Lorsque je reviens enfin dans la voiture après avoir passé une bonne heure à vivre mes émotions à fond avec mon meilleur ami, j’ai le visage tout rouge et enflé et les larmes coulent encore sur mes joues. J’me sens minable, mais aux vues de la situation, je n’ai même pas la force de faire semblant que je vais bien. J’entre donc simplement du côté passager en étouffant mes sanglots dans ma main et tente de regarder par la fenêtre pour que tu ne voies pas mon visage. Sauf que c’est peine perdu, dans le silence de l’habitacle, tu peux entendre chaque respiration inégale que je prends.

Ça fait une heure que j’attends que tu reviennes de voir ton pote. Personnellement, je trouve que tout ce qui lui arrive a du bon. Comment a-t-il pu conduire dans cet état ? Il a mis sa vie en danger et celle d’une autre, en plus. Et ce qui m’énerve le plus, c’est que je ne sais pas comment Dina va. Je sais seulement qu’elle est à l’hôpital et ça me tue. Depuis la mort de ma sœur, je déteste les hôpitaux… Cette pensée s’évapore, lorsque tu te réinstalles sur le siège passager et tu pleures. Tu pleures merde et mes yeux s’arrondissent comme des soucoupes. « Serah… Regarde-moi, dis-moi ce qui se passe, ma belle ! » Je suis sous le choc, te voir dans cet état me revire l’estomac. Je dirige ma main vers ton visage et agrippe ton menton pour que tu me regardes tandis mon cœur se fissure. Mon pouce récolte une larme qui coule sur ta joue. Bordel que je déteste te voir dans cet état.

Mon cœur bat fort et j’ai l’impression que ça aussi tu peux l’entendre. Faut me comprendre, je n’ai jamais vraiment eu de famille dans ma vie et les seules personnes sur lesquelles je peux réellement compter se compte sur les doigts d’une main. Elliot en fait partie alors je ne peux faire autrement qu’être là pour lui aussi en cas de besoin. Or là, j’ai l’impression de ne lui servir absolument à rien. « Serah… Regarde-moi, dis-moi ce qui se passe, ma belle ! » Je pince les lèvres et tente de ravaler mes larmes au possible. Je l’entends cette urgence dans ta voix, ce sentiment de ne pas savoir quoi faire. Ta main attrape mon menton et je me vois forcé de te regarder. Mon regard croise le tient et lorsque ton pouce récupère une larme un truc clic à l’intérieur de moi. « Elliot il…. Je n’sais pas ce qui va lui arriver… j’ai promis de l’aider, mais il ira sûrement en taule.. » Je fronce les sourcils et cligne rapidement des yeux, mais c’est mort, les larmes sont trop nombreuses, elles coulent déjà librement sur mes joues.

Je ressens comme le besoin de la serrer contre moi. D’être là pour elle, pendant cette période difficile à traverser. Ma ceinture de sécurité détachée, je soupire et agrippe ton petit corps pour que tu viennes t’asseoir sur moi, alors que j’ai reculé le siège pour te donner plus de place. Il n’y a rien de mal attentionné, je veux simplement être en contact avec toi. C’est ma méthode pour te remonter, ne serait-ce un peu le moral. « Tu sais… Ma mère est avocate, je suis certain que si je lui demande, elle pourra l’aider. » Bon, j’avoue que je ne suis pas pour à cent pourcent, pas avec ce qu’il a fait, mais je suis prêt à absolument tout pour voir naître une lueur d’espoir, voire un léger sourire sur son beau visage. « Tu m’expliques ce qui est arrivé ? Je sais absolument rien et j’me sens impuissant. » Je veux tellement pouvoir l’aider, mais sans savoir de quoi il s’agit exactement, je ne saurais pas quoi dire à ma mère pour qu’elle accepte de traverser l’océan pour venir défendre quelqu’un qu’elle ne connaît ni d’Adam, ni d’Ève et qui plus est, n’est pas un ami de son fils.

