Il se vexe, encore et encore. Je veux juste qu'il sache que si je lui demande, c'est que la raison me tiraille les intestins. Et ça, même si je l'image avec le peur d'envie de passer du temps avec lui. Il doit comprendre que je n'ai pas envie de lui dire pourquoi je lui demande de hacker le serveur de l'hôpital. En tout cas, pas maintenant. J'ai toujours en moi cette petite rancœur, et surtout, ce manque de confiance en lui qui me hurle de lui dire que c'était une blague avant de le ramener sur la terre ferme. Je soupire en attendant sa réponse, semblant observer le tableau de bord mais les yeux flous. J'erre encore dans mes pensées. Que va t-il pouvoir me demander en échange ? La réponse à ma question fuse sans que je n'ai réellement le temps d'y réfléchir. « Saute. » Comment ça saute ? Je me retourne vers lui, un air dubitatif sur le visage. Que je saute du bateau ? Et il répète sa phrase, peut-être en voyant mes yeux un peu perdus, pour appuyer ses dires. Je hausse les sourcils, ne comprenant pas trop ce que cette action vient faire dans l'actuelle situation. Ce n'est pas qu'il fait froid, mais le retour au port trempée ne me tente pas trop. Non. Je dois me rendre à l'évidence. La vraie raison, c'est surtout que je ne lui fais pas confiance et qu'il serait capable de me laisser en plan, assez loin de la terre pour que je mette trop de temps à rentrer sans risquer l'hypothermie. Je regarde ses yeux bleus qui ne semblent pas se démonter, gardant coûte que coûte cette idée saugrenue en tête. Je déglutis. Tant pis si je rentre à la nage. D'un geste las, je fais passer mon tee shirt par dessus ma tête, et le laisse tomber au sol peu avant mon short. Hors de question d'être entièrement trempée, et si je dois rentrer en sous-vêtements en ville, j'irais directement porter plainte contre lui. « Ellington, ne me la fait pas à l'envers. », en montant ma jambe gauche sur la rambarde pour retirer ma dernière basket. Simplement vêtue de mes sous-vêtements en dentelle noire, je me dirige vers la poupe pour éviter de sauter par dessus la barrière. Les bras autour de moi pour essayer de me réchauffer un peu, en vain. J'vais me geler c'est certain. Mais si c'est ce qu'il veut en échange... Un dernier regard sur lui, mes yeux dans les siens avec cet air presque en colère qui disparaît d'un seul coup. Glaciale. Et je plonge.

L'absence de confiance est mutuelle, c'est trop soudain pour que je ne me méfie pas. Je joue trop gros, pour juste parier sur toi. J'aurai pu, si cet ego froissé ne m'avait pas poussé à jouer la sécurité. Une sécurité toute relation, consistant au fait de tester ta motivation. Je ne risque pas mon monde pour un caprice, pour du superflu. Je me réserve toujours le droit de refuser, même si ton corps finit dans l'eau glaciale. Autant que ton regard, ce regard que tu me jettes, ne récoltant qu'un haussement de sourcil en réponse. J'ai pas besoin de t'expliquer combien je suis buté.  Quand la mer accueille sa capitaine, l'homme se penche légèrement vers elle, après avoir rapidement rejoint le bord du bateau. « Si tu savais comme c'est tentant de partir. » T'apprendre de ne pas vexer l'homme, ton imprudence de l'avoir emmené ici. Mais les leçons ne méritent pas l'hypothermie. Elles ne méritent pas non plus que tu m'en veuilles davantage. Et j'tourne les talons. Te laissant à ton hésitation, et rejoignant rapidement l'intérieur du yacht, attrapant une serviette de toilettes mise à disposition. Le retour fut tout aussi rapide. Une seule goutte d'éclaboussure d'une faible vague, lui avait suffit pour comprendre que Nienke devait se geler. Tu m'importes bien plus que ce que mes actes pourrait te laisser penser. « Allez sort de là, tombe pas malade. » Accroupit sur le bord, la serviette sur l'épaule et la main tendue. Je serai galant dans mon enfer. « Tu sais quand on te demande de faire n'importe quoi, faut refuser. » Que j'ose la taquinerie.. toujours au bon moment. Tu m'aurais déçu dans ton refus. Ton obstination, ton entêtement, j'aurai détesté que tu les perdes. Ne devient pas banale, comme toutes les autres.  

