Colombe n'était pas loin de la vérité. Ce qu'elle décrivait Coco y avait fait face aussi. Mais au fond ce qui le rongeait davantage c'était le regret, la culpabilité. Beaucoup vous diront qu'il gagnerait à en parler. Qu'il aurait même du faire ça plus tôt. Mais lui s'y refusait. Il avait toujours cette impression qu'à une décision près de sa part, sa soeur n'aurait pas fini par mourir noyée. Oui y'a de ça. Outre sa culpabilité. Puis il reprenait en la regardant. Je suis désolé pour ton ami et pour ta perte. Oui si elle parlait comme elle le faisait c'est que ça l'affectait encore aujourd'hui, et lui savait mieux que personne les effets de tout cela au quotidien. Quand on croit aller mieux ça nous rattrape. Un léger rire le quittait à sa jolie phrase. Tu crois ? Je n'en suis pas sûr. Il en jouait un peu à cet instant. Mais c'est vrai que si peut-être certains avaient besoin de lui ici, il faut reconnaître qu'il n'était pas certain qu'elle en fasse partie. Mais il était bien là le problème avec elle. C'est qu'il voudra, sûrement, toujours qu'elle en fasse partie.

Colombe, elle lui parle un petit peu de sa propre histoire. Elle lui parle de son ami, de son frère ou plutôt, du frère d'Iris. Ils ont toujours fait partie de la même famille. Colombe, elle espère qu'en lui dévoilant cela, qu'il comprenne que ce n'est pas grave de penser de cette façon. Elle veut aussi lui prouver qu'elle sera présente pour lui, lorsqu'il aura un petit coup de mou. Elle le soutiendra toujours. Sourire aux lèvres, elle lui explique que si sa soeur a besoin de lui mais pas que. Et c'est pour cette raison que, tout en baissant la tête, elle ajoute : Moi, j'ai besoin de toi... Elle replace une mèche de cheveux derrière l'oreille, léger sourire collé au visage lorsque ses yeux retrouvent les siens. La preuve, ils ont beau être séparés, elle a tout de même besoin de passer du temps en sa compagnie. Elle ne pourrait pas vivre sans lui. Ça serait beaucoup trop dur.

Okay, il pensait se prendre encore un petit coup, l'entendre lui dire à quel point il pouvait être bête, l'entendre lui dire qu'elle parlait de la terre entière mais sûrement pas de lui. Pourtant, elle le disait à cet instant. Elle confiait avoir besoin de lui. C'était mignon, réconfortant peut-être, mais surtout inattendu. Il l'a regardé, peut-être même contemplé, et dans un silence il a sourit. Qu'est-ce que tu fais aussi loin alors ?! Approche. A-t-il dit doucement en tendant le bras pour l’accueillir contre lui. Peut-être que lui avait besoin de ce contact dans ce petit moment de déprime. Mais il avait une affection telle pour Colombe, qu'entendre ces mots de sa part c'était touchant. Il n'avait jamais expliqué vraiment leur rupture mais il savait qu'à certains moments clés de leur histoire ils n'avaient su se dire les choses. Il le regrettait, mais encore aujourd'hui il n'arrivait pas vraiment à imaginer sa vie sans elle.

Evidemment qu'elle a besoin de lui. Ce n'est pas le genre de choses qu'elle aime dire Colombe parce que ça montre que parfois, elle peut être faible. Mais à côté de ça, si elle n'a jamais coupé les ponts avec Giacobe, ce n'est pas pour rien. Elle a besoin de lui. Elle a besoin de lui pour l'épauler, pour lui remonter le moral. Elle a besoin de lui dans les bons comme dans les mauvais moments. Parce qu'ils ont vécu beaucoup de choses tous les deux. Colombe, elle ne pouvait pas tout simplement l'oublier et passer à autre chose. Elle ne pouvait pas l'effacer de sa vie sous prétexte qu'ils n'étaient plus ensemble. Elle s'est montrée conne, parfois. Aussi froide que la glace. Hautaine comme si tout il était dû. Mais Giacobe, il a tenu plus longtemps que les autres. Forcément, elle a tendance à le mettre sur un piédestal et le comparer à tous les autres. Elle baisse les yeux, comme si elle avait honte de se livrer autant mais, quand elle les relève pour le regarder et aperçoit son petit sourire forcément, elle ne peut être que fière. Elle s'approche alors pour se blottir dans ses bras et ferme les yeux quelques minutes, juste pour profiter de l'instant. Tu me promets que jamais tu m'abandonneras ?

