Le retour sur les bancs de l'université, la paperasse à gérer pour être sûr qu'on soit bien dans les listes, la chambre à la Dunster que j'allais décliner pour me concentrer sur mon couple, sur ma femme. C'était comme ça que ça allait être ma journée : paperasse, paperasse, paperasse. C'était chiant mais fallait le faire. Le truc, c'est qu'Harvard, on a beau dire : c'est petit. On peut voir des personnes qu'on a pas envie de voir, des personnes qui n'ont pas envie de me voir et.. c'était exactement ce qui se passait aujourd'hui. Sortant de la voiture qui m'était assignée avec chauffeur - disons que ça allait avec le mariage avec Camila, entre ça et les parts du Marriott qui font de moi un homme riche -, je me retrouvais face à une voiture que je connaissais que trop bien. Coeur serré, immobile, rythme cardiaque qui battait des records... je crois bien que j'étais en pleine tachycardie. Elle était là, elle aussi sortie de sa voiture, face à moi et j'étais incapable de bouger, me contentant de la regarder. Elle allait s'en aller, je le savais. Elle ne voulait pas me voir, pas me parler. Elle me manquait mais j'étais incapable de le lui dire en face, obligé de passer par Cassie. Quel con. Elle me manquait mais j'aimais Camila plus que tout et.. ouais, l'infidélité, c'était motif de divorce. Et je n'avais pas envie de divorcer. D'être comme la moitié des parents qui étaient incapables de tenir leurs engagements. « Hey » que je disais, sans bouger, sans rien dire de plus. Juste un "hey" pathétique qui pouvait m'être reproché.

l’été s’éloigne, l’automne s’approche. la rentrée est là. je suis en retard pour le premier cours inutile de l’année, celui où on trace les pseudos objectifs à atteindre. je m’en passerais bien, mais peut-être qu’il y aura des infos importantes, surtout pour la 4ème année, je dois passer mon examen du barreau. approchant ainsi du parking à vive allure, mon 4x4 escalade le trottoir et se faufile entre toutes les bagnoles déjà stationnées sur le bitume. la musique à fond, je manoeuvre péniblement pour me garer entre deux bolides de compétition. ouf, j’y suis. pas de rayures, pas de collisions. arg' je déteste ce jour. éteignant ensuite le moteur, je zieute mon reflet dans le rétro pour vérifier que ma tronche ne fond pas comme une poupée de cire près d’un brasier. une couche de rouge à lèvres plus tard, me voilà prête à affronter le bal des faux-culs. et alors que je sors de ma caisse, une voiture de ministre s’immobilise devant la mienne. j’savais pas qu’on avait obama en guest aujourd’hui. curieuse d’apercevoir la star qui se cache à l’intérieur, je fais mine de pianoter sur mon téléphone jusqu’à ce que.. tu en sortes. la blague. pluton westerberg c’est ça ? c’est bon, t’as touché le jackpot toi. c’est à moi que tu parles ? regardant à droite et à gauche je constate que tu t'adresses effectivement à ma PETITE personne. tu m'excuseras, mais je ne suis pas enchantée de croiser le dernier mec qui m'a viré pour en épouser une autre deux mois plus tard « mes félicitations pour ton mariage ! » mimant une petite éructation trahissant mon dégoût, je réduis légèrement la distance pour reluquer ta berline « c'est pas plus mal que l'on se soit largué hein. vu que t'es une merde au volant, maintenant t'as un chauffeur attitré, elle a du bon cette camitruc » tapant sur la carrosserie, je plante mon regard dans le tien. calme-toi louison. respire. lui montre pas à quel point t'es totalement en panique intérieurement. c'est fini vous deux. il t'a fait du mal, t'as le droit d'être aussi aiguisée qu'une lame de couteau.

