T’as les nerfs. Vraiment. Cette foutue Jaimie, ou peu importe comment elle s’appelle, essaye de saper tous tes efforts avec Marla. Tu ignores ses motivations, si elle a juste ses règles et a envie de faire chier son monde, si elle est jalouse que tu dragues Marla parce qu’elle voudrait être à sa place ou si elle l’a juste mauvaise que tu l’aies jetée en même pas deux secondes après l’avoir foutue dans ton lit. Dans le fond tu t’en moques complètement de ses raisons, cette fille ne t’a jamais intéressée et c’est pas maintenant qu’elle va commencer. En revanche qu’elle fasse tout pour ruiner tes chances déjà bien minces de base avec ta jolie rousse, ça tu ne peux pas l’accepter. Tu trouveras un moyen de lui rendre la monnaie de sa pièce un jour ou l’autre mais en attendant, ce qui te préoccupe là tout de suite, c’est Marla et seulement elle. Faut que tu réussisses à rattraper le coup, sauver les meubles si c’est encore possible car pour l’instant tu n’as pas perdu espoir. T’es prêt à te battre jusqu’au bout pour retourner la situation et convaincre la Dunster de toujours t’accompagner sur le yacht Winthrop pour vous rendre au Spring Break. Après quelques sms échangés, elle accepte de t’accorder une chance de t’expliquer et tu comptes bien la saisir. Arrivé devant les portes de la Dunster House dix bonnes minutes avant l’heure de rendez-vous, tu fais les quatre cents pas en attendant qu’elle se montre, ruminant seul dans ton coin.    

Entre les sms de Sullivan me révélant que j'avais tapé dans l’œil de Philip et ceux de Charlie qui me révélait que c'était un sale type, j'avais eu un ascenseur émotif. Avec ma naïveté, j'avais eu le temps de me faire des films. J'avais eu l'impression d'attirer un homme, un inconnu, pour ce que j'étais. Et finalement, Philip se révélait être le contraire. Il voulait me mettre dans son lit ? Seulement, je ne comprenais pas très bien ce qu'il me trouvait... Qu'est-ce qui pouvait, chez moi, attirer un homme comme lui alors qu'il semblait avoir toutes les femmes qu'il souhaitait. J'avais du mal à comprendre et pour arrêter d'y penser, rien de mieux qu'une soirée en compagnie de mon meilleur ami, de quelques pots de glace et d'un bon film d'horreur. Mais c'était sans compter les sms du winthrop. Je lui expliquais qu'à cause de mes cours, je ne pouvais pas l'accompagner sur le bateau. Je n'avais aucune idée de comment je pourrais faire autrement. Je fus plus que surprise quand il se mit à me parler d'une "Jaimie". Ça ne jouait pas en sa faveur... Mais, j'acceptais de le voir à la dunster house une fois que Sullivan s'en allait. Je portais mon pantalon de pyjama et un sweat à capuche à l'effigie d'Harvard, prête à aller dormir une fois que le winthrop sera reparti. J'allais jusqu'à la porte et j'ouvrais pour découvrir Philip. Il était à l'heure au moins. « Salut » que je disais doucement en me décalant pour le laisser entrer.

@Philip Harrison

Râtissant toute la pelouse devant la Dunster House, tu te répètes le petit argumentaire destiné à te défendre que tu as préparé dans ta tête avant de venir. T’es bien déterminé à ne pas laisser Marla t’échapper, et surtout pas à cause du venin de l’autre gamine rageuse. Tu ne la laisseras pas gagner cette guerre qu’elle vient de déclencher en fourrant son nez dans tes affaires.  Si tu as eu un aperçu du contenu de leur conversation dans tes sms avec la rousse, dieu sait ce que sa pote a bien pu lui raconter sur toi en plus pour qu’elle refuse tout à coup de venir avec toi pour la croisière des Winthrops. Dans tous les cas, t’es prêt à riposter. Tu lèves la tête lorsque tu entends la porte s’ouvrir et un sourire timide s’installe sur tes lèvres lorsque tu découvres le visage de Marla dans l’embrasure. En quelques pas rapides tu la rejoins et elle s’écarte pour t’inviter à entrer. « Salut » dit-elle de cette petite voix douce que tu commences bizarrement à apprécier. « Salut. Merci d’avoir bien voulu que je passe. » Malgré ton sourire, tu es des plus sérieux dans ton expression. Vous parcourez quelques mètres en silence pour vous installer sur un des canapés du salon. « J’ai cru comprendre que tu avais parlé avec une de tes copines ce matin, Jaimie ou je ne sais plus comment elle s’appelle… bref, et maintenant tu ne peux plus, enfin tu ne veux plus m’accompagner à la croisière des Winthrops à cause de ce qu’elle t’a dit sur moi ? C’est bien ça ? » Tu conserves ton calme, une apparence posée en contraste total avec ta colère intérieure.

