Peu à peu, j’émerge, quittant le monde des rêves pour celui de la réalité. Réalité assez confortable, on peut noter, puisque j’ai le plaisir d’avoir un grand brun tatoué comme oreiller!

Les yeux encore collés de sommeil, je dois avoir les cheveux qui ressemblent à un nid de corbeau et je dois faire un effort particulier pour comprendre ce qu’il me dit. Outre la salutation, j’ai pas trop compris. À retardement, je comprends qu’il me traite de marmotte et qu’il est “tard”. Je suis une marmotte que quand j’arrive à dormir, j’ai envie de dire, mais ma bouche reste close et je me contente de le regarder sans articuler le moindre son. Ou peut-être un léger rire quand je comprends qu’il me parle déjà de manger alors que je suis même pas en mesure d’aligner trois mots.

Depuis qu’il est venu me retrouver à l’hôpital, il semble se faire un point d’honneur à m’obliger à commencer ma journée par un vrai petit déj. Oubliez l’idée de seulement prendre un café en sortant du dortoir, ça marche plus! Après, c’est pas pour me nuire. J’ai regagné une partie de la masse qui avait fondu, mais je suis loin d’avoir la musculature de Jax. En vrai, je l’aurais jamais même si j’essayais! Mais ça a le bon point que je ressemble plus à un squelette ambulant ou à un patient en phase terminal de j’sais pas quoi.

Me tournant sur le dos pour m’étirer paresseusement, j’ai un sursaut à retardement en voyant une ombre passée au-dessus de moi, mais le peu de frayeur passe rapidement en réalisant qu’un certain Mr. Sexy c’est tout bonnement installé sur mon bassin. …et se fout gentillement de ma gueule au passage.

- Je suis collé contre toi toute la nuit, marmonnais-je à titre d’explications sans m’en excuser. C’est pas difficile d’avoir ce genre de pensées.

Que je sois conscient ou non, ma cervelle ne se gêne apparemment pas pour que je penses à lui et si en plus, je suis collé à lui et très peu vêtu… me demandez pas d’être un saint homme, ça arrivera jamais! Je sais reconnaitre mes “défauts” sur ce point. Malgré que je ne considère pas vraiment qu’il s’agisse de défauts à proprement parlé.

Ses lèvres sur mon cou font taire mes pensées et mon cerveau renonce à l’idée de se mettre en fonction correctement. J’en ferme les yeux et soupire de plaisir.

- La réalité est quand même nettement mieux que le rêve, ronronnais-je, amusé.

Passant mes doigts le long de ses côtes, je remonte ensuite sur ses omoplates avant de chercher à tourner la tête pour capter ses lèvres. Le genre de réveil des plus appréciable! Et j’en profite bien, ne relâchant mon petit ami que lorsque le souffle vient à me manquer. Redescendant mes mains à sa taille puis à ses cuisses, je lui laisse la possibilité de se redresser s’il le souhaite.

Du moins, c’était avant que Daeron décide pour lui. Sautant sur le lit, il nous fait rapidement comprendre qu’il aimerait bien des calins aussi et ne se gêne pas pour en donner, fichant son museau près de ma tête. C’est probablement une habitude qu’il a pris parce que je lui fait appuyer la tête sur mon épaule souvent quand je le caline, mais la truffe froide et humide sur ma peau ce matin… disons que je préfèrais les baisers du maître! Les reniflements de la peluche et ses coups de museau un peu partout contre ma tête et mon cou, me font rire et je bouge en vague tentative pour me protéger, mais avec Jax assis sur mon bassin et le bord du lit assez près, je peux pas aller bien loin!

- D’accord, d’accord! Finis-je par capituler, mort de rire. Vous avez gagnez! La marmotte se lève!

L’entendant pouffer après sa mise en garde envers son chien, je l’imite en repoussant doucement la bête. Tu peux être rassuré, Jax : je te préfère de beaucoup à ta boule de poils! Au moins, je ne finis pas pleins de bave quand tu me portes affections! …je ne préciserai pas dans quel état on peut finir dans certaines occasions par contre. Daeron finissant par me délaisser pour sauter par terre et me laisser me redresser, j’essuie mon visage d’un mouvement d’avant-bras avant de relever la tête en entendant les paroles de mon petit ami.

