J’regrettais pas être venu à cette activité. J’regrettais pas vraiment non plus avoir du faire équipe avec toi. T’étais un sacré phénomène faut dire, ta spontanéité me faisait rire. Et puis mine de rien, cette expérience, ce truc de parasailing, c’était vraiment cool. On avait une belle vue sur le paysage paradisiaque que nous offrait les Bahamas. « Bien sûr que non. J’ai une tête à avoir peur? » Je feins une expression méchante, de gros dur qui ne craint rien, avant de rire quelque peu. « Bon, pourquoi t’es toute seule? » Pourquoi t’avais décidé de venir toute seule à cette escapade touristique téméraire? Moi, j’étais là parce que ma meuf n’était plus ma meuf et que mes potes étaient trop occupés à baiser ou décuver. Mais toi? Ça m’intriguait de savoir pourquoi t’avais pas amené une amie par exemple.

Malicia profitait de l’activité et elle avait presque envie de rester dans les airs toute l’après-midi. Ici elle se sentait bien. Elle se sentait libre. Elle demanda alors à Elliot s’il avait peur. «  Non pas vraiment non. » dit-elle en souriant, sa question lui rappelant celle qu’elle lui avait posé quelque minute auparavant, sur le fait qu’elle n’était pas une princesse. Effectivement cet Eliot ne semblait pas effrayer le moins du monde. Malicia passait un agréable moment. Outre la vue et le parasailing, le jeune homme était plutôt sympa. C’était plaisant. C’est vrai elle aurait pût tomber sur un gars lourd ou sur un abruti. Au lieu de ça elle partageait cette activité avec quelqu’un loin de moche à regarder et qui savait tenir une conversation. Elle s’estimait plutôt chanceuse. Enfin jusqu’à ce qu’il commence à la questionner sur le fait qu’elle était seule. «  Pourquoi ta question sonne à mes oreilles comme un reproche ? » dit-elle en haussant un sourcil. «  J’ignorais qu’il fallait être deux pour faire du parasailing » dit-elle simplement. «  Apparemment je ne suis pas la seule. Pourquoi t’es tout seul toi ? »

Bien sûr que non, j’avais pas une tête de gars à être facilement effrayé. Pourtant, des peurs, j’en avais. Un tas. Mais le goût du risque était là, exquis, malgré la peur. C’était mon côté paradoxal. Mais la question que je me posais réellement moi, c’était pourquoi tu t’étais retrouvée toute seule à cette activité. T’avais l’air d’une fille plutôt sociable, c’était étonnant. Je secoue légèrement la tête de façon négative. « C’était pas un reproche, juste une réelle question. » Je rêve ou je détectais un soupçon de susceptibilité? Tu me donnais une réponse un peu trop banale à mon goût avant de me retourner la question. À mon tour d’hausser les épaules. « J’suis célibataire donc j’pouvais pas emmener ma copine et mes potes sont tous trop occupés soit à baiser, soit à décuver, soit à préférer se prélasser au soleil. Moi j’avais besoin d’un peu d’adrénaline. » Tu vois, ça, c’était une vraie réponse. Pas un truc évasif comme tu m’avais donné. « Et ouais, j’pensais aussi qu’on pouvait faire ça seul, j’avais pas vu que c’était par groupes de deux minimum. »

« C’était pas un reproche, juste une réelle question. » «  Oh… » Laissa échapper Malicia en remettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille, baissant légèrement les yeux avec un demi sourire. Elle réalisait qu’elle était un peu… agressive ? Le mot était peut-être fort mais en effet ses derniers temps elle sortait un peu les griffes dès qu’on lui parlait de son célibat, de sa vie sentimentale ou entre autre de Brent. Le pauvre Elliot n’avait rien fait à part lui posé une innocente question. Bien loin de s’indigner, il répondit à son tour. «  Je suis célibataire aussi et je suis plutôt indépendante. » Ces mots là résonnait un peu comme «  je suis seule monde », aussi elle s’empressa de rajouté. «  J’ai des amis ! Mais il ne partage pas mon goût pour ce genre d’activité. » Oliver et Jonathan faire du parasailing ? Non. Enora ? Trop occupé à roucouler avec Aaron. Alan ? Hum… Il préféré les châteaux de sable. Voilà, on avait à peu prêt fait le tour des personnes qu’elle fréquentait. Elle poussa un soupir et eut un léger sourire. «  J’suis désolé j’voulais pas paraitre agressive. Effectivement c’est dommage que ce soit qu’à deux, parce que c’est vachement chouette. » Dit-elle en posant ses yeux sur l’horizon. Elle ferma les yeux pour savourer l’instant.