Ce n'est que quand je percute l'eau que je me rends compte de mon idiotie et de mon entêtement. L'eau est gelée, trop froide que je ne se sente le bout de mes orteils dès que je remonte hors de l'eau pour respirer. C'est une confiance que j'accorde. Il a l'air d'en avoir besoin. Peut-être que parfois je suis trop franche, sans limite, sans filtre. Mais c'est ainsi. Je n'ai jamais pensé au mal que je pouvais faire en parlant, en lançant les mots comme ils me viennent. J'essaye de mouvoir chaque partie de mon corps pour ne pas geler sur place. Mais rien n'empêche la morsure de m'engloutir totalement. L'enfer est glacée, j'en suis certaine. J'avance vers le bateau et lève la tête vers le jeune homme quand il m'adresse de nouveau la parole. J'aurais pu lui balancer que de toute façon, il ne savait pas naviguer et qu'il serait incapable d'arriver au port sans séquelles. Mais je reste muette, l'observant partir de nouveau hors de ma vue, sans broncher. Je ne vais pas attiser le feu, ou réveiller la bête qui sommeille en lui puisqu'en fait, c'est moi qui ait besoin de lui, et pas l'inverse. Mon cerveau s'active pour trouver un moyen de me réchauffer le temps que je suis encore dans l'eau alors que la solution arrive sur l'épaule de Jasp'. J'ose quelques mouvements de jambes pour me rapprocher de lui et attrape la main tendue alors qu'il ose me chambrer. La moue sur le visage alors que je me hisse hors de mon glacier avec l'aide du jeune homme. « J'aurais pu tirer ta main assez fermement pour que tu tombes par dessus bord toi aussi... » Juste pour renchérir, parce que je ne peux pas rester sans répondre devant sa moquerie. Je veux juste qu'il comprenne que quoiqu'il va ose me demander, je le ferai pour qu'il hacke ce serveur. Mon corps tremble, du bout de mes orteils à la racine de mes cheveux. J'attrape vivement la serviette et m'enroule dedans en claquant des dents. Je fonce me réfugier devant la barre, un peu à l'abri du vent de la nuit. Je tombe, m'assois en tailleur et me recroqueville en boule sur moi-même pour tenter de me réchauffer. Les paupières closes, la joue collée sur mon bras glacé pour me reposer du poids de ma tête, je lâche un peu la pression. « Tu veux savoir pourquoi ? » La voix douce. Un chuchotement à peine audible. Confiance doit devenir le maître mot de notre relation.

Ton corps glaçé suffit a me faire penser que ce que tu me demandes, va valoir le coup. La seule base de notre ancienne relation ne suffirait pas à établir une confiance. J'le sais, que de ton côté elle est caduque. Que mes mots n'ont qu'une faible résonance, qu'ils sont pesés et analysés. Alors je m'engage dans le même chemin, je me méfie, je teste, je mets à l'épreuve tes convictions. « J'aurais pu tirer ta main assez fermement pour que tu tombes par dessus bord toi aussi... » C'est une possibilité que j'avais pris en compte. Elle n'a pas pesé assez lourd, face à tes traits frigorifiés. « Ca aurait été moins facile de me convaincre après.. » Ca n'allait pas dans ton intérêt, comme tu le penses si bien, tu as besoin de moi, moi.. j'ai juste besoin que tu m'aides à revenir sur la terre ferme. « Puis, pourquoi tu penses que j'ai mis cette serviette sur mon épaule ? » Qu'il reprend avec un sourire aux commissures, amusé. Tout est stratégie, rien n'est laissé vraiment au hasard. C'est comme ça qu'on finit par gérer un monde, des gens. J'dirais pas que j'ai touché au bonheur, mais ma vie est faite de nombreuses réussites. Du superficiel, diraient certains. Ils n'auraient surement pas tord. Qu'importe, ma main te hisse hors de l'eau, et le contact me suffit à confirmer que j'ai été passablement un enfoiré. Légère grimace de l'homme en la voyant, grelottante et rapidement sur le sol. Oui, bon, d'accord, j'ai eu de meilleures idées dans la vie. « Tu veux savoir pourquoi ? » Si j'ai capté ce chuchotement, c'est que je m'étais suffisamment rapproché de la dame de glace. J'me laisse tomber derrière elle, les jambes de chaque côté de la frêle. Les mains, sans pudeur, qui frictionnent le dos glacé. Souffle le froid et le chaud. Geôlier et libérateur. Je souffle à mon tour : « Je ne ferais rien, si je ne sais pas pourquoi. » Je ne fais que ce en quoi je crois. Y a de la morale dans l'illégale.