« Salut. Merci d’avoir bien voulu que je passe. » J'haussais les épaules, sans rien ajouter de plus. Cette histoire méritait tout de même qu'on en parle. Je le voulais pas rester sur le jugement d'une amie, tout en sachant que Sully m'avait affirmé l'inverse. Évidemment, je me plaçais du côté de la victime de l'histoire tout en restant curieuse d'entendre sa version des faits. Sans rien dire, on se dirige tous les deux dans le salon de la dunster et on s'installe sur l'un des canapés. À cette heure-ci, il n'y a plus personne et c'est très bien comme ça. Loin de moi l'envie de me donner en spectacle et j'espérais que personne n'allait arriver, n'ayant aucune envie de le faire monter dans ma chambre. « J’ai cru comprendre que tu avais parlé avec une de tes copines ce matin, Jaimie ou je ne sais plus comment elle s’appelle… bref, et maintenant tu ne peux plus, enfin tu ne veux plus m’accompagner à la croisière des Winthrops à cause de ce qu’elle t’a dit sur moi ? C’est bien ça ? » Mon regard était tourné en direction de mes mains, lesquelles étaient en train de jouer avec les manches de mon pull. J'étais beaucoup plus à l'aise par sms qu'en face à face. « Elle s'appelle Charlie » affirmais-je avant une moue boudeuse avant de soupirer et de le regarder. « C'est vrai alors ? Ce qu'elle a dit » Que tu as profité d'elle et que tu ne l'a plus calculé ensuite.

T'observes Marla, guettant attentivement la moindre de ses réactions afin de pouvoir réagir en conséquence. Tu n'as nullement l'intention de la laisser te filer entre les doigts, pas maintenant alors que le jeu prend une tournure plus intéressante que jamais.« Elle s'appelle Charlie » te dit-elle visiblement contrariée que tu écorches le prénom de son amie. Elle devrait plutôt s'estimer heureuse que tu aies réussi à retenir le sien du premier coup, c'est assez rare pour le souligner. « C'est vrai alors ? Ce qu'elle a dit » Elle relève la tête pour te regarder dans les yeux, attendant une réponse de ta part. T'as envisagé deux approches à cette histoire, l'une consistant à nier en bloc et accuser Charlie de mentir sous prétexte d'une jalousie quelconque, l'autre étant de reconnaître les faits en te justifiant au passage. Ne connaissant pas la profondeur de leur lien d'amitié, la première te semble beaucoup plus risquée et bien plus délicate à mettre en oeuvre. Tu te décides donc à choisir ta seconde option, bien que ce soit admettre être en partie le genre de mec que Marla fuit d'ordinaire, loin de l'image du gentleman que t'essayes de te construire à ses yeux. «  Alors je ne sais pas exactement ce qu'elle t'a dit mais il est vrai qu'on s'est... fréquenté pendant quelques temps avant que je ne lui dise que je ne voulais plus la voir. Mais c'était il y a longtemps et on ne s'est plus jamais reparlé depuis alors j'ai presque tout oublié... Ce n'est pas son cas apparemment et... je sais pas, peut-être qu'elle a toujours pas digéré le fait que je ne veuille pas aller plus loin avec elle ? Je suis désolé pour elle, mais je n'allais pas me forcer si je ne ressentais rien... »

