Cambridge, MA, fin aout 2015 _Au fond, les années ne changent rien. Le fait que lui comme moi ayons probablement bien changé depuis nos 16, 17 ans non plus. Pluton restait lui-même : souriant, avenant, toujours le mot gentil avec moi. Toujours ces échanges de regards maladroits, quand sans trop m'en rendre compte, je fais appel à certains souvenirs qui semblent presque appartenir à une autre vie. Heureusement, il se contenta de rire, et d'approuver mes paroles. Et en retour, je lui retournais un sourire en hochant la tête. Ca me fait plaisir d'entendre aussi qu'il est toujours aussi proche de Neptune et Jupiter. Je les ai jamais connus aussi bien que Pluton, mais je sais combien il aime sa fratrie. « Avec Harvard, c'était un deal risqué. » Ils sont pointilleux, après tout. J'espère qu'Hae-Won pourra suivre comme la famille Westerberg, et venir avec moi sur les bancs d'Harvard l'année prochaine.

Puis y a ce petit nom. Ce surnom qu'il a d'abord acquis maladroitement, pour finalement devenir une habitude entre nous. Et y avait que lui qui avait ce droit, aujourd'hui encore. Celui de m'appeler Sooji. Et je fronçais le nez en sentant mes joues rosir lorsqu'il répondit. Jamais. Il aurait pu pourtant. Par moment, on ne s'était pas parlé pendant des mois. Ses études, mes entraînements à Seoul nous ont éloigné. Et pourtant, aujourd'hui c'était presque naturel de venir reprendre sa main entre les miennes. Pluton, c'était mon ami. Mais fallait pas que j'oublie que d'une certaine façon, d'une façon importante, il a été plus. Il sera toujours spécial. Alors je posais ma question. J'aurais voulu qu'elle semble plus innocente, mais la vérité, c'est qu'elle ne l'était pas tant. Et on était là, comme deux cons, à se fixer sans trop savoir ce qu'on se disait dans cet échange silencieux. Jusqu'à ce qu'il me réponde. Je hochais doucement la tête de haut en bas, ma lèvre inférieure coincée entre mes dents. « Oh. » Je me suis clairement retenu d'ajouter un "cool" derrière. Parce qu'au fond, ça l'était pas. Je lui ai toujours souhaité de retrouver quelqu'un qui sache le rendre heureux. C'est juste que dans l'immédiat, j'peux pas me débarrasser de ce soulagement que j'éprouve à sa réponse. Et lorsqu'il me retourne la question, je rit doucement en secouant la tête. « Non. L'engagement j'crois que c'est pas mon truc. » Et je sais pas si ça le sera un jour. Une main dans mes cheveux, je reculais ma chaise comme si je cherchais de l'air. « Ca te dis pas de... sortir ? Prendre l'air, marcher un peu ? » Ouais, histoire que je récupère de l'air frais là.