Tu recules ton banc et m’attire tout contre toi. Je ne cherche pas à résister, venant simplement m’installer sur tes cuisses. Heureusement pour nous deux, je suis toute petite et n’ai donc aucune difficulté à m’assoir comme ça, sur toi. Un bras autour de ton siège et l’autre posé sur ton torse, je te regarde toujours aussi vulnérable, les yeux et les joues humides. « Tu sais… Ma mère est avocate, je suis certain que si je lui demande, elle pourra l’aider. » J’avale lentement ma salive et te fixe en silence. Tu ferais ça, pour moi? Ou bien ça a encore à voir avec cette promesse faites à mon père? Non, c’est pas moi qui risque de faire de la prison, c’est Elliot. Alors forcément, si tu proposes, c’est pour moi et personne d’autre. Mon cœur me fait mal dans ma poitrine, ce pincement que je ne reconnais pas, cette douleur doucereuse. « Tu m’expliques ce qui est arrivé ? Je sais absolument rien et j’me sens impuissant. » J’inspire un coup. « Ils étaient saouls et drogués tous les deux, ils sont parti dans la voiture d’Elliot et ils ont eu un accident. Lorsque les flics sont arrivés, Elliot a été embarqué au poste et Dina envoyé à l’hôpital… » Voilà, c’est, en gros, ce qui est arrivé. « Elliot fait face à des accusations et il m’a dit qu’il risquait 3 ans de prison… j’ai promis de l’aider. » Ma voix se brise sur ces derniers mots et je penche la tête, incapable de te regarder comme ça.

Tu sembles surprise que je te parle de ma mère, et même que tu as l'air à essayer de comprendre pourquoi je te propose ça. Moi aussi, mais bon, je veux te voir sourire et comme je me sens totalement impuissant face à la situation, je me dois de te proposer quelque chose dont je connais le sens. En fait, je connais les bases, sans plus et pour donner une idée à ma mère du boulot qu'elle allait devoir faire, il me fallait un peu plus de détail. « D'accord, je vois. Attends, j'vais l'appeler. » Je sortis mon téléphone de ma poche et composai le numéro et attendis qu'elle décroche. Heureusement qu'il est plus tard dans la journée en Allemagne. La conversation dura quelques instants où j'expliquai la situation à ma génitrice où j'ai dû lui promettre que l'ami en question n'étais pas une tactique de dissimuler un accident que j'aurais commis. Une fois raccroché, j'avais envie de sourire. « Il n'y a pas eu mort d'homme. Selon ma mère, le plus long temps à faire serait 18 mois de pénitencier. Tout dépendant de la gravité des lésions de Dina. » Après tout, on ne savait rien de son état. Si elle avait quelque bleu sur le corps, rien ne sera chargé contre lui. L'accusation sera portée que pour l'ivresse et l'intoxication au volant. « Mais d'après ce que j'ai pu comprendre... Il pourrait très bien s'en tirer avec le retrait de son permis de conduire pour une période indéterminée que seul le juge peu décidé et également une amende assez corsée et une perte de points d'inaptitude. » Est-ce qu'elle avait compris, malgré tout qu'il y avait peu de chance qu'il aille en prison ? Suite à mes paroles, je passe une main délicatement sur ta joue et m'accorde enfin un sourire à ton intention. « Ton pote va s'en tirer mieux qu'il le pense... J'me demande pourquoi il t'a dit qu'il risque trois ans. » Je finis par retirer ma main de ta joue pour finir d’essuyer les larmes. Arrête de pleurer Serah, j'vais pas survivre.

