God, I'm running in fear
— with judandra

« Je t'en ai parlé et tout ce que t'as trouvé à me dire c'est que c'était qu'un caprice.. » je secouais la tête, "Non, on s'est mal compris Jude." le regarde, sans savoir quoi dire. Je dois lui expliquer, je veux pas qu'il se dise que je m'en fous s'il va mal alors que ce n'est clairement pas le cas. "Le caprice c'est pas toi qui te sent mal, c'est le fait que tu me veuilles près de toi tout cet été alors que j'ai une opportunité qui peut lancer ma carrière." je me mords la lèvre, "J'ai juste l'impression que tu me retiens pour pas que je fasse ce stage.. et c'est ça, le caprice.." alors on se retrouvera. On se retrouvera après le stage. « Après le... » J'appuie sur le stage parce que j'ai le sentiment qu'il me retient de ce stage. C'est une période courte. C'est quelques semaines, rien de plus. « Mais t'as écouté tout ce que je viens de te dire ? » j'hochais la tête, "Ouais j'ai écouté." j'ai entendu tes appels, t'en fais pas, "J'te dis juste que je ne souhaite pas faire passer cette opportunité. J'emmène les enfants si tu sens que c'est trop pour toi et que tu veux malgré tout aller au summer camp, mais j'laisserais pas ça passer Jude." je serais intransigeante là dessus. Mon but c'est de rendre fier mon père, et il voulait que j'ai la meilleure carrière possible, et c'est pas en profitant du soleil que ça ira. J'en profiterais même pas, d'ailleurs. Mon esprit sera constamment occupé par l'idée de ce stage que j'aurais loupé, alors il est hors de question que je le loupe. "Alors il va falloir trouver une autre solution pour qu'on puisse tous les deux avoir ce qu'on veut." parce qu'autrement, on se cassela figure.

God, I'm running in fear
— with judandra

Bien sûr que je lui ai dit. Je lui ai dit que j'allais mal et pourtant, elle n'a rien fait. Elle a juste dit que ça n'était qu'un caprice. "Non, on s'est mal compris Jude. Le caprice c'est pas toi qui te sent mal, c'est le fait que tu me veuilles près de toi tout cet été alors que j'ai une opportunité qui peut lancer ma carrière." Je secoue la tête. Bien sur. J'ai vraiment l'impression de parler à un mur. Et si ça m'aurait énervé y'a quelques mois, je me sens trop fatigué psychologiquement pour me battre. "J'ai juste l'impression que tu me retiens pour pas que je fasse ce stage.. et c'est ça, le caprice.." Je soupire. Exaspéré. Fatigué. J'ai réellement envie que tout ça se termine. Me battre pour nous, me battre pour aller mieux ? J'ai juste l'impression que ça n'a plus aucune importance.  « Je t'ai dit y'a deux minutes que ta réussite était la mienne. J'ai JAMAIS été contre toi, ton ambition ou ta carrière. Je t'ai dit que si je te le demandais c'est que c'était important. Et tu penses encore que c'est un caprice ? » Alors je ne peux plus rien faire. J'ai réellement besoin d'elle pour aller mieux. "Ouais j'ai écouté." Elle dit que oui, mais elle ne donne pas l'impression de comprendre l'importance de cette histoire. "J'te dis juste que je ne souhaite pas faire passer cette opportunité. J'emmène les enfants si tu sens que c'est trop pour toi et que tu veux malgré tout aller au summer camp, mais j'laisserais pas ça passer Jude." Je regarde ailleurs et je lâche sa main. Elle l'a dit il y a quelques jours de toute façon. Je l'étouffe, elle veut une pause de moi, respirer. Elle respirera encore mieux quand j'me serai déginglé la tête. Voilà le genre de pensées qui me passent à l'esprit tout le temps. Et Leandra ne m'aide franchement pas à voir le bien dans tout ça. "Alors il va falloir trouver une autre solution pour qu'on puisse tous les deux avoir ce qu'on veut." Je la regarde,  « Avoir ce qu'on veut ? J'voudrais juste aller mieux. Mais visiblement ta carrière est plus importante que ma santé. » Et ne dit pas que c'est faux Leandra. T'es en train de me démontrer que c'est le cas. Je lève les mains comme un signe d'abandon total et je me lève.  « Tu sais quoi ? Va a ton stage. Mais je t'interdis de me sermonner, de m'engueuler si quelque chose dérape cet été. Tu pourras pas dire que t'es partie sans savoir ce qui se passait. » Sans savoir à quel point je vais mal. Sans savoir que tu laisses "l'homme que tu aimes" lutter seul face à une dépression. Le laisser seul avec ses envies de suicides sans aucune raison d'avoir envie de se battre. « Tu prends les enfants, tu les laisses chez ta mère, fais comme tu veux. J'voudrais pas qu'ils soient témoin de mon état. » Et je dis pas ça comme une menace Leandra. Parce que c'est ce qui trône dans ma tête et je t'ai prévenu. La menace elle est là, je t'en fais part et tu t'en fiches. Ta carrière, ta carrière. Elle aura bon dos ta carrière quand tu finiras seule. Je n'ai juste plus envie de me battre. J'aurais du mourir dans cet accident, ça aurait été plus simple pour tout le monde.

