J'impulse battements et sang, j'alimente la machine qui est si douloureuse à faire marcher. Les lèvres se nourrissent de ta peau, y marquent leur empreinte et aimeraient y repousser les autres, les prochaines, les moins douces. Moins impliquées, moins chargées d'une détresse partagée. On créera de la lumière, à force d'entre-choquer nos noirceurs, on fera quelques étincelles qui finiront par nous brûler la chair qu'on a mit à vif. On est si bons, quand il s'agit de se blesser, l'un l'autre, seuls, les autres, on est si bons quand il s'agit d'assombrir les heures à venir. L'homme attrape au vol une possibilité, t'attires un peu plus vers lui, vient nicher sa solitude dans les recoins de ton âme, la cache pour l'oublier. Les bras se referment sur la silhouette, empêchent la fuite et la chute, on se maintiendra à la surface, nos cœurs haletants et mourants. Quand le silence se rompt, l'emprise avec, elle devient plus légère et accessoire. Retrouvons nos chemins respectifs, cessons nos séances d'apnées dans la rivière qui nous sépare. « Il faudrait revoir le règlement, quand la fille n'est pas contre. » Qu'il arme ses lèvres d'un sourire cachant très peu le sarcasme. Chacun retiendra l'intention de l'autre, le premier pas, ou le second ; chacun se servira de jolies excuses peu crédibles, pour se rassurer. Demain, nous nous haïrons de nouveau, si tu veux. On peut même recommencer un peu ce soir, juste pour se prouver qu'on est encore capable de le faire. Y a juste ce type qui en décide autrement, qui fait irruption et fini par persuader le furieux de délaisser la peau lactée. Pas le droit d'y toucher, qu'Elle disait. « Hé Isis, on t'attends. » Allez, va nourrir leurs fantasmes,  disparaît sous quelques mèches de jais, exprime ta noirceur. Quitte mon corps pour le proposer à d'autres. « Je reviendrai. » C'est une promesse que je ne tiendrais pas, nous ne sommes que des éphémères.