Je ne te regarde plus parce que je n’y arrive tout simplement pas. Je déteste qu’on me voie dans cet état, très peu de gens m’ont vu comme ça dans ma vie. Vulnérable, impuissante. « D'accord, je vois. Attends, j'vais l'appeler. » Hein? Je relève rapidement la tête et te vois sortir ton téléphone. Tu vas vraiment appeler ta mère? Juste comme ça? Je recule un peu la tête, te laisse parler avec ta figure maternelle en gardant le silence. Lentement, mes larmes se tarissent et j’essaie de faire du sens de cette situation. J’ai du mal à croire que tu puisses faire ça pour moi. J’comprends tout bonnement pas. Pourquoi te donner autant de mal rien que pour m’aider? Et pourquoi est-ce que ça me fait tout chaud à l’intérieur? Tu raccroches et je te fixe toujours, pleine d’espoir puisque tu ne sembles pas effondré plus qu’il ne le faut. « Il n'y a pas eu mort d'homme. Selon ma mère, le plus long temps à faire serait 18 mois de pénitencier. Tout dépendant de la gravité des lésions de Dina. » Un poids se soulève de mes épaules. 18 mois, c’est mieux que 3 ans. « Mais d'après ce que j'ai pu comprendre... Il pourrait très bien s'en tirer avec le retrait de son permis de conduire pour une période indéterminée que seul le juge peut décider et également une amende assez corsée et une perte de points d'inaptitude. » Cette fois, un long soupir de soulagement quitte mes lèvres et j’ai l’impression d’enfin me remettre à respirer. Il y a de forte chance pour qu’il ne doive même pas aller en prison, du tout. C’est la meilleure nouvelle que j’ai entendu depuis les quatre dernières heures. Ta main se pose sur ma joue et je croise ton regard. Ton sourire m’encourage à te rendre la pareille, mais j’ai encore un peu de mal. « Ton pote va s'en tirer mieux qu'il le pense... J'me demande pourquoi il t'a dit qu'il risque trois ans. » J’hausse les épaules et secoue la tête. « J’en sais rien, c’est probablement ce qu’il lui ont dit.. » Je remonte la main qui trainait sur ton torse vers ta nuque et plonge mon regard dans le tient. « Merci Silas… » il est rare que je remercie qui que ce soit, alors savoure ces paroles Rothschild. Doucement, je me penche pour venir poser mes lèvres contre les tiennes. Un baiser à la fois doux et urgent. J’ai besoin d’un maximum de réconfort là et je ne sais pas ce qui me prend avec toi, mais j’ai pas envie –ni la force- de me battre.

Je sens soudainement tout ton corps se détendre au-dessus de moi à la suite de mes paroles. Tu sembles soulagée, chose que je peux très bien comprendre. Si c'était Megara ou même Grayson dans la position de ton pote, je ne sais même pas comment je réagirais, en réalité. Nos regards se croisent et je suis heureux que tu voies, en quelque sorte, la lumière au bout du tunnel. N'empêche que ce fût probablement un grand moment d'angoisse pour toi. « Mais... sache que si jamais il a besoin d'un avocat, j'ai qu'un seul coup de fil à passer. » Je ne sais toujours pas la raison pour laquelle je fais vraiment tout ça, mais n'empêche que ça me fait du bien et tu m'as souri, alors ça en valait le coup. Lorsque tu me remercies, mes yeux s'arrondissent et je me demande si j'ai bien entendu. Toi, Serah Bushnell, tu me remercies ? J'aurai tout entendu. « C'est normal, ça m'fait plaisir si ça te rends heureuse. » Bon, heureuse n'est pas nécessairement le mot adéquat dans ce genre de situation, j'aurais plutôt dit soulagé, mais l'effort y était. Et à peine ai-je eu le temps de terminer ma phrase que ton visage se rapprocha de moi. Bizarrement, mon coeur se mit à battre à une vitesse folle. Premièrement, parce que ce baiser était l'un des plus doux qu'on s'est donné jusqu'à maintenant et deuxièmement, parce que je sais pertinemment qu'on n'est pas du tout dans un contexte ou la baise est permise. Le coeur n'y est pas et c'est totalement normal. De ce fait, ce baiser est donné parce que tu en avais envie, réellement. Ta main sur ma nuque, les miennes dans tes cheveux, je profite de ce moment avec le plus grand bonheur. Mes mains finissent par descendre dans ton dos, tandis que j'ouvre la bouche pour te permettre l'accès de ta langue où une danse sensuelle commence. À bout de souffle, je recule un tout petit peu ton corps, pour que nos lèvres se séparent : « Que me vaut cet honneur ? Tu peux recommencer quand tu veux. » Je t'offre un petit sourire salace, me mordillant la lèvre inférieure. « Ça me plaît d'être avec toi. C'est con, mais j'me sens bien en ta compagnie. J'déteste ressentir ça le pire, mais j'ai comme le besoin d'apprendre à te connaître. Tu m'attires vraiment Serah et... » Et c'est ça, je n'allais certainement pas continuer et me ridiculiser encore plus que je n'étais en train de le faire. Ce n'est pas mon genre d'être dans le sentimental, pourquoi je te dis tout ça, d'ailleurs ?

