Ok. On va se récapituler la situation. J'avais été prise de court par le monsieur assit à côté de moi, et la meuf en face c'était la fille que j'appréciais le plus à l'hôpital. J'étais censée faire quoi ? Accepter comme si de rien n'était ? Hors de question. Franchement, je lui aurais présentée, je n'aurais rien dit à la rigueur. Mais là, c'était comme de la haute trahison. Du moins, sur le moment. J'en revenais pas qu'ils se connaissaient. Et ça me minait le moral comme jamais auparavant. Je ne répondais même pas sur le fait d'aimer ou non les surprises. Lauri ne voulait soit disant plus bouger, mais ça m'énervait encore plus. Je voulais pas être là, et eux non plus ne voulait clairement pas que je sois là. C'était atroce. Je voulais rentrer dans ma chambre d'hôtel et commander trois bouteilles de champagne pour fêter mon malheur. Alors oui, quand elle me demandait clairement des explications, j'allais craquer. J'avais simplement envie de me lever, et de dire que tout ça ce n'était pas pour moi, que j'aimais Lauri comme mon frère, et elle comme une super amie, mais que c'était trop. Que je ne pouvais pas. Bien sûr, j'ai fait tout le contraire, ou presque. Je veux rentrer chez moi. Déjà que j'étais arrivée en retard, en plus je me permettais de dire que c'était bon. Ma voix était cassée, j'étais à la limite d'être mal. C'est pas toi. Toi je m'en fiche. C'est ça. Tout ça. Parce que clairement, J'ai rien à foutre ici. Vous passez une mauvaise soirée, moi aussi. Autant que je vous laisse baiser tranquille, non ? Oh. La malpolie ! Mais bon, rien à cirer de la bienséance. Je me tournais vers Lauri. C'est bien ce que tu veux ? J'allais peut-être trop loin ? Ouais sans doute. Mais j'étais mal. Et ça, il allait le comprendre assez rapidement. Il pouvait le sentir à ma tête de déterrée. Par le fait que je n'ai même pas regardée le joint qu'il m'avait montré. Par cette crise qui n'était jamais arrivée auparavant. Non parce que si c'est le cas, tu me le dis, je me casse et je vais voir mon mec tinder comme l'autre jour. Oh la garce.

La situation était tendue, chaque silence était pesant, chaque regard était mal à l'aise, nous étions tous les trois dans une situation pas forcément très confortable. Skyler parce que c'était trop pour elle, moi parce que Skyler n'acceptait pas Andy, et Andy parce qu'elle se sentait pas la bienvenue. Alors elle mit les pieds dans le plat, décidant de clarifier un peu ce bordel pour qu'on joue un peu moins sur les non-dits, ce qui sembla énerver encore plus Skyler, qui annonçait vouloir rentrer chez elle. J'écoutai en silence les questions d'Andy, perches qu'elle lançait et les réponses de Skyler... avant de tiquer quand celle-ci me provoqua en me disant qu'elle devrait nous laisser baiser en paix Andy et moi. Ben non, c'est pas ce que je veux non plus, répondis-je en m'accoudant au dossier de la banquette où j'étais assis. Y avait clairement un temps pour tout et baiser avec Andy n'était pas dans mes priorités quand on se retrouvait au restaurant avec ma meilleure pote. D'ailleurs on baisait toujours pas, ça réglait la question. Ton Wolfgang mes couilles là ? Ça lui a pas suffit que j'lui refasse la tête, il demande un deuxième round ? Alors lui il avait intérêt à s'accrocher s'il voulait le cul de Skyler, il faudrait le mériter. On s'était battu une première fois et y en aurait d'autres s'il continuait de lui parler. Je soupirai longuement, me rasseyant normalement. J'suis désolé de vous avoir mis dans cette situation. Toutes les deux. Parce que clairement, si j'étais désolé pour Skyler, je l'étais aussi pour Andy qui n'avait rien demandé d'autre qu'à rencontrer la pote qui m'avait invité. J'aurais pu lui dire que c'était une mauvaise idée. Skyler si tu décides de rentrer, laisse moi te rappeler qu'on dort dans la même chambre et que rien ne sera réglé d'ici à ce que je rentre. Au pire elle aurait pu se calmer un peu, mais j'en doutais fortement, tout comme je n'aurai pas oublié son con de mec Tinder, là. Et si elle commandait des bouteilles de champagne, elle pouvait bien compter sur moi pour ne pas la laisser les boire seule, tiens.

Skyler, elle veut rentrer chez elle. Skyler a une mauvaise foi de fou, mais "ce n'est pas à cause de moi". Moi, elle s'en fou. Sauf que ça ne semble pas du tout être le cas... Au contraire. Ma présence la dérange, ma présence l'irrite. Et je sais que ce n'est qu'à cause de ma relation avec Lauri, parce qu'on s'entend bien d'habitude. Ah et aussi parce qu'elle nous balance un truc ridicule genre "Je vais vous laisser baiser en paix". Lauri lui répond que ce n'est pas ce qu'il veut, puis la discussion tourne maintenant autour d'un mec qui s'appelle "Bande de Loup" mdr. J'suis perdu. À son tour, Lauri semble... jaloux ? Énervé ? Un peu des deux surement. J'sais pas ce qu'il se passe entre eux... est-ce que j'ai foutu les pieds dans un couple qui joue au jeu de celui qui essaie de rendre l'autre le plus jaloux ? Lauri s'excuse, j'hausse les épaules et commence à rassembler mes affaires. Non, je ne compte pas rester ici. Je ne compte pas me laisser faire, alors que clairement, j'suis de trop. Puis de toute façon, moi j'ai envie d'un burger bien gras, pas de canard ou n'importe quel autre sorte d'oiseau. Je décolle. Je pense que c'était une erreur de vouloir te rencontrer, Skyler. Clairement, ma présence n'est pas appréciée. Je me lève de mon siège et la replace sous la table, poliment. Puis, je met la ganse de mon sac à main sur mon épaule. Et n'en veux pas à Lauri... Du peu que j'ai vu ou entendu de votre petite conversation privé de tout à l'heure, t'es importante pour lui et Lauri, t'es important pour elle. Je souris, puis bien dégoûtée de partir comme ça, je tourne les talons et part -comme une star #pan-. J'sais même pas c'que ça veut dire pour Lauri et moi mais pour le coup, je pense que m'éloigner de cette mauvaise ambiance est la meilleure des choses à faire.

