Je ne lui ai pas clairement demandé d'arrêter, car je ne pense pas que ce soit ce que je veux. À vrai dire, pour le moment du moins, ça m'amuse beaucoup. Peut-être que je ne devrais pas me laisser séduire par un patient, qui a une tumeur plutôt agressive au cerveau. Bref, je lui demande s'il est médecin, mais ce n'est pas une vraie question puisque je le sais déjà. Je lui demande surtout pour raviver le sujet et qu'il m'en parle un peu plus. Maxence m'annonce alors qu'il est cardiologue et je lui souris. Tu répares des cœurs brisés, alors. Je penche la tête et arque un sourcil, toujours le petit sourire aux coins des lèvres. Le serveur nous apporte finalement nos boissons, ainsi que notre dessert. À sa question, je saisis ma fourchette et je pique à travers le gâteau. J'suis étudiante à Harvard, je vis pour l'instant à la Lowell House. Lui avouai-je, en prenant une bouchée. En ressortant la fourchette de ma bouche, je m'assure qu'il ne reste pas une seule miette de sucre dessus. Bref, je déguste. Je suis multi-instrumentiste... je joue d'une bonne dizaine d'instruments et je chante. Je compose des chansons de A à Z... bref, la musique c'est un peu ma vie en dehors de la salle d'opération. Je passe ma langue entre mes lèvres rapidement. Et toi ?
Le fait de la draguer aussi ouvertement, m'amuse bien. Je me laisse enfin aller avec une femme. Ce qui ne m'était plus arrivé depuis des années. Depuis ma disparition soudaine il y a deux ans. À l'époque, je jouais au con avec les femmes. J'en avais plein à mon bras et quand j'ai disparu de la circulation j'ai tout perdue. Même mon charme. À croire que ma première opération pour me retirer la première tumeur m'avait aussi enlevé mon petit truc en plus. Bref, je lui avoue que je suis cardiologue. J'aime pouvoir réparer des coeurs avec de multiples options. « On peut dire ça ... » Puisque si je pouvais réparer le mien déjà, ça serait énorme. Mais, ce n'est pas le cas. Je souffre d'être célibataire et vieux. Puisque je m'approche vite de la trentaine mine de rien. « Pourquoi à la Lowell ? Tu ne voudrais pas avoir ton propre appartement ? » répondais-je en attrapant la deuxième fourchette sur la table pour venir piquer un morceau du gâteau de la demoiselle. « Aurais-je l'honneur de t'entendre chanter un de ces jours ? » Je n'hésite pas à me jeter dans la gueule du loup. On ne sait jamais au final. « Moi je passe mes soirées à boire ma bouteille de whisky dans mon canapé devant les bouquins de médecine ... voilà ce que je fais quand je ne suis pas à l'université ni même à l'hôpital pour travailler. »
Alors Maxence est cardiochirurgien, voilà qui est intéressant ! Je lui souris, satisfaite d'entendre sa réponse à ma petite blague qui au fond, n'en est pas vraiment une. C'est le boulot d'un cardio' de réparer des cœurs, si ? Il me demande ensuite pourquoi je vis à la Lowell, alors que je pourrais avoir mon propre appartement. J'hoche la tête. Ouais, mais j'suis encore dans la période de bizutage. Lui avouai-je. Il prend une fourchette et pique lui aussi, dans le dessert. Alors finalement on partage, c'est officiel ! Peut-être. Je sais pas ! Je prend une autre bouchée du gâteau et le fixe intensément, le sourire aux lèvres pendant que je mâche. Lorsque je lui retourne la question, Maxence m'apprend qu'il passe le plus clair de son temps à étudier la médecine et j'inspire profondément. C'est l'une des choses les plus sexy qu'on aurait pu me dire, franchement. Je me demande s'il le sait, s'il est un bon player au point de deviner ce genre de truc et l'utiliser à son avantage. Après tout, je suis folle dingue de mon travail, je suis amoureuse de la chirurgie... et peut-être que je lui ai involontairement montré en refusant de sortir avec lui, à cause de l'éthique. Vraiment ? Je prends une autre bouchée et une gorgée de café. Tu dois bien avoir d'autres passe-temps que la médecine quand même.