« Mais... sache que si jamais il a besoin d'un avocat, j'ai qu'un seul coup de fil à passer. » Je ne sais même pas par où commencer pour te remercier. « C’est trop… vraiment. » Enfin, non, ce n’est pas trop. C’est parfait. Même si je compte bien me débrouiller autrement, de savoir que l’option est là, ça me soulage beaucoup. Alors je te remercie, vraiment et sincèrement et pas que dans ma tête mais à voix haute. Chose qui semble te surprendre autant que moi et m’arrache un petit sourire. « C'est normal, ça m'fait plaisir si ça te rends heureuse. » Oui, c’est le cas… Et c’est pour ça que je pose mes lèvres sur les tiennes. Non pas dans un baiser comme ceux que nous avons échangé jusqu’à maintenant, non. Celui-là n’est pas motivé par le désir à l’état pur ni même pas la convoitise ou bien parce que nous sommes sous l’effet de drogue ou d’alcool. Je t’embrasse parce que j’en ai envie. Pire, je le fais parce que j’en ai besoin. De sentir tes lèvres sur les miennes, ce réconfort transmis par un geste en apparence simple, mais qui veut dire tellement plus. Ce baiser, c’est le genre de baiser que je n’ai jamais échangé auparavant. Tu comprends Silas? Jamais… Tu te recules et me regarde, hors d’haleine alors que je suis moi-même haletante. « Que me vaut cet honneur ? Tu peux recommencer quand tu veux. » Je tente de garder un air décontracté, mais la réalité me rattrape peu à peu. J’ouvre la bouche pour parler, mais rien n’en sort. Moi, Serah Bushnell, à court de mot? « Ça me plaît d'être avec toi. C'est con, mais j'me sens bien en ta compagnie. J'déteste ressentir ça le pire, mais j'ai comme le besoin d'apprendre à te connaître. Tu m'attires vraiment Serah et... » Et…? J’avale de travers, mais ne détourne pas le regard. Je te fixe sans même chercher à fuir. C’est pourtant ce que je devrais faire, j’en suis certaine. Une petite voix à l’intérieur de moi me cri de foutre le camp avant de me planter. Mais je reste là, tout contre toi. Là où j’suis étrangement bien. Et tout ce que je trouve à dire c’est : « J’sais pas comment faire Silas… » Et c’est vrai. Parce qu’on ne me l’a encore jamais appris.

Pourquoi est-ce que je m’ouvre ainsi à toi? Ce n’est pas du tout mon genre et de plus, je sais que je vais me prendre un vent. Tu vas t’enfuir en courant et je vais rester là comme un con, sans rien comprendre ce qui s’est réellement passé. Et d’ailleurs, qu’est-ce que je recherche réellement? « Laisse-toi porter… Fais ce qui te semble censé? Laisse-moi te montrer, t’aimer! » Je déglutis après avoir dit cette fin de phrase. T’aimer? Bordel non, pas ça. « Enfin, pas t’aimer, mais j’veux dire laisse moi apprendre à te connaître, nous connaître. » Quel crétin, bordel de merde. Silas Rothschild t’es qu’un pauvre con. Je détourne le regard et le pose sur le tableau de bord pour regarder l’heure. Il est plus de six heures de matin. « Hum… » Je commence à dire, pas nécessairement très à l’aise avec ce que je venais d’avouer bien malgré moi.« As-tu besoin de faire un arrêt quelque part? Je te laisse à ton appartement peut-être? » Serah, es-tu capable de lire entre les lignes? Es-tu capable de voir que je cherche à fuir? Et ce, même si en vrai j'aimerais tant rester en ta compagnie.