Depuis qu'elle a décidé de mettre un peu de distance entre vous, il ne se passait pas un seul instant sans que tu ne penses à Suzy. Tu avais envie de la revoir, votre complicité te manquait sincèrement. Est-ce que tu l'aimes ? Peut-être pas encore à ce stade mais tu te sentais bien avec elle... Du coup, tu avais l'air d'être une larve à subir tout seul, néanmoins tu attendais qu'elle soit prête à te revoir. Rester amis pour le moment, c'était peut-être le mieux qui puisse vous arriver... Fin, tu espérais sincèrement que ça soit le cas mais tu avais du mal à te projeter dans le futur. Mais alors que tu tournes et vires chez toi pendant ce jour de repos, tu lui envoyas un message pour savoir si elle serait d'accord pour venir chez toi ce soir pour un petit plan « netflix & chill »... Fin la version littérale bien entendu, en l'occurrence : se poser devant Netflix et se détendre ! Ça sera juste un peu dur de la regarder sans avoir l'envie de la sauter sauvagement... Bref, je sors des trucs à manger et des boissons dont de la bière sans alcool pour la Miss. Tu espères sincèrement qu'elle vienne te voir, mais si elle ne vient pas, tu n'allais pas non plus en faire un drame.

J'ai cessé de voir Côme, sexuellement parlant, depuis le bal. À vrai dire, je ne l'ai même pas revu ni reparlé depuis. Ça fait quoi, environ une semaine ? Inutile de vous dire que j'y ai pensée à tous les jours, que je me suis retenue de lui envoyer des messages pour lui demander comment il va. Je ne suis pas prête à dire que j'ai des sentiments ou quoi que ce soit dans le genre pour lui... mais disons qu'une routine a eu le temps de se faire, une habitude et bien sûr, de l'amitié. J'étais surprise de voir son texto, où il m'a demandé de venir le rejoindre chez lui pour regarder la télé. Comme j'étais déjà entrain de regarder un épisode de The Walking Dead all by myself de toute façon, j'ai décidée de me joindre à lui. Il parait que rien faire à deux, c'est meilleur pour la santé. J'accepte donc via sms et me lève après avoir fermé la télé pour aller trouver des fringues à mettre. J'me suis pas cassée la tête hein, il ne doit rien se passer entre nous, alors je ne ferai pas l'effort de me faire belle. En fait, j'suis en pyjama - c'est confortable les pyjamas pour regarder la télévision, non ? J'attache ma tignasse blonde en chignon et j'suis prête. Du moins, aussi prête qu'une fille qui va se poser devant l'écran. Je me rends donc jusqu'à chez lui, j'ai emporté un pot de glace à la menthe et brisure de chocolat et je cogne à la porte.

C'est la première fois de ta vie que tu ressentais ce manque, cette envie de sexe... C'est horrible en vrai ! C'est comme si tu étais drogué à Suzy et que maintenant, tu ne pouvais plus te passer de son corps... Tu avais tellement passé du temps à la faire grimper aux rideaux que là c'est... Trop vide ! Tu n'arrivais même pas à bosser normalement, sans penser à la jeune femme. Elle te manquait terriblement mais tu avais fait en sorte de ne pas lui envoyer de messages, ni même essayer de l'appeler. Tu avais de la chance que vous n'étiez pas dans le même service à l'hôpital... Parce que, ça serait trop difficile de ne pas lui sauter dessus et tout. Mais finalement, alors que tu étais de repos aujourd'hui, tu avais cogité toute la journée avant de lui proposer de venir chez toi pour mater la télé. Tu avais récupéré des amuses-gueules et des boissons avant de préparer Netflix. Tu passas vite fait à la douche pour enfiler le maillot de l'équipe de France et un short assorti... Tu avais encore la serviette sur tes cheveux fraîchement coupés lorsque tu entends des coups frappés. Je me dirige pour l'ouvrir. « Salut ! Entres et fais comme chez toi. Je reviens dans quelques instants. » souris-tu légèrement avant de t'effacer pour l'inviter à entrer. Puis une fois qu'elle se soit installée sur le canapé, je range vite ma serviette et je reviens auprès d'elle. « Bière sans alcool ? Thé ? Café ? Chocolat chaud ? »

