J’enchainais les rencontres Tinder cette semaine. Cette nouvelle année s’annonçait drôlement bien. Mais toi, t’étais pas une de ces filles qui m’étaient inconnues. Non, toi, je te connaissais par le biais de Nath, mon meilleur ami. Et j’étais certain que tu ne me connaissais pas, ce qui rendait la chose encore plus ironique. Mais Nath n’avait rien à craindre, j’lui avais promis que je ne te toucherai pas. J’sais pas ce qu’il se passait exactement mais y’avait un truc indéniable entre vous, et moi, y’avait le bro code qui me retenait d’agir d’une quelconque façon. Un bon Winthrop que je faisais, moi. J’étais quand même arrivé à l’avance, parce que j’étais aussi un gentleman malgré les rumeurs et qu’on ne faisait pas attendre une fille. Encore moins une princesse. Est-ce que t’étais vraiment la princesse de Norvège? Alors, en t’attendant, je sortais mon iPhone pour taper ‘princesse de norvège nova’ sur Google. Ouais, un vrai agent de la CIA n’est-ce pas? Ne me félicitez pas, ça ira.

Tinder, l’endroit où il fallait être à l’approche de la Saint-Valentin. Cette application était excellente et très peu pour te déplaire. Tu cassais tous les codes en t’y trouvant et tu ne remercieras jamais assez le ciel pour avoir des parents très peu à la page des dernières technologies. Si ton paternel apprenait que sa princesse se trouvait sur des sites comme Tinder, il t’enfermerait à double tour jusqu’à ton mariage. T’es censé être la fille parfaite, celle qui était fiancé à un homme depuis le réveillon de Noël et qui devait faire aucun faux pas. Malgré tout ça, tu ne t’empêchais pas de liker des photos et de faire des rencontres. En parlant de rencontre, t’avais rendez-vous au bar pour voir un certain Elliot. Une photo, des messages plus tard et te voilà devant ce bar pour profiter de cette liberté qui était encore à toi malgré cet engagement arrangé. Bref, t’entrais dans ce bar et tu le voyais assis au comptoir. Ponctuel ? Faut croire. Dire que voir un mec en avance ça se perd de nos jours. T’arrivais derrière lui, silencieuse et tes yeux verts se posaient sur son téléphone. Alors comme ça il faisait des recherches sur ta personne en t’attendant ? Intéressant. « J’crois que tu perds ton temps. J’penses pas que cette princesse soit réelle tu sais. » dis-tu avec ce sourire malicieux avant de prendre place sur le tabouret à ses côtés.

@ELLIOT MAXWELL

Je scrollais les pages du navigateur à la recherche d’informations, de réponses aux questions peu conventionnelles que je me posais. J’avais beau être riche et ma famille influente, on n’avait pas de sang royal, et j’étais totalement étranger à ce monde , selon moi, intriguant. « J’crois que tu perds ton temps. J’penses pas que cette princesse soit réelle tu sais. » Oups, pris la main dans le sac. Tu pris place à mes côtés et je tournais la tête vers toi, armé d’un sourire ravageur. « J’crois pas aux contes de fées de toute façon. » répliquais-je. J’étais sur qu’il y avait encore plus de drama dans les familles royales que dans les familles normales. « Me dis pas que tes parents t’ont arrangé un mariage dont tu ne voulais pas. » Le cliché. Ouais, parce que quand je pensais aux filles des familles royales, c’est la première chose qui me venait à l’esprit. Les mariages arrangés. Alors déjà de base le mariage c’est bof-bof, mais quand en plus tu choisis même pas ton partenaire et que tu dois faire comme si de rien n’était devant les photographes? Eurk, épargnez-moi cette souffrance, merci. Heureusement que j'ai pas de sang royal, au final.

C'était la première fois que tu tombais sur quelqu'un qui cherchait des informations sur toi et au fond, ça te faisais rire. Pour cacher sa petite fraude, il t'offrait un sourire à en faire craquer plus d'une. Un sourire que tu connaissais que trop bien. « T'as raison. De toute façon, les contes de fées, ça n'existe que dans les livres pour enfant. » Tu mentirais si petite tu n'y avais pas cru un court instant. D'un côté, c'était la seule chose qui te faisait tenir dans les moments difficiles alors que ta mère se tuait à la tâche pour payer toutes les factures et t'assurer un avenir digne de ce nom. À peine installé sur son tabouret, il mettait les deux pieds dans le plat en te parlant de mariage arrangé. Si seulement il savait que t'es en plein dedans depuis quelques jours… Le comble pour une fille qui a besoin de sa liberté et ne s'engage que très peu. C'est ton opposé. « Je sais pas… Regarde sur google, tu auras peut-être ta réponse » répondais-tu au jeune homme en haussant les épaules tout en ayant ce sourire malicieux au coin de tes lèvres. Ça ne t'étonnerait même pas que ton mariage arrangé soit déjà sur la toile depuis ton retour de Monaco. À vrai dire, tu ne prenais même pas la peine de lire les idioties qui pouvaient circuler sur internet ou même dans les journaux. « Si c'était le cas, tu rentrerais chez toi ? » demandais-tu curieuse.