Pourquoi ma chance de cette fin d'été ne me poursuivait pas ? A peine je sortais de la berline qui m'était assignée pour mon chauffeur personnel que je tombais nez-à-nez avec cette voiture que j'avais pu conduire un certain soir du 14 février de cette année. Un souvenir si proche et si lointain à la fois, j'avais l'impression que c'était dans une autre vie. Louison était là et ma gorge se resserrait. J'avais pas envie de la voir, même si j'en crevais d'envie. Mais je ne devais pas putain, je devais être responsable, j'allais être papa, j'étais marié. Les conneries, c'était fini. Je soupirais à ses mots, sentant bien qu'il s'agissait d'une provocation que de réelles félicitations. « Ouais » Que dire de plus ? Je ne savais pas quoi lui dire mais je savais qu'intérieurement, j'étais en panique. Être ami avec elle qu'elle me disait Cassie... mon cul, je pouvais pas être ami avec une fille dont j'étais encore amoureux. Elle, elle ne l'était plus, c'est sûr et certain. Entre son fiancé, son Liam et sûrement l'autre là, croisé sur les réseaux sociaux. Non, elle avait eu une vie bien remplie pour le coup cet été, de quoi m'oublier pour de bon. « Cassie t'a fait passer le message ? » Je me suis posé la question à maintes reprises, n'osant pas le lui demander directement par message. Ma dernière crise avec Camila remontait de sa lecture de mes messages par inadvertance et je voulais éviter une nouvelle. « Enfin... tu dois t'en foutre, laisse tomber » Je devrais plutôt m'en aller et la laisser tranquille une bonne fois pour toute plutôt que chercher à avoir une certaine attache, emprise sur elle. Mais bon... c'était plus fort que moi.

une minute plus tard, une seule et je n’aurais pas croisé ta route. on se serait loupé. tel un astéroïd qui frôle la terre, tu aurais tracé ta route et tu m’aurais laissé, intacte. mais non, t’es là. tu es face à moi. la collision est imminente. ça dépend de moi. j’aurais pu t’ignorer, comme tu mérites de l’être, mais j’en suis incapable. je suis stupide. je vois un piège à loup, je fous le pied en plein dedans. j'ai les jambes en coton. le stress, il grimpe. ouais, tu me stresses. je croyais t'avoir oublié et tu surgis de nulle part. les résidus de mon amour à ton égard se propagent autant que la haine que je te voue. ben voilà, tu ne nies pas, t’es bel et bien un homme marié. mazel tov ! « euh que je te manquais ? que tu pensais à moi et que t’espérais que je sois heureuse ? ouais, si c’est ça ouais » la même rengaine que la dernière fois. le truc, c’est que j’ai encore en travers l’altercation entre ta ‘femme’ et moi-même sur instagram. tu l’as laissé sortir ses crocs plein de bave pour me mordre, sans rien faire. j'suis persuadée que tu l'as même encouragé en coulisse. ouais, je t’imagine bien sourire en voyant à quel point elle défendait son territoire. écoeurant. j'suis pas un jouet pour mesurer votre amour les gars. « en réalité, je n’en crois pas un seul mot. pourquoi tu n'es pas venu me le dire en face ? t’as un gps dans le cul ? » quand est-ce que ça va se terminer hein ? tu comptes envoyer cassie prendre de mes nouvelles jusqu'à ce que louison chamberlain meurt à tout jamais dans la benne de tes souvenirs ? bordel, j’crois bien qu’on ne s’est jamais engueulé tous les deux lorsque nous étions ‘ensemble’. enfin, je n’avais jamais ressenti autant de colère en moi contre toi. c’est tout nouveau. cette fois-ci je me bats plus pour nous, je t’ai perdu, alors que je te dégoûte à tout jamais, qu’est-ce que ça peut foutre ? mes sentiments pour toi ont toujours compté pour du beurre. « je croyais que t’avais jeté le pansement français dans les wc, que t’avais pissé dessus et tiré la chasse » rajoutais-je en pouffant de rire, fière de ma métaphore crasseuse.

