M’habillant, j’entends Jax continuer de se préparer, bruit de rasoir à l’appui. M’étirant légèrement, je constate qu’il est en train d’ajuster la longueur de ses cheveux sur les côtés, ce qui me fait passer la main dans les miens, mes doigts coinçant légèrement. Le tout est rapidement résolu avec quelques coups de brosse, mais je n’en fais pas des tonnes puisque je sais qu’ils seront en partie indomptables. Ça fait un moment que je ne les ai pas coupés. Et la dernière fois que je les ai complètement rasés… ça doit dater de l’adolescence, quand j’écoutais encore le paternel. Et bon, je n’ai pas d’ornements encrées à ma peau pour faire beau, moi. Et je crois pas que je suis rendu là dans les oeuvres, même si j’ai déjà songé en avoir un derrière l’oreille.

Assis par terre en attendant que mon petit ami aie fini de se préparer, je caline la peluche qui s’est à moitié affalé sur moi dans le but d’avoir le plus de manifestations d’amour que possible. Il doit être heureux qu’on soit revenu des Bahamas! Les retrouvailles étaient adorables, en tout cas! Même si je sais que mon beau brun grimacerait s’il savait que c’est le terme que j’ai posé sur cet épisode. C’est d’ailleurs ce souvenir me fait lui demander si la boule de poils sera de la partie aujourd’hui. Continuant d’ébourriffer la crinière du nounours, j’hoche la tête aux explications de mon petit ami.

- Je te laisse définir le meilleur trajet, t’as un meilleur sens de l’orientation, lançais-je sans lever la tête, surveillant le museau d’où pointe une langue baveuse.

C’est pas comme si mon sens de l’orientation était vraiment difficile à battre! Deux ans que je suis à Cambridge et je trouve encore le moyen de me perdre sur le campus. Et je parles pas de secteurs à l’autre bout de la cité, non, non! Je parle de si je tourne dans la mauvaise allée en me rendant à un cours, j’en ai pour dix minutes à tourner en rond! Alors je vous laisse imaginer ce que ça donne quand un cours change d’amphi pour une journée! J’ai de la chance si je croise un de mes collègues, en fait.

Captant le mouvement de la serviette qui tombe, je continue machinalement de flatter Daeron, mais il faut bien le reconnaître : je lorgne sans scrupule le corps de Jax qui se promène nu et bien à l’aise dans sa chambre. Les petits plaisirs de la vie, faut savoir en profiter! Et même avec ce boxer blanc, j’en penche inconsciemment la tête en continuant de fixer. …jusqu’à ce que ce qu’il disparaisse de ma vue.

Obligeant la pantoufle de 60 livres à se redresser - honnêtement, nos poids doivent s’avoisiner -, je me remets sur pieds et me dirige vers la table de chevet où j’ai laissé quelques bijoux dont je me suis départi avant nos ébats hier. Les récupérants, j’en remets quelques un, laissant les autres dans le petit sac de sport que j’utilise plus que souvent ses derniers temps, trainant vêtements de rechange et de quoi faire mes journées sans nécessairement devoir repasser à ma chambre à la Lowell.

La voix de mon copain se faisant entendre, je me tourne vers lui et un sourire franc apparait sur mes lèvres. Oui, il a un style particulier. Un style qui lui va très bien et qui me plait beaucoup quand c’est lui qui le porte.

- Très! Acquesçais-je en laissant mon regard trainer sur lui encore une fois avant d’enfiler bottes et manteau de cuir.

J’en ris doucement lorsqu’il me demande si je suis prêt, précisant qu’il crève de faim. Je me doute! S’il a attendu que je me réveille pour faire le moindre mouvement, je lui ai probablement fait sauter un repas! De bonne humeur, je me contente de hocher la tête avant de le suivre à l’extérieur.

Une hésitation s’empare de moi lorsqu’il me propose de prendre la laisse de Daeron. Ce n’est pas la première fois qu’il le fait et si je n’ai pas peur de sa peluche - honnêtement, suffit de le voir évoluer un peu pour savoir que c’est une boule de calins sur pattes -, j’ai toujours dit que je ne me sentait pas à l’aise d’être celui qui s’en occupe. Aussi stupide que ça puisse paraître pour ceux qui ont ou on déjà eu des chiens, j’ai peur de le perdre ou qu’il lui arrive quelque chose s’il est sous ma garde. Probablement parce que je connais tout l’amour que peut lui porter son maître et que je ne me le pardonnerais pas. Mais si je ne l’essaie jamais, je vais toujours avoir peur et j’en ai pas envie. J’aimerais que mon petit ami puisse me confier son chien sans que ça ne me fasse paniquer. Ce serait un pas de plus pour moi dans sa direction, je crois. Et sachant que Jax est là pour veiller sur tout aujourd’hui, je crois que y’a pas de meilleure journée.