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“Cambridge, MA — fin août 2015” Être face à elle était quand même quelque chose d'assez inespéré. Elle qui avait fait partie de ma vie durant quelques années, elle qui avait réussi à me faire retrouver goût à la vie après la mort de ma petite amie. Maintenant, elle était face à moi, à fouler le sol américain et je dois admette que ça fait un bien fou. Certes, mes amis ici étaient présents pour moi mais pas tout le monde était au courant de ce qui s'était passé durant ma vie à Stockholm mais Sooji si, elle le savait. Et elle m'avait bien aidé. « Et on a réussi, personne ne peut séparer l'inséparable » que je finissais par dire grand sourire. Après tout ouais, on avait été chanceux pour le coup et je pense que si les choses devaient se reproduire de nouveau, je ne pense pas que ça se passerait comme ça. Mais là on avait tous les trois été pris et on avait pas cherché à savoir si c'était une erreur. Quoiqu'il en soit, Sooji avait réagi au fait que je l'avais appelée comme ça justement, en signe de notre histoire passée ensemble, à notre passé tout court également. Soo-Jin, je trouvais ça trop compliqué à dire et j'avais eu tendance à l'appeler Sooji, chose qu'elle appréciait uniquement quand ça sortait de ma bouche. En tout cas, je voyais que ça lui faisait plaisir et c'était sûrement le mieux, après tout, on avait été proche à un moment et peut-être qu'on pouvait l'être de nouveau. Puis sa question, elle m'étonnait, sans m'étonner. Disons que c'était.. normal? après ce qu'on ait vécu tous les deux. Je sais pas. Mais de façon nonchalante, je lui répondais que non, je n'avais personne. Et la curiosité me poussait à savoir si la réciproque était pareille. Et quelque part, j'étais soulagé de voir que non, elle n'avait personne. « Ouais... je vois » J'esquissais un sourire avant de hocher la tête à sa question. « Oui, oui, bien sûr. Il y a un parc pas loin, et puis je te ferai visiter le coin un de ces quatre aussi, si ça te dit » Guide touristique Westerberg, à ton service Sooji. Je me levais à mon tour et je me rendais à l'extérieur de l'établissement pour ensuite me positionner à côté d'elle, commençant à marcher dans la bonne direction. « Et du coup... l'engagement c'est pas trop ton truc.. parce que t'as eu une histoire qui a mal tourné ? » Ouais, je demandais, sait-on jamais. Je voulais des réponses et il n'y avait qu'en demandant que je pouvais savoir.

Cambridge, MA, fin aout 2015 _ J'adore le profond optimisme qui se dégage de la voix de Pluton, chaque fois qu'il parle de sa famille. C'est une des choses que j'ai toujours aimé chez lui, un de nos points communs : notre famille, c'est tout. Hae-Won est littéralement le centre de mon univers, tout comme Pluton dépend de Neptune et Jupiter. Je hochais alors doucement la tête avec un sourire léger. « Il faut croire, oui. » Il le prouve plutôt bien, finalement. La preuve, gamins on était presque indecollables, et voilà, Harvard a réussi à faire qu'on se retrouve à nouveau... Même s'il faut encore jongler sur les deux relations différentes qu'on a eu. Après l'avoir "innocemment" - ou pas - interrogé sur son statut relationnel actuel, je fus ravie qu'il accepte qu'on aille rejoindre l'extérieur. « Un parc, parfait. » Je me redressais avec mon gobelet, avant d'ajouter avec un demi sourire, tournant les yeux vers lui : « Et bien sûr. Ca serait même avec plaisir de t'avoir comme guide. » Dire que c'était déjà lui qui m'avait montré notre quartier, à Stockholm... Bon, à l'époque ceci dit, j'avais un couvre feu, et un papa ultra protecteur qui m'interdisait d'aller trop loin. Une fois à l'extérieur du café, je le suivais sagement, positionnée à ses côtés. Et il reprenait le sujet le plus naturellement du monde. C'est normal pour nous après tout, même après tout ce temps... Non ? « Hm ? Ah... Non non. En fait, j'ai jamais été en couple. » Je hausse une épaule en regardant la rue devant nous, puis le jeune homme, successivement. « La dernière fois que j'estime avoir été amoureuse, j'avais dix ans, et ça s'est mal fini. Mais je pense pas qu'un amour d'enfance puisse créer un blocage. » Je plaçais ma paille entre mes lèvres avant d'ajouter simplement « C'est juste que... j'ai pas trouvé quelqu'un qui me donne cette envie de me poser. Je préfère m'amuser. » A Seoul, si j'ai bien appris un truc, c'est à avoir des relations tout sauf sérieuses.