C'était un coup de malchance en vrai ce qui venait de se passer. Parce qu'être face à Louison me remémorait tous les bons moments passés ensemble et ce besoin que j'avais de vouloir prendre soin d'elle, de la prendre dans mes bras, la cajoler ou encore l'embrasser. Mais j'en avais perdu le droit assez rapidement, sa fatigue concernant ma relation avec Camila étant arrivée au point de non-retour. Je pouvais le comprendre en somme. Parce qu'elle aurait eu un ex qui agissait comme Camila, j'aurais pété un câble rapidement. Après, elle a eu un pot de colle comme ça, monsieur le Dunster "tombeur de ses dames". Tombeur de rien du tout... quioque. Elle est bien tombée dans ses filets finalement. « Okay » Et du coup, ça lui faisait ni chaud ni froid, je comprenais. Même si ça faisait un mal de chien qu'elle passe à autre chose comme ça. Moi je pense toujours à elle, même si je ne le dis pas, si je ne le montre pas. Je pense à elle, à notre histoire, ce que ça aurait pu être. « C'est quoi le but ? De te le dire en face ? Ca n'aurait rien changé. Et me crois pas si t'en as pas envie, mais au moins je l'ai dit » Alors j'étais passé par Cassie pour éviter de lui envoyer des messages, pour éviter une nouvelle crise de ma femme. Je soupirais, glissant ma main dans ma nuque alors que je baissais la tête, incapable de tenir le regard plus longtemps. On avait été bien ensemble, pas trop de disputes, on avait réussi à s'en sortir. Maintenant, tout est à base d'attaques, de piques et autres rancoeurs, ça me fatigue. « Il est toujours là le pansement, j'ai encore besoin de me guérir de toi » Comme si elle avait besoin de savoir tout ça. Personne n'a besoin de le savoir, je dois être le seul à gérer mes sentiments bi-directionnels. « De toute façon, tu me crois pas. Maintenant c'est l'autre abruti que tu crois. Tu bois tout ce qu'il dit, tu pardonnes tout ce qu'il fait. Ça a toujours été lui, alors pourquoi te faire chier avec moi, hein ? »

c’est fou, il y a juste quelques mois, tu me prenais sur le capot d’une voiture à deux pas d'ici. tu défendais également mon soit disant honneur auprès de liam. tu me disais que tu m’aimais et que tu étais bien avec moi, qu'on était comme le yin et le yang. du vent, c'était du vent ! aujourd’hui, on se hurle dessus, tu ne m’aimes plus et tu es marié. quand à moi, j’sors avec liam, enfin j’crois. « pourquoi tu lui as dit de me transmettre tout ça ? pour te donner bonne conscience ? c’était quoi le but de me dire ça ? me faire souffrir une nouvelle fois ? me rappeler qu’on est plus ensemble ? » je postillonne de partout dans mon emportement, rien à foutre. t’es infernal pluton. t’as réalisé mes rêves avec une autre, je te hais maintenant. oui, je te hais. tu as toi même éteint cette flamme dont je te parlais dans cette église morbide. t'as soufflé dessus, sans regrets. « oh.. alors comme ça je ne suis plus le pansement qui te servait à te soigner de ta meuf, j’suis devenue une blessure et t’as collé un truc dessus pour la planquer ? » youhou ! j’ai évolué dans l'échelle westerberg. de l’objet insignifiant, j’ai désormais le statut d’une plaie. et c’est quoi cette attaque maintenant ? l’abruti ? merde, j’oubliais que tu étais au courant pour moi et liam, enfin, quand j’étais encore au stade de relation libre avec lui. instagram, ce fléau. « croire quoi pluton ? il n’y a plus rien à croire. tu te trompes putain, tu te trompes ! » hop, ton chauffeur nous abandonne, probablement gavé de notre discussion. ou alors il est stipulé dans son contrat de tout rapporter à miss camitruc et il ne préfère pas lui raconter notre accrochage « à partir du 18 mars 2018, c’était toi et personne d’autre ! pigé ? ne retourne pas la situation, c'était plutôt elle et pas moi.. » m'énervais-je en te pointant de mon index, complètement ravagée par l'émotion.

