La marée haute. Tout qui remonte à la surface beaucoup trop brutalement pour ne pas perturber mon cerveau. Mes pensées. Tout s’emmêle là-haut, j’ai plus les idées claires, j’ai l’impression de te détester contre ce mur. Mais je peux tellement pas me passer de toi, j’aimerais te dire de partir, loin de moi, loin de tout mais je ne parviendrais jamais à combler ton manque. Je te veux, ici et tout de suite mais j’en ai marre de la barrière que tu met entre nous. J’en ai marre des freins que tu met toujours, à chaque fois. À quoi bon tout réveiller en moi si c’est pour que toi tu fuis à nouveau, comme t’as toujours fait. Pourquoi tu me veux sans être apte à me garder, pourquoi tu titilles mes sentiments pour que toi tu fasses à chaque fois marche arrière. Que tu veuilles te convaincre qu’il n’y a rien, que je ne suis rien à chaque putain de fois. Je claque la porte, la pression trop insoutenable, le retour à la réalité est douloureux et je comprends pourquoi j’ai voulu oublier. Pourquoi j’ai voulu te laisser seule dans cette histoire, dans notre Enfer.. Parce que c’est ce que toi, t’as toujours fait. Depuis le début, tu m’as laissé seule dans notre Enfer en venant le peupler qu’au rythme de tes envies. Qu’à ta guise. La porte claque, mon cœur explose en tout petits morceaux. Une âme en lambeau, des traces de lutte avec moi-même encore fraîches. J’ai du mal à marcher, à avancer, j’ai laissé une moitié de moi avec toi dans cette chambre. J’ai laissé une moitié de moi gisant encore à tes pieds. La porte s’ouvre, j’ai à peine le temps de me retourner, de réaliser, de te reconnaître avec mes yeux encore humides que t’as déjà mon visage entre tes mains. Que tu me répètes encore une fois ta question, je n’arrive pas à sortir quoi que ce soit, à faire sortir ne serait-ce qu’un seul son de voix mise à part un mince gémissement de douleur. Je te regarde un court instant, un bref instant quand que tes lèvres empoisonnent les miennes, assouvissent leur envies. Je te rends ton baiser, avec encore plus de fougue, de feu et surtout de rage. Et je décolle difficilement mes lèvres, tape sur ton torse avec mes mains pour te faire reculer. - Dis le moi Basile ! Que je réclame en haussant la voix, reculant contre le mur derrière moi, terrifiée. -Dis le que t’es à moi. Que je réplique à nouveau, la rage au ventre. Parce que je me rappelle de cette fois dans ton lit, je me rappelle du silence lourd que tu m’avais donné en guise de réponse quand je te l’avais dit. Je me rappelle que t’as pensé tellement fort que non, que j’ai pu l’entendre. - Dis le que je compte putain ! Je fonds en sanglot, essuyant les larmes qui coulent activement avec ma manche. Je me retourne face au mur, détachant mon regard accusateur du tient pour me cacher. Je veux pas que tu me vois comme ça, je veux pas te faire pitié.