God, I'm running in fear
— with judandra

 « Je t'ai dit y'a deux minutes que ta réussite était la mienne. J'ai JAMAIS été contre toi, ton ambition ou ta carrière. Je t'ai dit que si je te le demandais c'est que c'était important. Et tu penses encore que c'est un caprice ? » Je sais que c'est important, tout comme mon stage est important. J'ai laissé tellement de côté pour notre couple, pour notre vie à deux. J'ai mis de côté beaucoup de chose, je me suis écartée de la voie, assez pour inquieter mes parents, assez pour qu'ils décident que me voir n'était plus dans leur priorité. Tu te souviens de ses mois de silences de leur part ? On a réussi à renouer contact, mais ils pensaient pas que j'allais réussir, mon père ne le pensait pas et c'était important, c'est important pour moi de lui prouver que je peux réussir, que je peux m'en sortir et que je ne mettrais plus ma carrière de côté, pas après tous leur sacrifices. « Avoir ce qu'on veut ? J'voudrais juste aller mieux. Mais visiblement ta carrière est plus importante que ma santé. » je fronce les sourcils et secoue la tête, "Quoi ? non, non bien sur que non !" je sais pas ce qui se passe, c'est comme si on se parlait mais que ni l'un, ni l'autre, n'entendait. « Tu sais quoi ? Va a ton stage. Mais je t'interdis de me sermonner, de m'engueuler si quelque chose dérape cet été. Tu pourras pas dire que t'es partie sans savoir ce qui se passait. » Est-ce que c'est une sorte de chantage ? Parler de ça comme ça, c'est comme me dire que quelque chose d'horrible va se passer si je viens pas avec lui, c'est m'assurer qu'il se fera du mal. « Tu prends les enfants, tu les laisses chez ta mère, fais comme tu veux. J'voudrais pas qu'ils soient témoin de mon état. » Je note ça, je les emmènerais, c'est pas comme si j'étais celle à m'en occuper, encore. Ce que je prends plus au sérieux, c'est cette sorte de menace lancée précédemment, "écoutes moi bien, t'a survécu à cet accident et pas lui. T'as cette chance d'être en vie, alors j't'assure que tu tentes quoi que ce soit Jude, si t'essaie de mettre fin à tes jours d'une manière ou d'une autre, si tu essaie rien qu'une minute de m'abandonner, j'te promet que tu m'oublies moi et tes deux enfants." le regard est plus sévère, la voix plus sombre, "J't'interdit de m'abandonner et j'te promet que j'ferais de ta vie un enfer si tu fais quoi que ce soit." je ferais tout pour que tu te rates, et ensuite je te rendrais la vie infernale. Oh j'en suis capable, t'a pas le droit de blesser ceux que j'aime, t'a pas le droit de te faire du mal. "T'a intérêt à aller mieux. J'm'en fous de savoir comment, tu te débrouilles mais tu vas mieux." Menacer sa propre vie devant moi n'était pas une chose à faire.

