Arrivée sur l'île, Harper trouvait un élan d'enthousiasme qui ravissait Alejandro aussi. Elle tournait sur elle-même, célébrait leur arrivée et l'Espagnol la regardait, le sourire aux lèvres. Était-elle belle sous ce soleil, la mer d'azur à la couleur de ses yeux derrière elle? Bien sûr. Alejandro pouvait deviner aussi qu'elle n'avait pas l'occasion de se laisser aller ainsi souvent.

-Si, j'y étais.

Pas si longtemps par contre, puisqu'il y était accompagné d'une belle Italienne. Un détail que l'Américaine préfèrerait sans doute savoir... ou pas. Comme ils marchaient sur la plage, côte à côte, la belle brune à ses côtés tient une remarque plutôt amusante et intrigante. Que voulait-elle dire au juste?

-D'autres au contraire seraient bien contents d'être à notre place. Je suis plutôt de cette catégorie. Puis, ce n'est pas comme si on n'avait pas pagayé pendant presque une heure pour arriver jusqu'ici.

Alejandro était-il repoussant à ce point? Il en doutait. D'habitude, son charme désarmant fait bonne œuvre. Quand il aperçoit le cocotier, l'Espagnol eut tout de suite l'idée de grimper dans l'arbre pour aller chercher une noix de coco. Jeune, il grimpait dans les palmiers contre ses cousins, les jeunes n'atteignaient qu'à peine la moitié, m'enfin, c'était le début de l'entraînement.

Convaincu qu'Harper, avertie, n'était pas juste en-dessous de lui, d'autant qu'en jetant un coup d’œil, il eut l'impression qu'elle était correcte, finalement, une des deux noix de coco atterrit sur la tête de l'Américaine, les yeux de l'Espagnol passèrent aussitôt en mode panique et lâcha un "Oh no!" en espagnol, avant de descendre vite fait. C'est que la jeune femme était allongée sur le sol, inconsciente. Dix secondes d'inconscience, c'est assez long pour motiver un appel à l'ambulance en passant... Priorité un: la réveiller et évaluer sa tête, s'il y a saignement ou quoi. La relever n'était clairement pas la priorité. D'ailleurs, si la belle essaie de se lever, il la fait se rallonger.

-Harper?! Harper! Réveilles-toi! Ça va? Non, non, restes couchée, il faut que j'examine ta tête.

Alejandro essayait de rester calme, mais il était clairement en mode urgence. Seul sur une île déserte avec une blessée, c'était tout à coup beaucoup moins drôle. L'enthousiasme et la joie d'Alejandro s'était évanouie en moins de deux. En apercevant le sang et possiblement la coupure provoquée par la noix, le jeune homme avala de travers. Fallait hydrater Harper et vite et panser la plaie. Et l'autre qui rigolait... Était-ce bon signe? Ce sont peut-être les signes d'un état de choc. Il esquissa quand même un sourire.

-Si... Évites de bouger trop rapidement d'accord. Je vais t'aider à t'installer contre le cocotier... Doucement.

Au moins, elle semblait avoir repris ses esprits, merci adrénaline. Sans crier gare, Harper essaie de se lever et Alejandro la rattrape de justesse et la fait se rasseoir comme prévu contre l'arbre...

-Harper, je t'ai dit de ne pas te lever. Tu as reçu un sacré coup.

La tête, ça saigne énormément, souvent, ça a l'air pire que c'est. Il sait, pour s'être déjà blessé en surfant, plongeant, entre autre. Quand on fait quantité de sports, on se blesse, cela vient avec. Il dépose un baiser contre la tempe de la jeune femme et va ramasser une des moitiés de la noix. Il y avait un peu d'eau de coco dedans et le tendit à Harper.

-Tiens, bois, ça peut t'aider. Je vais essayer de trouver de quoi faire un petit bandage. Tu ne bouges pas han?

Dans le kayak, il y a ce qu'on appelle la jupe, sorte de toile. Alejandro y court et en déchire une partie en usant de ses mains et de ses dents et retrouve la belle brune pour improvisée un semblant de bandage contre sa tête et appuyer doucement. Fallait maintenant attendre que le saignement se calme.

-Ce n'était peut-être pas une si bonne idée de venir sur cette île finalement...