Assise sur le canapé, aux côtés de Philip, la situation était délicate. Je ne savais plus qui croire dans toute cette histoire, mais je faisais davantage confiance à mon amie. Normal, non ? Je crois que j'appréciais vraiment le winthrop, mais pas au point d'en être stupide. D'ailleurs, malgré ma naïveté, je n'étais pas une petite fille stupide et beaucoup avaient tendance à tomber dans le piège. Phil avait eu un comportement douteux avec mon ami et ne se souvenait même pas de son prénom, comme si en réalité, il ne se souvenait même pas d'elle. « Alors je ne sais pas exactement ce qu'elle t'a dit mais il est vrai qu'on s'est... fréquenté pendant quelques temps avant que je ne lui dise que je ne voulais plus la voir. Mais c'était il y a longtemps et on ne s'est plus jamais reparlé depuis alors j'ai presque tout oublié... Ce n'est pas son cas apparemment et... je sais pas, peut-être qu'elle a toujours pas digéré le fait que je ne veuille pas aller plus loin avec elle ? Je suis désolé pour elle, mais je n'allais pas me forcer si je ne ressentais rien... » C'était triste et en réalité, j'avais mal pour Charlie. Je détournais mon regard, une moue boudeuse toujours aux lèvres. « Qu'est-ce que tu attends de moi ? » lui demandais-je d'une petite voix, sentant mes joues rougir et n'étant pas à l'aise avec ma propre question qui pourtant me semblait essentielle.

Mot par mot, tu déroules le fil de la petite histoire que tu sers à Marla, dissimulant les détails qui te portent préjudice sans aucun scrupule. Quand tu avais dit à Charlie que tu ne voulais plus la voir, ce n'était pas parce que tu ne ressentais rien à son égard, ce qui était vrai en soi, mais bel et bien parce que tu venais tout juste d'obtenir ce que tu voulais d'elle à savoir une nuit dans son lit. C'est assez ironique que tu te retrouves là à en parler avec Marla alors que tu lui réserves globalement le même sort, à la différence près que t'apprécies réellement la rousse et que t'aimerais bien que vous deveniez vraiment amis. « Qu'est-ce que tu attends de moi ? » finit-elle par demander après quelques instants de silence. T'es décontenancé par sa question, surpris qu'elle ne cherche pas à en savoir plus sur ton histoire avec Charlie. Comme si elle avait gobé tout ce que tu lui as dit sans se poser de questions. « Que tu ne te laisses pas influencer par ce que les gens peuvent dire. » Sauf si c'est toi bien évidemment. Et non, t'as pas compris le vrai sens de sa question, malgré la teinte rosée qu'ont prise ses joues. T'es trop sur la défensive pour réaliser qu'elle a pris son courage à deux mains pour te demander tes véritables intentions alors forcément tu bottes en touche. « T'es une fille intelligente Marla, tu peux te faire ta propre opinion toute seule. » Et hop le petit compliment au passage.

Je lui posais une question, coupant court à la discussion précédente. J'étais gênée par ma question, les joues rougissantes, je ne le regardais plus. J'attendais sa réponse d'un pied ferme, voulant qu'il me dise le vrai du faux, sachant très bien que dans tous les cas, Phil ne me dira pas la vérité. Je fus surprise qu'il ne comprenne pas le sens de ma question, qu'il réponde une chose totalement différente. « Que tu ne te laisses pas influencer par ce que les gens peuvent dire. T'es une fille intelligente Marla, tu peux te faire ta propre opinion toute seule. » Je fronçais les sourcils en le regardant à nouveau. « C'est ce que tu penses ? Que je suis influençable et que je suis incapable d'avoir mon propre raisonnement ? » demandais-je alors, légèrement piquée par une telle conclusion. J'étais vierge, timide, calme, sans expérience. J'avais néanmoins un caractère. Je n'étais pas le genre de personne à me laisser faire, pas si facilement, mais certainement que Phil n'avait pas encore eu l'occasion de le voir. Il est vrai que je n'étais pas à l'aise avec les hommes. Mais, j'étais capable de suivre mes propres convictions. « Bon, tu n'as pas compris la question : qu'est-ce que tu attends de moi ? » Bizarrement, j'avais beau être gênée par la tournure de la situation, je ressentais tout de même de l'agacement. Tous les films que je m'étais fait dans ma tête étaient en train de voler en éclats, me retrouvant face à un homme bien moins sincère que je ne le pensais.

