Cambridge, MA, fin aout 2015 _ Pluton passion Lego. Parfois, je savais pas si je devais éclater de rire ou simplement rouler des yeux au ciel d'un air faussement consterné, mais faut admettre que ça faisait son charme. Autrement, j'serais pas actuellement en train de discuter de tout et de rien, de rire à propos d'anecdotes passées ou qu'on avait loupé ces dernières années loin l'un de l'autre, jusqu'à ce qu'on atteingne enfin l'appartement dans lequel je venais officiellement de poser mes valises à Cambridge. J'ironisais rapidement sur son choix de carrière, rapidement suivie par le brun. « Tu dessineras les plans de mon futur manoir alors. » Il acceptait un coca ou un jus de fruits, alors je migrais simplement jusque la cuisine pour sortir la bouteille de coca avec deux verres que je remplissais. Quand je fais volte face, c'est pour voir Pluton appuyé sur l'embrasure de la porte, le regard rivé sur moi. Damn, mec, fais pas ça. Je passe ma langue entre mes lèvres, avant de venir me poster face à lui en lui tendant son verre. « J'ai toujours du coca à la maison, tu le sauras... à l'avenir. » Genre quand tu reviendras par ici, pour une raison quelconque. Je reste quelques secondes à le regarder, avant de demander : « On... se pose dans le salon ? Ou tu veux peut-être que je te fasse visiter d'abord ? »

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“Cambridge, MA — fin août 2015” Peut-être que j'avais des intentions plus que claires, je sais pas. Je sais juste que je n'étais pas contre passer du temps avec elle comme on avait pu le faire par le passé quand on était encore en Suède. Je n'étais pas un tombeur, mais je n'étais pas à plaindre pour sûr. J'étais.. dans la moyenne je dirais ? Bref, j'efface toutes ces pensées non catholiques de mon esprit pour pouvoir réellement me concentrer sur l'essentiel, c'est à dire suivre Sooji jusqu'à chez elle. « Manoir, rien que ça ? » que je demandais à la jeune femme alors que j'étais à présent chez elle. Au moins, on pourrait dire qu'elle avait la folie des grandeurs cette fille, c'était une certitude. Elle se rendait ensuite dans la cuisine pour aller chercher à boire et je m'étais pas rendu compte que ça pouvait l'effrayer... jusqu'à ce que ça l'effraie légèrement quand elle se retourne pour me découvrir à l'embrasure de la porte. « Noté » Un petit sourire en coin avant d'attraper le verre qu'elle me proposait, avant de dévier sur la suite du planning. Se poser ou visiter l'appart. On pouvait faire ce qu'elle voulait en somme, je n'étais pas difficile, elle le savait. « On peut visiter oui » Je me détalais de l'embrasure de la porte, afin de la laisser passer. « Enfin sauf la cuisine, je crois savoir où elle est » Un léger rire se faisait entendre, sachant pertinemment que mon humour avait tendance à lui donner envie de se facepalmer. Très fort.

Cambridge, MA, fin aout 2015 _ « Pourquoi voir petit quand on peut voir grand ? » Sourcil haussé, sourire en coin, je hausse une épaule après avoir répondu à la question de Pluton avant d'aller m'occuper de nous prendre à boire à tous les deux. C'est franchement bizarre de se retrouver chez moi tous les deux après toutes ces années depuis Stockholm. C'est familier, et en même temps... totalement nouveau.Le verre servi, le mien déjà à moitié vidé, je secoue la tête en riant à sa réponse. « J'me suis douté que la cuisine tu saurais la situer, oui. » A moins d'être un abruti fini, ce que je sais qu'il n'est pas malgré son humour parfois en carton. Ok, souvent. « Bon, bah c'est parti, on va vite faire le tour t'façons. Juste là t'as le salon. » Je montre la salle juste à côté de la cuisine, où j'ai mis le minimum pour commencer : canapé, télé, quelques cartons encore en vrac. Puis je file dans le couloir, pour pousser une première porte. « La salle de bain où je passe 80% de mon temps. » A me laisser mourir sous la douche bouillante, la plupart du temps. Je souris avant de relâcher la porte pour aller tout au fond du couloir. « Et ma chambre. C'est la pièce que j'ai le plus aménagé pour l'instant. » Je pousse la porte, fais quelques pas à l'intérieur pour ouvrir les rideaux et laisser la lumière envahir la pièce. Rapidement, j'attrape la couette pour la rabattre sur le lit encore défait de ce matin. « Bon, j'ai toujours la manie de pas faire mon lit, mais on change pas les bonnes habitudes. » T'avais l'habitude de le voir, mon lit défait. T'étais même souvent coupable des draps en vrac. Puis je traverse la chambre dans l'autre sens, lèvres pincées, les yeux sur Pluton. Est-ce que je tend une perche, est-ce que je tente pas ? J'préfère jouer la précaution, quand je m'arrête en face de lui pour demander : « Une idée pour la suite du programme ? » Très subtile, Soo.

