Camila, elle avait toujours eu cette façon de faire qui me dépassait. Enfin… oui et non. Disons que j’étais aussi un peu pareil. Ne pas vouloir dévoiler ses faiblesses, faire le fort et ne pas inquiéter ses proches. Camila était exactement comme ça et je la connaissais, elle ne voudrait jamais se confier sur ce qu’elle a pu vivre durant cette séquestration. « On va faire comme si » C’était éprouvant comme situation et elle prétendait que tout allait bien, je savais pertinemment que non. Comment pouvait-elle croire qu’elle me ferait avaler la pilule. Je ne suis pas de ses faux amis qui se contentent de ses bonnes paroles pour se défaire de cette responsabilité. Je la connaissais merde. Et c’était suffisant pour ne pas croire ses mots “réconfortants”. J’étais cependant rassuré d’entendre qu’elle voyait quelqu’un pour tout ce qu’elle avait pu vivre. Parce que sur les derniers mois, elle a vécu deux enlèvements, une chute du troisième étage, un coup de poignard, un accident de voiture… ouais, il était grand temps qu’elle voit quelqu’un. « Je suis là… si jamais t’as besoin de t’écrouler, laisser couler. Le temps d’une soirée, d’une après-midi » lui disais-je la suivant à l’intérieur. Oui, c’était certainement inapproprié vis à vis de Louison mais je ne pouvais pas laisser Camila dans cet état. Elle était dans le besoin d’une bouée de sauvetage et je lui en proposais un. 

je ne sais pas quoi te dire de plus. j’ai pas envie de parler de mes problèmes. je préfère de loin agir comme si je n’en avais pas. et tant pis si ça ne te conviens pas, j’te demande juste de jouer à l’aveugle comme les autres. et j’vais pas changer de discours, j’vais pas te laisser entendre que ça ne va pas parce que je n’ai pas envie que tu me viennes en aide même si ça peut te sembler complètement sordide comme façon de faire. « j’en ai pas besoin » et je suis peut être un peu sèche dans ma manière de répondre mais c’est comme ça. faut que t’arrêtes de croire que parce que c’est toi, je vais laisser tomber mes défenses. t’as rien à faire ici de base, je t’ai dis que je ne voulais pas que tu viennes mais t’as pas lâché l’affaire. dans quel but dis moi ? parce que ta présence, elle ne fait rien d’autres que me torturer un peu plus. et j’ai pas envie de continuer à subir ça. t’as fais un choix, t’as fais le choix de rester avec elle alors qu’est-ce que tu attends de moi ? j’ai pas envie d’être ton amie. je ne peux pas l’être. parce que j’aurais toujours besoin d’avoir plus que ça et tu ne veux pas me le donner. alors dis moi à quoi ça rime tout ça. ta présence et tes jolies paroles. y a bien longtemps qu’on a arrêtés d’être amis toi et moi. « je vais bien et ce n’était rien. » et peut être que si je continuais à le répéter inlassablement, je finirais par y croire moi même. après tout, pourquoi est-ce que je n’arriverais pas à me convaincre ?

C’était quand même une preuve que je tenais à elle plus que tout, au point de mettre mon couple en danger pour elle mine de rien. J’étais ici, sans savoir ce que Louison faisait de son côté. Je l’avais laissée m’embrasser et maintenant, je cherchais à comprendre comment était son état d’esprit. Est-ce qu’elle allait réellement bien ou était-ce juste un masque qu’elle avait mis sur son visage pour rassurer tous ses proches ? J’optais malheureusement pour la seconde option. Camila était bonne pour se jouer des gens et faire croire des choses. Malheureusement, elle me mettait dans le même panier que les autres et ça faisait mal. Vraiment mal. « Si ça peut te faire plaisir de penser ça » Je la connais, je le sais. Elle n’est plus cette Camila pleine de vie qu’elle pouvait être un an auparavant, avant que tout ne se déchaîne sur nos vie. Elle était éteinte et je savais qu’un truc n’allait pas. De toute évidence, elle ne voulait pas se confier à moi, m’en parler et j’étais triste, mais je ne pouvais pas la forcer. Récupérant la peluche que j’avais laissé tomber à l’entrée, je venais la lui apporter. « Tiens… je me suis dit que ça pouvait te faire plaisir et t’aurais de quoi te réconforter quand tu te sens seule. Je sais que c’est pas moi mais.. en attendant » Parce que je ne suis pas dupe. Je savais que Louison allait rompre quand j’allais lui parler du baiser. Je le savais et il fallait que je me fasse à l’idée que ma relation était terminée à l’instant même où les lèvres de Camila se sont posées sur les miennes.

j’suis en train de partir en vrille, tu le vois pas ? tu vois pas que je repousse tout le monde juste parce que j’en peux plus. et j’voudrais tellement que pour une fois on me foute la paix. qu’on arrête de se soucier de moi ou d’essayer de m’aider. j’ai juste envie qu’on me laisse tomber, ça devrait pourtant pas être compliqué. et j’sais pas, j’ai du mal à contrôler mes émotions, j’ai cette agressivité qui ressort. tu sais, c’est tellement pire qu’avant. j’étais capable de me canaliser par le passé, maintenant, je ne contrôle plus rien. j’fais des crises de nerfs monumentale, j’tape dans les meubles, j’casse les trucs autour de moi. « en attendant quoi ? » je réponds sèchement parce que c’est bête ce que tu dis. qu’est-ce que tu veux que j’attendes ? ton possible retour ? arrête. arrête juste de me faire tourner en rond. tu ne veux plus de moi, barre toi. pourquoi tu t’embarrasses avec ça ? ta présence et tout le reste. j’en ai pas besoin. et peut être que je suis totalement bipolaire dans mes réactions. t’embrasser, te repousser, te détester. y a tout qui s’enchaîne en une fraction de seconde et je pars jusqu’à la porte que j’ouvre. sors. sors juste. j’ai besoin de personne. pas de toi, pas d’un autre. alors ouais, sors juste. « bonne journée. » et non, je ne suis pas ouverte à la conversation. j’viens juste de totalement me refermer et je préfère qu’on arrête là pour de bon. parce que ça devient juste « trop ».