- Je veux bien essayer une fois qu’on sera dehors, finis-je par acquiescer après un délai.

Me demandant mon avis sur son look, j’approuve sans hésitation cette fois. Comment faire autrement? Il est magnifique. Cusual et magnifique!

Lui emboitant le pas, on se retrouve rapidement à l’extérieur et l’air frais fini de me réveiller complètement, mais me fait remonter le capuchon de ma veste juste assez pour couvrir ma nuque encore un peu humide. Et c’est à croire que l’habitude qu’à pris Jax de veiller à ce que je mange à tous les matins commence à faire effet, car, sans être bruyant, mon ventre me fait comprendre que de me nourrir ne serait pas une mauvaise idée. Y’en a un qui va être content! Mais pour le moment, il est plutôt occupé à calmer son chien et lui exposer le plan de route. Étonnamment, je le vois se tourner vers moi, semblant attendre mon accord et j’hoche la tête.

- Tant que y’a du café en bout de ligne et pas dans trois heures, ça va, fis-je avec un sourire moqueur.

Suivant le chemin que Jax a en tête, je déambule tranquillement à ses côtés, profitant que je n’ai pas besoin de stresser pour me rendre à un cours ou autre. Par habitude, mon regard se porte sur les alentours alors qu’inconsciemment mes yeux cherchent à capter de l’inspiration ou un bon cliché. Et ce même si ma caméra est encore sagement ranger dans son étui qui est resté dans la chambre de Jax. Ce n’est pas rare que je prenne des photos avec mon cellulaire aussi et ça, mon copain est habitué. En partie parce qu’il fait parfois modèle à son insu. Ou à son su aussi!

Un frisson me remonte le long du bras au contact de la main de mon petit ami et j’ai le réflexe d’y poser les yeux pour savoir ce qui se passe. Comme si mon cerveau n’arrivait pas à capter que nos doigts sont enlacés. Remontant mon regard pour croiser le sien, je l’entends me dire que je ne devrais pas m’étonner. Il se veut relaxe et en maitrise, mais qu’il se mordille la lèvre - geste qui m’a toujours rendu un peu dingue quand fait par un mec, de surcroit un mec que je fréquente - et que ses joues prennent une légère teinte me prouvent qu’il ne l’est pas totalement. Et c’est pourquoi son geste me touche d’autant plus. Ça paraît simple pour le commun des mortels, pour lui c’est un gros effort. Et il le fait pour moi. Dans l’optique qu’un jour, se sera commun pour lui aussi. Alors doucement, je ressere un peu plus mes doigts autour des siens, le temps d’une pression seulement, et je lui sers un sourire tendre.

Je pourrais lui dire qu’il n’aurait pas besoin de ses poings si quelqu’un le cherchait, suffit d’avoir l’attitude d’indifférence et les bonnes paroles et parfois ça peut même en devenir marrant, mais je n’en pas envie de faire ça maintenant. Je n’ai pas envie de lui donner une morale alors que je suis très heureux de son geste. Je préfère donc y aller pour un ton un peu plus léger et même rire un peu de ce qui pourrait pourtant me mettre sur la défensive. Je ne suis pas retombé dans le cercle de celui qui ne veut pas que je parles à personne qui me porte moindrement attention, n’est-ce pas? Étouffant cette pensée, je m’adresse doucement à mon petit ami.

- Je crois que les marques que tu me laisses régulièrement dans le cou - ou un peu partout sur le corps - découragerait n’importe quel prétendant d’essayer de me faire la cour, me moquais-je légèrement. Et tu surestimes ma popularité, lui fis-je remarquer.

Je ne suis pas un Don Juan - je suis même plutôt nul niveau drague - et je suis loin d’avoir son physique. Je ne dis pas qu’on en a besoin pour avoir du succès, je veux dire, j’ai déjà eu un certain nombre de relation qui me prouvent que j’ai peut-être un certain charme naturel, mais je suis quand même plus habitué à ce qu’on m’accole l’étiquette de cocké plutôt que celle d’irrésistible.