Le sexe me manque, c'est clair. Le sexe a commencé à me manquer quelques heures après notre dernière fois, mais ça a toujours été comme ça. Cela dit, je n'ai pas envie de devenir ce genre de meuf, pas envie de donner de faux espoirs, pas envie de nous empêcher d'avancer l'un sans l'autre. Je ne ressens pas d'étincelle, je devrais si je commençais à m'attacher, non ? J'ai l'impression de forcer les choses et ça deviens malsain. Mais je n'ai aucune excuse pour ne pas le voir en tant que simple amis, après tout, c'est c'qu'on est. Il m'invite à l'intérieure et je lui souris faiblement. Bonsoir, okay J'entre et comme on m'a demandé, je fais comme chez moi. Je retire donc mes chaussures pour être plus à l'aise et traverse l'appartement pour m'écraser sur son canapé. Thé, s'il-te-plait. Je ramène mes jambes à moi et serre mes genoux entre mes bras. Tu vas bien ? Lui demandai-je, sans arrière pensées.

Restons zen ! Voilà ce que tu te disais alors que tu te précipitais pour ouvrir ta porte. Tu la vois enfin, elle t'avait gravement manqué mais tu ne peux pas te jeter sur elle pour lui rouler une pelle d'enfer comme d'habitude... Non, en ce moment, vous n'êtes que de simples amis ! Est-ce qu'elle voit un autre ? Cette question m'obsède mais je n'ose pas la poser... Je ne veux pas la perdre et j'ai encore l'infime espoir que nous serons un jour un vrai couple. Il ne faut peut-être pas que j'espère trop mais il est trop tard, je tiens beaucoup trop à elle... Fin bref, je l'invite à entrer et à faire comme chez elle pendant que je range ma serviette et tout. Finalement je reviens auprès d'elle pour lui proposer à boire ; elle opte pour un thé alors je lui sors le thé que j'ai préparé moi-même... Avec les feuilles et tout hein ! « Tiens » lui dis-tu en tendant sa tasse tandis qu'elle demande comment tu vas. Dois-tu être honnête et dire que ça irait mieux si tu pouvais passer tes journées en sa compagnie comme d'habitude ? Finalement, tu optes pour la franchise. « Je vais bien. La routine en fait. Le boulot, Youtube... Et toi? » tu te sers un bon vieux diabolo menthe avant de t'installer complètement dans le canapé. Utilisant la commande vocale de ton téléviseur, tu fais afficher ta page Netflix. « On se mate quoi ? J'opterai pour un truc drôle, complètement débile ou de l'horreur mais il y en a pas beaucoup sur Netflix. » tu disais tout cela sans arrière pensées, mais tu ne la quittes pas du regard.

Côme reviens vers moi, la tasse de thé entre ses mains. Merci. Je lui prends ma tasse des mains et lui fait un sourire, avant de prendre une petite gorgée pour y goûter. Côme retourne à la cuisine pour se servir lui-même, en me racontant sa routine. J'hausse les épaules lorsqu'il me retourne la question. La routine aussi. Ça va. Ma vie n'est pas très excitante dernièrement, j'avoue. Je me lève, je vais au boulot, je reviens à la maison pour dormir. Sauf que ma maison maintenant, c'est un RV et il n'y a pas grand chose à faire dedans. Je lis beaucoup. Il revient alors vers moi pour s'asseoir à mes côtés et ouvre la télé et Netflix. Hum... je sais pas, tu peux mettre n'importe quoi ! Ça fait longtemps que j'ai pas regardé la télé, j'ai l'impression... parce que dans le RV, l'électricité il n'y en a pas ! J'avale ma salive et tourne les yeux vers lui, en sentant son regard sur moi. Quoi ?