Les filles comme Marla, c'est clairement pas ton style d'ordinaire. T'as déjà connu des timides, mais à ce point-là jamais. L'idée de sortir de ta zone de confort est cependant excitante, bien que tu ne saches pas toujours comment réagir avec elle, comme là tout de suite alors qu'elle semble contrariée par ta réponse. « C'est ce que tu penses ? Que je suis influençable et que je suis incapable d'avoir mon propre raisonnement ? » Toi qui pensais avoir assuré une bonne réponse, c'est raté. Tu te justifies comme tu peux. « Non pas du tout, ce n'est pas ce que je voulais dire. Mais comme hier encore t'avais l'air plutôt contente de venir avec moi à la croisière et qu'aujourd'hui tout à coup tu ne veux plus... bah c'est qu'il s'est passé quelque chose. Et je peux comprendre que t'aies des doutes, c'est pour ça que je suis là. » Tu vois désormais cette méfiance dans son regard qui te contrarie. Les choses ne prennent clairement pas la tournure que tu avais espéré. « Bon, tu n'as pas compris la question : qu'est-ce que tu attends de moi ? » Tu te crispes imperceptiblement. Est-elle vraiment en train de demander ce que tu crois ? Tu réfléchis à toute vitesse à la réponse la plus appropriée. A défaut de dire toute la vérité, tu essayes de t'en rapprocher le plus possible pour être convaincant. « J'aimerais que tu me laisses une chance. J'veux continuer d'apprendre à te connaître. Te montrer qu'on peut être amis. » Ton expression change lorsque tu prononces ce dernier mot. Amis oui, mais une certaine catégorie d'amis.

Sans que je ne le cherche, la situation était finalement entrain de pencher de mon côté. Philip était en train de s’emmêler les pinceaux, se montrant maladroit. Entre ça et mes joues qui ne semblaient pas vouloir retrouver leur couleur naturelle, on avait l'air ridicule. Je me sentais quelque peu piquée par les remarques du jeune homme, remarquant qu'il me sous-estimait surement. J'avais tout d'une jeune femme prude et réservée, mais mon passé faisait que j'étais bien plus que cela. « Non pas du tout, ce n'est pas ce que je voulais dire. Mais comme hier encore t'avais l'air plutôt contente de venir avec moi à la croisière et qu'aujourd'hui tout à coup tu ne veux plus... bah c'est qu'il s'est passé quelque chose. Et je peux comprendre que t'aies des doutes, c'est pour ça que je suis là. » Je n'avais rien à répondre à cela. S'il était là pour apaiser mes doutes, c'était à lui de jouer alors. Mais s'il comprenait que ça puisse me faire douter, qu'il ne vienne pas dire ensuite que je me fie trop aux autres. Il est vrai que ma discussion avec Charlie avait changé quelque chose, que je n'étais pas à l'aise dans ce genre de confrontation et donc, que j'avais préféré prétexter une autre excuse. En attendant, il n'avait pas compris ma question et s'il voulait me rassurer, il me fallait une réponse. « J'aimerais que tu me laisses une chance. J'veux continuer d'apprendre à te connaître. Te montrer qu'on peut être amis. » Et voilà. Une petite gifle bien placée. J'avais eu raison, je l'avais dit à Sully : Je m'étais clairement fait des films quant à ses intentions. Je regardais mes mains s'amuser avec le tissu de mes manches, me mettant à parler en haussant les épaules. « Je suppose que si tu me vois comme une simple amie, les craintes quant à ton passif avec Charlie n'ont rien à faire là... » Parce que de toute évidence, il n'avait plus envie de me mettre dans son lit, il venait de le dire.