Ils allaient devoir rentrer, la ramener pour la soigner et s'assurer qu'elle aille bien. Une belle journée pratiquement déjà à l'eau et Alejandro qui se sentait coupable comme jamais. Comment une bonne idée peut se transformer en la pire des idées.

Apparemment il était sur la plage ce fameux soir. Trop occupée avec mon petit monde, je ne l’avais malheureusement pas remarqué. J’acquiecais lentement le sourire aux lèvres avant qu’il ne continue. -D'autres au contraire seraient bien contents d'être à notre place. Je suis plutôt de cette catégorie. Puis, ce n'est pas comme si on n'avait pas pagayé pendant presque une heure pour arriver jusqu'ici. Je souriais de plus belle. Effectivement, certains. Moi, malgré le fait que je me retrouve avec l’homme le plus séduisant d’Harvard, je en pouvais m’empêcher d’être nerveuse. Mais chaque mot qu’il prononçait éloignait ce sentiment. C’était sans compter sur cette noix de coco de malheur qui s’abattit sur ma tête ! Les yeux fermés, j’entendais la voix grave et sensuel d’Alejandro qui me fit ouvrir les yeux. Le pauvre avait l’air plus angoissé que moi désormais. Etait-ce contagieux ? Il m’empêchait de me relever afin de m’examiner, malheureusement le choc m’avait complètement désinhibée. « Oh bah alors Alejandro ? Tu angoisses pour rien ? » riais-je bêtement. Assomée par cette maudite noix de coco, j’étais méconnaissable de par mon comportement. Il souriait devant ma réaction des plus saugrenues et m’aidait à m’installer sous le cocotier. « J’espère qu’une deuxième ne va pas me tomber dessus avec ma poisse … » pensais-je à voix haute. Je touchais mon front du bout des doigts et senti du sang couler le long de ma tempe. Je grimaça. Je n’aimais pas particulièrement avoir des blessures, cela faisait tache sur une jeune femme de ma condition lors des diners mondains. Après tout, je représentais tout de même les Kennedy, et parfois mon pays à l’étranger. Bientôt, je me retrouvais avec mon maillot de bain taché de sang. Qu’allais-je inventer comme bêtises pour camoufler ce malencontreux événement ? Je n’arrivais plus à y penser lorsqu’Alejandro déposa un baiser sur mon front. Je tiqua, mais fini par sourire. J’aimais bien ça je crois. Avais-je été frappée si fort ? Il me fit boire un peu de lait de coco et j’observais le jeune homme monter sur le kayak, déchirer une sorte de toile avant de revenir vers moi. Alors qu’il me bandait le front, il répliqua -Ce n'était peut-être pas une si bonne idée de venir sur cette île finalement... Je leva les sourcils en sursauta légèrement tout en tenant le bandage. « Oh non, on ne va pas partir maintenant ! On a même pas fait les pirates comme on avait dit ! Avec mon bandage j’aurais pu avoir l’air encore plus crédible ! » disais-je avec une petite moue enfantine. Je lui fis alors de grands yeux de pitié, pour qu’il me laisse encore un peu profiter de sa compagnie. Je ne voulais pas retourner là-bas, j’étais bien ici, avec lui. Malgré la noix de coco sur mon crâne. « Ce n’est peut-être pas si grave ! Et si ça l’est, je mourrai heureuse au moins ! » rigolais-je.

Tout était si bien parti, mais il fallut qu'une idée folle d'Alejandro vienne tout gâcher. Comment ne pas penser le contraire tandis que ses pieds touchent le sol après avoir grimpé dans le cocotier pour trouver Harper inconsciente, du sang s'écoulant de sa tête. Vous ne seriez pas nerveux à cette vue? La jeune femme semblait trouver qu'il en faisait un peu trop. Ouais bah si elle se voyait...

-J'espère, mais vaut mieux prendre des précautions.


Dit-il, toujours en essayant de se faire rassurant et de rester en contrôle aussi. Alejandro aime penser qu'il réagit bien sous la pression. N'empêche... L'installer sous le cocotier était sans doute risqué, comme le fit remarquer la belle Eliot, mais en même temps, c'était l'endroit le plus proche et la laissé étendu dans le sable ne semblait pas une bien bonne idée.

-Mais non, elles sont solides.