Tout allait bien se passer ! Il n'y avait pas de raison à ce que ça se passe mal non ? Passer du temps avec Suzy, amicalement parlant, tu l'avais déjà fait donc pourquoi ça serait difficile aujourd'hui ? Fin bref, tu lui sers son thé tandis que tu récupères ta boisson aussi, avant de revenir auprès d'elle afin de pouvoir répondre à sa question... Tu vivais une routine trop chiante actuellement, il te manquait quelque chose et tu te doutais qu'il s'agissait de la jeune femme auprès de toi ce soir. Tu avais envie de refaire des prouesses au lit mais tu devais te contenter d'une bonne amitié tout simplement. Lorsque tu lui retournes la question, elle te répond que c'était la routine pour elle aussi. Du coup, ben tu allumes Netflix avant de lui proposer de regarder un film drôle ou un film d'horreur. « D'accord ! Je vais nous trouver ça ! » répondis-tu en souriant légèrement avant de demander : « Pourquoi tu ne regardes plus la télé ? ». Cela t'intriguait un peu à vrai dire, c'était pour cela que tu l'avais un peu trop fixée. « Euh pardon... En fait, je viens d'avoir une idée de gamin. En gros, pourquoi on ne se ferait pas un petit jeu de canulars téléphoniques. À cette heure-ci, les gens ne dorment pas tous encore. » tu te mets à rire légèrement, de ton idée débile à souhait mais ça vous ferait passer le temps.

Maintenant, regarder une série ou un film était un luxe ! Jouer à des jeux vidéos aussi, quand on y pense... ou tout, en fait. Je fais les courses presque tous les jours, puisque je n'ai pas de réfrigérateur pour me faire des réserves. On ne peut pas dire que j'apprécie cette nouvelle vie, mais je la subis en guise de solidarité avec Louison, qui doit rembourser ses dettes... Côme m'interroge, me demande pourquoi je ne regarde pas beaucoup la télé et comme je n'ai pas la foi de m'expliquer ce soir, je lui réponds un mensonge : Parce que je n'ai pas le temps... entre le boulot et les études... Je fais un faible sourire avant de me sentir observé et de me tourner le visage pour remarquer qu'il me regardait. Je lui demande ce qu'il y a et il s'excuse, avant de me suggérer une idée d'activité. J'arque un sourcil en souriant puis rigole un peu. Eum, okay... si tu veux. Pourquoi pas ? Je n'ai jamais fait ça, je ne sais même pas comment on fait ! Mais bon, il y a une première fois à tout. Je sors mon téléphone, prête à jouer le jeu mais m'arrête avant de lui donner. Lorsque j'étais gosse, avec mes cousins on s'amusait beaucoup à construire un fort avec des oreillers et des couvertures... Je passe ma langue entre mes lèvres. Ma grand-mère nous apportait des biscuits, mais on ne la laissait pas rentrer sans le mot de passe. Et on ne donnait pas le mot de passe aux adultes... alors elle nous laissait l'assiette parterre devant l'entrée. Je rigole en baissant les yeux vers mon téléphone, puis dépose mes mains sur mes cuisses. Nos forts n'étaient pas très solides, ni très beaux à vrai dire... les épingles finissaient toujours par exploser et les draps tombaient sur nos têtes. Parfois, très rarement, lorsqu'on réussissait à les faire tenir... on faisaient des petits lits dedans et on se racontait des histoires d'aventures dedans, jusqu'à ce qu'on s'endorme. Je relève les yeux vers Côme, un petit sourire aux lèvres. Tout était plus simple avant, lorsqu'on était rien que des enfants, n'est-ce pas ?