Coco devait certainement être un peu maso quand il s'agissait de Colombe. Cela lui faisait du bien de se retrouver avec quelqu'un dont il était proche après cette conversation téléphonique houleuse. Il avait eu une certaine intimité avec Colombe alors oui c'était simple de se livrer, de dire ses faiblesses telles qu'elles étaient bien qu'il n'ait pas parlé de cette culpabilité ressentie. Mais il partageait un moment avec elle à cet instant. Le genre de moment qui ne devrait plus avoir de sens, et qui pourtant comptait. L'accueillant contre lui, bel et bien conscient de ce moment de vulnérabilité. Oui. Je te le promets. Avait-il répondu sans même y réfléchir. Naturellement. Parce que oui il le pensait. Parce qu'il même s'il a voulu l'abandonner, il ne pourrait pas. Pour t'abandonner, il faudrait déjà que j'en sois capable.. Et à l'évidence il ne l'était pas.

Colombe s’est toujours sentie bien avec Giacobe. Seulement voilà, sa fierté l’empêchait parfois de dire tout ce qu’elle pensait. A croire que les choses étaient beaucoup plus simples au moment où ils ont rompu. Aujourd’hui, elle n’avait aucun mal à lui dire qu’elle avait impérativement besoin de lui dans sa vie. Dans ses bras, elle se sentait bien et surtout en sécurité. Mine de rien, il lui apportait beaucoup. Déposant un gros bisou sur sa joue lorsqu’il lui avoua être incapable de l’abandonner, elle ne put que confirmer à quel point il était important qu’il fallait partir de sa vie. Parfois je me dis que la pire connerie que j’ai faite dans ma vie, c’est de t’avoir laissé partir. Comme pour peser ses mots ou leur donner moins d’impact, elle se mit à rire avant de lui demander : Tu veux aller boire un verre pour te vider la tête ? Ou tu préfères peut-être rentrer ? Dans tous les cas, elle comptait le suivre jusqu’au bout.

Ce soir Coco était faible. Ce soir, il avait besoin de Cocogirl. C'était certain et c'était peut-être pour ça qu'il avait laissé ce moment confidences s'installer. Autrement, il ne l'aurait peut-être pas fait. Elle était restée avec lui après qu'il ait oublié l'avoir laissée dans ce bar, elle l'avait écouté et soutenu, elle lui avait confié avoir besoin de lui, elle lui offrait ce gros bisou à sa joue et là, elle se laissait aller à une confidence déroutante, mais peut-être que trop vite le naturel revenait au galop. Tel un mirage, cette confidence -pourtant si précieuse - finissait bousculée par un rire, puis une question. On pourrait faire les deux ? Rentrer et boire un verre. Oui là, sans détour il saisissait l'occasion de rentrer avec elle. De rester encore un peu avec elle. De prolonger cette illusion. Puis il se relevait, lui tendait la main pour l'inviter à faire de même. A peine à quelques pas effectués et après avoir viré les grains de sable de son arrière train, il se jetait à l'eau et reprenait. Oui il ne pouvait pas faire comme si elle n'avait rien dit. Tu sais.. parfois je me dis que peut-être que j'aurais du me battre davantage.. Pour elle, pour eux. Mais c'est vrai que Colombe avait cette facilité à être parfois glaciale, parfois distante, et peut-être que lui n'avait pas trouvé la force de se battre. Avec le recul, il avait tout juste l'impression qu'ils ne s'étaient pas assez dit ce qu'il ressentait l'un pour l'autre. Et encore aujourd'hui, il serait incapable de vous dire si si lui avait été freiné par la possibilité de ne rien recevoir en retour. A moins qu'il n'ait eu tout simplement peur de la faire fuir. Ou peut-être avait-il tout simplement cette impression de ne pas être à la hauteur du mec rassurant dont elle avait vraiment besoin.