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J’étais pas un mec croyant, dans tous les sens du terme. Religion, mythes, spiritualité, destin… Tout ça, c’était des conneries. Le seul auquel je croyais, c’était le karma. Ça, ça n’épargnez personne et ça ne pardonnait pas. La réalité, c’était pas un conte de fées. Combien de fois on entendait les désavantages de la vie royale : règles strictes, peu de liberté, vie contrôlée, médias acharnés, mariages arrangés, trahison pour hériter des biens ou des titres… Ouais, ça me donnait pas trop envie. J’espère que toi tu t’étais pas mariée de façon forcée, parce que j’savais ce que c’était d’être dans un mariage dans lequel t’arrives pas à t’investir. « Je sais pas… Regarde sur google, tu auras peut-être ta réponse » Je lâchais un petit rire à ta réplique. Touché. Alors, je commençais mes recherches sur la toile, sans gêne. J’étais quelqu’un d’assez honnête et spontané. « Si c'était le cas, tu rentrerais chez toi ? » Je ricanais à nouveau. « Tu vas rentrer chez toi si je t’avoue que je suis divorcé, toi? » J’étais le spécialiste pour répondre aux questions par une autre question. Et là, l’info tombait. Un site web rédigé en français, et Dieu merci j’étais bilingue. « Arthur Grimaldi, hm? Ça t’évoque quelque chose? » Et je lui montrais mon écran, qui affichait une photo du jeune homme, apparemment prince de Monaco. Ouais, j’aurais pu travailler pour la CIA, j’vous l’avais dit.

Jamais tu n'aurais cru être fiancé à vingt-trois ans. C'était un peu ton cadeau d'anniversaire offert sur un plateau d'argent par ton cher père. Un cadeau au goût amer car tu ne l'a pas vu venir. Tu commençais cette nouvelle année engagé, mais ta liberté tu y tenais tellement que dans le fond tu prenais plus ça comme un amusement ou une passade pour tes parents ? L'envie de te protéger encore et encore les menaient à te donner à un inconnu. Le Graal quoi ! Sans gêne et spontané, t'aimais ça. Il prenait tes mots à la lettre en prenant son téléphone pour fouiner sur la toile et trouver une réponse à sa question. Ce n'était qu'une question de minute et de toute façon t'es bien trop franche pour cacher une chose pareil. Autant t'en amuser. Après tout, ce n'était pas comme si tu étais amoureuse de l'homme qui deviendrait probablement ton mari d'ici quelques temps. Tu lâchais un petit rire alors qu'il répondait à ta question par une autre question. Alors comme ça t'avais de la concurrence. C'était bon à savoir. Pour une championne de question réponse, c'est mal te connaitre. « Ça dépend si je reste seule à ce comptoir ou non. » Une réponse à moitié caché, mais qu'importe il avait le choix à présent. Il ne perdait pas le temps à te sortir le nom de ton fiancé. Tu fronçais les sourcils « Fait voir ça tête ?! » disais-tu en regardant l'écran de son téléphone qui te montrait le jeune homme. « C'est possible. » répondais-tu avec ce sourire qui te collais à la peau tel un constant rayon de soleil. Tu n'avais pas besoin d'en dire plus, il avait toutes les informations sous ses yeux. « Tu devrais envisager une carrière dans la CIA ou quelque chose du genre » qui sait, il ferait peut-être une bonne recrue.

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« T’inquiète pas, j’compte pas partir même si t’es mariée. On fait tous des erreurs. » Hahaha, oui, le mariage était une erreur. Une bien belle grosse erreur qui nous liait à une autre personne jusqu’à la fin des temps. Ou du moins, jusqu’au divorce. Et alors, je trouvais la réponse à ma question, le nom de ton mec et sa photo. « Fait voir ça tête ?! » Attends… Je tournais la tête vers toi, légèrement choqué. « Meuf, tu sais pas qui t’as épousé? Tu l’as jamais vu? » Ohlala, c’était encore plus tordu que ce que j’avais imaginé. Mais toi, t’avais l’air tranquille, un doux sourire scotché à tes lèvres qui ne disparaissait jamais. « Tu devrais envisager une carrière dans la CIA ou quelque chose du genre » Je lâchais un petit rire. « J’pense qu’il est malheureusement trop tard pour me réorienter, j’suis déjà en cinquième année. » Même si ça ne serait pas de refus. Qu’est-ce que j’allais foutre avec un diplôme en relations internationales? Bosser dans une entreprise? Reprendre celle de mon père? Créer la mienne? Eurk, non merci. « Mais change pas de sujet, je veux l’histoire de ton mariage avec ton mari inconnu moi ! » Curiosité, quand tu nous tiens.