Tout n'est que stratégie. Il fait tout pour tester mes réactions, tester ma sincérité, tester l'envie que j'ai -ou plutôt le besoin- pour qu'il réalise mon souhait. Dans un esprit de revanche, j'aurais pu tirer sur son bras, le mettre à l'eau lui aussi pour qu'il comprenne. Mais mon esprit n'est pas encore assez embrumé pour que ce genre d'idées ne soit réalisées par mon corps. Je pense à Tommy dans ce lit d'hôpital, et moi ici, frigorifiée en compagnie de mon ex. Tommy m'engueulerait rien que pour avoir eu cette drôle d'idée, mais rien ne m'arrêtera. Et mes yeux fermés m'aident à revoir son visage. Le froissement des vêtements derrière moi, et son corps qui tombe proche du mien. Ses mains me paraissent bouillantes contre la serviette qui sépare nos deux peaux. Je claque des dents. Je me retiens. J'ai envie de me laisser tomber entre les bras chauds mais je me le refuse. Mon corps reste en boule, acceptant néanmoins les mains du jeune homme comme une bénédiction. Être dépendante de lui, mais pas trop. Ne pas paraître désespérée, c'est insupportable sinon. Je me sens déjà tellement faible de devoir lui demander quelque chose et de lui être redevable... Sans ouvrir les yeux, j'apprécie la friction et me brise encore un peu plus cette barrière qui nous sépare de la confiance. « Mon jumeau s'est fait agressé il y a quelques mois, à Rotterdam. Ils l'ont frappé et laissé pour mort dans la rue avant de lui voler sa voiture. Tommy a été en réa, il a subit plusieurs opérations pour réduire les fractures et maintenant il est en rééducation. Mais l'envie n'est pas toujours là. Il est triste et se laisse aller. Et moi, j'ai besoin d'avoir de ses nouvelles rapidement tu comprends ? Je veux savoir ce qu'écrivent les infirmières sur lui, je veux savoir s'il fait des efforts ou s'il essaie de mettre fin à sa vie. C'est pire qu'une envie, c'est un besoin. » Et là, malgré moi, je me laisse tomber contre lui. C'est comme si un poids trop lourd venait de disparaître et que mon corps lâchait prise. Alors j'accepte la fatalité, reste contre la chaleur pour sortir de l'hypothermie. Et puis, ce n'est pas si désagréable que je ne l'aurais pensé, de lâcher prise dans ses bras.

Je suis l'homme qui propage le feu et allume les vannes, qui noit et te récupère, la main tendue, les remords l'emportant sur la soif de choix. Le tyran a de bonnes intentions, c'est bien là le plus cruel. La silouhette tremblante cherche à être calmé par les mains réchauffées, elles essayent, y mettent du leur, de la vigueur. Elles te disent qu'elles sont là, aussi, que tes mots peuvent s'en aller, que tu peux te confier. Qu'il le faudra bien. Elle est là, l'unique condition de mon acceptation. Je sais que tu as cette image de moi, je sais qu'elle n'est pas si fausse, on est même surement dans une certaine réalité. Mais j'te jure que j'sais faire de bonnes choses, avec ce talent. Comme résoudre ton problème. Apaiser ton âme, par de simples renseignements. Le corps féminin, de son fardeau délivré, s'affaisse dans les bras ouverts. Dans un automatisme qui n'est pas vraiment passé, ces derniers se referment contre la confessée, l'enfermant dans cette prison de chair. Réchauffe et réconforte. La tendresse des sentiments passés n'est pas quelque-chose qui disparaît avec les années. Se fane, à la rigueur, mais meurt, rarement. Pas avec l'Ellington. « Il est dans quel hôpital ? » J'te dirais pas que je suis désolé, tu le sais. J'te sortirai pas des conneries de gens compatissants, moi j'agis, c'est ma façon de parler. « Il te donne pas de nouvelles ? » Se pince les lèvres, se penchant légèrement sur le côté pour regarder la belle. « J'veux bien le faire, j'peux le faire, y a pas de soucis. Mais.. » Regardez-moi, donner des cours d'éthique alors que j'en ai aucune. « C'est ce que tu veux ? J'ai rien à te dire, mais je sais pas si c'est une bonne idée.. » C'est pas moi, qui supporterait le fardeau des nouvelles, l'inquiétude de l'attente. « Ca va te rendre dingue. » Parfois, ne rien savoir est mieux. Se faire sa propre version des choses, celle qui fait moins mal. L'Illégal se fout de ses risques, s'inquiète de ceux d'Elle. Va pas t'abîmer davantage.

