Un sourire s'installe tranquillement mais sûrement sur ses lèvres carmines avant que la Brune ne reprenne une gorgée du breuvage si gentiment offert. Deirdre profite simplement du vent frais du soir qui vient caresser quelques instants sa nuque et de ce flirt qu'elle juge anodin et dont elle profite. Grayson est un séducteur certes, et il ne s'en est jamais caché. Ils partagent tous deux cela. La séduction sans être particulièrement volage. Ce qui est certain c'est que l'Eliot aime nourrir le paradoxe. Alors son menton se relève avec une fierté non dissimulée. « Oh non. On peut juste dire que tu as de l'ambition. » Puisque Colombe comme Elle sont des cibles de choix. La Demoiselle n'est nullement outrée d'avoir partagé la convoitise avec celle qu'elle considère comme sa Protégée. Sa presque sœur. Bien plus convenable que celle qu'elle s'est découverte quelques semaines en arrière. Deirdre pose alors son gobelet pour se rapprocher du Rouge. Ses phalanges se posent sur le torse du jeune homme tandis que les billes incandescentes se relèvent sur le visage familier. Les mains s'aventurent sur les muscles négligemment offerts entre les pans de tissu pour descendre sur l'abdomen, venant jouer avec le feu. Le sourire vient de nouveau prendre en otage ses lèvres jusqu'à ce que la provocation exulte. « C'est mauvais la frustration, tu crois ? » Histoire de voir la patience dont tu sais faire preuve.

La compagnie du jeune homme était rafraîchissante, il fallait avouer. Avec lui, elle ne se prenait pas la tête et elle trouvait un certain plaisir à jouer. Il lui plaisait. Parce qu'il aimait séduire mais parce qu'elle sentait que le vice était absent chez lui. Du moins, c'est ce qu'elle aimait imaginer. Elle le sentait moins torturé qu'elle ne pouvait l'être, mais à vraie dire, elle ne connaissait pas grand chose de lui. « Flatteur va. » s'amuse-t-elle avec une moue réprobatrice lorsqu'il lui avoue que Colombe et elle sont les plus belles filles du campus. Il y avait tout un tas de femmes bien plus désirables qu'elle. Bien plus simples d'accès aussi, mais entendre ce genre de choses faisait toujours plaisir. « Je ne pensais pas aimer les Roux avant aujourd'hui. » lance-t-elle avec un sourire en coin. En réalité, elle n'accordait que peu d'importance à la couleur d'une chevelure mais jouer des préjugés à son égard l'amusait. Juste un peu de superficialité pour masquer la réalité de pensée. Et puis Deirdre s'entête à jouer, à pousser la provocation davantage, à voir jusqu'où le Winthrop peut demeurer sage. Le sourire s'étire sous sa réponse tandis que les billes observent le regard du jeune homme, une main quitte la peau masculine tandis que l'autre s'aventure sur la gorge doucement pour venir se poser sous son oreille. « Et ça te fait quoi ? C'est mal ou ça te donne encore plus envie ? » La main s'échappe pour venir se poser dans le sable fin.

« Merci. » rétorque sa voix douce. Deirdre est tout à fait sérieuse quand il lui avoue penser ce qu'il dit. Elle ne peut pas savoir, elle n'est pas dans sa tête, mais elle sent la sincérité dans ses propos. Certes, l'attirance est physique mais Grayson lui donne comme un goût d'en savoir plus. Ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Elle avait alors plaisanté sur la couleur de ses cheveux et son aveu l'a surpris un peu. Le Winthrop renvoyait une image qu'on peut qualifier de parfaite, il souhaitait être beau, il voulait plaire, ses études indiquaient le choix d'un corps irréprochable. Alors le choix de cette teinte était pour le moins surprenante. Amusée, la Brune passe ses doigts dans les cheveux du Rouge. « Tu as quoi contre le brun ? » Faisant référence ainsi au propre ébène de sa chevelure à elle. « C'est un choix risqué le roux non ? » A cause de l'image qui lui était associé. Nombre de Roux avaient sans doute souhaiter changer leur nuance plus jeune. « Le risque paie tu me diras. » conclue la Téméraire avec un nouveau sourire. Elle sentit un frisson parcourir la surface de sa peau lorsque Grayson vint poser ses lèvres au creux de son cou. Ses battements cardiaques s’accélérèrent indubitablement. « Certes. » rétorque-t-elle presque mutine. Sa main accroche cette fois la chemise pour venir le rapprocher d'elle. Puisque c'est de ce réflexe dont elle a envie d'user alors qu'il s'éloigne à nouveau d'elle. Deirdre se rapproche à son tour pour presque le frôler. Ses lèvres se posent doucement sur celles masculines. L'Irlandaise échange un baiser suave et presque tendre avec le Winthrop, laissant ainsi deviner le désir qui l'anime. Elle chuchote. « Mais n'est-ce pas encore meilleur lorsqu'on nourrit cette envie ? » Échange philosophique et pratique, c'était une option étrange pour un Spring Break, mais ça lui plaisait plutôt bien.

