Comment la situation avait pu déraper à ce point ? C’était censée être une journée tout ce qu’il y a de normal, j’aurais dû revoir ce garçon, on serait allez boire un verre tranquillement, et je serais rentrée chez moi pour dormir. Mais cette fille était arrivée, et à partir de là tout à basculer, comme si je n’avais plus aucun contrôle sur moi.

J’avais beau expliquer que tout était un mal entendu, et que c’était moi la victime dans l’histoire, j’y avais même laissé mes fringues et mon sac à main. J’étais passée de la chemise d’hôpital totalement démodée à ce pyjama orange qui n’allait pas du tout avec mon teint. Il fallait que je sorte d’ici, et le plus rapidement possible.

La nuit avait été rude, ça faisait deux jours que je n’avais pas retrouvé mon matelas chez les roses, et je sentais déjà mon dos réclamer un peu de douceur. Dès que je sors d’ici, je vais me faire masser, et pas la version rapide. Je soupirais, grognant pour qu’on me laisse passer un coup de téléphone, celui qu’on m’avait refusé hier soir que j’avais insulter cet agent de police.

Même en expliquant que j’étais la fille d’un diplomate Allemand, on me rétorquait que l’immunité diplomatique ne traversait pas les générations et que mon père devrait venir lui-même si je voulais sortir au plus vite. Quand j’eu enfin le droit de téléphoner, j’avais tout sauf envie de lui parler à lui … il fallait que je sorte d’ici toute seule, alors j’appelais la maison, la seule qui me restait.

- Allo … C’est Minna …

La voix cassée, j’étais honteuse et fatiguée, j’avais juste envie de hurler, mais c’était comme si les sons ne sortaient pas de ma bouche. J’espérais juste que mon amie au bout du fil arriverait à comprendre que la situation méritait toute son attention. Le policier me montrait son poignet comme pour me faire comprendre que je devais accélérer ma conversation.

- Je t’en prie, ne pose pas de question, viens me chercher au commissariat.

J’étais restée forte depuis trop longtemps, je sentais que mes nerfs étaient sur le point de craquer. Cette histoire avec Bambi juste avant, c’était plus que j’arrivais à en supporter en deux jours. Mes larmes commençaient à couler, et si je m’en voulais de me montrer si faible devant les policiers, j’essayais de ne pas trop renifler au bout du fil.

- Et s’il te plait … emmène une putain de robe avec toi. J’en peux plus de cette combinaison affreuse.

Avant même que j’ai pu remercier mon interlocutrice, l’homme à la moustache me prenait le téléphone des mains en s’énervant qu’on était pas à la maternelle, et qu’il fallait que j’arrête de chialer. Peut être que je n’aurais pas dû lui mettre une gifle, mais il l’avait chercher non ? Quand on me raccompagnait en cellule, je tapais du pied contre la porte qui se refermait sur moi, me laissant une fois de plus seule à me morfondre derrière les barreaux.