God, I'm running in fear
— with judandra

Je suis tout simplement épuisé. Epuisé de parler à un mur, de me prendre sans arrêt des baffes par la femme que j'aime. Elle ne comprend pas que tout ça, ça n'est pas pour la freiner elle et sa carrière. Elle ne comprend pas que c'est une question de vie ou de mort. Que tout ce qui se passe dans ma tête, je ne le contrôle pas. Et j'en ai marre de parler pour qu'elle n'écoute pas. C'est pour ça que je m'étais muré dans le silence depuis des semaines. "Quoi ? non, non bien sur que non !" Bien sûr que non ? Alors pourquoi tu m'écoutes pas ? Pourquoi tu veux prendre le risque de partir et de me laisser en sachant à quel point je suis bas ? J'abandonne. Je lui dit de partir, je lui dis de prendre les enfants parce que j'ai peur de ce que je pourrais faire et je ne veux pas qu'ils soient témoins de ça. Je ne suis actuellement pas capable de m'occuper de moi, alors comment je suis censé m'occuper de mes enfants ? C'est tout bonnement impossible. Et même avec la meilleure volonté du monde je n'y arriverais pas parce que je suis malade. Mais ça, elle ne veut pas l'entendre. "écoutes moi bien, t'a survécu à cet accident et pas lui. T'as cette chance d'être en vie, alors j't'assure que tu tentes quoi que ce soit Jude, si t'essaie de mettre fin à tes jours d'une manière ou d'une autre, si tu essaie rien qu'une minute de m'abandonner, j'te promet que tu m'oublies moi et tes deux enfants. J't'interdit de m'abandonner et j'te promet que j'ferais de ta vie un enfer si tu fais quoi que ce soit." Je fronce les sourcils en la regardant,  « Faire de la vie un enfer ? Mais Leandra ma vie est déjà un enfer. » Un enfer dans ma tête. Avec cette voix toujours là, toujours présente à me murmurer des choses pas cool. Avec cette noirceur qui m'envahit. Mais toi, tu préfères être aveugle. Je t'aurai pourtant prévenu. "T'a intérêt à aller mieux. J'm'en fous de savoir comment, tu te débrouilles mais tu vas mieux." J'éclate de rire, nerveusement. Je ris, et des larmes coulent sur mes joues. Tu vois Leandra, à quel point j'suis bas ? Tu vois comme je vais mal et tu t'en fous ? Tu préfères me menacer au lieu de me tirer vers le haut. Tu m'achèves une dernière fois alors que je suis à terre.  « Mais putain de merde. » Ma voix monte, je sens l'euphorie m'envahir. Tellement que mes mains en tremble.  « Tu comprends vraiment rien. TU COMPRENDS RIEN ! » Ma voix tremble, les larmes coulent. J'suis en train de craquer. Ca y'est, t'as réussi Leandra. Bravo. J'suis bon pour l'asile. « TU CROIS QUE JE LE CONTRÔLE ? TU CROIS QUE J'AI ENVIE D'AVOIR CES IDÈES ?! TU CROIS VRAIMENT QUE C'EST SI SIMPLE ? » Je ne me contrôle pas, je ne me contrôle plus. Elle m'a poussé à bout. J'suis à bout.  « Tu ferais bien d'aller faire une recherche Google sur la dépression, parce que visiblement t'es pas au point. » J'inspire, j'essaie de me calmer et là, ce qui sort de ma bouche m'étonne moi même. J'aurais aimé m'arrêter et pourtant... pourtant, je ne le contrôle pas.  « Tu sais quoi Leandra ? Puisque ta putain de carrière de merde passe avant ma santé mentale, puisque je t'étouffe. Puisque tu préfères me laisser tout seul alors que j'ai envie de me déglinguer la tête. Puisque de toute façon tu veux pas m'épouser et tu fais qu'accepter un caprice de ma part. J'te libère. Tu sais quoi ? T'es libre, on arrête tout. » Je ne fais que lui rendre service en faisant ça, non ? De toute façon à quoi bon. Elle me démontre que rien n'est plus important qu'elle. Je ne me suis jamais mis entre elle et sa carrière, je lui lance simplement un appel à l'aide. Et tout ce qu'elle trouve à faire, c'est me menacer de me quitter de me dire de me démerder pour aller mieux. « Tu vas où tu veux, tu fais ce que tu veux, ça n'a plus aucune importance. En rentrant du Summer Camp j'me trouverai un autre appart et tu seras débarrassé. Y'aura plus personne pour se mettre en toi et ta carrière. De toute façon tout ce que j'ai toujours eu à t'offrir, t'en voulais pas alors pourquoi on lutte au juste ? T'es libre. » Et je reviendrai pas là-dessus. J'suis fatigué de me battre. J'suis juste à bout.

