Un vrai photographe traine toujours sa caméra avec lui. Même si tu n’avais pas encore commencé à chercher un emploi là-dedans ou à te faire connaitre, tu ne pouvais t’en départir. On ne sait jamais sur quoi on peut tomber et même si ce n’est pas pour un contrat, tu aimes avoir un portfolio bien rempli. Tu es pas mal choyé sur le campus d’Harvard, il y a bien des éléments qui méritent de s’y attarder et d’attendre la bonne l’humeur, de choisir le bon angle pour les immortaliser. Tu as préféré te concentrer sur tes cours et la vie ici avant de travailler. Tu vis sur tes bourses et tu te dis que pour un mois, tu devrais bien survivre. En tout cas, tu avais déjà été en bien pire position. Tu te promenais donc sur le campus, attendant ton prochain cours qui était dans quelques heures. Tu avais donc bien du temps devant toi et tu faisais quelque test photos. Rien de bien officiel, tu t’amusais à capturer ce qui t’entourait, jusqu’à ce qu’une tête des plus blondes passe dans ton objectif et se tourne sur le côté. Tu avais alors accès à son profil et pouvais détailler ses traits. Magnifique. Tu ne pus t’empêcher de prendre un cliché et le regarda ensuite sur le petit écran. En zoomant pour voir la qualité de la photo, tu fronças les sourcils, croyant reconnaitre ce bel être. Tu pris quelques secondes avant de relever la tête et poser enfin ton regard sur elle. Bien sûr que tu la connaissais, tu l’avais rencontré lors d’une soirée et tu avais même partagé son lit. Tu avais probablement trop bu cependant pour réaliser que cette jeune femme avait des traits uniques, magiques. Elle était remarquable par sa chevelure et envoutante par ses grands yeux. Il te la fallait. Tu gardas donc ton appareil autour du cou en t’approchant d’elle. Sauf qu’une fois rendu proche, tu te rendis compte que tu ne te souvenais plus de son prénom. Tu avais bien de la misère à apprendre ceux des américaines, comme si ce n’était pas naturel pour toi. Tu avais en tête qu’il débutait en S, mais tu n’allais pas te la jouer Gossip Girl et l’appeler ainsi. Tu ne pouvais cependant la laisser passer et se lança tout de même. « Hey, je t’ai déjà dit que tu étais vraiment, mais vraiment jolie? » Si elle ne te reconnaissait pas, tu aurais vraiment l’air d’un idiot, mais tu t’en fichais un peu dans le fond. Tu ne croyais cependant pas qu’elle pourrait ne pas avoir de souvenir de toi. Ton accent était assez marquant et tu osais espérer que ton physique également.

Une autre journée de merde à assister à des cours dont je n’avais absolument rien à foutre. Pourquoi est-ce que j’étais ici déjà? Ah ouais, parce que j’avais peur que mon père me coupe les vivres et que je me retrouve à la rue sans diplôme et avec absolument aucune expérience de travail. Je frissonne à cette idée et replace mon sac sur mon épaule en sortant du Starbucks d’Harvard Square en me dirigeant vers le Yard où je compte aller m’installer pour quelques travaux que je dois terminer avant mon prochain cours. Serah Winters qui étudie, faut écrire ça sur un calendrier s’il vous plait. Bref, je marche lentement vers la panoplie de chaise qui a récemment été réinstallée sur la pelouse du Yard pour nous permettre de nous y assoir, soufflant sur mon café en regardant autour de moi, légèrement distraite. Je ne te vois pas tout de suite, c’est plutôt ta voix qui me prend par surprise alors que tu t’approches de je-ne-sais-où. « Hey, je t’ai déjà dit que tu étais vraiment, mais vraiment jolie? » Cet accent me dit quelque chose. Je tourne la tête et m’arrête pour te faire face, un léger sourire étirant le coin de mes lèvres. Oh... toi. « Merci. » répond-je en français. C’est ta langue maternelle, non? Je prends lentement une gorgée de mon café brûlant et me lèche les lèvres sans te quitter des yeux. « T’es là pour un round deux? »

