Tu inhale l'air frais de la nuit, autant que tes poumons peuvent ingurgiter. Le trop plein d'oxygène ne fait pas de mal aux cellules de ton cerveaux qui te reprochent d'avoir oublié de respirer. Ce n'est pas de ta faute, tu es beaucoup trop concentré sur l'édifice devant toi, pour penser a une autre action aussi primaire que celle d'inhaler.
Allez Rain, encore une goulée d'air, avant de te mettre en route vers des escalier que tu ne connais que trop bien.
Ta main se tends vers le mur à côté de toi, tes paumes caressant la rugosité familière, tandis que tu avance d'un pas incertain. Combien de fois as tu monté ces marches, en courant, après ton jogging matinale? Les bras chargé de café ou de croissant. Ce soir cependant, tu n'as même pas de sac. Tout ce que tu tiens c'est un bout de papier plié en 4.
C'est Puéril .
Te répète tu encore une fois. Sans vraiment t'arrêter d'avance.
Tes mains se referment sur ta veste ample, comme pour échapper à un acte beaucoup trop ... habituel.
Trop vite à ton gout, tu arrives à destination.
Il n'y a pas de lumière allumé. Bien. Tu ne comptais pas entrer. Tu ne sais même pas ce qui t'amène ici. N'as tu pas envoyé un SMS à Scarlett, l'intimant de se taire sur ta libération, quelques jours plus tôt?
Alors pourquoi es tu la aujourd'hui? Devant sa porte? Figé depuis plusieurs minutes?
Tu te baisse, glisse le papier plié sous la porte et te retourne, résigné à partir.
La dernière fois qu'une lettre à été échangé entre vous, c'était lui l'auteur. Il venait de te blesser. T'avais écrit une longue explication, des excuses même.
Aujourd'hui tu es celle qui l'a blessé. Bien entendu, on ne peut pas comparer son insulte en te traitant de chaudasse, à la descente de 10 agents de polices armé jusqu'aux dents, dans sa chambre, et une nuit passé en cellule...
Cela dit, on ne peux pas comparer sa lettre, à la phrase que tu as gribouillé sur le bout de papier que tu lui as donné.
Merde ... Tu ne peux pas revenir en arrière?

Rien à faire... Impossible de dormir seul dans cette putain de chambre où il y a quelques semaines, les flics sont entrés à plusieurs pour m'enlever celle que je considérais comme ma petite-amie, me révélant au grand jour des secrets que je ne comprends pas encore pleinement aujourd'hui. C'est pourquoi ces derniers jours, je trouve le moyen de dormir chez des amis, pour me changer les idées, pour éviter de penser à elle. Mais ce soir, personne de disponible pour accueillir le paumé que je suis en ce moment. Cette histoire m'obnubile, m'accapare l'esprit, cherchant le moindre détail qui aurait pu m'échapper et me guider sur la piste d'une explication à tout ça. Mais cette indice, tu ne le trouveras certainement pas en fixant la blancheur du plafond de ta chambre Alan. Je m'étais donc décidé à sortir pour une petite virée nocturne, fixant le sol et mon ombre qui se déplaçait au fur et à mesure que j'avançais. Pensant toujours à cette Mather qui avait réussis à me remonter le moral, à me redonner le sourire jusqu'à que tout m'expose à la gueule une nouvelle fois. Quelques minutes, quelques heures, je ne sais plus vraiment combien de temps je suis resté dans cette fraîcheur avant que le grincement de la porte de ma maison ne se fasse entendre et que j'y pénétre de nouveau. Étonnamment, personne dans les couloirs, je monte les marches une à une d'un pas blasé, je sais que je ne vais pas dormir beaucoup cette nuit encore une fois. Puis je m'arrête, un mouvement dans l'obscurité près de ma porte attirant mon attention. Mes yeux s'habituent au noir profond m'entourant et je commence à déceler de plus en plus la silhouette. Ta silhouette ? Non c'est impossible, tu es normalement derrière les barreaux selon mes dernières informations, mes maigres informations. Tu deviens fou Alan... "Rain ? C'est toi ?", demandais-je sans vraiment y croire. Je ne prends même pas la peine d'appuyer sur cet interrupteur à quelques centimètres de moi qui illuminerait ce couloir, trop flippé par la réaction que je pourrais avoir si c'est bel et bien toi qui se dissimulée dans cette obscurité.