Célibataire, indépendante. Ouais, c’était compréhensible. On n’était jamais mieux servi que par soi-même de toute façon, non? Et comme tu t’empressais de sur-enchérir, je riais quelque peu. « T’as pas besoin de justifier ton indépendance hein. Et j’doute pas du fait que t’aies des amis. No souci. » Je t’adresse un petit clin d’oeil, histoire de me montrer réconfortant. Je secoue la tête à ton excuse. « Pas de ça avec moi, t’as pas besoin de t’excuser. T’étais pas agressive, te prends pas la tête avec ça. En plus, j’suis un inconnu, tu devrais pas te préoccuper de ce que je pourrais penser! » Je t’offre un sourire sincère, avant d’embrayer sur une autre question — non sans regarder le paysage, faudrait pas louper cette beauté. « T’es étudiante à Harvard du coup? Quelle confrérie? Non, attends, ne me dis rien ! » Je plisse quelque peu les yeux en t’inspectant, réfléchissant. « Dunster? » que je tentais, pas très sûr de moi pour autant. T’avais l’air de faire parti des jaunes, du peu que j’en savais. Mais j’étais super mauvais pour les devinettes, donc bon.

Malicia rouvrit les yeux quand Eliot annonça qu’elle ne devrait pas s’excuser. Il était vraiment sympa et la présence du jeune homme rendait l’activité encore plus sympa. «  T’à raison, j’devrais pas » dit-elle avec un demi-sourire. Alors pourquoi elle le faisait ? Sans doute parce qu’elle se mettait souvent la pression toute seule et que ça faisait un moment qu’elle n’avait pas de nouvelle connaissance. En même temps Malicia ne cherchait pas vraiment à faire des rencontres. Elle restait dans son cercle restreins depuis son retour à Boston et ça lui allait très bien comme ça. Sa petite immersion parmi la confrérie des Eliot l’année dernière l’avait nettement refroidi concernant la condition humaine et elle préférait rester dans sa zone de confort.  Il fallait le reconnaitre, Malicia n’était pas quelqu’un qui faisait facilement confiance. Il devina qu’elle était étudiante et essaya de deviné la confrérie, ce qui lui tira de nouveau un sourire. «  Mather » répondit-elle en souriant. Dunster ? La confrérie des intellos. Elle voyait ça plutôt comme un compliment. « Ancienne Eliot mais personne n’est pas parfait. » dit-elle en haussant les épaules car elle ne portait pas cette confrérie dans son cœur. «  Accessoirement Lowell pendant plusieurs année. J’aime bien changer. » Dit-elle avec humour. «  Winthrop n’est-ce pas ? » demanda-t-elle en grimaçant, redoutant visiblement d’avoir raison. C’était un fait établis, Malicia s’entendait bien avec les garçons de cette confrérie. Enfin… elle avait des ex là bas. Elijah, Kale, Brent…

Si on était coincés ici pendant une grosse demi-heure, autant faire la conversation et apprendre à se connaitre non? Donc je devinais assez facilement que tu étais étudiante à Harvard — en même temps, on avait tous envahis les Bahamas cette dernière semaine. Les pauvres locaux. Quoique… Les latinas que j’avais croisées avec Hae-Seong ne semblaient pas vraiment s’en plaindre. J’essayais de deviner ta confrérie du coup, parce que même si j’étais nul au jeu des devinettes, j’aimais bien m’amuser d’un rien. Je tentais avec la Dunster House, mais non, tu me contredisais en te proclamant Mather. Ah, tiens, encore une. Fallait que j’arrête de m’entourer de Mather moi, toutes celles que je connaissais avaient fini dans mon lit. Et quand tu me parlais de ton passé de maisons, j’écarquillais les yeux. Waouh, trois maisons différentes… « Bah ça fait combien de temps que t’es à Harvard? » Mon Dieu, ça se trouve t’étais bien plus vieille que moi. J’hochais la tête — à croire que c’était facile de deviner que j’étais Winthrop, personne ne se trompait jamais sur ma confrérie. Dans ma tête à l’époque en revanche, ça n’avait pas été aussi simple. « Si j’avais écouté mes parents, j’aurais fini chez les Eliots aussi. Et j’hésitais avec la Mather à ma rentrée à Harvard. Mais j’ai rencontré un gars et on s’est bien plus à la Rush Week des Winthrops, alors voilà. » J’avais fait mon choix. Et aujourd’hui, je ne le regrettais pour rien au monde. La Winthrop, c’était ma maison, ma famille. Plus que ma famille biologique même.