Je me sens bien en sa compagnie, je me sens vivant. Je me sens en pleine forme. Je n'ai pas l'impression d'être un homme en danger en cause d'une putain de tumeur. Elle me fait rire, elle me fait sourire. Elle se laisse désirer alors, que ça m'attire encore plus que d'habitude. Pourquoi ? Je n'arrive pas à comprendre la raison ... « Je comprends mieux pourquoi tu vis encore là-bas. » dis-je après lui avoir demandé pourquoi elle vivait dans sa confrérie. Je lui demande par la suite si j'aurai le privilège de l'entendre chanter un de ces jours. Elle me répond qu'elle ne savait pas encore. Très bien, je serai patienté ma douce. Tu peux me faire confiance. Je viens à prendre un morceau de son gâteau tout en la regardant dans les yeux quand je lui avoue que je ne faisais que réviser la médecine quand je suis dans mon appartement. En même temps, ce n'est pas totalement un mensonge. « Absolument. » réplique-je en prenant une gorgée de mon espresso. Non je soigne clandestinement une jeune femme pratiquement tous les soirs dans mon appartement et, il m'arrive de prendre de la drogue aussi. Sinon, c'est la médecine avant tout. » Je ne te mens pas Andréa. Crois-moi, ce n'est pas de mensonges.
Si je vis chez les Lowell, c'est uniquement parce que je suis encore dans la période de bizutage... autrement, ça fait longtemps que j'aurais pris un "chez moi". Je ne suis presque jamais là de toute manière, étant donné que je passe en moyenne 80 heures par semaines à l'hôpital. Lorsque Maxence m'avoue passer le plus clair de son temps dans les livres de médecine, je lui demande de me reconfirmer et il le fait. Je le dévisage un peu avant de rire, piquant ma fourchette encore une fois dans le gâteau pour prendre une bouchée. Il m'énumère maintenant d'autre passe-temps, mentionnant prendre de la drogue et je souris. De la drogue ? Et t'es médecin ? Lui demandai-je, le regard remplis de jugement. Évidemment, je me fous un peu de sa gueule... je fume moi-même occasionnellement du cannabis avec mon meilleur ami. Bref, jusqu'à maintenant, rien ne me déplait chez lui... je suppose que le "vice" caché, c'est c'qui n'est pas réellement caché : sa tumeur. J'entends le bruit de mon biper déclencher et je baisse les yeux pour le regarder. On dirait que tu vas devoir finir ce gâteau tout seul, M. Atwoodth, j'ai un 911, je dois y aller ! Je me lève, un petit sourire désolé aux lèvres. Puis, je lui prends la main et sort un stylo de ma poche pour lui écrire mon numéro au fond de sa paume.
Je ne juge aucunement le fait que la jeune femme puisse vivre dans une confrérie. Je l'ai fait il y a quelques années quand j'ai intégré la mather. Donc, je comprends tout à fait. Je ne pourrais pas recommencer cette situation désormais. J'aime trop ma liberté dans mon appartement pour devoir rendre des comptes à mes colocs de chambre ou des conneries dans le genre. Bref, je prends une nouvelle bouchée du gâteau d'Andrea et je lui avoue qu'il m'arrive de me droguer. Ce n'est pas une affaire d'état non plus. Je sais très bien faire la part des choses quand je dois travailler et quand j'ai une journée off. « Je peux combiner les deux. Je fume uniquement quand je suis en off Andrea. » Je préfère lui préciser la chose, je n'ai pas envie qu'elle puisse s'imaginer des scénarios improbables. Je viens à approcher ma tasse d'espresso de mes lèvres quand j'entends le biper de la jeune femme sonnait. Cela signifie qu'elle va devoir partir et donc me déchirer le cœur. Non j'plaisante évidemment. Je reprends un morceau du gâteau tout en la regardant se lever de la chaise. « Je finirais ce gâteau sans toi, je vais noyer mon chagrin dans le sucre tant pis. » dis-je en éclatant de rire. J'en sur-joue mais, la situation venait de se présenter à-moi aussi. Je la laisse m'écrire son numéro de téléphone sur ma paume. Je la regarde ensuite s'enfoncer dans la rue qui mène jusqu'à l'hôpital. Une fois qu'elle fut sortie de l'établissement, j'attrape mon téléphone et enregistre son numéro pour être sûr de ne pas le perdre ou qu'il s'efface sur ma paume de main. Je termine mon espresso et le gâteau, je paie ensuite l'addition avant de sortir d'ici et de terminer la journée tout seul avec mes occupations multiples.