme, la jeune femme lui demandait ce qu’il faisait ici. « Je cherchais du café. » C’était stupide dit comme ça, mais c’était la stricte vérité. Tout était fermé dans cette fichue ville. Pensait-il aux pauvres personnes en manque de café ? D’ordinaire, les magasins de restauration ou café, restaient ouvert jusqu’à tard dans la nuit, mais apparemment, ce soir faisait exception. « Et ça te prend souvent de sortir aussi tard toute seule ? » Il lui posait la question avec le même sarcasme. Qu’on se le dise, une femme seule n’était jamais en sécurité. Surtout en Amérique ou le tôt d’agression était assez élevé.

Surpris par un vent glacial, le jeune homme rentrait instinctivement ses mains dans les poches. Le silence surnaturel qui l’est englobait, lui donnait presque la chair de poule. Le 1er novembre était le jour des défunts. Etrangement, cette période lui rappelait l’Irlande. Tout le rappelait à l’île verte. D’une certaine manière, il avait toujours souffert de cette nostalgie. Aussi, c’est derniers jours, il avait tendance à être grognon. Sauf avec Noa, mais ça, c’était différent. Il était toujours souriant avec.

Du café? Ouais, étrange.. Bon, en même temps j'avais rien à dire parce que j'aurais pu m'acheter du tabac à une autre heure de la journée, et pourtant j'avais attendu qu'il fasse nuit presque noire. Je te regardais, tandis que tu continuais par me demander si ça m'arrivait souvent de traîner dehors le soir Il est que 21h détends-toi.. puis j'haussais les épaules, ça m'agaçait tes remarques J'fais bien ce que je veux de toute façon.

Le vent vint me glacer les os, tandis que je serrais mes bras contre ma poitrine. J'y vais.. j'serais en sécurité chez moi au moins.. te contournant, je marchais le long de la ruelle en direction de la plus grande rue où se trouvait mon appartement. Pour qui tu te prenais? Je n'étais pas revenue te parler tout simplement parce que je n'étais pas ton petit chien, j'avais toujours trouvé des prétextes bidons pour qu'on se voit, toi tu t'en fichais. La preuve, t'avais passé ta soirée de la veille avec Noa, sans savoir ce que je faisais, avec qui j'étais, si j'allais bien. Tout ça, ça te passait au dessus.

Après lui avoir dit qu’elle faisait ce qu’elle voulait, la jeune femme le laissait en plan. Sans remord, elle l’abandonnait en plein milieu de la rue. Perdu, Rylan ne comprenait plus rien. Avait-il fait quelque chose de mal ? Ou avait-elle changée d’avis ? Peut-être s’était-elle lassée de lui ? Allez savoir. Ne voulant tout de même pas la laisser rentrer seule, l’irlandais décidait de la suivre. En se faisant petit de préférence. Inutile de déclencher une troisième guerre mondiale.

C’est ainsi, que Loïs se retrouvait pisté par un Rylan de mauvaise humeur. Sans caféine, il devenait exécrable. Pendant tout le trajet, le jeune homme eut le temps de se retrouver mêlé à une bagarre de chat ; évité de se faire attaquer par des chauffes-souris perdus (d’ailleurs, d’où elles sortaient ?!) et de manquer de se faire écraser par un cycliste. Bien sûr, Loïs n’avait rien remarqué. A croire qu’elle était insensible au monde environnant. A moins, qu’elle soit trop en colère contre lui pour entendre quoi que ce soit. « Tu m’en veux toujours ? » Sadique, Rylan avait rattrapé la jeune femme à pas de loup et lui avait murmuré ses mots près de l’oreille.

T'étais la dernière personne que je pensais croiser ce soir en sortant à ce bar tabac.. mais en même temps, on arrivait à se croiser dans des endroits improbables, donc ça ne m'étonnait qu'à moitié. Pourtant, de temps en temps j'aimerais te rencontrer autrement, avoir de tes nouvelles. Que tu m'montres que t'as envie de me voir. La seule chose à laquelle j'avais droit c'était à des remarques sur ma présence dehors le soir.. Bref. Fallait pas trop me chauffer ces derniers jours. J'avais préféré t'esquiver et rentrer. J'avais ce pressentiment que tu allais me rattraper, tu le faisais toujours.. pourquoi tu faisais ça d'ailleurs si tu t'en foutais de moi?