God, I'm running in fear
— with judandra

Je lui en veux d'être retombé dans ses idées noires alors qu'on est là. D'accord, il y a eu l'accident et on a pas été des plus exemplaires dans notre vie de couple, surtout cette année, mais on est là. On a vécu des choses difficiles et on s'en est toujours sortis, alors pourquoi est-ce qu'il irait mal ? C'est à moi d'aller mal, je suis celle qui ai perdu un père. Je veux juste qu'il aille mieux, en fait non, je veux pas, je l'exige. Si tu sais pas te relever, je ne le ferais pas non plus. Pas cette fois. « Faire de la vie un enfer ? Mais Leandra ma vie est déjà un enfer. » Mes sourcils se haussent. Je suis pas sûre de comprendre, on fait de sa vie un enfer ? Si j'avais su, on serait parti depuis longtemps avec les enfants, si la vie est si compliqué à mes côtés, si il n'arrive pas à l'apprécier alors pourquoi on est encore ici ? Pourquoi il me souris tous les matins ? Pourquoi est-ce qu'il s'embête à être tendre ? Si ici c'est l'enfer, je t'offrirais pire, alors. En réalité je m'en moque, je veux juste qu'il aille mieux. On reparlera de cet enfer ensuite, je suppose. « Mais putain de merde. » La colère se fait entendre, comme un orage qui va bientôt s'abatre sur nous. « Tu comprends vraiment rien. TU COMPRENDS RIEN ! » Il va réveiller les enfants avec ces conneries. « TU CROIS QUE JE LE CONTRÔLE ? TU CROIS QUE J'AI ENVIE D'AVOIR CES IDÈES ?! TU CROIS VRAIMENT QUE C'EST SI SIMPLE ? » Je fronce les sourcils et recule, comme sous le coup du choc. Je ne m'attendais pas à ce qu'il crit, je m'attendais pas à ce qu'il s'énerve autant; « Tu ferais bien d'aller faire une recherche Google sur la dépression, parce que visiblement t'es pas au point. » ... pardon ? C'est son air supérieur qui arrive, hautain comme il est, me prends de haut et m'offre une leçon. « Tu sais quoi Leandra ? Puisque ta putain de carrière de merde passe avant ma santé mentale, puisque je t'étouffe. Puisque tu préfères me laisser tout seul alors que j'ai envie de me déglinguer la tête. Puisque de toute façon tu veux pas m'épouser et tu fais qu'accepter un caprice de ma part. J'te libère. Tu sais quoi ? T'es libre, on arrête tout. » Je ne comprends pas... j'essaie de prendre le coup mais les mots se mélange, sans que je sois certaine de tous les comprendre. Ma carrière de merde, j'ai pris note. Se déglinguer la tête, l'épouser, accepter un caprice, la liberté. Quoi ? La liberté ? Mais de quoi il parle ? « Tu vas où tu veux, tu fais ce que tu veux, ça n'a plus aucune importance. En rentrant du Summer Camp j'me trouverai un autre appart et tu seras débarrassé. Y'aura plus personne pour se mettre en toi et ta carrière. De toute façon tout ce que j'ai toujours eu à t'offrir, t'en voulais pas alors pourquoi on lutte au juste ? T'es libre. » Je rigole nerveusement parce que je sais pas comment le prendre ni quoi faire d'autres, "Arrête t'es pas sérieux." impossible. Pas possible que ce soit réellement ce qu'il pense. Il dit ça sur la colère, on en reparlera à plat demain et ça ira mieux. "T'as même pas de raison Jude, tu m'quittes juste sous la colère." il m'aime, je l'aime, ça n'a clairement aucun sens. "Tu sais quoi ? On en reparlera demain quand on sera plus calme, on va dormir." Parce que c'est plus facile de détourner les yeux. Parce que je préfère regarder ailleurs que de voir mes problèmes, ceux de mon couple, ceux de Jude par extension. On en reparlera plus tard, à plat, une fois le calme revenu, après la tempête. Tu sais, celle qui gronde. Celle qui nous a mené ici. Je pensais que nous étions deux dans l'eau, que tu était celui qui se noyait et moi qui lutait contre le vent. Je me rends tristement compte que tu es la tempête et que je suis celle qui essaie de ne pas se noyer. J'essaie de m'en sortir, juste à temps.