J'avais été tout sauf agréable, et je le reconnaissais. Mais trop c'était trop, et toute cette ambiance me donnait la migraine, tout comme à eux. Du moins, je le présumais pour le moment. Rassure-toi Wolfgang je vais pas tarder à aller le retrouver, mais bon faut attendre la fin du summer camp pour ça. Puis c'pas comme si j'avais eu qu'un seul match. Et façon je vois même pas pourquoi tu as été lui péter la gueule, il n'a rien fait de mal. Rien du tout. J'allais le défendre corps et âme, parce que jusqu'à l'heure je le trouvais sincère dans sa démarche, et ce, quoi que Lauri en dise. Il voulait être heureux avec Andy, moi j'avais trouvée Wolfgang, mais bon, ce n'était pas la même chose. Je ne lui avais pas présenté et ce n'était en rien un ami proche de lui. Incomparable. Et là, elle prenait la parole. Et je me rendais compte d'une chose. J'avais dépassée les bornes. Entièrement. Je me sentais bête. Je l'aimais cette fille, je l'adorais. C'était ma pote au boulot, et là, je lui avais manqué de respect. Je ne lui avouerais sans doute jamais, mais ce qu'elle disait me faisait de la peine. Parce qu'elle avait raison. En la voyant partir, je fixais mon assiette. Prends les choses du bon côté Skyler, ça va bien se passer. Je me répétais cette phrase en boucle dans ma tête avant de me lever à mon tour. Je crois que j'ai clairement gâchée ta vie. Ce soir je vais dormir avec une amie, je te laisse la chambre. Ça me tuait de lui dire ça. Ça me tuait de prendre mes affaires et de me lever sans rien dire. Une chance que j'avais déjà prépayé la bouteille de champagne. Au final, nous n'aurions rien mangé de toutes les manières. Et je partais du restaurant dos à mon meilleur ami, des larmes coulant sur mes joues parce que je m'en voulais, mais que j'avais trop de fierté pour l'avouer. En vérité, je ne l'avouerais jamais.

C'était un fiasco total. Personne n'irait dire le contraire, pas même le serveur qui nous jetait des petits regards de temps à autre pour satisfaire sa curiosité malgré lui et qui croyait que je ne l'avais pas vu. Andy finit par se lever pour annoncer qu'elle partait et je ne savais plus où me mettre. Qu'est-ce que ça voulait dire, ses paroles ? Est-ce que Skyler avait réussi à tout foutre en l'air ? Je la suivais du regard les lèvres pincées, partagé entre différentes envie. La retenir, ne pas bouger, ou étrangler Skyler qui se trouvait à côté de moi, je ne pouvais malheureusement pas faire les trois en même temps. Andy disait à Skyler de ne pas m'en vouloir... mais elle, est-ce qu'elle m'en voudrait d'avoir organisé ce bordel ? Je soupirai longuement quand elle quitta le restaurant, ses paroles résonnant encore dans mes oreilles. Mais pour le moment, ça m'était totalement égal, j'avais juste envie d'rester seul. Une envie que Skyler partageait de toute évidence puisqu'elle se leva à son tour. Elle ne pouvait pas rejoindre son Wolfgang puisqu'il n'était pas au Summer Camp, cool, ben qu'il reste tapis dans son coin à Boston puisqu'autrement il verrait les étoiles danser devant ses yeux... et probablement que moi aussi puisqu'il ne se laisserait pas faire, mais j'avais pas de problème avec ça. Je me renfrognai en me disant que tu allais rejoindre un autre de tes matchs Tinder à la con... c'était vraiment de la merde cette application. A plus, grommelai-je dans ma barbe en fixant dehors. C'n'était probablement pas plus mal qu'on ne se voie pas, en tout cas pour ce soir. Je ne voulais pas qu'on reste en froid évidemment, mais la poussière avait besoin de retomber. Tu m'en voulais, et je t'en voulais, nous ne serions tout bonnement pas capable d'avoir une véritable discussion sans se foutre sur la gueule. Skyler tourna les talons et sortit à son tour alors que je restais là, assis à fixer toujours ce lampadaire à l'extérieur, il me paraissait fascinant... disons qu'il me permettait de garder le contrôle et de ne pas tableflip pour cette soirée de merde. Le serveur s'approcha silencieusement, récupéra la bouteille de champagne vide et me remplit la flûte avec une autre bouteille, murmurant un petit C'est offert par la maison avant de s'éclipser. Au moins le restau bénéficiait de serveurs sympas qui essayaient de rattraper cette rencontre catastrophique. Je lui adressai un léger sourire et restai là, avec ma flûte, pendant un moment avant de quitter les lieux à mon tour. J'avais besoin de marcher, de me vider la tête. Fuck that shit, y avait pas d'autre mot.