- Une grosse journée? Répétais-je, haussant les sourcils, intrigué.

Outre essayer de me faire avaler un petit déjeuner monstrueux, y’a quoi au programme? Une balade avec Daeron pour lui dégourdir les pattes possiblement, mais encore? Suivant les mouvements de Jax des yeux, j’en oublie momentanément mes questions et concentre plutôt mes neurones à le détailler encore et encore, comme si je ne le connaissait pas assez bien.

Un instant passe après qu’il aie passé la porte de la salle de bain et que je l’aie perdu de vue, puis je sors finalement de sous les draps. Posant les pieds au sol, je m’étire allègrement, manquant de me faire craquer les vertèbres. Ébourriffant une dernière fois la peluche au passage, je me dirige vers la salle de bain mais m’appuie sur la chambranle pour admirer la vue qui s’offre à moi : une peau, tatouée en grande majorité, encore hâlée du Spring Break - alors que mon propre bronzage a fichu le camp en environ une semaine - et ruisselante d’eau qui suit les muscles découpés… d’accord, j’arrête de baver! ‘Pas de ma faute si je sors avec un beau gosse! Mais je serais con de pas en profiter, non?

Je perds la notion du temps tandis que je suis le mouvements de l’eau qui ruisselle sur le corps de mon petit ami. Petit ami qui se rends assez vite compte de mon manège apparement.

- Toujours, répondis-je franchement avec un sourire en coin.

Ça me servirait à quoi de mentir? Il sait qu’il est beau et attirant et je crois que c’est plus à prouver que c’est aussi ma pensée. Je suis conscient que y’a bien des gens qui se retourne sur son passage et je les vois les regards qui se posent sur lui. J’ai plus ou moins le même. À la différence que c’est pas que le physique qui m’attire, parce que je connais le mec derrière la peau bronzé et les tatouages. Et c’est encore plus attirant selon moi!

- T’es certain que ça nous fera gagner du temps? Me moquais-je légèrement sans bouger de mon point d’observation.

Il s’est gentillement foutu de ma gueule tout à l’heure parce que sa présence à mes côtés cette nuit avait laissée des effets ce matin, et là il me demande de venir le rejoindre pour que ce soit plus rapide? Faut que je fasse de gros efforts pour être sage?

Peut-être pas! Penchant légèrement la tête sur le côté lorsqu’il prend la bouteille de gel douche, je profile allègrement de la vue offerte. Quoi? Faut savoir profiter dans la vie! Un sourire malicieux sur les lèvres, je me glisse avec lui dans la douche avec l’idée de laisser mes doigts courir sur sa peau. Passant sous le jet d’eau, je…

- AH-ahhh!!

Une exclamation de surprise, un juron et un mouvement brusque de côté plus tard, je regarde Jax comme s’il était soudain devenu un extra-terrestre.

- Mais pourquoi tu prends ta douche à l’eau gelée!? Le questionnais-je en frissonnant, croisant mes bras autour de mon propre corps pour essayer d’effacer le froid ressenti.

D’accord ça a les “bons” effets de refroidir nettement mes ardeurs et de me réveillé de façon drastique, mais si on augmente pas la température de l’eau, je vais claquer des dents en moins de deux! Oui, je suis frileux par moment, mais quand on a pas un gramme de gras ou presque sur le corps pour servir d’isolant, c’est ce que ça donne! Je me tasse d’ailleurs un peu plus dans le coin le plus éloigné de l’eau, faisant tout de même attention pour ne pas me coller à la céramique qui ne serait pas plus agréable.

Un chat échaudé craint l’eau froide, qu’ils disent. Oui, bah un Oli congelé la craint tout autant, je vous avouerai! Et c’est pourquoi je reste tassé dans mon petit coin à presque replier mes orteils pour ne pas être en contact avec le jet et les éclaboussures tandis que Jax se pète un gros fou rire. Je lui en veux pas; je devais - je dois encore - faire une tête! Mais je comprends pas comment il peut encore rester sous la douche à cette température! Et je l’observe pour percer le mystère alors qu’il m’assure qu’elle n’est pas glacée. Et moi, je te garanti que je repasse pas dessous tant qu’elle est pas plus chaude! J’ai pas envie de glaglater pendant des heures!