Arguant que je le suis tant qu’il y a une promesse de café en bout de ligne, il acquiesce, m’assurant que c’est le cas. Tous les deux ont a besoin de caféïne au matin, son cerveau se réveille peut-être simplement plus vite que le mien. Ou pas à la même heure. Même si mon corps, lui, c’est autre chose en sa présence. Le joignant dans son rire, je pointe le bout de ma langue entre mes lèvres alors qu’il sous-entend encore que je suis une marmotte. C’est un fait auquel je ne peux qu’acquiescer : quand j’arrive à dormir, je me réveille difficilement. Un contre-poids à l’insomnie, j’imagine. Mais la façon de Jax de l’insinuer me rends simplement heureux. Naïveté amoureuse - ou peut importe le terme - direz-vous? Je m’en fiche : je suis heureux. Il me rend heureux plus précisément.

- Allez mon amoureux transi, me moquais-je doucement en lui faisant un vague signe de tête vers l’avant. Pas besoin de me charmer pour me faire convaincre, je mangerai quand même, lui assurais-je.

Une petite plaisanterie puisque ma santé alimentaire lui tient à coeur et qu’il n’aura effectivement pas besoin d’arguments sachant je commence à ressentir la faim. C’est sa bonne humeur qui est contagieuse aujourd’hui. Bien que je l’attrape facilement. Et c’est d’autant plus facile lorsqu’il se permet de me prendre la main. Son geste m’étonne, mais ses paroles me touchent, même si j’ai l’impression qu’il surestime mon pouvoir d’attraction. Un peu surpris, je l’entends contester et m’expliquer que c’est moi qui ne me donne pas assez de crédit, mais avant que je ne dises autre chose, il se lance sur une dérape et je l’y suis volontier!

- Hum, tu te retournes sur moi, répétais-je un peu plus sensuellement. …Ou tu me retournes sous toi? Ajoutais-je en me rapprochant de ses lèvres posant ma main libre sur son torse. …Comme hier soir, dis-je enfin en soupirant contre l’objet de désir, accentuant volontairement pour me rapprocher d’un gémissement.

Pourtant, je m’en éloigne sagement avec un regard espiègle, récupérant la main que j’ai laissé se balader sur son torse, mais laissant mes doigts croisés aux siens. Le laissant reprendre ses esprits, tandis que je m’en garde un air innocent. Ça fonctionnait bien avant avec les grands yeux bleus et les cheveux blonds, on me disait que j’avais une bouille d’ange. C’est un peu disparu vu mon style actuel, mais de toute façon, je sais que Jax n’est pas dupe. …et je vais peut-être passé à la casserole pour ça ce soir. Surtout si je continues toute la journée! …Miam!

Cependant, je me fais tout de même sérieux lorsqu’il m’explique qu’il veut être confronté à des situations qu’il n’a pas encore osé, que sinon, il n’avancera pas, n’évoluera pas. La seule chose qu’il me demande c’est de le laisser gérer et de n’intervenir avant que ça dégénère réellement. J’écoute son discours en silence et le laisse planer quelques instants encore lorsque sa voix s’éteint, mon regard bleu posé sur lui.

- Je peux t’embrasser? Demandais-je doucement.

Normalement, je n’ai pas besoin de demander. Je ne me gêne pas lorsqu’on est que tout les deux. Mais on est à l’extérieur, là. Il n’y a pas que Daeron pour nous voir ou un chauffeur de taxi qui n’a pas besoin de regarder dans son rétroviseur pour savoir ce que nos légers rires cachent. Ce n’est pas une hésitation de ma part, c’est du respect. En temps normal, j’essais de ne pas le bousculer et jusqu’à présent, ça se passe plutôt de cette façon. La dernière fois que je lui ai demander un tel geste, c’était pour me prouver ma stupidité, mais s’il me laisse, là, l’embrasser ce serait surtout pour lui dire merci. De faire autant d’efforts, parce que je sais que ça peut paraître comme une montagne. Mais il le fait, pour être avec moi. Alors comment je ne pourrais pas être touché par ces gestes?

- Tu sais que tu n’as pas besoin de te forcer, lui expliquais-je tranquillement une nouvelle fois, mais ça me fait énormément plaisir que tu me dises que tu veux essayer, ajoutais-je en le regardant et lui souriant tendrement.

Me moquant doucement de mon petit ami, je lui signale qu’il n’a pas besoin de me charmer pour me convaincre de manger, commençant - pour une fois - à ressentir ce besoin tout seul. Je me joins à son rire lorsqu’il affirme que c’est normal après tout le sport qu’on a fait hier soir.

- Le seul sport que je pratique, affirmais-je. L’argument principal, étant un partenaire doué! M’exclamais-je, sans gêne, comme si on parlait de tennis ou j’sais pas quoi.