Merde !
Voila le seul mot qui te viens à l'esprit. Sa voix monte de l'obscurtié, te fais sursauter , et lâcher un jurons entre tes dents. Tu ne pensais vraiment pas le voir ce soir. Tu ne le voulais pas. Tu n'avais pas envie d'une confrontation. Et le fait de ne pas avoir vu de lumière sous sa porte t'as menè, à tord, à croire qu'il dormait.
Eh bien non.
Il n'est pas dans son lit. N'était même pas dans sa chambre.
Lui, tu sais que c'est Alan, même si depuis qu'il t'avais interpelé, te demandant si c'était vraiment toi, tu n'avais pas bougé. Tu n'avais même pas eu à le regarder pour le reconnaitre.
"Bonsoir Alan" Dis tu simplement.
S'il y a bien quelque chose que ton père pouvait se vanter de t'avoir appris, c'est bien de rester calme en toute circonstance.
Tu te tournes vers lui, ta main trouves facilement l'interrupteur de la lumière du couloir, que tu actionne.  

J'ai espéré me tromper, espéré que cette silhouette dans l'obscurité ne soit pas celle de la personne qui a le don de m’énerver le plus ces derniers jours. Mais quand sa voix me vient du bout du couloir, je ne peux plus nier l'évidence. C'est bien elle. C'est bel et bien Rain.
Je ne prends même pas la peine de répondre à son "Bonsoir Alan", je me contente de la regarder lorsque la lumière s'allume, ma respiration se faisant de plus en plus saccadée, la colère grimpant exponentiellement en moi. Je crois que je n'ai jamais poser les yeux sur quelqu'un avec un tel regard. Tout s'emmêle dans ma tête, l'envie de lui rentrer dedans violemment pour m'avoir pris pour un con, de lui poser les questions qui me brûle les lèvres depuis plusieurs semaines, d'éclaircir cette situation pour enfin avoir le fin mot de l'histoire. Mais rien ne vient, je reste silencieux à la regarder fixement avant de prendre une toute autre décision.

"Non mais n'importe quoi !", dis-je d'une voix basse.

Je file et redescend les escaliers pour ressortir une nouvelle fois dehors, j'ai besoin de respirer, de m’aérer l'esprit. Qu'est ce qu'il t'arrives Alan ? Tu voulais cette confrontation si ardemment il y a peu, et maintenant tu ne veux même plus la regarder...

Son regard te fige sur place. Cette étincelle de haine pure fixé sur toi. Tu ne l'avais jamais, durant les 8 derniers mois depuis que tu connaissais Alan, vu regarder personne avec cette expression, cette colère. Même au bout du rouleau, après sa relation désastreuse avec Absolem, il n'avait jamais arboré un air aussi féroce.
C'est la que tu comprends vraiment l'étendue de tes action. A ce moment précis, debout devant la porte de sa chambre dans un couloir froid, silencieux, et vide. C'est maintenant que tu te rends compte combien tu l'as brisé.
Le bleu  de ses yeux semble presque virer au rouge, te lance des éclaires, te fait frissonner.
"Non mais n'importe quoi ! " dit il finalement. Ces mots n'ont aucun sens pour toi au début.
Tu ne sais même pas à quoi tu t'attendais. Tu ne voulais pas le voir. Tu ne volais pas le confronter ni lui parler... mais il est la, devant toi et tout ce qu'il trouve à dire c'est "non mais n'importe quoi" ?
Puis il se retourne, et... il s'en va.
Qu'est ce que tu dois faire la? Lui courir après?
Et pourquoi faire? T'expliquer? Que va tu dire?
Bouge Rain !
Prends une décision et bouge!
"Alan, Attends" Crie tu, lui courant après dans les escaliers. Tu le rattrape au moment ou il ouvre la porte d'entré de la fraternité. T'arrête quelques mètres derrière.
"Attends Alan !" Répète tu. Attendre quoi? Tu le sais pas. "S'il te plait" Qu'il s'arrête au moins.