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“Cambridge, MA — fin août 2015” « J'aime l'état d'esprit » que je disais d'un sourire. Non mais c'est vrai, pourquoi voir petit quand on peut voir grand ? C'était une question que je me posais. Beaucoup de gens avaient cette difficulté à se voir réussir dans la vie alors que nous ? On était de toute évidence à Harvard, ça signifiait énormément sur notre envie de réussir. Un manoir n'était donc pas de trop pour elle, clairement il l'encourageait même à continuer pour avoir ce qu'elle voulait. Après une proposition de visite, je finissais par accepter même si, de toute évidence, je savais où se trouvait la cuisine. Je rigolais à ses mots avant de la suivre pour le reste de l'appartement. Je me retrouvais au salon qui était pas mal aménagé, bien que des cartons restaient là, hochant la tête à tout ce qu'elle me disait. Puis il y avait ensuite la salle de bains, ce qui me faisait rire à ses mots. 80% de son temps. C'est bien une fille ouais. Puis on terminait sur la chambre. Lit défait qui m'arrachait un nouveau sourire. Oui, je me souviens parfaitement de ce que ça donnait déjà à l'époque alors ça n'avait pas franchement changé. « Pourquoi ça m'étonne pas ? » que je disais doucement avant de me poser sur le bord de ce même lit. Finalement, elle me demandait la suite du programme et je ne savais pas trop quoi répondre. Je pourrais être franc, mais je ne savais pas trop ce qu'il en retournait de son côté. Est-ce qu'elle avait d'autres plans pour le reste de la journée ou ...? Glissant ma langue entre les lèvres, je finissais par hausser les épaules. « On pourrait trainer ici... parler... » Le cœur battant, le regard posé sur elle qui déviait discrètement entre ses lèvres et son regard. « ou ne pas parler » tentais-je alors. Signal lancé, à voir ce qu'elle comprendrait.

Cambridge, MA, fin aout 2015 _ J'ai jamais eu peur d'être ambitieuse, mais plutôt de ne pas voir assez loin. Et je m'en cachais pas, encore moins devant Pluton qui semblait apprécier mon ambition et ma façon de voir les choses. Je balayais la remarque d'un sourire en coin accompagné d'un haussement d'épaules, avant d'escorter monsieur à travers les quelques pièces de mon modeste appartement. J'étais clairement pas à plaindre, je vivais pas entre quatre planches comme la plupart des étudiants, et... mon père avait grandement participé à mon installation aux états unis. Arrivés au milieu de ma chambre, je fis une moue aux quelques mots de Pluton. « Parce que t'as probablement plus vu mon lit défait que fait à Stockholm ? » Je le suivais du regard, jusqu'à ce qu'il s'installe sur le bord de mon lit, sagement. Et moi, j'savais pas trop sur quel pied danser, à demander ce qu'il veut faire. Et pourquoi j'ai l'impression que lui aussi tourne autour du pot ? Probablement parce que c'est ce qu'il fait. Je ne quitte pas une seconde le brun des yeux, alors que je fais à nouveau un pas en direction du lit. « Ne pas parler. » Que je répète, sondant sa réaction alors qu'à mon tour, j'appuie un genou sur le côté de mon lit, à demi assise à ses côtés. « J'me demande ce qu'on peut faire à part parler. » Que je demande en prenant un air interrogateur, alors que je passe nerveusement ma langue entre mes lèvres en m'approchant de lui. Et puis merde. Jaugeant chacune de ses réactions, guettant le moindre mouvement de recul, je finis par m'approcher un peu plus pour effleurer ses lèvres. C'est tellement étrange, des années plus tard. « Tu parles de ça par exemple...? » Je recule à peine, assez pour croiser son regard. Pour savoir si depuis tout à l'heure, il a les mêmes idées que moi.