Il n'avait rien contre le brun et heureusement. Parce que autrement, cela aurait été vexant. Mais Deirdre s'amusait simplement et ne doutait pas le moins du monde qu'il soit également canon avec sa chevelure naturelle. A vraie dire, c'était un détail de seconde importance. Ce qu'il lui avoua toutefois la surprit quelque peu. Jusqu'ici, ils n'avaient échangé que sur des sujets légers mais elle percevait que ce qu'il avouait sur son père était quelque chose de plus profond. Il avait toutefois trouvé l'oreille appropriée pour ce genre de confidences. « Je te comprends, j'ai toujours imaginé mon père comme un homme fort et puissant. Quand j'ai vu la réalité, j'ai été heureuse de ne pas lui ressembler. » Avoir honte de ses géniteurs était un sentiment qu'elle partageait. « Tu vaudras toujours mieux de toute façon. » décide-t-elle avec un sourire. Elle ne connaît pas le moins du monde le père de Grayson mais si il ne le porte pas en estime alors il y a toutes les raisons pour que ses paroles soient véridiques. Et notre histoire ne dépend pas de celle de nos parents. Peut-être que la profondeur soudaine de la discussion déclencha le baiser, peut-être une envie soudaine, va savoir, quelque chose entre les deux sûrement. Elle répondit en écho à son sourire et contempla son regard se poser sur le sien. Nourrir l'envie jusqu'à ne plus pouvoir la supporter, voilà ce qu'elle aimait. « Ah oui, depuis quand ? » s'amuse-t-elle avec un sourire en coin. Être désirable venait abreuver un peu plus son orgueil et c'était une sensation appréciable. « Et dis-moi Grayson Gates, tu as envie de quoi maintenant ? » Elle s'attendait à la réponse mais l'embraser davantage était bien plus amusant.

La perfection donne souvent de l'intérêt si on prend la peine de gratter. Deirdre maitient cette illusion depuis des années pour masquer la faille, il semble que Grayson adopte un stratagème similaire. Ils n'ont pas été gâtés non. « Ça dépend pour quoi mais pour le commencement c'est sûr que non. » Porter un sang qu'on rejette dans les veines, c'est une sensation pour le moins étrange et sans doute peu banale. L'un comme l'autre ont sans doute envie de se démarquer pour leur différence avec les racines qui les ont amenés au monde. Et c'est ainsi qu'ils se sont trouvés mutuellement, que Deirdre a eu envie de lui offrir davantage, de s'emparer de ses lèvres comme pour marquer l'instant. Juste un désir auquel on répond. Du moins en partie. Elle sent ses doigts venir caresser sa joue et ses paupières se ferment un court instant. La douceur n'a jamais fait partie de sa vie et pourtant elle sait apprécier la sensation. La pâleur des pupilles refait de nouveau surface sous l'aveu du jeune homme. « J'ai envie de toi moi aussi mais j'apprécie ta sagesse. » lance la Narquoise avant de prendre de nouveau ses lèvres en otage, de façon plus vorace. « Tout vient à point à qui sait attendre. » Elle se lève ainsi doucement pour le laisser de façon quelque peu sadique en suspens. « Bonne soirée Grayson. » Et qui sait la prochaine fois jusqu'où s'armera sa résistance.