Dans mon esprit, je l'ai imaginé de nombreuses fois ce moment. Je l'aurais croisé et je lui aurais jeté tout ma colère à la gueule, je lui aurais avoué la haine que j'ai développé envers elle en seulement quelques jours. Mais finalement, je parviens seulement à fuir, à me résigner de ne pas pouvoir faire tout ce que j'avais imaginé ces derniers jours et je descend les escaliers, traverse la pièce commune des Mathers en essayant de taire la voix de Rain derrière moi. Mais je n'y parviens pas. Je me retourne et pose une nouvelle fois ce regard haineux sur la jeune femme. "Attendre ? Ça fait des semaines que j'attends Rain !", lui dis-je en gardant une certaine distance entre nous. J'ai attendus de tes nouvelles, j'ai attendus de savoir si tu allais bien, j'ai attendus d'avoir des détails sur cette histoire. Je n'ai fait que ça ces derniers temps, attendre comme un con dans ma chambre que tu daigne me donner un signe de vie. "Qu'est ce que tu fous là ?", te demandais-je sèchement, convaincus que tu me sortiras un nouveau mensonge pour me l'expliquer. Après tout, tu es une experte dans le domaine non ?

Oui Rain qu'est ce que tu fous la?
Tu ne t'attendais pas à ça. A vrai dire tu ne t'attendais à rien... Ni à le voir, ni à lui parler. Comme une lâche tu voulais lui demander pardon en glissant un papier sous la porte de sa chambre et repartir.
Qu'est ce que tu espéais qu'il allait ressentir? Qu'il allait le lire, et se dire : "Ah merde elle est désolé, du coup ça va"?
D'habitude tu es beaucoup plus maligne que ça. Cela dit, d'habitude tu ne cours pas après les mecs dans les couloirs, non plus. C'est bien la première fois que tu le fais... Tu ne sais même pas pourquoi.
Réfléchit !
... Je n'y arrives pas.
"Qu'est ce que tu attendais Alan ?" As tu envie de lui crier. Tu n'en fais rien. Au lieu de quoi, tu soutiens son regard, et réponds à sa deuxième question.
"Je suis venue voir comment tu allais" Dis tu.
Soudain, ça te percute : Tu lui mens encore. Depuis le début de votre relation, tu as toujours mentit, omit une part de vérité, tu t'es joué de lui...
Alors, sans lui laisser le temps de répondre, tu reprends "Non tu sais quoi? Je ne sais pas. J'ai aucune idée de ce pourquoi je suis la. Je t'ai glissé une lettre sous ta porte, et je comptais partir." Ta voix ne tremble même pas, un exploit ! "Tu peux la lire, la déchirer ou en faire ce que tu veux. ".
Voila...
Tu vas partir maintenant. N'est ce pas?
Merde je fais quoi...  
"Je suis désolé" ajoutes tu, prête à le contourner pour sortir

Voir comment j'allais ? J'aurais bien eu envie de rire à cette affirmation de la jeune femme mais ce n'est clairement pas mon humeur du moment. Si tu avais vraiment voulus avoir de mes nouvelles, tu n'aurais déjà pas refusée que je te rende visite en prison...
Mais tu ne me laisse pas le temps de manifester mon désaccord, tu reprends immédiatement et j'apprends qu'une lettre m'attends sur le pas de ma porte. Je ne sais pas ce qu'elle contient, je ne sais pas si je la lirais. Enfin si, je sais que ma curiosité me poussera à la lire, mais je doute que son contenu me calme. Je ne saurais dire si ton excuse est sincère, je ne sais plus si je peux encore te faire confiance Rain. Néanmoins, je ne te laisserais pas filer comme ça. J'attrape ton avant bras avant que tu ne me contourne, t'empechant de t'enfuir. Il faut que je sache, il faut que je sois fixé sur la question qui me turlupine le plus. Tournant la tête sur le côté pour affronter ton regard, ce regard qui me charmais facilement il y a peu, je te demande:

"Ça t'amusais de me mentir comme ça ? T'as pris ton pied à me faire passer pour un con ? À me faire croire qu'on avait une relation ?"