God, I'm running in fear
— with judandra

Moi quitter Leandra ? Je sais, ça peut paraître impossible et pourtant.. pourtant ces mots sont bien sortis de ma bouche. Pas parce que je ne l'aime pas, non. Et ça, elle le sait. Mais parce que je suis fatigué. Blessé, aussi, de voir que sa carrière passe avant ma santé. Qu'elle ne m'écoute pas. Qu'elle n'en fasse qu'à sa tête. Je vais trop mal pour me battre alors je préfère tout arrêter. Elle a été claire de toute manière : elle étouffe, elle a besoin d'air. Alors je lui en laisse, de l'air. Depuis le début de notre relation, j'ai l'impression d'être le diable qui la détourne du droit chemin. Celui qui l'empêche d'être première de sa classe, celui qui l'oblige à faire des choses comme garder un bébé ou m'épouser. "Arrête t'es pas sérieux." Je la regarde : si, je suis sérieux. Très très sérieux. "T'as même pas de raison Jude, tu m'quittes juste sous la colère." J'hausse les épaules :  « Et tu peux me blâmer, peut-être ? » Prends deux minutes pour réfléchir à tout ça. Je suis pas sûr que tu comprendras, mais essaie, au moins. "Tu sais quoi ? On en reparlera demain quand on sera plus calme, on va dormir." Je secoue la tête : « Demain ou maintenant, ça changera pas Leandra. » Et c'est la dernière fois que je lui explique calmement la situation. La dernière.  « Après l'accident, j'me sentais déjà mal. Mais j'ai tout pris sur moi. J'ai été fort, pour nous deux. J'ai été fort pour toi, parce que ton chagrin, ton deuil comptait plus à mes yeux que mes remords. » Et elle ne peut pas dire que c'est faux. J'ai été là pour elle. J'ai fermé ma gueule les fois où la colère l'emportait et où elle me disait que j'avais tué son père. J'ai encaissé, je ne lui en ai pas voulu et j'ai été présent. « Je sais que t'es toujours très mal à cause de ce qui s'est passé. Je le sais. Mieux que quiconque parce que je sais qu'on se remet pas d'un drame pareil en un mois. Mais à force d'avoir tout gardé pour moi, ça m'a rongé de l'intérieur et j'ai fini par craquer. » Je la regarde dans les yeux. Je veux qu'elle me regarde, je veux qu'elle m'écoute pour une fois, qu'elle comprenne ce qui se passe. « Les personnes avec un passé difficile ont plus de chance de faire des épisodes dépressifs qu'une personne "normale" après un évènement traumatique. » J'inspire doucement. « Leandra, je fais une dépression. J'ressens plus rien, c'est comme un vide en moi. Tout est gris, tout est noir. C'est comme si.. comme si tout à coup, ta vie avait perdu tout son sens. Et ça veut pas dire que j'étais malheureux avant, c'est juste... une maladie, c'est comme ça. Et c'est pas quelque chose que je contrôle et que je peux soigner en claquant des doigts. J'ai besoin d'être entouré. Généralement, c'est par la famille. Mais.. ma famille, c'est toi. T'es ma seule et unique famille, toi et les enfants. » Parce que le reste de ma famille, elle est au cimetière.  « Alors non, je ne te demande pas de renoncer pour une fois à ton stage par orgueil, par caprice ou autre. Je te le demande parce que j'ai besoin de toi pour aller mieux. J'ai besoin de ma famille, parce que quand je te parle de suicide je te menace pas de me tuer. Je t'en parle parce que ça me traverse trop souvent l'esprit et que si je me retrouve seul, ça sera encore pire.. je t'en parle parce que je pensais que c'était ce qu'on devrait faire, communiquer ? Parce que je veux pas refaire des erreurs que j'ai fait dans le passé. Dans le passé, je t'avais pas parlé de mon mal être et tu m'en as voulu. Et t'avais raison de m'en vouloir parce que si tu avais su, tu aurais fait quelque chose non ? Aujourd'hui, tu le sais, je t'en parle. Alors qu'est-ce que tu comptes faire ? » Je ferme les yeux quelques secondes et je la regarde. « Si tu comptes aller à ton stage alors que tu sais tout ça alors... alors je sais pas si j'ai envie qu'on continue. Et encore une fois, je te menace pas, je te donne toutes les cartes en main pour que tu décides. Parce que je donnerai tout ce que j'ai, jusqu'à ma vie pour toi. Et si t'es pas prête à renoncer à un stage que tu pourrais faire l'année prochaine - parce que des stages t'en trouve tous les étés - pour aider l'homme que t'es censé aimer à aller mieux.. alors je pense que je mérite mieux que ça... » Maintenant, elle a les cartes en main pour décider. Elle ne pourra pas dire que je n'ai pas communiqué, qu'elle ne savait pas. Je viens de tout lui dire, calmement et clairement. C'est à elle de décider ce qui est le plus important.  « Et demain ou ce soir, ça sera la même chose.. » Je souris tristement et j'hausse les épaules. J'ai beau l'aimer à la folie, il y a des limites. Et cette limite, elle l'atteint dangereusement.  