Les bras du jeune homme se referme sur moi comme une cage dorée. J'aurais pu le repousser, laisser mon besoin de liberté prendre le dessus sur cette -fausse ? Tendresse. Retirer ses bras me semble une idée futile, lui laissant prendre le dessus sur moi un instant, le laissant m'enfermer. Est ce que je devrais me sentir en danger ? Peut-être oui. Parce que Jasper, il calcule tout. Et son geste est sûrement le résultat d'une analyse dans son cerveau. Tant pis. J'ai décidé de jouer quitte à m'en brûler les ailes. « Erasmus MC. » Simple et concise comme réponse. Une autre question fuse mais je n'ai pas le temps de répondre qu'il renchérit. Le visage se penche vers le mien, les yeux bleus me transpercent. Et la leçon de moral s'en suit, comme si c'était à lui de me dire ça, comme si je ne le savais pas déjà. Je pourrais lui balancer que ça ne le regarde pas, que c'est ma vie et qu'il n'a rien d'autre à faire que de hacker le serveur. Le reste, je m'en fiche. Sa petite leçon en particulier. Je lève le nez vers lui. « Je ne te demanderai pas de me réconforter si les nouvelles sont mauvaises si c'est ce qui t'inquiètes. » De toute façon, je suis déjà dingue. Dingue de ne pas avoir les vraies informations, dingue qu'il me mente en me disant que tout va bien, dingue de toujours penser que Tommy est le seul homme de ma vie qui ne me mentira plus jamais. Je suis déjà folle, alors un peu plus ou un peu moins. « Quand tout le monde me ment, je veux trouver la vérité. A n'importe quel prix. » Même si ça doit me détruire, oui. « Tu veux le faire ou non ? » Les yeux qui le fixent. J4ai besoin d'une réponse maintenant.

Dites-vous que si vous pensez à un coup, Jasper l'a déjà contré, imaginé toutes les possibilités, et paré à chacune d'elle. L'homme anticipe, prévoit, se protège. Parce que, ça, c'est la théorie, c'est ce qu'il se plait à croire. La vérité, c'est l'Ellington qui bouffe le parquet, c'est le battant martyrisé par des déceptions à la chaîne, une confiance qui se donne à la mauvaise personne. Parfois, je me dis que si tout ceci ne s'était pas terminé, entre nous, j'n'aurais pas récolté le malheur suivant. On appellera ça le karma. « Erasmus MC. » Enregistré. Quand à la suite, je sens qu'elle ne te plait pas. Mon ton paternaliste, qui part pourtant d'une bonne intention. Qu'importe, on oublie bien vite le meilleur, quand on a dévoilé une partie de son pire. « Je ne te demanderai pas de me réconforter si les nouvelles sont mauvaises si c'est ce qui t'inquiètes. » J'esquisse un rapide sourire, secouant la tête, légèrement. « Non, ça j'm'en fous. J'veux juste m'assurer que tu le fais pour de bonnes raisons. » T'as qu'à te dire que c'est le reste de mon affection, que tu seras jamais une fille dont le malheur m'ennuie. Tu m’indifféreras jamais, Nienke. « Mais après tout, ça me regarde pas. » Reste à ta place Jasper, c'est à dire dans le passé, bien loin de son quotidien. C'est comme ça que commencent les ennuis, tu te rappelles pas ? Pourtant, tu te retrouves sur ce bateau. Et, la suite ne peut t'empêcher de piquer les rancœurs d'antan. Les sourcils se froncent à peine, la voix est douce quand il s'interroge : « T'as jamais menti ? Même pour de bonnes raisons ? » La bascule entre la vérité et le mensonge, voilà ce qui nous a détruit. Je penchais plus d'un côté, toi de l'autre. Chacun pour des raisons qu'ils estimaient bonnes. Ce n'est pas juste le bien et le mal, c'est plus subtile. Mes bras l'abandonnent. Regarde comme tu es libre. « J'le ferai. » La seule difficulté, dans cet exercice, c'était notre alliance.