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“Cambridge, MA — fin août 2015” « Je souhaite vraiment que Hae-Won te rejoigne. Vous êtes toujours aussi proches toutes les deux ? » C'était une question légitime puisque nos vies avaient pris des tournants différents, et maintenant, on était de nouveau réunis. C'était le moment de tout mettre à plat pour repartir sur de nouvelles bases elle et moi. Elle qui m'avait aidé à surmonter la mort de Tanja. Mais quoiqu'il en soit, elle était là, rayonnante et j'étais plus qu'heureux de la revoir. « Parfait, ça fera une dizaine de dollars pour le tour... » J'observais son visage avant de sourire de plus belle. « Je rigole, évidemment que c'est gratuit. C'est même avec plaisir » que je finissais par dire en laissant mon épaule cogner la sienne dans un geste qui se voulait taquin. Quoiqu'il en soit, on se rendait ensemble vers Harvard Square dans le but d'aller se poser dans le parc non loin pour continuer à se rattraper sur nos vies respectives. C'était tout naturel que je pose une question, me permettant également de voir si elle avait connu une histoire après celle qu'on avait vécu, bien qu'il n'y avait pas vraiment d'étiquette sur ce qu'on avait pu vivre ensemble. Et j'entendais alors qu'elle n'avait jamais été en couple... et quelque part, ça me satisfaisait comme réponse. Personne n'avait été au delà de ce qu'on avait eu tous les deux. Égoïstement, je me sentais flatté. « C'est bien de s'amuser aussi... » Je haussais les épaules avant de rire légèrement. « J'ai eu quelques relations mais rien de fructueux. Personne n'arrive à la cheville de Tanja... Alors je préfère ne pas me prendre la tête et prendre les choses comme elles viennent. Peut-être qu'un jour, je retomberai amoureux, j'en sais rien » Après tout, elle me manquait, cette suédoise aux éclats noisette et au sourire délicat.

Cambridge, MA, fin aout 2015 _ « Toujours oui. On s'appelait tous les soirs quand on a été séparées et que je suis allée vivre à Seoul. » C'était la première fois que j'étais séparée si longtemps de ma petite soeur, la première fois que j'apprenais à vivre indépendante, mais surtout sans elle pour égayer toutes mes journées. Et j'espérais sincèrement qu'elle puisse me rejoindre à Harvard, ouais. Je fais un sourire à Pluton, avant de rire lorsqu'il commence à faire son commerce pour me faire visiter la ville. « Petit malin, tu pourrais en faire un job ceci dit, pour les touristes ! » Bon, pas pour moi, pas les potes eh, ça s'fait pas. Je secoue la tête en riant tout en répondant à son coup d'épaule, avant de reprendre notre marche vers le parc. Puis naturellement, la conversation dévie sur nos histoires. J'ai jamais rien voulu de sérieux, j'en éprouve pas le besoin. Pas encore, et j'pense pas que ça sera pour tout de suite. Je suis encore jeune après tout, non ? Visiblement, le suédois partage mon avis, et ça me rassure en un sens. Ouais, même beaucoup. Je souriais en l'écoutant simplement, dire que depuis Tanja, il enchaînait les relations sans sérieux. On a chacun nos raisons. « J'en doute pas, ça viendra bien. » Il le mérite, après tout. Même si j'sais pas trop comment j'le vivrais le jour où Pluton sera amoureux à nouveau, je le lui souhaite vraiment, de revivre ce qu'il a pu vivre avec sa jolie suédoise. Je hausse une épaule avec un demi sourire, avant de dire en regardant devant moi « C'est drôle, on s'est pas vus pendant des années, et pourtant on a plus ou moins la même philosophie de vie. » Et je tourne sept fois ma langue dans ma bouche avant de glisser, mains dans les poches, mine de rien : « En tout cas, j'viens de m'installer dans un appart près du campus, donc si un soir tu veux venir boire un verre... » Soo-Jin, queen de la délicatesse.