Colombe lui demande de bouger. C'est qu'il commence à faire froid ici. Et puis, cet endroit commence à devenir glauque également. Ils se sont confiés l'un à l'autre du moins, Giacobe lui a parlé de sa famille et maintenant, elle a envie de lui changer les idées et surtout, elle n'a pas envie de le laisser seul. Alors, elle lui propose d'aller boire un verre ou alors, de rentrer. Dans tous les cas, elle compte le raccompagner jusqu'au bout. Il propose de faire les deux et elle ne peut qu'approuver. Elle lui prend la main et s'active également pour retirer les petits grains de sable qu'elle a partout une fois levée. Lui prenant le bras, elle marche en direction de l'hôtel alors que son ex petit-ami remet le sujet qu'elle évitait sur le tapis. Mal à l'aise, elle baisse les yeux et fixe ses pieds quelques secondes avant de relever la tête en sa direction. Léger sourire collé au visage, elle prend une grande inspiration. Te battre pourquoi ? Pour rester avec une petite princesse pourrie gâtée dans mon genre ? Elle rigole. Elle rigole mais, c'est nerveux. C'est juste qu'elle trouve ça trop mignon et qu'elle ne sait comment lui expliquer les choses ou le remercier. Et puis, elle rajoute assez rapidement : Je suis sûre que t'as déjà trouvé mieux que moi Gia... T'as pas à t'en vouloir. Ils sont tous les deux responsables de leur séparation. Peut-être l'un plus que l'autre. Soit. Elle regarde droit devant elle, incapable de dire quoique ce soit d'autres.

Alors qu'ils quittaient peu à peu le sable de la plage, ils marchaient bras dessus par dessous, et finalement il avait reconnaître que cette conversation était à la fois bonne à avoir, mais finalement ça restait une petite torture. Fouiller le passé ce n'était jamais bon. Un rire nerveux le quittait. C'est vrai que l'été touchait à sa fin, et c'était aussi vrai que depuis Colombe il n'avait pas été avec une fille vraiment, officiellement, sérieusement. Non à chaque fois c'était un peu de fun par ci par là. Oui, enfin peut-être que c'est ça mon style de nanas... les petites princesses pourries gatées dans ton genre.. Oui peut-être. Non parce que c'est vrai que Colombe était une vraie princesse mais ce n'était pas ce qui l'avait empêché de vouloir se battre. Non, plus le temps passait plus il se rendait compte qu'ils ne s'étaient jamais dit les vraies choses tous les deux et au fond il réalisait ce soir que peut-être il n'avait peut-être pas su la mettre en confiance, elle qui était pleine d'incertitudes. Quoiqu'il en soit il est vrai que depuis elle, il ne s'était pas posé avec une demoiselle pour vraie relation. Je ne serais peut-être pas avec toi ce soir, si c'était le cas non ? Oui ce serait complètement ironique, de s'être confié à elle, d'avoir trouvé du réconfort auprès d'elle, si toutefois il avait trouvé mieux. Mais pouvait-on seulement leur en vouloir de se leurrer encore ? Ce n'était pas faute de vouloir faire autrement.

Giacobe propose de rentrer mais n’oublier pas l’idée de boire un verre malgré tout. Colombe ne peut qu’approuver, heureuse de passer du temps avec son ex petit ami aussi bizarre soit il. Elle hoche la tête et les voilà tous deux en train de marcher dans le sable fin pour gagner l’hôtel dans lequel ils résident tous les deux pour les vacances. C’est alors que la plus étrange des conversations finit par se créer suite à une remarque qu’a fait la demoiselle un peu plus tôt. Giacobe remet ça sur le tapis et il explique qu’il aurait du se battre. Léger sourire aux lèvres, Colombe est attendrie par cette remarque mais, lui explique que c’est mieux ainsi, qu’il a dû trouver mieux depuis le temps, forcément ce n’est pas difficile. Elle a un caractère de merde et tout ceux qui la côtoie un temps soit peu le savent parfaitement. Ouais, peut-être. Peut-être que t’es un peu sadique comme ça. Elle sourit et ne peut s’empêcher de penser à ce qu’ils seraient s’ils étaient encore ensemble aujourd’hui. Forcément, un pincement au cœur s’installe et elle prend une grande inspiration, tentant d’y faire abstraction. Oui, sûrement. Ou alors, malheureusement nos chemins se sont croisés et t’as pas su me dire non. Genre tu te sens obligé de traîner avec moi. Elle dit cela avec beaucoup de sérieux mais, finit par sourire consciente qu’il ne serait pas capable d’une telle chose. Beaucoup trop gentil Gia.