La faim commence à se faire ressentir. Faut dire que tu as passé la journée assise au fond de ta chaise à écouter un professeur déblatérait sur tout et n’importe quoi. Tu étais pressée de faire autre chose de ta journée alors, tu as zapé la case cafétéria pour faire les boutiques. Forcément tu en as payé le prix puisque cela fait plusieurs minutes que tu marches dans les rues de Boston, les bras chargés d’achats en tout genre, et que ton ventre crie famine. Tu as abandonné ta bande de copines devant le fast-food, elles avaient un gala de charité le soir-même et donc, plusieurs heures de préparation devant elles. Toi, tu n’avais aucune envie d’y passer et surtout, tu avais mieux à faire car tu voyais Gabriel ce soir. Bref, arrivée à l’intérieur, tu te précipites à la première table de libre afin de déposer tes nombreux achats. Ensuite seulement, tu braques ton regard vers le menu, fronçant légèrement les sourcils comme si ta vie toute entière dépendait du choix que tu allais faire. Finalement, tu optais pour un burger, des frites et un coca. Rien de bien original. C’est ça de vivre en Amérique, on se fait aux coutures. Bonjour, bonjour. Je vais prendre un menu maxi best of, bic mac, coca s’te plaît.

Une matinée de cours, une après-midi de shopping et je me retrouve au mcdo du coin. J'hésite devant le menu, je me demande si je dois rester raisonnable ou non. Rapidement, je me rends compte que c'est con de prendre une salade dans un restaurant rapide. J'arrive donc au comptoir et je commence un grand menu. Le serveur est vraiment mignon. Sa gueule me dit quelque chose. Mais, il a l'air triste ou du moins, loin de cette planète. Je le tutoie parce qu'il semble avoir mon âge et surtout, parce qu'il me semble qu'il est également étudiant à Harvard. Je règle la somme, j'hésite un instant et finalement, je balance quand même la remarque qui me reste en travers de la gorge. Tu peux garder la monnaie, tu t'achèteras un sourire avec. Je lui lance un clin d'oeil, sourire aux lèvres. Ouais ça va, c'est pas méchant. C'est pour déconner, détendre l'atmosphère. J'espère avoir un retour mais, quelque chose me dit que je dois tout de même garder les pieds sur terre.

Il faut obligatoirement que je fasse une remarque. C'est plus fort que moi et puis, de toute façon, c'est justifié. Certes, il est rapide et efficace mais, la base de tout lorsqu'on travaille dans un milieu commercial, c'est l'apparence et le sourire. Étonnant qu'il ne se soit toujours pas fait virer. En tout cas moi, ça me fait sourire et sa remarque, davantage encore. Il s'exprime d'un ton assez élevé mais, heureusement pour moi, tous les autres clients sont bien trop occupés à déguster leur repas pour faire attention à cette petite interaction. Je le laisse finir et souris de plus belle en m'appuyant sur le comptoir qui nous sépare pour murmurer : J'aime ta répartie. Je lui adresse un clin d'oeil tout en me retirant, lui tournant le dos pour rechercher une place. J'en trouve une petite, assez à l'écart des autres. Mon menu arrive assez rapidement, toujours servi par le serveur d'une amabilité légendaire. Merci beaucoup. Je prends mon plateau et pars m'installer à la table que j'ai trouvé quelques minutes plus tôt.

Ce type, il a quelque chose qui m'intrigue. Comme un secret que je souhaiterais percé. Je suis maintenant sûre de l'avoir déjà croisé dans les couloirs de l'université. Il est super mignon mais, il a quelque chose de mystérieux et un air triste qui prend forcément le dessus. Je ne pense pas l'avoir aperçu, un jour, esquiver ne serait-ce qu'un sourire. Alors forcément, je tente de le pousser.à bout. Je veux voir dans quel sens il avance. Sourire aux lèvres lorsqu'il finit par me répondre d'un ton froid, je quitte le comptoir pour m'installer à une table de libre afin de déguster mon menu. Comme un signe du destin, il finit par terminer son service et s'installe non loin de moi. Je lève les yeux au ciel. Alors, soit il n'a pas fait attention, soit ce gars est clairement attiré par les emmerdes. Non pas que c'est ce que je cherche c'est juste qu'il semblerait que quoique je dise ou quoique je fasse, il réagisse mal en contre partie. Bref, je devrais sans doute le laisser tranquille mais, c'est plus fort que moi. Je relève la tête en sa direction pour balancer un : Bon app! Je lui adresse un clin d'oeil et attrape une frite dans mon paquet. Putain, je suis insupportable lorsque je le veux, j'en ai totalement conscience. Faut juste croire que je ne suis pas prête à changer.

Je suis une petite garce. Je le sais parfaitement. Je ne m’arrête jamais. Je n’ai pas de limites. J’aime pousser les gens à bout. J’aime me faire des ennemis. Je trouve ça beaucoup plus intéressant. Je n’aime pas les relations plates. Je n’aime pas les gens trop simples. Et justement, il n’a pas l’air de l’être. C’est sûrement pour cette raison que je décide de le provoquer encore un petit peu. Je lui souhaite bon appétit. Comme si je souhaitais me faire pardonner. Sourire aux lèvres, j’attrape une frite et écoute son discours. Discours qui finit par arriver assez rapidement. Je lève les bras en signe d’innocence. Ca va, c’était pas mon but mec! Je pensais pas que tu allais le prendre comme ca. Je leve les yeux au ciel pour moi, ça n’avait rien de méchant. Et puis, je reprends après une gorgée de coca. Mais en effet, je pourrais étudier n’importe où. Et je naïve pas besoin de bosser. Après, je ne peux tout de même pas m’excuser pour cela. C’est pas ma faute. Merci papa.