Déjà, il ne compte pas te laisser seule dans ce bar et partir très loin. Tu trouverais ça dommage de ne pas profiter de cette liberté que tu possédais encore et qu'il voyait les choses de la même façon. « J'espère bien, ça serait dommage. » ouais, dommage de ne pas partager ce fameux verre et de trinquer. Quand il tourna sa tête vers toi alors que tu voulais voir sa photo, tu rigolais. Si seulement il pouvait voir sa tête. « Des questions digne d'un vrai interrogatoire de police. J'devrais prendre peur tu penses ? » je fronçais les sourcils juste pour m'en amuser. La situation était hilarante. Il parlait sans réfléchir, sans se poser de question. Tout en simplicité, j'aimais ça. « C'est dommage. J'te verrais bien dedans. Qu'est-ce qui te passionne autant depuis cinq ans pour ne pas envisager de tout plaquer ? » T'étais plutôt douée pour changer de sujet et tourner la conversation à ton avantage. T'es pas une princesse pour rien. Malheureusement pour toi, il n'oubliait pas cette histoire, mais au final ça ouvrait la conversation. « De un ce n'est pas mon mari, j'ai pas franchi le pas et de deux, je l'ai vu pour le Nouvel An et je l'ai croisé à plusieurs reprises avant. » Il n'était pas le type d'homme vers qui tu te tournais habituellement. De loin, il se montrait imbu de sa personne, arrogant, bien trop fière de lui. « D'abord, j'ai besoin d'un verre » dis-tu avant d'appeler le serveur au loin pour passer commande et rapidement changer de sujet car ce détail a piqué ta curiosité. « Alors comme ça t'es divorcé ? » et ouais mon gars, ce détail n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde.

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« Tu réponds jamais à mes questions. » remarquais-je donc. Toujours à répondre par une autre question ou à changer de sujet. « T’as peur de quoi, au juste? Je suis pas un espion. » No souci à ce niveau là, tu pouvais me faire confiance. « Rien ne me passionne, j’y suis plutôt par contrainte. Relations internationales. C’était prévu que je reprenne l’entreprise familiale. » Prévu, ouais, jusqu’à ce que je dise à mon père il y a environ un mois que c’était pas mon intention. Depuis, il m’adressait à peine la parole. « De un ce n'est pas mon mari, j'ai pas franchi le pas et de deux, je l'ai vu pour le Nouvel An et je l'ai croisé à plusieurs reprises avant. » Je levais les mains en l’air genre ‘calme, j’ai rien fait’. « Tu me dois pas d’explications, si tu veux épouser un mec que tu connais pas c’est ton choix! » Je prenais le verre que le serveur venait de déposer face à moi dans ma main. « Alors comme ça t'es divorcé ? » Je riais quelque peu. « J’ai pas la tête pour? » En effet, si quelqu’un n’avait pas l’air du mari idéal, c’était bien moi. « J’me suis marié pour un pari. Quand j’te dis qu’on fait tous des erreurs… » J’esquissais un petit sourire amusé. Et je savais que dit comme ça ça avait l’air totalement irresponsable et gamin mais… ouais, ça l’était en fait. Mais j’étais avant tout loyal envers les gens à qui je tenais, et à l’époque, Lucky était une amie sur qui je pouvais compter et qui avait eu besoin de mon aide.

Touché. Tu répondais par une autre question ou alors tu changeais de sujet. Il faisait de même avec toi alors pourquoi ne pas être à égalité ? « Si j'avais peur, j'serais pas assise à côté de toi dans ce bar. » dis-tu tout simplement. Tu n'aurais pas pris le risque de rencontrer un gars que tu ne connaissais pas si t'avais peur. « Au final on est des pantins. Faire plaisir à la famille, suivre un cursus qui te passionne pas ou carrément te fiancer... » au final, deux histoires différentes, mais la pression des parents sur votre dos. « C'était prévu ? T'as renoncé finalement ? » il a peut-être eu le cran de renoncer à reprendre l'entreprise familiale. D'un côté si ça ne lui plait pas pourquoi se forcer. « Vraiment ? Attends une seconde. C'est pas toi qui voulais l'histoire il y a un instant ? » répondais-tu en ayant de nouveau ce sourire au coin de tes lèvres. Tu ne l'agressais pas. Juste l'entendre te dire "ton mari" ça te faisait froid dans le dos. T'es pas prête pour ça et t'en prenais conscience. Ta tête annonçait clairement un "comment te dire" « Désolé de te dire ça, mais pas trop. » tu haussais les épaules avant de prendre ton verre que le serveur venait de vous apporter. « Tu recules devant rien, intéressant. » Ouais, se marier pour un pari c'est gros, mais on a qu'une vie autant en profiter au maximum. « À notre liberté ? » tu levais ton verre pour trinquer à cette liberté qui te rendais un peu plus vivante chaque matin.

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