God, I'm running in fear
— with judandra

Non, bien sûr que non il est pas entrain de me quitter. Ce n’est que sous le coup de la colère, du stress. Le coup de toutes ses choses qui nous mènent et nous amène au plus bas depuis déjà beaucoup trop de mois. C’est long un couple, surtout quand ça va pas. On a besoin d’être plus patient, de faire plus de concessions, et les choses qui sont faites il y a des années reviennent comme un coup au visage. Les non-dits, le manque de communication, les évènements passés construisent autant un couple qu’ils alourdissent. « Et tu peux me blâmer, peut-être ? » Evidemment que je peux le blâmer. Je pourrais le faire des centaines de fois pour ça. Après ces semaines, ces mois, ces années, tu quittes pas quelqu’un sous le coup de colère. Pas quelqu’un que tu veux épouser, pas quelqu’un que tu dit être ton âme-soeur, ta future femme. On réagit pas aussi rapidement sous la colère. Alors je commence à me dire que peut-etre était-ce quelque chose de réfléchi ? Peut-être que ça lui traversait l’esprit depuis un moment, déjà ? Qu’il avait besoin d’une excuse, d’un moment propice. C’est dans son esprit depuis trop longtemps déjà, et ça, j’en suis persuadée. Parlons-en demain, quand le tout sera redescendu, que la vague ne menacera plus de s’écraser sur nos têtes. « Demain ou maintenant, ça changera pas Leandra. » Je fronce les sourcils, au contraire, ça changera. Mais depuis le début de cette conversation, on n’en fait qu’à sa tête. « Après l'accident, j'me sentais déjà mal. Mais j'ai tout pris sur moi. J'ai été fort, pour nous deux. J'ai été fort pour toi, parce que ton chagrin, ton deuil comptait plus à mes yeux que mes remords. » J’hoche la tête, ça je le comprends, et ça me semble même être une réaction normale, après tout. « Je sais que t'es toujours très mal à cause de ce qui s'est passé. Je le sais. Mieux que quiconque parce que je sais qu'on se remet pas d'un drame pareil en un mois. Mais à force d'avoir tout gardé pour moi, ça m'a rongé de l'intérieur et j'ai fini par craquer. Les personnes avec un passé difficile ont plus de chance de faire des épisodes dépressifs qu'une personne "normale" après un événement traumatique. » Je le regarde, plus sérieusement cette fois. « Leandra, je fais une dépression. J'ressens plus rien, c'est comme un vide en moi. Tout est gris, tout est noir. C'est comme si.. comme si tout à coup, ta vie avait perdu tout son sens. Et ça veut pas dire que j'étais malheureux avant, c'est juste... une maladie, c'est comme ça. Et c'est pas quelque chose que je contrôle et que je peux soigner en claquant des doigts. J'ai besoin d'être entouré. Généralement, c'est par la famille. Mais.. ma famille, c'est toi. T'es ma seule et unique famille, toi et les enfants. » Je comprends plus, alors. Pourquoi il me quittes, dans ce cas ? Toute cette histoire me semble tellement floue, tellement bizarre. Comme si il avait réfléchi à me quitter, et maintenant il me dit que non, qu’il a besoin de nous. Je sais pas dans quel sens ça va, je sais pas où il en est, où j’en suis. « Alors non, je ne te demande pas de renoncer pour une fois à ton stage par orgueil, par caprice ou autre. Je te le demande parce que j'ai besoin de toi pour aller mieux. J'ai besoin de ma famille, parce que quand je te parle de suicide je te menace pas de me tuer. Je t'en parle parce que ça me traverse trop souvent l'esprit et que si je me retrouve seul, ça sera encore pire.. je t'en parle parce que je pensais que c'était ce qu'on devrait faire, communiquer ? Parce que je veux pas refaire des erreurs que j'ai fait dans le passé. Dans le passé, je t'avais pas parlé de mon mal être et tu m'en as voulu. Et t'avais raison de m'en vouloir parce que si tu avais su, tu aurais fait quelque chose non ? Aujourd'hui, tu le sais, je t'en parle. Alors qu'est-ce que tu comptes faire ? » Les sourcils se haussent, ça veut dire quoi, ça ? C’est pas à moi de porter mon malheur et le tien sur mes épaules, Jude. Tu vois pas que j’étouffe ? Que ça va pas ? Qu’entre ces quatre murs, je sais plus sur lequel me reposer ? Que je m’y suis reposée trop souvent et que même eux ne font que soutenir le plafond trop faiblement. « Si tu comptes aller à ton stage alors que tu sais tout ça alors... alors je sais pas si j'ai envie qu'on continue. Et encore une fois, je te menace pas, je te donne toutes les cartes en main pour que tu décides. Parce que je donnerai tout ce que j'ai, jusqu'à ma vie pour toi. Et si t'es pas prête à renoncer à un stage que tu pourrais faire l'année prochaine - parce que des stages t'en trouve tous les étés - pour aider l'homme que t'es censé aimer à aller mieux.. alors je pense que je mérite mieux que ça... » Je rigole nerveusement. C’est sorti tout seul. Censé aimer ? ça veut dire quoi ça, au juste ? J’suis censé l’aimer, il décide de me quitter, c’est quoi la suite ? Qu’est-ce qui se passe après ? J’ai l’impression que je découvre un peu plus de mauvais. Comme si, alors que j’avais touché le fond, je tombais encore. « Et demain ou ce soir, ça sera la même chose.. » Je prends une inspiration, j’essaie de tout assimiler. J’essaie de tout comprendre, de tout retenir, de faire en sorte de ne pas faire les choses à l’envers. “Je.. j’veux juste comprendre dans quelle direction on vas, Jude.” je suis fatiguée, je sais même plus vers où on avance. Pire encore, je sais même plus pourquoi on avance. “T’es entrain de me dire que si je viens pas cet été, tu me quittes ?” j’inspire longuement, je sens les larmes me monter aux yeux, les mains tremblent, “C’est du chantage, c’que tu m’fais.” je rigole nerveusement, haussant les épaules, “Okay alors, j’viens.” tu vois, t’a gagné. Encore une fois. La victoire as-t-elle toujours le même goût ? “Par contre j’refuse de dormir avec toi, et j’espère que tu peux le comprendre.” Accorde-moi un peu de repos dans cette guerre que tu as décidé de mener. Laisse moi respirer. Je sais que je suis ton air, mais comprends que tu es ma fumée.