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“Cambridge, MA — fin août 2015” « Ça ne m'étonne pas » que je disais d'un sourire. Je me souviens de comment était la vie à Stockholm et rarement je voyais Hae-Won loin de Sooji. Disons que l'une n'allait pas sans l'autre. Alors forcément, c'était pas vraiment étonnant de savoir qu'elles s'appelaient souvent quand elles étaient séparées. Quoiqu'il en soit, je me proposais pour lui faire le tour de la ville, si ce n'est de la région. Après tout, ça pourrait être pas mal de lui montrer Boston ou encore les autres villes environnantes. « Je pourrais ouais... mais ma vie étudiante me prend trop de temps. Quand certains mettent deux jours à faire un dossier, j'en mets dix » Moi et mes problèmes de concentration en somme. Alors ouais, c'était peu probable que je vienne à aller me dégoter un job étudiant dans l'immédiat. Peut-être plus tard, mais maintenant non. Quoiqu'il en soit, parler de notre vie amoureuse actuelle, c'était... l'occasion de mettre des mots sur un rythme de vie que j'avais adopté depuis quelque temps, sans vraiment l'admettre. Et elle était pareille. C'est bien pour ça que sa remarque me faisait plus sourire qu'autre chose. « Faut croire que se fréquenter durant l'adolescence a déterminé une partie de notre vie future » Ouais non, c'était de la merde cette théorie. « Mais c'est cool... d'être sans attache » D'être tous les deux libre de nos faits et gestes et de faire ce que bon nous semble, quand bon nous semble. « Ah, ouais, carrément ça me botte. Hâte de voir ce que t'as fait de cet appartement d'ailleurs » Elle avait toujours su mettre en forme dans ses pièces de vie l'univers dans lequel elle était et c'était un des endroits que j'adorais visiter. « Tu crois qu'on peut y aller maintenant ? » Question sans arrière pensée, du tout.

Cambridge, MA, fin aout 2015 _ Qu'est-ce que la vie à Harvard allait me réserver ? J'en savais trop rien encore, mais si j'étais sûre d'une chose, c'est que ce serait bien différent de Seoul. Pluton, lui, semblait avoir plus de difficultés que les autres à progresser dans ses révisions, mais j'avais confiance en lui et sa détermination pour réussir ces études haut la main. Puis bon, je lui avais bien proposé mon aide, il ne pouvait que réussir avec ça. Je fis un sourire avant de hocher la tête à sa remarque. « Boh, ok, à choisir vaut mieux te concentrer sur les cours. Adieu la richesse. » Je hausse une épaule avec un sourire espiègle, avant de continuer notre route, et surtout, notre discussion sur nos modes de vie respectifs, qui au final sont relativement proches. Je fronce les sourcils à son analyse assez étrange de la situation, avant de rire doucement. Est-ce qu'on est tous les deux devenus comme ça parce qu'on a vécu une relation sans attaches ? Ou du moins... Sans sentiments au delà de l'amitié ? J'en sais foutrement rien. Alors je me contente de hocher la tête. « Ouais... C'est mieux je dirais même. D'avoir besoin de dépendre de personne. » Pas de comptes à rendre, pas de remarques à me faire. J'étais libre, et je comptais bien le rester ici. Alors, quand j'invitais plus ou moins subtilement Pluton à passer un de ces jours à l'appartement, j'me demandais bien ce qu'il devait y comprendre. Ou même ce que moi-même je voulais laisser entendre. Pourtant, l'entrain du suédois à l'idée de découvrir ce que j'avais fait des lieux m'arrache un sourire. « Oh pour l'instant y a encore pas mal de cartons, mais d'ici quelques semaines, je compte bien faire de la peinture et décorer tout ça à mon goût. » Je me sentais pas encore "chez moi". Et j'avais bien l'intention que ça change, ayant toujours aimé décorer les endroits où je vis. Après un silence, je lève les yeux, assez surprise lorsqu'il propose d'y aller maintenant. « Oh, heu.. pourquoi pas ? A condition de ne pas te moquer du manque de déco. » Je pince les lèvres dans un sourire timide, avant de bifurquer vers la sortie du parc. « On y va ? C'est à une dizaine de minutes d'ici, je dirais. » Et advienne que pourra de nous deux quand on sera enfermés dans un appartement sans personne pour nous voir. Pile, ou face.