Je suis pas un sportif, c’est connu : c’est limite si j’ai pas l’air d’un chat qu’on aurait foutu dans l’eau quand on veut me trainer en salle. …Bon d’accord, j’exagère! Mais n’empêche, suffit d’avoir des yeux pour savoir que c’est pas mon fort. Mais pour le sport dont parle Jax… et avec lui… oh God, je suis toujours volontaire!

Prenant une nouvelle dérape dans nos paroles, je ne peux m’empêcher de le titiller, feignant de gémir alors que je m’approche de ses lèvres. Et croyez-moi j’adore l’éclat que je capte dans ses yeux! Bon je vais possiblement payer plus tard cette petite provocation, mais… j’ai dit que j’étais volontaire?

Revenant un peu plus sérieux, cependant, j’écoute les raisons qu’il me donne pour m’avoir saisi la main et ses explications quand au fait qu’il veut essayer de sortir un peu plus du placard. Il semble assuré aujourd’hui, convaincu qu’il peut y arriver, alors je profite. Mon sourire trahi d’ailleurs mon bonheur qu’il aie envie de le faire. Son assurance faiblira peut-être au fil de la journée ou à la première confrontation, insulte ou n’importe. Et alors?

Bien que je lui ai demandé si je pouvais l’embrasser, c’est plutôt lui qui le fait, me surprenant encore. Un baiser simple, mais tendre, auquel je réponds de la même manière. Il relâche mes lèvres et m’entraine alors pour qu’on reprenne tranquillement notre marche jusqu’au parc ou Daeron pourra se dégourdir les pattes.

- Très, confirmais-je avec un doux sourire à l’intention de mon petit ami. Hum… j’ai soudainement hâte à ce soir! Répondis-je à sa promesse. Mais d’ici là, je te paie le petit dej pour calmer ton estomac! Puisque ma beauté endormie t’as captivé …et que ton chien a abréger notre tête à tête matinal! Déclarais-je en riant. Et puis, faut des forces si tu veux tenir tes promesses, me moquais-je les yeux brillants.

Définitivement, j'aime cette journée!

Je pouffe de rire à sa correction sur le terme que j’ai utilisé.

- Je disais que tu étais ton meilleur argument, mais si tu le prends comme ça, c’est certain que je préfère être participant! Riais-je.

C’est définitivement un sport qui est plus intéressant de pratiquer à deux. Je suis moyennement fan de la pratique solo. Bon c’est toujours mieux que d’être mal accompagné, mais je suis loin de me plaindre de mon compagnon d’activité physique! Il est…

- …aussi doué qu’artistiquement intéressant, soufflais-je avec un sourire en coin en l’observant.

Réalisant à retardement que j’ai pensé à voix haute, je me fais plutôt gamin après une telle déclaration et pointe le bout de ma langue entre mes lèvres pour la rétracter rapidement.

Passant de déclarations sérieuses et impliquant énormément à un retour d’atmosphère un peu léger, mais tout aussi agréable, je suis bon pour avoir le sourire aux lèvres toute la journée! Sa question me tire un nouveau rire, accentué par la tape qu’il offre à mes fesses.

- Oses me dire que ça te déplait, me moquais-je lorsqu’il me dit que je suis “coquin”.

On sait tous les deux qu’il n’y a pas grand chose qui nous retiendras de faire des corps à corps ce soir, mais d’ici là, c’est l’heure du repas. Je le fixe un instant lorsqu’il me propose de manger en terrasse. Mon côté frileux en frissonne d’avance, mais je finis par acquiescer en me disant que je n’aurai qu’à garder mon manteau …et me commander un grand café brûlant.

Un appel de son maître et la boule de poils accourt. Il lui parle et un rire silencieux secoue mes épaules tandis que je couvre mon petit ami d’un regard tendre. J’ai l’impression qu’il parle à Daeron comme certains parleraient à leur enfant. Par moment, il m’apparait comme le meilleur ami de Jax. C’est possible, non? N’ayant jamais vraiment été entouré d’animaux, je ne connais pas vraiment le phénomène et c’est probablement pourquoi je n’arrive pas à l’exprimer mieux. Dans tous les cas, ça a été assez facile de comprendre que la peluche est un être d’une valeur inestimable dans la vie de mon petit ami et je trouve toujours touchant d’assister à ce genre de scène. Ragaillardi par cette idée, j’ose, tandis que Jax s’est déjà remis en marche, lui demander.

- Tu me laisses le promener? Tentais-je, encore un peu mal à l’aise, mais tout de même bien décidé à essayer.