T’es pas habitué à devoir fournir des explications aux filles que tu côtoies. En temps normal tu peux aller droit au but parce qu’elles savent très bien ce que tu recherches chez elles et que c’est exactement ce qu’elles veulent elle aussi. De toute évidence ce n’est pas le cas de Marla, mais c’est ce qui rend le jeu intéressant. Avec elle tu optes donc pour une stratégie toute en douceur, peut-être même trop d’ailleurs à en juger par la tête qu’elle fait lorsque tu prononces le mot « amis ». Tu en déduis qu’elle n’a pas compris le sens particulier que tu donnes à cette amitié, mais surtout tu n’arrives pas à savoir si c’est véritablement de la déception que tu lis sur son visage, ce qui serait plutôt bon signe pour la suite. « Je suppose que si tu me vois comme une simple amie, les craintes quant à ton passif avec Charlie n'ont rien à faire là... » Cela confirme ton impression et tu tiens une nouvelle fois à clarifier tes paroles. Il ne manquerait plus qu’elle croit être tombée dans la friendzone, de même qu’il ne faudrait surtout pas que tu tombes dans la sienne. « Non tu n’es pas une simple amie....» Tu cherches son regard alors qu’elle triture nerveusement ses manches, clairement mal à l’aise. Et cette fois-ci tu l’es aussi un peu. Tu ne trouves pas le mot qui pourrait définir ce que tu veux d’elle sans pour autant qu’elle ne prenne la mouche et ne se barre une bonne fois pour toutes. Tu doutes qu’il existe vraiment en fait.« Tu me plais Marla. » ajoutes-tu alors simplement.

Je commençais vraiment à avoir du mal à comprendre les intentions de Philip. Je n'étais pas habituée à ce genre de discussion, ni même à ce genre de relation. Philip est l'un des rares hommes à me donner de l'attention sans que je ne demande quoi que ce soit. Il est là, il revient à la charge et depuis l'anniversaire de Sullivan, j'ai l'impression qu'il fait partie de ces personnes régulières avec qui je partage mon quotidien. Ouais, j'avais l'impression qu'il était en train de se faire une place au premier rang sans même que je n'ai le temps de dire un mot. Et là, il venait clairement de me faire comprendre qu'il voulait qu'on soit amis, apprendre à me connaitre etc. D'accord. Alors si c'était le cas, je supposais que je n'avais pas à m'inquiéter de ce qu'il pouvait avoir derrière la tête, à mon égard. « Non tu n’es pas une simple amie.... » Ok, je ne comprenais définitivement rien. Je ne le regardais pas parce que je m'en sentais incapable et surtout, j'avais besoin d'assimiler toute cette histoire. Mon regard était posé sur mes doigts qui s'amusaient maladroitement avec le tissu des manches de mon pull. « Tu me plais Marla. » Avec ces simples mots, mon cœur s'emballa de plus belle. J'étais nerveuse par la tournure de la situation et bien contente de me trouver dans le salon de ma confrérie. « Tu devrais partir, j'suis fatiguée. » C'est plus facile de fuir, que de dire les choses. J'avais à la fois peur de ce qui était en train de se passer et d'un côté, une voix était en train de me dire que son plan avait tout d'un mauvais plan. En prenant soin de ne pas rencontrer son regard, je me levais et je m'éloignais. Je préférais couper court à ce qui était en train de se passer et me réfugier dans ma chambre.

Il est rare que tu avoues verbalement ton attirance pour une femme pour ensuite attendre avec incertitude sa réponse. D’habitude tu te passes facilement des mots en accédant directement à l’étape supérieure dans son lit. Mais tu doutes que cela se passe ainsi avec Marla, là tout de suite. Malgré ta déclaration, elle ne lève pas les yeux vers toi. Au contraire elle semble même se renfermer encore un peu plus. «  Tu devrais partir, j'suis fatiguée. » C’est le coup de massue sur la tête. Tu t’attendais à tout sauf à ça. Incrédule, tu la regardes se lever et s’en aller sans un regard en arrière. Tu ne sais même pas quoi dire pour essayer de la retenir. Et une petite voix dans ta tête te souffle de la laisser, de lui donner du temps. Tu pensais l’avoir rapidement cernée, dès votre rencontre sur ce balcon où vous avez eu votre première conversation il n’y a même pas un mois. Force est de constater que tu t’es lourdement trompé. Tu croyais que la faire tomber dans tes filets n’était qu’une question de temps mais tu dois à présent reconnaître que c’est bien plus que ça et que ce ne sera pas aussi facile que ce que tu avais prévu. Tu ne sais plus ce que tu es censé faire maintenant. Quand tu prends des pincettes elle semble vexée, quand tu y vas franchement elle s’enfuit en courant. T’es perdu. Déstabilisé, tu te lèves à ton tour et quittes la Dunster House sans un mot.

THE END