Je n’sais pas très bien comment expliquer ça, mais tu m’intrigues. Toi le mec qui m’éludes complètement, qui semble m’éviter dès qu’il croise mon regard, mais qui se retrouve invariablement sur ma route depuis mon arrivée en ville. Ce soir n’est pas différent des autres rencontres et si je doutais avant, il m’est désormais clair que tu es étudiant à cette prestigieuse université qu’est Harvard. Parce que si je ne suis là que pour accompagner Maddox, toi en revanche, tu sembles célébrer bien plus. La fin des cours donc j’imagine. Alors je profite de l’absence de ma cavalière et du fait que tu sembles être seul pour t’approcher. D’un pas déterminé, je traverse la foule et t’intercepte avant que tu ne t’éclipses à nouveau. « Hey! Attend.. »

@MILOW SCHÄFER

Dans mon élan et bien déterminé à t’empêcher de t’éclipser une fois de plus, je t’attrape par le bras et te force à te retourner vers moi. Lorsque tes prunelles se posent sur moi, j’y vois un paquet d’émotion et aucune d’entre elle ne semble agréable. Je serre instinctivement la mâchoire et te dévisages à mon tour lorsque tu m’adresses la parole pour la première fois, malgré tout, d’un commentaire murmuré qui semble adressé à l’univers plutôt qu’à ma personne. « C’est un cauchemar! » Tu te dégages violemment de ma prise comme si je serais trop fort ou comme si je te brûlais de ma paume. Qu’est-ce qui se passe bordel? « C’est pas le moment !» Et tu te détournes déjà, prêt à partir, mais je n’ai pas dit mon dernier mot alors je te rattrape à nouveau et te fait barrage de mon corps. « J’peux savoir pourquoi tu passes ton temps à me dévisager chaque fois qu’on se croise? » J’hausse un sourcil inquisiteur, autant aller droit au but puisque rien d’autre ne risque de fonctionner vu ta hâte à foutre le camp d’ici.

Je ne comprends pas, ni cette situation, ni toutes celles que nous avons vécu auparavant. Bien que brève, chacune de nos rencontres se terminent invariablement de la même manière; tu me dévisages, semble complètement déboussolé et fou le camp avant que je n’ai même le temps de t’approcher. Aujourd’hui? J’en ai marre et je compte bien changer tout ça alors ouais, je t’arrête lorsque tu t’apprêtes à partir, me met carrément en travers de ton chemin pour enfin connaitre le fond de cette histoire. « Passer mon temps ! Tu n’exagères pas un peu là ? Enfin ça ne doit pas te déranger tant que ça pour venir en redemander alors que j’essaie de me casser… » Je serre la mâchoire et te dévisage sans trop savoir quoi dire. « Si tu permets, j’aimerais bien nettoyer cette tâche de champ avant que mon costume soit fichu… » Je relève le menton. « Parfait alors, je viens avec toi. » J’suis ridicule. Toute cette situation est complètement ridicule. Pourtant, ça ne m’empêche pas de t’entrainer par le coude jusque dans la salle de bain juste à côté, jetant un regard si sombre aux deux seuls mecs présent qu’ils déguerpissent en un rien de temps. « Tient, fait toi plaisir. » Je te lâche en te poussant un peu vers l’évier avant de croiser les bras sur ma poitrine, mon dos tourné à la porte et mon corps bien planté entre cette dernière et le tient. Tu peux plus aller nulle part maintenant. « Pourquoi tu me fuis alors, mh? »

Tu veux nettoyer cette foutu tache sur ton veston? Parfait alors, mais il est hors de question que je t’abandonne ici sans savoir de quoi il en retourne exactement. J’me suis suffisamment fait dévisager comme ça depuis les quelques semaines où j’ai été à Boston, no more. On me la fait pas à moi alors c’est sans grande douceur que je te traine jusqu’à la salle de bain en te tenant par le coude, te poussant devant moi et faisant fuir les quelques mecs dans la place. « Quitte à m’imposer ta présence, tu pourrais au moins m’aider à frotter ?» Je fronce les sourcils en croisant les bras sur mon torse. « Tu veux que je te touche maintenant? » Il y a pas deux minutes tu voulais que je te laisse tranquille et là j’suis supposé jouer les mecs sympas et t’aider à frotter? Non merci. Alors je te regarde plutôt faire, stoïque, demandant pourquoi tu me fuis ce qui semble te… en fait je ne sais même pas dans quel état cette question te met puisque tu joues les innocents. « A ton avis ? Pourquoi les gens fuis habituellement ?» Je relève le menton en serrant la mâchoire. T’évite mon regard et continus de te déshabiller. « Me prends pas pour un con s’teplait, si j’avais du temps à perdre, j’te l’aurais fait savoir. J’en ai marre que t’agisses comme ça avec moi alors crache le morceau. » En parlant, je traverse la distance qui nous sépare et lorsque je termine ma pseudo menace, je suis à quelques centimètre à peine –suffisamment proche pour voir la profondeur de ton regard presque noir. D’un coup d’œil, je détaille ton torse maigrichon et pale avant de reporter mon attention sur ton visage.

Je ne comprends toujours pas dans quel putain de bordel je me suis foutu avec toi. C’est vrai quoi, qu’est-ce qui se passe là exactement? Pourquoi tu ne peux pas simplement répondre à ma question et me dire pourquoi tu passes ton temps à m’éviter après m’avoir fixé intensément? C’est ma gueule qui te revient pas? Alors j’insiste, parce que j’suis pas du genre à lâcher facilement le morceau et tu t’énerves de plus belle. « Tu te fou de ma gueule là ? Parce que jusqu’à preuve du contraire, c’est pas moi qui te retiens prisonnier dans ses putain de chiottes de merde ! Je suis désolé, je sais que mon comportement est pourrie, inconvenable et tout ce que tu voudras, mais crois-moi, t’as pas envie d’entendre pourquoi ! Alors laisse tomber, reprend ton temps, et laisse-moi me casser dès que je te vois !» Sur ce, tu me pousses aussi fort que tes maigres bras te le permettent, me surprenant assez pour que je fasse quelques pas vers l’arrière, déséquilibré. Tu profites de ma surprise pour disparaitre dans une cabine et verrouiller derrière toi. Je cligne des yeux, regardant autour comme si une explication logique à tout ça risquait de tomber du ciel, mais rien. Penchant la tête, j’arrive à voir que tu t’aies assit sur le sol dans la cabine et je me sens automatiquement mal. Un putain d’enfoiré, voilà ce que je suis et apparemment, c’est pas prêt de changer. J’avance lentement et donne deux ou trois coups sur la porte. « Hey… sors de là steplait. » Je passe une main sur ma nuque, mal à l’aise. « J’voulais pas t’faire peur, ok? J’essaie juste de comprendre. T’as pas à te filtrer avec moi, j’veux juste la vérité… » Je fixe la porte close en espérant la voir s’ouvrir sans réellement comprendre pourquoi j’ressens le besoin de rester là alors que je pourrais simplement foutre le camp.