Lorsque Suzy t'avoue qu'elle ne regardait plus trop la télévision, tu lui demandes presque aussitôt les raisons mais en y réfléchissant, tu n'es pas trop du genre à la regarder non plus. D'habitude, tu mets simplement les informations en fond sonore au cas où il y aurait des faits divers importants. À vrai dire, la dernière fois que tu avais réellement regardé la télé, c'était le jeudi où Didier Deschamps, le sélectionneur de l'équipe de France de football avait donné la liste des 23 joueurs pour la Coupe du monde 2018 qui aurait lieu en Russie à partir de la mi-juin. Tu passe plus ton temps à jouer sur ton ordinateur, mais aussi et surtout sur tes consoles de jeux dans ta salle gaming. Fin bref, la jeune femme m'explique qu'elle n'a pas trop le temps et tu te contentes de sa réponse, même si tu as l'impression qu'elle cache quelque chose. « Je comprends ! Tu vas pouvoir en profiter ce soir! » souris-tu légèrement avant de te mettre à la scruter, un peu trop intensément vu qu'elle te demandait ce qu'il se passait. Tu t'en excusais presque aussitôt avant de lui proposer une idée de jeu bien enfantin mais qui allait être très drôle si tout se passait bien. Suzy s'était mise à rire avant d'accepter ton idée. « Cool ! Je pense qu'on va bien rire ! » dis-tu en souriant légèrement avant de l'écouter. Elle se met à parler de son enfant. À l'entendre, il semblerait qu'elle ait une enfance parfaite. Elle s'amusait avec ses cousins et tout ! Une famille unie et tout quoi ! Tu ris de bon cœur lorsqu'elle disait que sa grand-mère devait laisser la nourriture parterre vu qu'elle n'avait pas de mots de passe. « C'était quoi comme genre de mots de passe ? » demandas-tu intéressant par son petit récit. « Vous deviez souvent vous marrer quand les forts tombent sur vous. Mais ça doit être impressionnant et génial d'avoir une famille aussi nombreuse que la tienne non ? » tu te considérais comme fils unique, malgré le fait que tu sois un enfant illégitime des Rothschild donc tu ne connaissais pas la joie de passer du temps avec mes cousins et cousines comme Suzy. En plus, les Underwood viennent d'être élus « Meilleur famille de l'Année ». Sa petite question finale me fait légèrement réfléchir avant de répondre : « Oui, c'est la meilleure période de la vie je pense. Là où le jeu et l'insouciance prédominent et les responsabilités n'existent pas. On a souvent l'impression que tout est possible et réalisable. » tu affiches un sourire malgré toi, alors que ton enfance n'était pas du tout bonne à vrai dire.

C'est vrai que ce soir, je vais pouvoir en profiter. C'est un peu difficile de se sentir à l'aise avec Côme en ce moment, depuis que je lui ai mis des bâtons dans les roues à vrai dire. J'ai pas l'impression d'être là où je devrais être, comme si c'était mal de rester simplement son amie. Mais en même temps, je ne suis pas prête à être quoi que ce soit d'autre, ni même rien qu'une connaissance. J'accepte l'activité que Côme propose, sans savoir trop comment m'y prendre malgré tout. Je n'ai jamais fait ça, ça n'a jamais été mon genre de jeu. Je me met à réfléchir sur ma vie et peut-être même un peu trop, puisque je me libère d'un poids en lui en parlant. Je lui raconte mes souvenirs d'enfance et il me questionne sur le mot de passe pour entrer dans le fort de couvertures. Pingouin bleu. Je rigole doucement. Bah... ouais, enfin pas toujours. Souvent, c'est l'un de mes cousins qui foutaient tout parterre et on était pas content ! Et ouais, c't'ai génial... Aujourd'hui, on est tous au même endroit et pourtant, on réussi à ne pas se voir aussi souvent qu'autrefois. Je poursuis mes états d'âmes et termine avec une question qui n'en était pas vraiment une... après tout, je connais déjà la réponse. Côme me répond, le sourire aux lèvres. Je reste là, aussi immobile qu'une plante et mon visage se décompose. J'ai été adoptée... et j'ai eue une enfance magnifique. Je passe ma langue entre mes dents et baisse les yeux, toujours pensive. Mon bébé, lui, a une mère et pas de père... ni de frère, ni de sœur. Ce sera rien que moi et lui, quoi. Je déglutis et secoue la tête légèrement. Tu veux construire un fort ?