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— with judandra

Je veux juste lui expliquer une dernière fois. Calmement, lui expliquer pourquoi je lui demande de rester, pourquoi c'est important. Mais je vois bien que ça ne changera rien. Elle m'écoute, je vois bien qu'elle m'écoute mais je sais pas si elle comprend. Je sais pas si elle réalise que la situation est critique pour moi. Grave, même. Mais elle se met à rire. Nerveusement, je le vois bien et ça ne présage rien de bon. “Je.. j’veux juste comprendre dans quelle direction on vas, Jude.” J'hausse les épaules.  « Je sais pas, la direction avait pas changée avant que je me rende compte que tu te fiches complètement de ma santé ? Que ta carrière est plus importante que ma santé mentale ? » Et qu'elle ne dise pas que c'est faux. Elle vient de me prouver par A+B que tout ce qui compte à l'heure actuelle, c'est son stage et sa carrière.  “T’es entrain de me dire que si je viens pas cet été, tu me quittes ? C’est du chantage, c’que tu m’fais.” Je fronce les sourcils,  « Et tu réalises que je suis obligé d'en venir à là pour que tu m'écoutes et que tu me prennes au sérieux ? Tu te rends compte que c'est pas normal ? » Je suis obligé d'aller si loin pour des conneries ?  “Okay alors, j’viens. Par contre j’refuse de dormir avec toi, et j’espère que tu peux le comprendre.” Je ris nerveusement.  « Que je peux le comprendre ? Mais attends.. t'es sérieuse ? » Je secoue la tête.  « Tu sais quoi ? J'en ai marre Leandra. J'en ai marre d'être l'obstacle dans ta quête de la grande carrière que tu voudrais avoir. J'en ai marre d'être la tâche sur ton CV, la personne qui t'étouffe. Donc quoi, tu vas venir, tu vas faire la gueule pendant deux mois, tu vas pas me parler ? J'dois encore te rappeler que t'es censé venir pour m'aider ? » Mais nan, nan ça elle l'a oublié, ça elle ne l'écoute pas.  « J'vais passer deux mois à t'écouter me reprocher de me mettre entre toi et ta carrière ? Comme toutes les fois où tu me reproches Riley ? » J'hausse les épaules,  « C'était une bonne question Leandra. Je comprends pas non plus dans quelle direction on va ? » Je sens les larmes me monter aux yeux.  « J't'aime à la folie. J't'aime. Et t'entendre me dire que t'acceptes de m'épouser pour assouvir un caprice de ma part tu crois que ça fait plaisir à entendre ? Tu portes cette bague alors que t'en as même pas envie. Alors pourquoi tu restes avec moi je comprends pas ? Dans quelle direction on va Leandra ? Je crois qu'en fait c'est ça qu'on devrait se demander en priorité ? »

