Pris dans l’élan, gagné par ce climat de confiance et de confidence qui s’installait entre nous, me voilà qui répondais spontanément et avec franchise, sans réfléchir sur le coup aux révélations qui s’échappaient de mes lèvres. Je me stoppai, réalisant que ‘dorée’ n’était probablement pas le mot le plus adapté pour parler de la jeunesse d’un Wright. Je me rattrapais alors : « Laissons le passé au passé. » Histoire d’éviter de nouvelles questions, pour moi, et de se replonger dans des souvenirs gênants, pour elle. Je préférais me concentrer sur l’instant présent, sur ses œuvres, ses romans qui lui avaient apparemment apporté une certaine renommée dans le monde littéraire. « Ok mademoiselle B, je vais essayer de les lire, je te dirais ce que j’en pense. » La grande blessée se redressa ensuite, s’accrochant à moi alors que ses pieds retrouvaient le carrelage, je la saisis par la taille, juste au cas où, et je m’enquis aussitôt de son état. Elle me rassurait et un sourire se dessina sur mon visage : « Je peux me lancer en médecine si l’art ça ne marche pas pour moi… » plaisantai-je avant qu’ensuite, son regard accrocha le mien, se mettant à briller d’une intensité particulière. Mes prunelles soutenaient les siennes alors que ses doigts s’étaient posés sur ma joue, j’attendis qu’elle fasse le premier pas, cette fois, et c’est qu’elle fit, se hissant sur la pointe des pieds pour venir poser ses lèvres sur les miennes. Ma main voyagea dans le bas de son dos, l’attirant un peu plus contre moi d’une légère pression, histoire de prolonger son baiser. Et lorsqu’elle s’écarta un peu, elle me souffla un ‘merci’. « De rien, fais attention à toi Belle. » Ma main remonta jusqu’à son visage, effleurant sa joue puis son front, tout doucement, là où le choc avait eu lieu : « Fais attention aux casiers… » la taquinai-je alors.