Tu t'en fou parce que tu te fiches que je puisse être triste ou parce que tu pourrais me réconforter ? Je ne sais pas, et en fait, je ne veux pas vraiment le savoir. Notre histoire m'a blessée, trop pour que je n'oublie pas le passé. J'ai cette tendance à être rancunière, je n'y peux rien. Et il doit sûrement le savoir, que je suis capable de l'appeler en plein milieu de la nuit en pleurant. Malgré notre passé, malgré lui et malgré mon égo. Quelques mots, sans le regarder. « Oui, ça ne te regarde pas. » Et il renchérit sur les mensonges. J'ai sûrement déjà menti oui, mais pas pour les choses importantes, pas dans une relation, pas avec lui. Je ne préfère pas lui répondre. Je hausse les sourcils et le laisse me libérer un peu malgré moi. D'un seul coup, je ressens la fraîcheur de la nuit, le froid de mes sous vêtements mouillés contre ma peau gelée. Un coup d’œil à ses bras qui ne sont plus autour de moi. J'ai froid, vraiment froid. Et on s'écarte encore un peu plus, toujours assise entre ses jambes. On aurait pu se lever, on aurait pu s'éloigner encore plus, se mettre chacun à un bout du bateau. Mais non. Et le couperet tombe. Du côté positif. Je suis heureuse, et pour une fois j'explose un peu dans mes gestes. Je me retourne vivement, laisse tomber la serviette et le prend dans mes bras. J'embrasse sa joue, et finit par enfouir mon visage dans son cou. Juste un mot, qui veut tout dire, un commencement d'abandon de soi pour entre dans une collaboration à deux. « Merci Jasper. » Parce qu'il n'était pas obligé, parce qu'il va prendre des risques pour moi. Et que malgré tout, j'en suis très reconnaissante.

« Oui, ça ne te regarde pas. » Toute ta vie ne me regarde pas, à vrai dire. Toutes ces pages ouvertes après moi, après que j'ai perdu le droit d'y accorder un regard, encore moins un avis. Tu fautes, t'es exclus. Jolie théorie. Mais, elle le sait, que je serai à l'autre bout du fil, quand elle m’appellera au beau milieu de la nuit. Que je serais là quand les autres dévieront le regard. C'est ta punition, Nienke, on se débarrasse jamais vraiment de mes prunelles bleutées. Elles restent là, ne sont plus vraiment neutres quand le froid te saisi, et que le tissu te quitte. T'es bien plus belle quand tu t'exprimes, que tes ressentis marquent tes traits. Un sourire transperce le visage masculin, et les bras encerclent à nouveau la frêle, plus franchement. « Merci Jasper. » Ca n'efface rien, ça ne recouvre pas mes méfaits précédemment, mais les prochains, ceux pour la bonne cause, nous sortent de notre guerre froide. Je te sens soulagée, et ta joie se communique à mon être. « Tu me remercieras quand ça sera fait. » Ce qui ne devrait pas trop traîner, je ne vais pas te laisser attendre des semaines. J'ai bien compris l'enjeu. « Okay, t'es gelée. » Qu'il finit par lâcher, son pull s'empreignant des perles de mer qui glissent des cheveux de la sirène. « Tu crois qu'il y a à manger dans la cabine ? » T'as pas le temps de réagir demoiselle, que tes pieds, et tout ton corps se soulève, perchée dans les bras de l'homme. Le sourire est railleur, l'excuse futile, les raisons plus sincères. Après tout, je suis la raison des frissons sur ta peau, laisse-moi les ôter.