Espérons oui. Prodiguant les premiers soins à la jeune femme, Alejandro faisait au mieux avec ce qu'il avait, c'est à dire, pas grand chose. Il arrive quand même à bander le front d'Harper avec un morceau de la jupe du kayak. C'est vrai qu'avec son bandeau jaune banane, la belle brune avait le look, un peu de sang en prime faisait d'elle une vraie terreur, mais tout cela ne changeait rien au fait qu'un peu plus tôt, elle était inconsciente, du sang sur le front. À tout le moins, elle souffrait d'une commotion et sa perte de rationalité n'était qu'un indice supplémentaire. C'est la fin de l'aventure les amis, merci à une noix de coco.

-Les pirates vont s'en aller de l'île et rentrer en kayak. Avec le coup que tu as reçu à la tête, il faut qu'un médecin te voit.

C'était très difficile de résister aux petits yeux doux d'Harper, mais le jeune homme s'en voulait déjà assez et ne voulait pas prendre un risque de plus. Elle s'était blessée, ainsi soit-il, maintenant ils vont rentrer, direction la clinique ou quoi et fin de l'aventure. C'est ainsi.

-Tu n'es pas drôle... Je m'en veux déjà assez, c'est de ma faute si tu es dans cet état.

Alejandro va devoir aussi pagayer seul probablement tout le trajet du retour, super... La punition pour la gaffe qu'il venait de faire...

-Comment tu te sens? Tu penses être capable de marcher jusqu'au kayak?

J’arrivais à lui faire décrocher un sourire avec mes bêtises. C’est vrai que j’avais pris un sacré coup sur la tête … Heureusement, j’étais entre de bonnes mains. Très vite, le jeune Dunster su prendre les choses en main. Avait-il pris des cours de secourisme ? Quelque chose que moi je n’aurais jamais eu l’idée de faire. Aider les autres n’était malheureusement pas dans mes qualifications. J’étais égoïste, une véritable représentante de ma maison. Je souriais devant la gentillesse d’Alejandro qui me rassurait alors que je m’inquiétais de m’en prendre une seconde sur la tête. Je sentais ses mains autour de ma tête alors qu’il fixait le bandage de fortune. Je devais avoir l’air maligne pensais-je avant de tiquer légèrement du au frottement de la toile sur ma blessure. -Les pirates vont s'en aller de l'île et rentrer en kayak. Avec le coup que tu as reçu à la tête, il faut qu'un médecin te voit. Mon air joyeux pris fin pour laisser place à une légère tristesse, une sorte de nostalgie de ne pas avoir pu profiter plus de sa présence. Mais je n’osais le dire clairement bien que mon visage me trahissait. Si seulement je n’avais pas été idiote de rester sous le cocotier … Je m’en voulais. Alejandro également. Ce n’était pas de sa faute. « Oh … et la case médecin est obligatoire ? » demandais-je. Je n’avais pas tellement envie de passer d’une escapade paisible et chaleureuse à un cabinet déprimant et froid. Mes yeux doux ne faisaient pas d’effet sur lui. Tristesse. Tout à coup, je me sentais moins drôle. Je ne riais plus vraiment et l’étape de l’euphorie et de l’adrénaline fut passée. Et je commençais surtout à ressentir une légère douleur. Je menais ma main à mon front, plissant les yeux. Alejandro me trouvait moins drôle lui aussi, et s’en voulait visiblement. Je posa alors ma main brièvement sur son avant bras en le regardant. « De ta faute ? Tu plaisantes ? C’est moi qui ai été assez bête pour rester alors que tu m’avais bien signalé de faire attention ! S’il te plait ne t’en veux pas ou je m’en voudrais encore plus d’avoir gâché une si belle rencontre … » Il avait l’air légèrement nerveux tout à coup. Je culpabilisais de plus belle. Il me demandait alors si j’étais capable de marcher jusqu’au kayak, ce qui sonnait la fin de notre aventure. Mon visage n’était plus aussi rayonnant qu’à notre arrivée. Je répondis doucement « Oui oui, je me lève. » Debout, désenchantée, je me tournais vers le jeune homme avant de lui dire tristement « Navrée d’avoir tout gâché … » Je marchais alors à pas lents vers la mer, et m’installait dans le kayak à la recherche des pagaies. Il était hors de question qu’Alejandro rame seul. Lorsqu’il fut installé à son tour, j’admirais une dernière fois cette ile dont le souvenir resterait probablement à jamais gravé dans ma mémoire. C’était somptieux, et je ne regrettais en rien cette rencontre. Je soupirais. Je baissais les yeux vers l’eau translucide, je n’osais même plus le regarder dans les yeux. « J’ai été tout de même ravie de cette rencontre Alejandro … merci pour cette escapade. » disais-je avant de commencer à ramer.

