Tu me parlais d'un Springbreak, certainement organisé par l'université Harvard où tu étais, que tu avais rencontré cette charmante Harper là-bas, puis d'un coup de foudre. Je me retenais de ricaner en levant les yeux au ciel Tu sais c'qu'on dit sur les coups de foudre? je te le demandais mais je pensais que tu le savais, les coups de foudres ne durent pas, en général. Comme les histoires d'amour, ça finit mal. Mais bon, j'étais pas la mieux placé pour parler d'amour de toute façon. J'haussais les épaules légèrement en courant C'est pas dans mes plans, pour le moment.. mais oui, ça se prévoyait pas ces choses là. Pour le moment j'étais jamais vraiment tomber amoureuse de quelqu'un au point de tout lâcher pour cette personne.

Je n'avais pas regardé où je mettais les pieds et je m'étais bien faite mal au dos, c'était douloureux. Tu me tendais une gourde et sans me faire prier, je l'attrapais pour en boire une gorgée et venir avec toi jusqu'à ce banc. Là.. je te montrais l'endroit où je m'étais blessée il y a quelques années, en moto.. Te regardant dans les yeux, je tentais de fuir cette pitié qu'il pouvait y avoir dans tes yeux. Cet accident avait gâché ma carrière, ma vie.

Le Nadina? C'est quoi exactement? T'en fais pas, on y va.. je me relevais en te rendant ta gourde, hors de question de m'arrêter trop longtemps, je respirais fortement, m'étirant légèrement. Allez.. même si j'allais crever de douleur, j'voulais pas parler de ça, ni même te montrer que j'en souffrais, et pas que physiquement.

Je reprenais donc la course, trottinant plus doucement qu'auparavant.

On dit toujours que c'est différent, que c'est la personne qu'il nous faut mais tout ça, ce n'est que des foutaises. Je pensais ça parce que je ne le vivais pas, certainement. Pour moi, c'était stupide de s'attacher autant à quelqu'un, la seule fois où je m'étais attaché à un homme, il ne prenait pas soin de moi, et il m'avait laissé comme un déchet après l'accident, alors qu'il était coupable.. il m'avait brisé moi, et il avait brisé ma carrière et mes rêves. Comment dire que j'avais des mauvais souvenirs des sentiments amoureux.. c'était pour cette raison que j'enchaînais les conquêtes et que je m'amusais tout simplement. J'aimais plaire, c'était vital. J'espère pour toi alors.. sincèrement, j'voulais que tu sois heureux, mais une petite part de moi était frustrée. On avait jamais passé un certain cap tous les deux, et j'étais persuadée qu'il existait une attirance entre nos deux personnes, c'était indéniable.

Je m'étais fais mal au dos mais hors de question de s'arrêter trop longtemps, je reprenais à tes côtés doucement, te demandant ce que c'était que le Nadina. Oui, ton fameux bateau! tu m'en avais souvent parlé, et pour la première fois, j'allais le voir de mes propres yeux. Je t'offrais un doux sourire, te regardant une seconde tout en trottinant. Tu en étais fier et tu étais un vrai passionné.

Rapidement, nous arrivons devant le voilier et on s’arrêtait de courir, j'étais bien fatiguée. C'était sûrement du à mon dos et à la douleur que je retenais en moi. Wouah.. ce voilier était d'une beauté, j'adorais.. Je te regardais, les yeux pétillants, avec un immense sourire Tu m'fais monter? genre moi je veux voir l'intérieur, puis j'espérais qu'un jour on parte en balade avec ce Nadina. Ou cette Nadina. Dans tous les cas, c'était top. Tu devais te sentir libre quand tu naviguais. Cette sensation me manquait, j'adorais la plage, l'océan, l'eau. D'ailleurs.. on ira surfer? j'connais pas les coins ici. dans un très fin sourire, tu pouvais lire dans mon regard une certaine complicité, te retrouver et apprendre à réellement te connaître, ça me faisait plaisir à l'heure actuelle.

Cette petite matinée et ce footing me faisait du bien, d'une part ça me vidait la tête et j'faisais mon sport journalier puis cela nous permettait également d'avoir ce petit moment à tous les deux, en dehors de l'appartement. On avait passé pas mal de temps ensemble depuis notre enfance mais au final, on avait jamais appris à réellement se connaître, si ce n'est que par les apparences. Et t'avais espoir que ça fonctionne avec cette fameuse Harper, alors tant mieux pour toi.