Il te retiens quand tu essaie de filer devant lui. Tu ne sais pas si tu aurais mieux voulu qu'il le fasse, ou qu'il te laisse partir.
Mais il te touche, et tu n'as pas à penser à autre chose que t'arrêter et te tourner pour lui faire face.
"Ça t'amusais de me mentir comme ça ?"
Son toucher te brule, tu te dégage d'entre ses doigts. Tu encaisse.
T'as pris ton pied à me faire passer pour un con ? À me faire croire qu'on avait une relation ?"
Chacun de ses mots te heurte au plus profond de toi. Ses accusations t’ébranlent, sans que tu ne laisse ton air impassible se fissurer.  
Ressaisi toi !
"Non"
C'est tout? C'est tout ce que tu vas lui dire?
Le silence entre vous s'étire, tu ne lâche pas ses yeux du regard. Tu fixe cette haine que tu y lis, t'en imprègne, comme une sorte de châtiment que tu t'inflige.
"Non ça ne m'amusait pas." reprends tu "C'était naturel. Convenu. J'ai toujours agit ainsi. Avec toi ou avec d'autres c'était pareil. " avoue tu " Et je n'attends pas de toi que tu le comprenne. Ou que tu me pardonne pour ainsi dire. " aujourd'hui tu ne mens pas. " ... Pour tout t'avouer, je n'aurais pas du venir. Mais je ne voulais pas te laisser en plan. Sans demander pardon."
Tu mérite mieux... Mieux que moi.

Tu dégages ton bras de mon emprise et même si c'est moche de penser ainsi, j'espère que les mots que je t’assène te font mal ! Que tu comprenne à quel point je l'ai mauvaise après ce que tu m'a fait. Encore une fois, je ne sais que penser de ta réponse, je ne sais plus comment réagir face à toi, je suis perdu. Le silence dure tandis que je fixe le bleu de tes yeux pour tenter d'y déceler si, oui ou non, tu me raconte de la merde. Mais je n'y parviens pas, ou je n'y parviens plus, je ne sais pas...
Tu reprends, et je comprends maintenant que je suis "comme les autres", que je ne diffère pas des mecs qui m'ont précédé et je ne peux retenir ce froncement de sourcils qui exprime si bien mon mécontentement. Moi qui pensait qu'il y avait peut être un petit truc spécial entre nous, un truc qui expliquerait pourquoi on se comprenait si bien. Ce truc, c'était surement tous les secrets que tu me cachais et qui m'empêchait de voir qui tu es vraiment.

"Ouais c'est vrai que tu ne m'as pas du tout laisser en plan ces dernières semaines Rain...", lui balançais-je sèchement.

Je me détourne de ton regard, plus par peur de flancher que par intimidation, puis je retourne en direction des escaliers dans lesquels je m'arrête à mi-chemin. "Suis-moi.", te dis-je d'une voix sans émotion et sans un regard vers toi. Je marche en silence dans le long couloir et ouvre la porte de ma chambre. Mon œil se pose sur le papier au sol et je soupire avant de le foutre dans ma poche sans voir ce qui y est inscrit. Je ne me suis même pas retourné pour savoir si tu me suivais, j'entre dans ma chambre et reste là en silence que tu viennes, ou pas, me rejoindre pour constater à quel point ma chambre est désormais un gros foutoir, une déchetterie. Je suis bien décidé à te montrer dans quel état tu m'as mis avec tes conneries.