Sans doute un jour rirons t'il de toute cette histoire, mais pour l'instant, Alejandro voulait s'assurer qu'Harper ne meurt pas sur cette île. D'accord, elle était pratiquement hors de danger, mais quand même, quand on voit l'état dans lequel certaines personnes avec des commotions se retrouvent, ce n'est pas chouette. Et oui, l'Espagnol s'y connait en secourisme. Jeune, il a pris une formation de maître-nageur, pour le plaisir, mais aussi, quand on pratique des sports extrêmes comme lui, mieux vaut savoir se rafistoler en cas de problème. Par contre, il n'est pas médecin et il ne sera rassuré que si Harper voit un docteur. Deux réponses possibles pour la jeune femme, la rassurer et lui dire que c'est juste par précaution ou lui dire la vérité... Alejandro choisit la vérité.

-Harper, tu as été inconsciente plusieurs secondes, tu es blessée et... enfin, vaut mieux que tu vois un médecin. Si tu avais une commotion... mieux vaut éviter les complications. Je suis désolé.

Il n'avait pas plus envie qu'elle d'abandonner cette île de rêve pour aller voir un médecin à la clinique, m'enfin, ils n'avaient pas trop le choix. Au final, il s'en voulait. Comment ne pas s'en vouloir, quand c'est lui l'idiot qui a grimpé comme un singe à ce cocotier pour larguer une noix sur la tête d'Harper. La belle brune avait beau dire que ce n'était pas de sa faute, qu'elle aurait dû se tasser, il n'entendait pas raison et baissa les yeux. Il posa sa main sur celle de la Kennedy, sur son avant bras et lui fit un petit sourire.

-Elle n'est pas gâchée. On a pagayé comme des pros, atteint cette île que personne d'autres n'a foulé... Surtout, peu importe cette noix de coco, je suis heureux de t'avoir rencontré.

Autrement dit, si on est optimiste, l'essentiel était sauf, non? La finalité restait la même, malgré ces belles paroles, il fallait qu'ils rentrent. Sans trop de mal, mais triste, Harper se levait et s'excusait encore. Le beau brun arrête un instant la jeune femme pour se mettre devant elle et déposait un baiser tout doucement contre son front.

-Arrêtes, ne t'excuses pas s'il te plait. Je me sens déjà assez mal de t'avoir pratiquement fendu le crâne.

Si en plus, elle prenait le blâme, il ne se sentira pas mieux. Alejandro lui flatte un peu le bras, puis ils franchissent les derniers pas jusqu'au kayak et le beau brun le mit dans le bon sens et aida Harper à y grimper, avant de faire de même. Sur un ton plus détendu et humoristique, il lâchait:

-Tu me remercieras quand on sera rentré sain et sauf. Avec notre chance, le retour nous réserve peut-être d'autres surprises.

Ils pouvaient encore frapper un haut fond, être renversé par une vague ou attaqué par des requins... Ok, assez de scénario catastrophe pour aujourd'hui. Heureusement pour eux, rien de tout cela ne se produit et le retour se fit de bonne façon, hormis le moniteur un peu paniqué de voir Harper avec des taches de sang sur le corps, le bandage jaune banane sur la tête. Alejandro raconta ce qui était arrivé et on les conduit en voiture à une clinique. Le beau brun ne lâchait Harper à aucune des étapes. D'ailleurs, tandis qu'ils attendaient le médecin, il eut une proposition.

-Tu sais, pour me faire pardonner, j'aimerais t'inviter à dîner. C'est la moindre des choses après ce qui est arrivé, et puis, cela nous permettra de rattraper le coup.

Harper accepta sa proposition. Malgré tout, le courant passé bien entre eux et Alejandro n'avait pas envie qu'ils arrêtent de se voir, il souhaitait en découvrir un peu plus sur l'Eliot. À dire vrai, c'est son genre de femme. D'ailleurs, une fois rentré à l'hôtel, cette histoire derrière lui, il ne pouvait s'empêcher de repenser à cette visite de l'île, à ces moments avec Harper. Il y avait longtemps qu'une femme n'avait pas habité son esprit de cette façon.