Tu sais que quand tu as une cible, tu peux paraitre un peu intense. Que ce soit pour ton lit ou une photo, tu es du genre à tout faire pour atteindre cette cible. Dans la situation, tu avais déjà eu cette belle blonde dans ton lit et tu te surprenais d’ailleurs de ne pas avoir été émerveillé par sa beauté. L’alcool avait probablement fait en sorte que tu ne pensais qu’à te retrouver entre ses jambes et que tu ne t’attardes pas assez sur son visage. À ce moment-là, tu venais d’arriver à Boston et tu voulais tout vivre, dont une soirée d’étudiants. Et qu’est-ce qu’une réelle soirée typique si tu ne couches pas avec une fille dont tu ne te souviendras pas le prénom? Cette fille, tu te souviens qu’elle ne se laissait pas faire facilement. Alors tu te doutais déjà que l’avoir devant ta lentille ne serait pas facile non plus. Voyant son sourire, tu compris qu’elle te reconnaissait et tu souris d’ailleurs à ton tour en l’entendant te répondre en français. Tu ne pouvais mentir, tout le monde que tu abordais le remarquait. Elle te fit bien rire par la suite en te demandant si tu étais là pour un deuxième round. Pourquoi pas? « Exactement. Ici. Maintenant. » Elle allait rapidement comprendre que tu n’étais pas sérieux. Enfin, tu n’étais pas si fou, il y avait plusieurs étudiants à cette heure-ci sur le campus, on ne pourrait pas vous manquer. Quoi que ça pouvait être une idée pour le futur. Sauf que tu ne l’avais pas abordé pour cela en réalité, mais tu aimais bien le petit jeu. « Tu me permets de filmer le tout? » Tu avais encore ton appareil autour du cou et tant qu’à pousser la chose…

Apparemment, ma question te fait sourire alors que je te regarde à travers mes cils épais. Tu me surplombes d’une bonne vingtaine de centimètre alors je dois carrément lever la tête pour te regarder en face –et encore. « Exactement. Ici. Maintenant. » J’arque un sourcil et fait un pas dans ta direction, posant un doigt joueur sur ton torse juste au-dessus de ton appareil photo en regardant autour comme s’il y avait des chances qu’on nous voit. En vérité, il est même certain qu’on nous verrait et, sauf si t’es branché exhibitionnisme, je doute que tu sois sérieux. « Tu me permets de filmer le tout? » Mon regard glisse jusqu’à ta caméra et reviens sur tes yeux marrons. « C’est le genre de chose que tu fais avec ça? » Je me mordille la lèvre et penche un peu la tête sur le côté, un air innocent sur le visage alors que je suis loin de l’être –innocente. « Montre-moi ce que tu fais, qui sait, peut-être que j’accepterai... »

Tu as peut-être bien de l’expérience en photographie, mais tu n’es pas un fan des vidéos. Tu ne trouves pas cela naturel, au contraire de la photo. Enfin, c’est un début que tu pourrais certainement avoir avec d’autres. Tu as fait des photos de différents styles, même de la nudité et ce serait mentir de dire que lorsque tu es seul en présence de ton mannequin, tu n’as jamais terminé un shooting à baiser. Sauf que c’est de l’art de poser le corps d’une femme nue. Photographier l’acte est une toute autre chose et tu ne crois pas que tu te rendras là. Tu ne fais que taquiner la belle blonde devant toi. « Il y a un début à tout… » Et tu ne peux t’empêcher de lâcher un petit rire. Te prenait-elle vraiment au sérieux? À sa requête, tu prends ton appareil dans tes mains pour l’ouvrir. « J’ai réussi à prendre un ange en photo à son insu, mais si c’était plus arrangé, ça serait la perfection… » Tu tournas ton appareil pour qu’elle puisse voir la photo qu’il avait pris de toi, de profil. Tu ne sais si c’est la lumière ou tout simplement elle qui fait que cette photo, aussi naturelle soit-elle, est magnifique.