Je sais même pas pourquoi je reste là, face à elle, à tenter d’avoir une discussion. Ça ne mènerait à rien et ça allait m’apporter plus de problèmes qu’autre chose. Mais j’étais incapable de bouger, sûrement pour tenter de me délecter de chaque trait de son visage, le graver dans ma mémoire puisque ce serait une des dernières fois que j’allais la voir. Nos chemins prenaient des directions différentes et maintenant, elle avait un nouveau mec, j’étais marié. Ouais, tout était allé assez vite depuis notre rupture. « Pour pas que tu crois que je m’en fous de toi. Je sais que tu te fais des films sur moi, sur ma relation avec Camila et c’est rien de tout ça. Je suis toujours celui que t’as aimé un jour, peut-être un peu plus paumé quand ça te concerne » Parce que j’avais pas su quoi dire ou quoi faire sur Instagram, quand Camila s’était acharnée sur elle. J’avais pas envie de dire la moindre chose qui serait mal interprétée. Et moi, les boulettes, c’était ma spécialité. « Tu te rends compte que tu me craches un venin alors que t’as faire pire ? Tu m’as quitté, tu t’es fiancée deux jours après, tu as failli te marier Louison, j’dois dire quoi moi dans tout ça ? J’étais amoureux de toi, ok ? Je le suis peut-être même encore à l’heure actuelle et ça me bouffe ! » Parce que la voir s’afficher avec tous les autres mecs là sur son instagram, ça me faisait plus de mal que je pouvais l’admettre. Et de tout l’été, j’admettais enfin qu’elle avait encore droit à des sentiments, malgré nos chemins différents. « Ose me dire qu’il me dépeint pas comme un connard, il m’a jamais aimé, comme je l’ai jamais aimé » Parce que lui, contrairement à moi, c’était réellement un connard, qui jouait avec les gens, dans le simple but d’obtenir ce qu’il voulait. « Arrête. Il avait beau te faire souffrir, tu revenais vers lui. Il a failli te violer et tu retournes encore et encore dans ses bras ! Qu’importe ce que je faisais pour te protéger, t’en avais rien à faire » Et j’sais pas pourquoi j’étais jaloux de lui mais c’était comme ça. Soufflant, je posais mes papiers sur le toit de la berline noire brillante, posant mon regard à nouveau sur elle. « Je voulais pas te faire souffrir, vraiment pas. Tu me connais, je suis maladroit comme deux pieds gauche mais j’ai pas un mauvais fond. J’ai rien préméditer de tout ça. Alors oui, c’est vrai quand je dis que tu me manques et que je veux que tu sois heureuse, même si ça me bouffe que je sois pas celui qui te rend heureuse » 

j’ai fait pire ? je me suis défendue pour oublier que j’étais le second choix, c’est une technique comme une autre, j’hallucine. je t’ai quitté ? ça c’est le summum. le pompon. la cerise sur le gâteau. le mouton sur le méchoui quoi. on aurait fait quoi si j’avais pas pris cette décision ? tu serais vraiment resté et tu aurais arrêté de la fréquenter en secret ? « pluton tu abuses, sincèrement tu abuses. ne dis plus que JE t’ai quitté. on s’est quitté. elle t’a embrassé, elle aurait continué et toi tu devais juste être aux anges dans mon dos. t’as accepté notre rupture, je dirais même qu’elle t’arrangeait » bordel, on aurait dû avoir cette discussion plus tôt, même si cela me fend le coeur d’admettre tout haut ce que je pense tout bas. je suis en train de me libérer d’un sacré poids là. « liam ne m’a même pas parlé de toi, il est bien plus mature qu’on le croit » c’est vrai, depuis qu’on s’est retrouvé, dans tous les sens du terme, on a jamais causé de nous, de toi. disons que l'été m'a permis de faire du ménage devant ma porte. en définitive, d'autres hommes ont pointé le bout de leur nez pour irriter le gremlins « tu m’énerves » ce n’était pas une tentative de viol. liam ne l’aurait jamais fait. il était juste au fond du trou et il a sûrement mal interprété les signaux que je lui lançais. j’en sais rien. j’trouve plus mes mots. je baisse en intensité. « c’est la vie. quand j’ai enfin compris que je n'aurais jamais pu t’avoir rien que pour moi, j’ai commencé à aller mieux. enfin, je me suis fait une raison. pour tout t'avouer, j’ai quand même regretté de t’avoir laissé partir aussi facilement. j’aurais dû me battre, même si c’était mort d'avance. mais voilà, c’est trop tard, elle a gagné. tu as enfin la vie dont tu rêvais, bravo pluton » je m’incline. un jour ce sera sûrement mon tour. tu ne pouvais pas être l’élu de mon coeur, je me suis plantée, la preuve, t'as la bague au doigt. « eh ouais, ce n’est pas encore aujourd’hui que l’on pourra devenir amis. moi aussi je crains d'être encore amoureuse de toi. cette colère qui gronde en moi le prouve. peut-être que je ne guérirais même jamais de notre histoire. tu resteras toujours là. » dis-je en posant ma main du côté gauche de ma poitrine. « je ne peux pas te regarder, ça me flingue, stop » dépliant une de mes jambes, je décide d'emboiter le pas pour rejoindre l'entrée. j'peux pas te dire une nouvelle au revoir, j'peux pas.