Noyée dans les incertitudes. Celles que tu m’inflige, que tu me donnes en guise de cadeau empoissonné dès que tu m’offres un peu trop de toi. Tu repars, tu fuis toujours et encore pour me laisser à terre avec rien à quoi m’accrocher. Et moi j’en ai marre d’espérer, j’en ai marre de me buter le crâne avec toutes mes questions, avec cette envie de savoir si toi aussi, t’es dans le même cas que moi. Si tu subis aussi un peu ce qu’on a vécu, ce qu’on est encore en train de vivre. Là, au beau milieu de ce couloir, la pluie de peine, la torture qui ne s’apaise pas, le désir qui flotte toujours un peu malgré la détresse autour de nous. On saura pas faire, on saura jamais le faire bien, se satisfaire de ce que l’autre donne ou ne donne pas pour se rassurer, pour se protéger et ne pas tomber dans l’abime réelle. Tu laisses des ecchymoses sur mon palpitant, à chaque fois tu approches trop près, que tes lèvres remuent et elles sont plus douloureuses que celles que j’ai encore marquées sur la peau. Elles, elles sont irréversibles, pas cicatrisables. Elles portent ton nom, ton visage, alors forcément qu’elles restent, s’imprègnent un peu partout. Forcément qu’elles disparaissent pas avec le temps. Je te demande l’impossible, tu me prouves une nouvelle fois que tu n’y arrives pas. Je baisse légèrement la tête, laissant une goutte d’eau salée glisser le long de l’arrête de mon nez avant qu’elle ne s’échoue au sol. Je relève la tête dans un reniflement, je ne cherche même plus à camoufler ma peine. Ma déception. Ton pouce qui balaye la larme, je déglutis en regardant ce fond de couloir en hochant la tête. Résignée à l’accepter parce que j’ai pas le choix, tu me laisses pas le choix. Tu embrasses ma pommette et je frotte ma tempe contre ton front, les lèvres scellées qui tremblent de s’empêcher de s’exprimer. Le frôlement de tes doigts sur ma nuque m’arrache un frisson le long de l’épine, je fais une légère rotation des épaules en serrant les dents, en t’écoutant parler de toi. À me faire comprendre entre les lignes que tu ne seras jamais celui que j’espère, celui que j’aimerais que tu sois secrètement. J’aime tes défauts, je les aimes par dessus tout parce que c’est ce qui fait que tu es toi, que c’est sur toi que mon cœur a dégainé, qu’il s’est agenouillé. Mais ton ombre ne me suffit pas, plus. Tu m’attires contre toi, j’attrape tes mains sur mes côtes pour les croiser autour de moi, pour te sentir encore mieux. Tes derniers mots me réchauffent, ils me font relâcher la pression, la frustration qui m’envahissait. - Je veux pas que tu changes Basile.. Je tourne à peine la tête, pour sentir ton souffle sur mon visage, les yeux tombant nez à nez avec tes lèvres sucrées. - Je veux que tu me donnes tout.. Tout de toi, pas que les mauvais côtés, pas que le manque, l’indifférence et le rejet. Je murmure encore en t’embrassant avec douceur à chaque putain de mots qui sortent de ma bouche. Qui effritent ma langue. - Je veux tout Basile, pas que le mauvais, pas à petite dose.. Parce que j’en ai assez que tu contrôles, que tu jauges, que tu comptes ce que tu donnes à chaque fois. Je veux toujours plus de toi, plus de Nous sans jamais me lasser. - Tout.

C’est ni cette chambre, ni cette hôtel la vérité. Elle est là, c’est Nous la vérité. Tu n’avais pas à m’emmener aussi loin, t’avais pas besoin de tout cet artifice pour me faire rappeler que t’existé quelque part en moi. Que tu brûlais toujours dans le bas de mon ventre. Que je n’avais jamais tiré un trait sur toi. T’avais pas besoin de ça, il suffisait juste que tu me montres ce qu’on est, ce qu’on est quand on est tous les deux pour m’en rappeler. Il me suffisait juste de t’avoir contre moi, de sentir ton odeur pour que ça me fasse un déclic. Je me tais, c’est la seule chose que j’avais à te demander, avoir tout de toi, plus à moitié, pas une infime partie. Tout. Le fourmillement qui s’empare de mes membres, l’étreinte que je force à refermer encore plus comme pour te dire de ne jamais me quitter. Ne jamais m’abandonner, qu’à partir de ce soir on restera liés comme ça à jamais. Jusqu’à la prochaine embrouille, au prochain claquement de porte, aux prochaines larmes et cerveau en ébullition. Ta respiration contre ma peau la fige, ça me serre l’estomac et j’oublie tout le reste. Tout comme ta voix qui répète mon dernier mot, qui le répète encore comme pour t’en persuader toi-même. Pour l’accepter. Tes dents qui mordilles ma chaire, je me redresse sous un excès d’excitation. Un soubresaut entre tes bras. Tes mains toujours entre les miennes encore, je les fais remonter jusqu’à la poitrine que je te guide dans une caresse. - Oui, tout Basile. C’est le deal maintenant, ce sera ta seule façon de me garder. Je continue de découvrir mon corps les mains au-dessus des tiennes, les faisant glisser plus bas jusqu’à la moitié de mes cuisses. - T’entends ?.. Je demande avec plus d’autorité. Et j’emmène tes mains à l’intérieur de mes cuisses, les faisant remonter lentement jusqu’à mon entrejambe. Là, sur les tissus qui s’enflamme de mon Enfer en folie.