« Il y a un début à tout… » Je sais à ton expression que tu ne dis ça que pour me faire marcher, pour pousser la blague un peu plus loin. Malgré tout, une part de moi sait aussi une chose ; si tu as tourné ma question en dérision, ce n’est probablement que pour cacher la vérité –tu aimerais remettre le coup, qui n’en aurait pas envie? Je ne te blâme pas, tu ne serais pas le premier et certainement pas le dernier non plus. Finalement, je demande à voir ce qu’il y a dans ton appareil et tu obtempères. Je ne m’attends pas à y trouver des pornos amateurs, mais ce que j’y découvre lorsque l’écran s’affiche me surprend tout autant. Sous les yeux, j’ai une photo totalement candide prise de moi il y a quelques minutes à peine. « J’ai réussi à prendre un ange en photo à son insu, mais si c’était plus arrangé, ça serait la perfection… » Je cligne des yeux et relève la tête vers toi, m’accrochant inconsciemment à ton bras. « T’es toujours aussi charmeur? » C’est limite trop, mais comme j’ai particulièrement besoin de faire flatter mon égo dernièrement, je ne rouspète pas. « Franchement, la photo est sympa –et je ne dis pas ça que parce que c’est moi qui y figure. » Je ris à nouveau. « Il faut absolument que tu me l’envoies! File mon ton téléphone, je vais te donner mon numéro. » Je tends la main, sirotant mon café de l’autre.

La blonde n’est pas comme toutes les filles ici et c’est certainement ce qui t’a attiré chez elle d’ailleurs. Enfin, en premier on ne peut nier que c’est son physique. C’est tout de même rare les filles petites avec une bonne poitrine. Bref. Elle dégage une énergie qui te donne envie de te surpasser. Ce n’est pas très clair mais en gros, tu es certain que tu pourrais te plaire à la côtoyer. Elle ne semble pas avoir la langue dans sa poche et cela est quelque chose de rare apparemment. Tu détestes les gens qui se retiennent de dire ce qu’ils pensent ou qui font semblant d’être plus sages qu’ils ne le sont réellement. Dans le fond, vous êtes tous des étudiants dans la vingtaine, il est normal que vous fassiez des conneries. Puis pour l’instant, tu ne veux qu’avoir la chance de la photographier officiellement, ce n’est pas une si grande demande? À sa question, tu hausses des épaules. Tu pousses probablement la chose, mais tu fais toujours cela. « C’est naturel chez moi. » Et cela, ce n’était pas un mensonge. Tu n’avais pas à te forcer de ton côté pour l’être. Puis être face à elle mettait de l’avant ce côté de toi. Tu souris en l’entendant commenter ta photo. Enfin quelqu’un qui reconnait que ce n’est pas que la beauté de la cible qui joue. « Mais on pourra faire bien mieux, partante? » Tu n’étais pas du genre à tourner autour du pot, tu étais assez directe également et tu osais espérer que c’était également le cas de la demoiselle aux beaux yeux face à toi. Tu lui donnas ton téléphone avec plaisir, plutôt fier d’avoir son numéro en prime. Ce n’était pas le but, mais ça pourrait toujours être utile. « Apparemment mon charme fait son effet, je vais même avoir ton numéro. »

« C’est naturel chez moi. » Je souris légèrement en me mordillant la lèvre. Ok, je prends note. J’sais pas si j’étais trop arraché quand on a baiser pour m’en rendre compte ou simplement si t’étais légèrement différent avec toi-même quelques verres dans le nez, mais il me semble que c’était pas aussi… intense. Bref, qu’importe. J’peux prendre les compliments, ça jamais été un soucis pour moi. Tu me montres ce qu’il y a sur ton appareil et je suis surprise d’y découvrir une photo de moi, et une très bonne photo en plus. « Mais on pourra faire bien mieux, partante? » Je te jette un coup d’œil, pas certaine de bien comprendre. « Tu veux que je sois mannequin pour toi? » J’hausse les sourcils, te demandant malgré tout de me filer ton phone pour que je te donne mon numéro et que tu puisses m’envoyer la photo. Also, j’dirais pas non à un round deux moi-même vu ta gueule de beau gosse –mais ça, c’est secret. J’attrape ton téléphone et me rend dans l’application des contacts où j’appuie pour en créer un nouveau. « Apparemment mon charme fait son effet, je vais même avoir ton numéro. » Je secoue légèrement la tête en riant toujours. J’entre mon numéro et appuie ensuite sur l’appareil photo pour jumeler ma tronche au contact. J’éloigne l’appareil de mon visage, souris et fait un clin d’œil avant de prendre le cliché et de le regarder. Satisfaite, j’enregistre et te retourne l’appareil. « T’as qu’à me sms maintenant avec ton nom, comme ça j’me souviendrai qui t’aie quand tu m’écriras. » Ah ouais, et aussi, ça me permettra de connaitre ton nom parce que si tu me l’as dit l’autre soir, sorry, mais je ne m’en souviens pas du tout.