Etre là, dans les airs s’était… Grisant ! Le cœur de Malicia tambourinait dans sa poitrine mais elle n’avait aucune envie de redescendre. Elle voulait rester aussi libre qu’un oiseau. Profitant de l’activité et du fait qu’elle n’était pas seule, la conversation allait bon train. «  Sept ans pourquoi ? » demanda-t-elle toujours avec ce demi-sourire amusé, cette malice, qui la caractérisait tant. «  T’a quel âge toi ? » demanda-t-elle en se redressant légèrement, craignant qu’il lui annonce qu’il avait dix neuf ans, sans quoi elle se serait sans doute trouvait bien vieille d’un coup du haut de ses vingt cinq ans. Elle avait été Eliot pendant seulement moins de six mois et Mather depuis seulement Janvier avec la rush week. La Lowell house était la confrérie de son cœur, celle où elle avait passé plusieurs années, celle qu’elle n’aurait peut-être jamais dût quitter… « Si j’avais écouté mes parents, j’aurais fini chez les Eliots aussi. » «  C’est vrai ? J’étais chez les bleus pour faire plaisir à mon père. » Avoua-t-elle. En vérité c’était un petit peu plus compliqué que ça… Beaucoup plus compliqué… «  J’hésitais avec la Mather à ma rentrée à Harvard. » «  On aurait pût être dans la même confrérie ! » « Mais j’ai rencontré un gars et on s’est bien plus à la Rush Week des Winthrops, alors voilà. » «  Oh… » On pouvait décelait une certaine déception dans la voie de Malicia. Elle lui adressa un sourire et reprit. «  Et depuis quand ton petit ami et toi avez-vous rompu ? » Eliot venait de dire qu’il avait rencontrait un gars et quelque minutes auparavant il avait affirmé être célibataire donc… elle devinait qu’il y avait eu rupture. C’est marrant au premier abord elle n’aurait pas imaginé Eliot gay, bien que certaine rumeur à la fac laissait sous-entendre que la Winthrop House était rempli d’homosexuel, notamment depuis que l’un de leur président, Jaysaël, ait fait lui-même son coming-out. Malicia faisait des conclusions hâtives, loin de se douté qu’elle était totalement dans le faux…

SEPT ANS? Ça faisait sept ans que t’étais à Harvard? Oh bon Dieu, mais t’avais quel âge? Alors j’fis rapidement le calcul dans ma tête. Moi, ça faisait cinq ans que j’étais à Harvard… donc en fait, t’étais pas beaucoup plus âgée que moi. Bon, ça va. « J’ai vingt-trois ans. » Donc t’en avais sûrement vingt-cinq, si t’avais suivi un cursus scolaire normal. Alors on discutait de confréries, et comme quoi toi aussi, la Eliot House avait été un choix par souci familial. Jamais les meilleurs. Et je riais quelque peu quand je vis ton enthousiasme à ma mention de la Mather. « Ouais, on aurait pu. » Mais j’avais rencontré Philip lors de la Rush Week et on s’était lié d’amitié, et on avait décidé d’aller à la Winthrop House ensemble. Mon premier frère rouge, en fait. Et ta question, elle me fit arquer un sourcil. « Mon petit-ami? » Alors je me repassais notre conversation dans la tête, une fois, deux fois, jusqu’à voir le problème. Oooooh. Alors je lâchais un petit rire. « Non non, j’ai pas ‘rencontré un gars’ de cette façon là. J’voulais dire ça dans le sens d’un ami. » Attends mais… « Tu pensais vraiment que j’étais gay? » te questionnais-je, les prunelles teintées de surprise et de curiosité. Bon sang, c’était bien la première fois qu’on me la faisait, celle-là. « Et j’ai rompu avec ma copine le mois dernier. » Au moins, ça répondait à ta question, même si le genre de mon partenaire avait changé entre deux… Et à nouveau, je lâchais un rire en repensant à tout ça.

Au final il n’était pas si jeune que ça. 23 ans. Ça leur faisait deux ans d’écart. Les mots prononçait par Elliot concernant la raison de son admission chez les rouges avait induit Malicia en erreur. Erreur que le jeune homme s’empressa de rectifiait. «  Ooooh ! » lâcha-t-elle avec surprise alors qu’elle réalisait son erreur. Elle mordilla sa lèvre inférieure pour réprimer un petit rire et cachait en même temps  la légère honte qui s’emparait d’elle. «  Tu a dis que vous vous étiez  plus alors que j’ai cru que… » Elle eut un léger rire, amusait de sa propre maladresse. «  Oups.» Elle était vraiment la reine des gaffes ! Elle haussa les épaules à sa question concernant une éventuelle homosexualité. «  Pourquoi pas ? » Après tout c’est vrai, l’homosexualité n’était pas quelque chose écrit sur le front des gens. Elle était bien arrivée à se faire passer pour lesbienne auprès de Jason lors de la soirée karaoké Mather- Lowell en embrassant Sheila ! « Mon meilleur ami est gay donc j’suis habitué à côtoyer toute style de personne. Mais c’est vrai qu’à la réflexion… peut-être pas non. » Un sourire enjôleur, un air de tombeur. Hum… C’est vrai qu’Elliot n’avait pas vraiment le profil type d’un homosexuel. « Et j’ai rompu avec ma copine le mois dernier. » Le pauvre. Malicia était bien placé pour savoir que les ruptures ça pouvait être douloureux, elle-même n’était pas totalement remise de celle qu’elle avait eu avec Brent, bien que cela faisait des mois. A croire qu’on ne se remet jamais vraiment de ce genre de souffrance. D’ailleurs elle n’était sortit avec personne depuis lui. Juste deux trois coups d’un soir par ci par là. «  Oh je suis sincèrement désolé » dit-elle en plongeant son regard dans le sien, posant sa main sur son bras en guise de compassion avec un léger sourire. C’est le moment que choisit le bateau pour les faires légèrement descendre afin qu’ils puissent toucher l’eau du bout des pieds. Amuser par la sensation, Malicia se mit à rire.