Pour penser à autre chose qu'à mon mal de dos, je ne pensais qu'au fait de découvrir ton bateau, ton voilier. Ce fameux voilier, tu m'en avais déjà parlé des heures. En même temps, il était tout bonnement magnifique et en parfait état. On avait ce point en commun tous les deux, la passion de la grand bleue. La mer et tout ce qui la concerne. C'est toi qui a tout refait, tout seul? tu avais peut-être payé quelqu'un pour le faire, mais j'en doutais. Quand tu aimais quelque chose, tu mettais la main à la patte, bien que tu aies de l'argent pour te payer des serviteurs et autres "esclaves".
Dans mon regard, tu pouvais voir que j'adorais ce que je voyais, et je te demandais même si on pouvait monter à l'intérieur. Tu me tendais ta main après avoir grimpé sur ce Nadina, et j'attrapais ta main rapidement sans me faire prier, pour te rejoindre. En basket, c'était hyper pratique.

Par la même occasion, je te parlais également de surf et des coins qu'il existe dans la région. Froide? Oh non.. c'est dommage. En même temps, tu es frileux Ortega! te taquinant, je te suivait sur ton voilier, tu me faisais visiter et je gardais les yeux grands ouverts, comme une enfant, touchant tout ce que je pouvais toucher, du bout de mes doigts. Tu t'avançais vers l'intérieur Y a quoi en dessous? Tu peux manger, dormir..? c'était trop parfait si c'était le cas!

Tu avais ici un bel engin, et j'avais hâte de partir en vadrouille si un jour tu me le proposais biensûr!

Le fait que tu me montres ton bateau me touchait énormément. Pour beaucoup, ce n'était qu'un simple voilier, le truc qui sert à balader. Mais je te connaissais, et ce Nadina, c'était aussi cher que ta propre famille, tu y tenais comme à la prunelle de tes yeux donc j'en concluais que tu devais tenir à moi quand même pour me faire monter dans ce bateau. Avec la vie que j'avais mené à partir à droite et à gauche et à voyager, je n'étais pas habitué à l'attachement, l'amitié et encore moins l'amour, mais cette nouvelle vie à Boston allait être un nouveau départ. J'espérais que tout se passe bien, que j'arrive enfin à avoir ne serais-ce qu'un soupçon de vie stable.

Tu me dictais ce que tu avais fais toi-même sur ce bateau, et tu en étais tellement fier que j'en souriais de toute mes dents Si un jour on se prend la tête à l'appartement, tu pourras toujours venir te ressourcer ici.. et dormir! te taquinant, je mordillais mes lèvres, maintenant dans la cabine je regardais partout, et des touches espagnoles étaient présentes. Notamment un drapeau. Viva Espana! mon pays me manquait. Ma famille me manquait et quelque part au fond de moi, j'avais de l'espoir qu'un de mes frères viennent à Boston ou étudier à Harvard, je leur en avais parlé mais bon.. C'est top ici. Tu ramènes des filles ici aussi? ça fait super romantique.. un tour en bateau, c'était vraiment top.

Mes yeux se posaient maintenant sur des cartes géographiques, et ça me rappelait les voyages. Je la fixais, en te demandais, d'un ton bien plus sérieux qu'avant. Tu penses qu'un jour, faudrait que j'arrête d'être volage? dans tous les sens du terme. Je garderais toujours un brin de folie parce que c'était moi, ma personnalité, mais j'savais pas ce que c'était que de rester dans un endroit plus d'une année..

Je comprenais beaucoup mieux pourquoi tu étais autant attaché à ce bateau, on se sentait complètement dans un autre monde, dans notre bulle. En pleine mer ça devait être vraiment sympathique. Pour te faire sourire, je te disais que tu pourrais dormir ici si jamais on s'embrouillait à l'appartement.

J'avais laissé ma curiosité se perdre ici, sur tes cartes, un drapeau, des bibelots qui rappelaient l'Espagne, notre pays. Et je t'avais demandé si mon côté volage n'était pas de trop.. tu te voulais compréhensif, mais au fond, je ne savais pas trop ce que tu pensais. Tu étais de nature très franc donc bon. Puis fallait que je suive mes envies et pour le moment je voulais m'amuser, vivre. Pour le moment ça me va! et tu me demandais des nouvelles de ma jambe. Oui oui, c'était plutôt le dos.. là où j'avais le plus subit à cause de l'accident, mais soit.

On sortait de la cabine et du bateau, donnant un dernier coup d’œil à cette merveille. Merci de m'avoir emmené ici.. mais j'ai faim.. on rentre? [...] on avait repris la course, avec un meilleur rythme, ma douleur s'atténuait, je n'avais pas le choix et j'avais besoin de lâcher toute mon énergie pour me sentir bien aujourd'hui. Cette après midi j'allais faire un shooting photo, ma vie commençait à bien se remplir ici, j'avais vraiment hâte.