Tu étais bien heureux de voir que la blonde n’était pas du genre à être mal à l’aise de te rencontrer. Enfin, pas que c’était la première fois, mais la première fois à jeun oui. Plusieurs filles que tu avais connues se la jouaient le soir et la nuit, mais lorsque c’était dans la vie de tous les jours, il ne fallait pas les approcher. Tu trouvais cela incohérent tout simplement. Bref, tu avais osé prendre quelques clichés de la demoiselle au loin. Tu ne te la jouais pas souvent paparazzis, tu préférais faire des mises en scène. Le travail avant que tu en arrives à prendre un cliché était très important. Voilà pourquoi tu avais demandé à ton amante d’une nuit, informellement, de poser pour elle. Tu souriais toujours alors qu’elle semblait être surprise, comme si tu lui avais fait une demande folle. Enfin c’était ton quotidien, mais pas celui de tout le monde. « Oui? Si tu as envie bien sûr… » Je n’allais pas la forcer, bien que je sois certain qu’elle performerait facilement devant ton appareil. « Tu en as déjà fait? » Probablement toutes les filles avaient déjà improvisé un shooting entre elles avant une soirée, mais c’était assez différent d’un professionnel. Tu essayais tout de même de garder une ambiance détendue sur tes plateaux, mettant parfois de la musique ou rigolant avec tes mannequins. Tu n’étais certainement pas le plus sérieux, mais tu voulais t’amuser aussi. La blonde te demanda de lui envoyer cette photo éventuellement et donc, te donna son numéro. Tu attendis donc qu’elle te retourne ton téléphone, ce qui te permettrait de savoir ton prénom. Tu ris un peu en la voyant se prendre en photo avec, en tout cas, tu ne pourrais pas l’oublier, elle serait immortalisée. Tu hochas de la tête à ses instructions et le fis immédiatement. « Sans problème, Serah. » En tout cas, tu avais eu raison avec ton S pour son prénom mais jamais tu ne te serais souvenu du reste. Tu la regardas ensuite avant d’envoyer ton message. « C’est Florian, un peu difficile pour une anglo? » Tu lui lanças un petit sourire, tu supposais qu’elle ne s’en souvenait pas et tu ne pouvais pas lui en vouloir car cela avait aussi été ton cas.

« Oui? Si tu as envie bien sûr… » Je prends un air pensif et roule légèrement les yeux. « Mmh, faut voir.. Je gagne quoi en échange? » Ouais parce que je sais que j’suis particulièrement belle, sexy et tout ce qui va avec. Mais j’ai pas non plus l’intention de poser pour n’importe qui et n’importe quoi. Or, même si je sais qu’on a déjà couché ensemble, je ne me souviens pas vraiment de quoi que ce soit hors mis ta tronche. « Tu en as déjà fait? » J’hoche lentement la tête. « Y’a des années il me semble, pour un pote en Californie. » Je ne m’étale pas sur le sujet, ça fait partie du passé et c’est tout. Je crée le contact dans ton téléphone et te le rends finalement. Tu regardes le résultat et il me semble voir l’ombre d’un soulagement sur ton visage. T’avais oublié mon nom aussi bébé? « Sans problème, Serah. » Mhmh, c’est c’que j’croyais. Après, j’suis qui pour te blâmer? Si ça se trouve, on n’a même pas échangé nos noms en fait. C’est bien mon genre ça. Tu m’envoies un message en retour et je baisse la tête sur mon propre téléphone qui vient de vibrer dans ma poche. « C’est Florian, un peu difficile pour une anglo? » Je fronce légèrement les sourcils en regardant l’orthographe. Malheureusement, ouais, c’est légèrement compliqué pour moi. « Flo… Florian. » Que j’arrive malgré tout à prononcer avec mon fort accent américain. Déjà que j’ai eu du mal à me faire à l’accent des gens de Boston, j’vais en plus devoir me faire à ce prénom imprononçable. Génial! « Ça t’dérange pas trop si je t’appelle simplement Flo? » Ouais, parce que sinon, j’vais pas y arriver en fait.