Restant obstinément dans mon coin malgré ses affirmations aux sujets des plans qui auraient été des plus plaisants si Daeron n’avait pas eu envie d’aider Jax à me réveiller, j’ai malheureusement pas trop envie de ça avec la douche froide - et c’est le cas de le dire - que je me suis pris. L’ennui aussi c’est que, puisque la température de l’eau n’est pas plus élevé, ben la température de la pièce ne l’est pas elle non plus et je reconnais que je commence à me geler le derrière dans mon petit raccoin! Alors même si j’ai une certaine résistance lorsque mon petit ami m’attire contre lui, je finis par obtempérer lorsque je réalise que l’eau est plus supportable. …et que sa peau est encore vaguement chaude. Du moins assez pour que je me blottisse un moment contre lui pour arrêter le faible tremblement qui menaçait de pointer.

Lorsque mes nerfs acceptent de se détendre un peu, je rends sa liberté de mouvement à mon Mather pour qu’il finisse de se doucher pendant que je fais rapidement de même. J’ai franchement hâte de retrouver soit le confort des couvertures - même si je doutes qu’il ne me laissera pas faire -, soit mon large coton ouaté!

- C’est quoi le grand mystère de la journée? Questionnais-je finalement.

Mes cheveux mouillés devant mes yeux m’empêche un instant de le voir, mais je les rabats vers l’arrière dans un mouvement automatique pour continuer de le regarder tout en me lavant distraitement. J’hoche légèrement la tête en suivant mentalement son planning. J’avoue que je n’ai plus tellement de jeans de qui ne sont pas troués. Même si j’ai été faire les boutiques y’a pas si longtemps pour me trouver des maillots avant le Spring Break, j’étais sur l’urgence puisqu’on partait quelques jours plus tard, alors je n’ai pas vraiment pris le temps de chercher pour autre chose.

- Tu m’as convaincu au mot “café”, affirmais-je en riant doucement lorsque Jax me demande si le tout me convient.

Je sais qu’il faudra que je mange parce qu’il n’acceptera pas que je ne prenne qu’une boisson comme je le ferais probablement si j’étais tout seul. On sait tous que c’est pas un mal et le fait qu’il insiste - sans en être chiant, ô joie! - finira peut-être par me créer une nouvelle habitude. Même si je ne me fais pas tellement d’idées à ce sujet.

Une fois lavé, je sors de la cabine avant de m’enrouler dans une serviette qu’il avait sorti, pour ensuite me frictionner et éponger mes cheveux. Garanti, à cette longueur, ils seront vaguement ondulés pour le reste de la journée! Je n’ai pas la patience de mes cousines ou mes amies de filles pour les aplatir comme elles le font avec les leurs - et que j’ai déjà vécu parce que je les ai laissé faire. Je me contente de quelques coups de brosse. …si je suis pas à la bourre. Là, par contre, je prendrai le temps de le faire, mais une fois j’aurai passé des vêtements parce que je risque d’avoir la chair de poule en quelques minutes si je reste comme ça.

La serviette autour des reins, une main sur le noeud pour ne pas qu’il se défasse si la peluche décide qu’elle veut encore de l’affection, je vole un baiser rapide à Jax, glissant mes doigts libre sur son torse par plaisir, avant de retourner dans sa chambre pour enfiler les vêtements de rechange que je sors de mon sac. Une fois fait et un peu plus rassuré que je ne risque pas de me transformer en glaçon, je fais quelques pas, serviette en main dans le but de retourner dans la chambre, mais croise le regard de Daeron qui m’observe depuis son panier. Alors, je m’asseois simplement par terre, signal qu’il semblait attendre pour venir faire son calinours.

Les mains dans sa fourrure, à l’ébourrifer, je m’adresse à son maître.

- Tu dois le sortir, non? Le questionnais-je. Ou il vient avec nous?

Au mail, je sais qu’ils ne sont pas accepté, mais je crois qu’aux quartiers des boutiques ça va. Après, je laisse le soin à Jax d’évaluer : c’est son chien et il a eu l’idée de cette journée.