Le Spring Break c'était le souffle bienvenue dans l'année. Cette parenthèse au soleil où on oubliait tout le reste. Où on pouvait être qui on voulait, faire tout ce qu'on désirait. Ce qui se passe au Spring Break reste au Spring Break. Et Deirdre comme nombre d'étudiants s'est envolée dans cette expectative. Cette année la destination choisie est paradisiaque. La Brune s'émerveille chaque jour davantage des Bahamas, passant ses après-midi à explorer la flore environnante, laissant les soirées à l'amusement et aux excès. Pour cette fois, elle est une étudiante parmi les autres. Alors la Solitaire se rend à une soirée et même son corps aux autres. Les rythmes de la danse lui font oublier le reste, elle peut ainsi rester des autres à onduler anonymement au gré des cocktails. La chaleur est bien présente, si bien qu'elle sent la sueur perler sur sa peau. Vêtue d'une robe courte fluide d'été, elle ressent bientôt le besoin de prendre l'air et se pose non loin du bar en bordure de la plage. La masse d'étudiants est également dehors entrain de boire, fumer des cigarettes ou même continuer les jeux et la Brune apprécie tout bonnement sa solitude. Une silhouette familière vient toutefois bientôt s'asseoir à côté d'elle, la jeune femme reconnaît aisément le cuivré de la chevelure et amorce un sourire. « Grayson ! Heureuse de te revoir, tu passes une bonne soirée ? » Les prunelles pâles détaillent le Winthrop qu'elle trouve toujours à son goût, elle repense amusée à sa conversation avec Colombe et attend de voir ce que va lui répondre le jeune homme.

Ses yeux s'attardent sur la chemise ouverte laissant entrevoir les abdominaux du jeune homme et effectivement, il n'a rien sur lequel complexer physiquement. Elle ne s'y attarde néanmoins pas longtemps et constate plutôt l'air morose de Grayson. Ce n'est pas une facette de lui qu'elle avait pu apercevoir de lui la fois passée. Peut-être que finalement, il n'était pas si fêtard et volage comme il l'avait confié. « Je te l'ai dit la dernière fois, être seule ne me gêne pas. » Un léger sourire vient orner ses lèvres tandis qu'elle pose ses yeux sur sa boisson. « Tu m'en passes un peu, je suis sortie de la piste en oubliant de quoi me rafraîchir, je meurs de soif. » Peut-être que ça ne se faisait pas, mais elle s'en fichait un peu, elle aimait alimenter cette proximité avec lui. « J'espère pouvoir t'aider à changer le cours de la soirée alors, quelque chose ne va pas ? » Elle oriente son regard vers le paysage, la nuit est à présent tombée et pourtant l'air est toujours doux, l'endroit est paradisiaque, on ne peut que tout oublier au paradis.

Être seule était une habitude pour elle mais Grayson se prend au jeu et lance une petite provocation. Son sourire s'étire tandis qu'elle le regarde un peu d'en haut. « Tu marques un point. » Elle ne va pas mentir, sa compagnie est agréable et le recroiser est un plaisir auquel elle a parfois déjà pensé. Deirdre ne s'embarrasse pas des convenances, estimant qu'elle connaît suffisamment le Winthrop pour lui demander de partager un peu de son breuvage. « Merci. » La galanterie ne se perd pas après tout. Le Spring Break donne également la chance de se procurer des boissons plus que facilement. Avide, elle avale une gorgée du liquide frais et sucré aromatisé en arrière de goût de rhum. Le genre de mixture bien traître qui vous rend pompette en moins de deux mais délicieuse fallait avouer. A priori, Grayson n'avait pas la tête à faire la fête, ce qui lui paraissait un peu étonnant mais après tout, elle aimait parfois se poser elle aussi. « Il y a pourtant de sacré lots de nanas qui ne demandent qu'un peu de compagnie. Le Spring Break fait tomber les barrières, c'est le moment d'en profiter. » Son regard glisse sur lui complice tandis qu'elle avale une nouvelle gorgée. « Mais j'oubliais que tu étais un garçon sérieux. » Séducteur mais pas volage, drôle de contradiction, surtout quand même une de ses plus proches amies a côtoyé le jeune homme en question.

Le petit jeu continue entre eux et elle n'y voit pas le mal. « Va savoir, j'ai eu chaud à force de danser, je décide de prendre l'air pour me reposer, et voilà que tu arrives avec en plus une délicieuse boisson dans les mains, faut croire que tu sais comment devancer mes désirs. » Elle rit doucement de la situation parce que finalement Grayson tombait à point nommé oui. Un peu comme lors de leur première rencontre à la Eliot. Il lui avait alors montré une facette de lui assurée et séductrice alors le voir seul ce soir avait quelque chose de surprenant. Pour autant, le Winthrop s'accroche à sa provocation et lui demande si elle serait dérangée par sa proximité. « Ca dépend, ça a fonctionné comment avec Colombe ? » lance la jeune femme en relevant un menton légèrement arrogant. Elle le piège en quelque sorte avec sa question mais elle s'amuse surtout. Le destin a voulu que sa Protégée connaisse le seul Roux qui l'ait jamais fait fantasmé. Fallait avouer que c'était un peu décevant. Deirdre est égoïste, elle n'aime pas partager, c'est ainsi. Elle marque son accord d'un signe de tête quand il lui avoue ne pas vouloir suivre l'exemple de son frère. « Je prône la liberté des actes, mais se donner à n'importe qui c'est aussi à mes yeux perdre un peu de sens. On peut séduire sans forcément conclure à chaque fois. » Deirdre n'est pas du genre à avoir une logique bien pensante, elle couche parfois lors d'une première soirée ou a contrario met parfois des mois, elle n'écoute que son désir le plus profond, mais jamais une envie qu'elle juge passagère et faite pour anesthésier du reste.

Elle lui avait offert un café dans son royaume d'ambition à Harvard, il lui offrait sa boisson lors d'une soirée festive à l'autre bout du monde, tout était logique finalement. « La boucle est bouclée. » appuie-t-elle d'un sourire alors qu'il s'amuse à la provoquer. La Brune saisit l'occasion au vol et lui parle alors de Colombe. Grayson semble étonné mais retombe vite sur ses pieds. La Demoiselle acquiesce. « Son frère est un de mes meilleurs amis, et je suis naturellement proche de sa petite sœur. On se ressemble beaucoup toutes les deux. » Pas tant par le physique que par la mentalité. Toutes deux ambitieuses et hautaines, de vraies petites pestes pour la plupart. Le genre de femmes qui ne baissent pas leur garde facilement en vérité. Elle rit doucement lorsqu'il lui avoue que c'est toujours mieux quand on arrive à la conclusion. Bien entendu. « Mais c'est encore mieux lorsqu'on l'a fortement désiré, tu ne trouves pas ? » Assouvir la pulsion immédiatement était moins plaisant que de jouer avec l'envie jusqu'à ne plus la supporter.