Peut-être que l’agacement mêlé à la jalousie faisait que je disais n’importe quoi, c’était possible. Mais j’avais pas envie de la voir avec un autre, j’étais égoïste et ça se voyait. Oui, j’avais la femme, l’enfant à venir et l’argent, tout ce qui pouvait rendre heureux. Mais j’avais aussi une femme pleine de vie devant moi, qui me manquait et qui avait su tirer ses épingles du jeu pour que j’en tombe amoureux. « Tu rigoles j’espère ? J’ai jamais accepté notre rupture, je voulais pas rompre. J’ai même marchandé avec toi pour pas rompre, t’as occulté tout ça ? » Parce que je me souviens très bien avoir essayé de la rassurer et qu’elle n’avait rien trouvé de mieux à faire que de couper court à tout ça. Alors ouais, non, je n’acceptais pas qu’elle puisse dire que je l’avais tout autant quitté qu’elle, sinon, on en serait pas là aujourd’hui, à s’aimer et à se détester. « Génial, t’as gagné au change on dirait » Et ça me piquait ouais. Comment un mec comme lui pouvait être mieux que moi ? J’en avais aucune idée mais faut croire que ça plaisait à Chamberlain, vu qu’elle était dans ses bras. Malgré le fait qu’il ait failli abuser d’elle. Et non, je ne changerai pas de disque, qu’importe ce qu’elle me dit. Moi aussi je suis têtu alors qu’elle fasse avec. Je la laissais dire son charabia, qui ne changeait rien au final. Qu’est-ce que ça m’apportait qu’elle aurait du se battre pour moi ? Elle ne l’a pas fait, elle m’a poussé vers la sortie, quant bien même je m’étais accroché au mur pour pas m’en aller. « J’ai pas envie d’être ton ami » Parce que je ne pouvais pas. Un ami n’avait pas des pensées qui allaient aussi loin que les miennes. Moi quand je pense à elle, c’est pas comme une amie, plutôt comme un amante, comme la fille que j’ai aimé intensément, et dont l’histoire s’est brusquement arrêtée. Je soufflais alors en finissant par la regarder s’en aller. Qu’est-ce qui se passe à présent ? On retourne à nos vies, chacun de notre côté ? Faut croire ouais. Plus facile à dire qu’à faire mais oui. « Prends soin de toi » que je finissais par lancer dans sa direction, espérant qu’elle m’entende. Je n’allais pas courir après elle, j’allais faire ce que je devais faire, espérant qu’un jour, mes sentiments pour elle s’estompent.

« ton marché n’aurait pas tenu bien longtemps, au bout d’un moment, l’une d’entre nous l’aurait eu dans l’os et on sait très bien qui » ça consistait en quoi déjà ? un jour chez louison, le jour suivant chez camitruc ? c’était ça ta proposition ? toi et moi, nous savons très bien de quelle manière cela aurait fini. quelle mauvaise foi quand même ! ou alors tu te persuades que tu as raison et que cette situation aurait pu être viable pour nous trois.. t’es doué. peu importe, notre discussion emprunte une déviation, liam. je le défends comme je peux, je lui offre une nouvelle image, sûrement pour te piquer et obtenir un peu de colère de ta part, mais pas uniquement. liam n’est pas un mauvais gars. il est juste maladroit et archi lourd quand il s’y met. dans tous les cas, ce n’est pas un violeur et je l’aime comme il est. bref, cette discussion houleuse nous montre bien que nous n’avons pas entièrement tourné la page. je ne veux pas être ton amie, tu n’as pas envie d’être le mien. parfait. « bien, on est au moins sur la même longueur d’onde pour quelque chose » frappant mes mains entre elles pour sceller cette pensée, je décide qu’il est temps de m’en aller. mon coeur se replie sur lui même. à chaque pas que je déroule, je m’éteins un peu plus. bordel, je hais cette phrase sortant de ta bouche. je prendrais jamais soin de moi. j’en ai rien à battre. je veux que ce soient les autres qu’ils le fassent. j’aimais que ce soit toi imbécile. t'as pas compris ou quoi ? m’arrêtant alors au milieu du parking, les poings serrés, j’accomplis soudainement un demi-tour. tant pis, je te fonce dessus. les sourcils froncés, en apnée, j’augmente la cadence pour te heurter de plein fouet et te prendre brutalement dans mes bras. boum, ma respiration reprend quand je te sens enfin contre moi. « chut » les yeux clos, je profite de cette étreinte, sans réfléchir aux conséquences, aux regards qui pourraient s'attarder sur nous. tu croyais vraiment que j'allais partir sans un peu de toi ? impossible. mes paumes tapissant ton dos, je nous colle l'un contre l'autre, le coeur en vrac.