A deux pas de mon appartement, tu m'attrapais doucement en me demandant si je t'en voulais toujours. T'en vouloir de quoi? A la base je ne t'en voulais pas, la dernière fois qu'on s'était vu on avait passé une soirée parfaite, même si une fois de plus on avait été à deux doigts de faire l'amour et que.. t'étais parti. T'en vouloir de quoi? Tu me dois rien.. c'était clair ça au moins. Je ne voulais pas me plonger dans ton regard ni même que tu m'intimides, je regardais à droite et à gauche et je remarquais ce café en face de chez moi. Il était toujours ouvert. Y a du café ici si tu veux..

Elle lui en voulait, mais de quoi ? Mystère. C’est vrai que dernièrement, ils ne s’étaient pas énormément vus. Du coup, leur questionnement était resté en suspens. Le jeu du chat et de la sourie, allait finir par devenir lassant. Du moins, c’est ce qu’il commençait à se dire. « A toi de me le dire… » Il n’eut même pas le temps d’en dire davantage, que la jeune femme lui signalait la présence d’un café. Les pupilles toujours rivés sur Loïs, une idée venait de germer dans son esprit. Soupirait, il laissait sortir les mots de sa bouche. « Ok. Alors laisse-moi t’en offrir un. » Prenant les devants, il se dirigeait vers l’endroit. En se retournant brièvement, il vit que la jeune femme n’avait toujours pas bouger. « C’était pas une question. » Présomptueux ? Un peu. Finalement, cette rencontre tombait bien. Il était peut-être temps de se dire les choses en face. Seulement, il fallait que cela soit dans un terrain neutre. Cela éviterait des écarts comme se retrouver à moitié nue. Il était temps qu’ils évoquent certains sujets. Autant jouer carte sur table, non ?

Je ne t'en voulais pas non, pour rien de particulier, mais si tu me posais la question c'est que tu devais avoir des choses à te reprocher, peut-être te rendais-tu compte que tu agissais un peu comme un fantôme? Tu fuyais, tu ne donnais pas de nouvelles. Il y avait un café juste en face de chez moi, de mon appartement, tu pouvais aller t'en procurer là-bas, prendre ta dose.
Tu m'y invitais, et je n'eu pas trop le choix puisque tu accélérais déjà le pas en traversant la rue. Bon, ça ne coûtait rien, en plus j'avais envie de rester un peu avec toi, en vérité..

Je te suivais, rentrant dans le café, il y avait quelques personnes mais ça restait un lieu calme, pas dérangeant. On s'asseyait à une petite table à l'intérieur, je pouvais pas fumer mais je prendrais mon mal en patience.. Je retirais mon gilet en posant enfin mon regard sur ta personne. T'as passé une bonne soirée, hier?

Pendant qu’il traversait la route pour rejoindre le café, l’irlandais se laissait envahir par une légère appréhension. Etait-ce le moment de dire ce qu’il pensait ? Est-ce qu’il voulait vraiment essayer quelque chose avec elle ? Du moins, il pouvait y réfléchir. Se laisser le temps. Attendant que Loïs le rejoigne, il finissait par pousser la porte.

Rapidement, ils furent envahis par la chaleur des lieux. Une douceur odeur de café et de pâtisserie régnait en maître. S’asseyant à une table, Rylan se retrouver face à Loïs. Pendant l’espace d’un instant, il avait oublié ce qu’il voulait faire, mais il fut très vite rattrapé par le regard perçant de la jeune femme. Aussi, elle le décontenançait en lui demandant si sa soirée avait été cool. « C’était sympa. J’suis allé à une soirée organisé dans le cimetière avec Noa. » Il parlait de sa meilleure amie comme si Loïs la connaissait, mais de mémoire, ce n’était pas le cas. Ou peut-être ne le savait-il pas. Après tout, le monde des confréries à Harvard était petit. « Et toi ? » Au moins, ce début de conversation, lui laissait le temps de réfléchir à ce qu’il allait décider de faire.