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“Cambridge, MA — fin août 2015” Il fallait que je me rende à l'évidence, travailler pour mes études me demandait bien plus d'énergie que la plupart des étudiants d'Harvard. Mais je ne me laissais pas abattre, au contraire. « Je ne suis que tristesse » Mais je rigolais, preuve que dans le fond, ça ne me dérangeait pas plus que ça. Être diplômé d'Harvard allait m'ouvrir plus de porte qu'office du tourisme alors ça m'importait peu. Puis parler de nos relations amoureuses inexistantes, on se rendait compte qu'on était pareil tous les deux. Sans attaches. Et c'était sûrement bien mieux comme ça. J'avais tendance à souffrir et faire souffrir quand j'étais avec quelqu'un, chose que je préférais éviter dorénavant. Mais tout le monde sait que l'amour tombe un peu par hasard, sans qu'on ne s'y attende et forcément, c'était juste partie remise. Et puis elle me proposait de passer chez elle un de ces quatre. Oui, ou peut-être même qu'on pouvait y aller maintenant ? J'étais pas contre visiter là où elle vivait et elle semblait désarçonnée, ce qui m'étonnait pas. Souriant, je l'écoutais me demander de ne pas me moquer. Moi me moquer ? C'était clairement pas mon genre, elle le savait. « On fera un château fort avec les cartons pour éviter de voir les murs blancs et tristes » Un façon de me dire que je ne jugerai pas, j'étais bien passé par là fut un temps et c'est normal qu'il faut prendre le temps de savoir où mettre les choses, surtout quand on débarque pour la première fois. « Let's go! » Marchant côte à côte, je ne cessais de la regarder, souriant, avec une certaine nostalgie. Si j'étais là aujourd'hui, c'était bien grâce à elle, grâce au soutien sans faille qu'elle avait pu m'offrir suite à la mort de Tanja. Finalement, on arrivait assez rapidement chez elle. J'enlevais ma veste et je regardais l'espace de vie, avant de me tourner vers elle. « Alors, le château fort ? »

Cambridge, MA, fin aout 2015 _ Ca ne dure qu'une fraction de seconde, l'espace d'un instant. Déstabilisée par sa phrase, ne m'attendant pas à ce qu'il propose de passer directement, je reste un moment interdite, avant de sourire et de hocher la tête, non sans le menacer si jamais il se moquait du fouillit dans mon appartement. « J'aime bien l'idée du château fort en carton, au moins ça cache la misère. » Je rit en haussant les épaules, avant de l'encourager à me suivre en direction de mon nouveau chez moi, celui où j'allais vivre pour les prochaines années - jusqu'à aller vivre avec un certain abruti du nom de Laszlo - d'études à Harvard. On discute, on rigole, et en quelques minutes on atteint mon appart dont j'ouvre les portes assez rapidement. C'était propre, mais encore un peu vide par endroits. Je me dirigeais vers Pluton pour lui prendre sa veste et la ranger sur le porte manteau, avec la mienne accessoirement. A la question de Pluton, je tourne la tête vers lui avant de rire. « C'est l'architecture que tu aurais du étudier, pas le journalisme. » Je reviens dans sa direction, avant de le contourner sagement pour aller vers la cuisine. Surtout, ne pas maintenir de contact visuel trop prolongé. « Tu veux peut-être boire quelque chose d'abord, monsieur château fort ? »

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“Cambridge, MA — fin août 2015” C'était pas instinctif, mais presque. Disons que je pensais avoir capté des signaux et... ouais, je mettais en pratique pour que ça arrive. C'était pas forcément l'idéal mais c'était mieux que rien du tout. Aller à son appartement maintenant était un coup de poker et elle acceptait, ce qui me faisait sourire. « Parfait, go jouer aux Lego en arrivant chez toi alors » Et puis, tout le monde sait que j'adorais ça, monter des Lego. C'était de notoriété presque publique. Et on prenait donc le chemin vers ce fameux appartement, celui qu'elle venait tout juste de se dégoter, celui dans lequel on allait passer les prochains moments à se redécouvrir. Enfin, je ne savais pas tellement comment ça allait se passer pour l'instant alors on allait voir. J'aviserai en temps voulu. Une fois dans l'appartement, je retirais ma veste grâce à elle, et s'occupait de la déposer sur le porte manteau. « Je pense à me reconvertir vois-tu » Et puis en plus, Camila était en architecture alors... ça me permettrait de passer encore plus de temps avec elle. « Un coca, ou un jus de fruits si tu as » Et je la suivais, histoire de me caler sur l'embrasure de la porte, sans la lâcher du regard.