God, I'm running in fear
— with judandra

On se comprends pas, on se comprends plus. Qu'est-ce qui s'est passé, dans notre couple, pour qu'on arrive à là ? On peut dire les erreurs du passé mais on a presque jamais fait d'erreur. On a presque toujours été au mieux, sauf peut-être ces derniers mois. On a peut-être trop souvent été presque, mais c'est ce qui nous a maintenu en vie, c'est ce qui nous permettait de rester soudé, d'être le couple qu'on est aujourd'hui, alors pourquoi j'ai l'impression que le monde s'écroule ? Pourquoi est-ce que mon monde ne va pas bien, ce soir ? « Je sais pas, la direction avait pas changée avant que je me rende compte que tu te fiches complètement de ma santé ? Que ta carrière est plus importante que ma santé mentale ? » je fronce les sourcils. J'ai déjà mis ma carrière de côté pour nous, je comprends pas ce qu'il veut dire par là. Je crois que c'est ça, c'est moi qui ne comprends plus. Lui, où il va, ce qu'il veut, nous. « Et tu réalises que je suis obligé d'en venir à là pour que tu m'écoutes et que tu me prennes au sérieux ? Tu te rends compte que c'est pas normal ? » Je veux qu'on arrête tout, qu'on se calme, que la tempête s'arrête. Je veux que tout s'arrête, que le monde arrête de tourner et qu'on retrouve notre tranquillité. « Que je peux le comprendre ? Mais attends.. t'es sérieuse ? » Je fronce les sourcils, "T'était prêt à me quitter y a à peine cinq minutes !" pourquoi c'est moi qui me prends tout sur la tronche alors que c'est lui qui me quittait ?  « Tu sais quoi ? J'en ai marre Leandra. J'en ai marre d'être l'obstacle dans ta quête de la grande carrière que tu voudrais avoir. J'en ai marre d'être la tâche sur ton CV, la personne qui t'étouffe. Donc quoi, tu vas venir, tu vas faire la gueule pendant deux mois, tu vas pas me parler ? J'dois encore te rappeler que t'es censé venir pour m'aider ? » Je secoue la tête, « J'vais passer deux mois à t'écouter me reprocher de me mettre entre toi et ta carrière ? Comme toutes les fois où tu me reproches Riley ? » Je fronce les sourcils, "Quoi ? mais.." j'ai à peine le temps de parler. « C'était une bonne question Leandra. Je comprends pas non plus dans quelle direction on va ? J't'aime à la folie. J't'aime. Et t'entendre me dire que t'acceptes de m'épouser pour assouvir un caprice de ma part tu crois que ça fait plaisir à entendre ? Tu portes cette bague alors que t'en as même pas envie. Alors pourquoi tu restes avec moi je comprends pas ? Dans quelle direction on va Leandra ? Je crois qu'en fait c'est ça qu'on devrait se demander en priorité ? » le sourire à mes lèvres n'est pas sincère. Il ne représente que le fade et la tristesse. Ma tête se secoue de gauche à droite, "J'crois que c'est même pas ça, la question.." j'ai envie de vomir, je sais pourquoi je lui fais encore face après tout ça. "C'est surtout qui crois-tu que je suis ?" j'hausse les épaules, les larmes perlant sur les joues, "A t'entendre, j'suis un monstre Jude.. alors tu sais quoi ? Tu fais bien de me quitter. Comme tu l'as dis, de toute façon, tu mérites mieux que ça." j'ai besoin d'air, j'ai besoin d'aller faire un tour, j'ai besoin de quitter ces quatre murs. J'enfile rapidement des chaussures et attrape ma veste, prête à partir. J'ai juste besoin d'un peu d'air.

God, I'm running in fear
— with judandra

On se comprend plus, on s'écoute plus, on s'entend plus... je sais pas ce qui se passe, mais j'ai juste l'impression de parler à mur depuis des semaines. Depuis que j'essaie de lui faire comprendre que ça va mal. Malgré tout ça, je sais qu'il y a encore de l'amour. Je le sais, il y en a de mon côté. Mais je le sens tellement plus depuis des semaines, que j'en viens même à douter de ça. Je sais pas où on va, je suis plus sûr qu'elle veuille aller là où je veux aller aussi. Je pensais pourtant qu'on s'était mis d'accord : elle va avoir une belle carrière, je vais la soutenir et être derrière elle et en parallèle, on est une famille. Mais j'ai cette impression que ce que j'ai moi à lui offrir ne lui convient plus.  "J'crois que c'est même pas ça, la question.." Je la regarde, étonné. "C'est surtout qui crois-tu que je suis ?" Je fronce les sourcils, sans comprendre sa question. De quoi elle parle ? "A t'entendre, j'suis un monstre Jude.. alors tu sais quoi ? Tu fais bien de me quitter. Comme tu l'as dis, de toute façon, tu mérites mieux que ça." C'est comme si d'un coup, je m'enfonçais dans le sol. « J'veux pas mieux.. j'veux pas.. je.. » Mon coeur se stoppe en la voyant attraper sa veste et je secoue la tête. Je m'avance alors et j'attrape son poignet pour la stopper. Je sais que j'ai dit que je la quittais, mais ça va pas dans ma tête. J'ai pas l'esprit clair, je suis complètement paumé mais je sais qu'elle et les enfants sont les seules choses qui comptent dans ma vie. Je laisse alors tout sortir et les larmes coulent sur mes joues, peut-être autant qu'elle. J'explose en sanglots, sans me retenir. Je secoue la tête, encore et encore sans lâcher son poignet. J'ai pas envie qu'elle parte. Elle doit pas partir, si elle part, j'vais jamais remonter à la surface.