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“Cambridge, MA — fin août 2015” C'était étrange comme sensation, vouloir quelque chose, sonder la personne pour être certain de ne pas faire de faux pas. Je n'avais pas envie de partir dans un chemin pour au final me faire refouler au bout du compte parce que j'ai mal interprété les signaux. Et puis merde quoi, c'est Soo-ji, c'était pas n'importe qui. Je n'avais pas envie de tout ruiner. « Fort probable » Et j'étais une des raisons qui faisaient que ce lit était défait. Sur la fin surtout. Au début, c'était.. parce qu'elle n'aimait pas le faire, tout simplement. La suite de notre relation, l'évolution tout du moins, avait poussé à ce que son lit ne soit jamais vraiment fait en ma présence. Une thérapie comme une autre pour oublier celle qui était l'amour de ma vie. Et finalement, je me risquais à poser des petites suggestions, telle que celle de ne pas parler. Et elle semble être d'accord pour le coup, ce qui fait monter légèrement ma pression artérielle. Un pouls qui prenait un peu plus en intensité. J'esquissais un sourire à ses mots. « J'ai ma petite idée » que je disais en haussant les épaules avant qu'elle ne se rapproche de moi. Ok, j'avais clairement les mêmes idées qu'elle, il n'y avait plus aucun doute. Ses lèvres effleuraient alors les miennes et je venais me laisser aller dans un songe qui semblait lointain, et pourtant si proche. Hochant la tête tout en plongeant mon regard dans le sien, je finissais par glisser ma main dans sa nuque avant de la rapprocher de moi afin que nos lèvres se percutent plus franchement. Dès cet instant, les choses allaient plus vite. Mon corps se redressait et je la poussais sur le lit pour venir me mettre sur elle et récupérer ses lèvres, l'envie prenant le dessus sur le reste, ma langue voulant ainsi retrouver ses anciennes habitudes avec la sienne.

Cambridge, MA, fin aout 2015 _ On est plus les ados qu'on a été y a fort longtemps, et pourtant pas encore tout à fait les adultes qu'on attend de nous. Et dans cet entre deux, on est quoi, lui et moi ? Des amis, des amants, on est déjà passés par tous les stades avec Pluton, et j'ai juste l'impression qu'on est dans une sorte de flou, à rester là avec un point d'interrogation et de nombreuses hésitations. Jusqu'à ce qu'on se lance dans le vide, en espérant qu'au fond ce soit de l'eau. J'approche, je tatillonne, j'ai ma bouche qui effleure la sienne avec une question qui filtre à peine, dans un souffle. Et en un simple hochement de tête, le suédois rouvrait une porte qu'on avait fermée à Stockholm y a de ça déjà plus de trois ans. « C'est bien ce qui me semblait. » Comme une conclusion que je murmurais à peine, rapidement étouffée par sa bouche qui s'écrase plus franchement sur la mienne, une main derrière ma nuque, mon corps qui, par réflexe, se redresse pour se rapprocher du sien. Pluton se redresse, je m'écrase sur le matelas, je recule, et j'tend déjà la main vers lui pour qu'il revienne, pour qu'on renoue avec nos vieux souvenirs, nos vieux plaisirs et désirs. Pas si vieux, au fond, parce que c'est comme le vélo, ça s'oublie pas. J'ai déjà les doigts qui tirent sur son tee shirt, qui le remontent vers le haut, le dégagent pour le jeter par terre et chercher la peau de son cou du bout des lèvres. T'as raison, en fait, plutôt ne pas parler.

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“Cambridge, MA — fin août 2015” À peine retrouvés qu'on retombe dans les anciennes habitudes ? J'en sais trop rien pour le coup, je ne sais pas si c'est une bonne idée mais... On y est et l'envie est présente. Alors on se faisait mutuellement comprendre ce qu'on avait derrière la tête et peut-être que ça prendra, peut-être pas. Finalement, mes lèvres trouvaient place sur les siennes et c'était toute une excitation qui se produisait dans mon corps. Un cœur qui battait un peu trop vite, un léger rougissement, la température qui monte d'un coup. C'était pas forcément ce à quoi je m'étais attendu en retombant sur elle aujourd'hui, mais ce n'était pas obligatoirement une déception, au contraire. J'étais ravi de la tournure de la situation, comme quoi, nos deux êtres n'avaient pas oublié comment faire du vélo ensemble. Ses draps allaient de nouveau être en vrac par ma faute et je n'en avais pas vraiment le moindre regret. Rapidement, mon t-shirt trouvait place sur le sol, me laissant vêtu de mon pantalon uniquement. Et on savait aussi bien elle comme moi que ça n'allait pas durer. Preuve étant que nos retrouvailles se sont belles et bien produites dans ce lit, et c'était avec un sourire sur les lèvres qu'on finissait par s'allonger tous les deux côte à côte, essoufflés, mais ravis. Comme une odeur de déjà-vu, comme un air de nostalgie.