Jasper. C'est étrange d'avoir eu cette idée de le recontacter, mais il est le seul que je connaisse capable de réaliser mon souhait. Ce n'est pas vraiment que j'ai eu envie de le revoir, ce n'est pas vraiment que j'ai envie de lui parler, mais j'ai juste besoin de lui. Il ne doit sûrement pas comprendre ma démarche puisque cela fait maintenant des années que nous nous parlons à peine. Un « bonjour » de temps à autre puisqu'il s'occupe de la Dunster, mais c'est tout. Notre relation s'est terminée d'une façon que je n'avais pas souhaitée, et étrangement, cette petite rancœur est toujours présente. Il a gâché notre relation, il peut bien me rendre un service après tout ce temps. Je piétine devant le petit yacht que j'ai loué. Et comme il était hors de question qu'une autre personne soit avec nous sur le bateau, je me suis décidée à piloter moi même le temps de nous trouver un endroit sympa où stopper les moteurs. Jasp', j'aurais pu le retrouver demain à Harvard, mais je ne veux pas de regard indiscret pour ce que j'ai à lui demander et qui n'est pas légal du tout. Je suis arrivée bien trop en avance pour ne pas stresser un peu. Je monte à bord et finis par m'asseoir sur le pont, observant le ponton où mon ex ne devrait plus mettre beaucoup de temps à apparaître. Je réajuste ma casquette de capitaine, petite touche d'humour de ma soirée, et fouille dans mon sac pour me sortir une cigarette. C'est quand je l'allume que j'observe une ombre lointaine avancer sur l'eau. Je me lève lascivement et avance vers le ponton en bois flottant sur l'océan. Un regard à ma montre alors que j'attrape la cigarette entre deux doigts. « Deux minutes de retard moussaillon ! »

@Jasper O. Ellington

J'comprends pas bien ce que je fais ici, mais il ne m'est pas venu un instant à l'esprit de refuser l'invitation. Mettez ça sur la culpabilité restante. Les bouts de regrets qui trainent ça et là. Tu m'as dis n'importe quand, j't'ai dis que j'étais dispo. Tu vois, j'ai pas fini avec mes mensonges. Les moments blancs sur mon emploi du temps sont des choses rares, mais tu m'as bien trop surpris pour que je repousse davantage. J'l'ai décommandé elle, j't'ai programmé à la place. Tu m'as parlé de bâteau, j'ai mis un pull léger à rayures bleu marine et blanc, forcément. Ca fait des années. Que j'te croise, qu'on évite de rester dans la même pièce, et qu'on se contente de se saluer quand on a pas vraiment le choix. On a pas été foutu de rester amis après. Y en a qui y arrive, nous, ça nous a même pas traversé l'esprit. J'suis pas vraiment bon là-dedans, de toute façon. Alors laisse-moi me racheter, en arrivant à peine en retard. J'arrive ici pas vraiment serein, ça a peut-être ralenti mes pas. De l'autre bout du ponton que j'emprunte, mes billes ne tardent pas à tomber et s'attarder sur toi, juste en face. C'est qu'elles n'ont plus l'habitude, elles ont pris le pli de dévier dès qu'elles te croisaient. J'm'approche, et j'ai pas d'autre choix que d'arborer un sourire rieur en voyant ta casquette ; couplé à des sourcils froncés de ta remarque : « Deux minutes de retard moussaillon ! »  Secoue la tête. « C'est ta montre qui est pas à l'heure, Van Dijk ! » Mes doigts se posent sur ta casquette, l'air railleur. Ne la soulevant qu'à peine pour me laisser l'espace de te plaquer un baiser sur la joue. « J'espère que c'est pas là-dessus que tu nous emmène, capitaine. » Mes billes qui désignent un espèce de canoë. J'me méfie de toi.

Il n'a pas l'air sur de lui. Il aurait pu marcher à reculons qu'il m'aurait fait la même impression. Je l'observe de loin, et réellement, il n'a pas changé. Je souris à son pull rayé comme il doit sourire de ma casquette. On se retrouve, lui et nos humour. Et son sourire qui m'a déjà faite craquer. Je ne rétorque rien quand il me parle du réglage de ma montre parce qu'il me coupe toutes réactions en embrassant ma joue. Aucun contact depuis tout ce temps, et cette marque d'attention si rapidement m'empêche de réfléchir un court instant. Je secoue la tête pour me remettre les idées en place, fronçant à peine les sourcils pour faire disparaître des souvenirs trop envahissants. Je tourne les yeux vers ce qu'il pense que je vais piloter. Une sorte de canoë, trop petit pour nous deux en tout cas car je refuse de passer autant de temps si proche de lui. J'ai peur de moi et de mes réactions étranges, j'ai peur surtout de sa réponse quand je vais lui demander de réaliser cette idée un peu folle. Je mets un pied dans le bateau de fortune et attrape la pagaie que je tends à Jasp. « J'espère que tu es prêt à le faire avancer parce que je ne pagaie pas ! » Je lui colle dans les bras et ris en sautant sur le yacht. « Je passe devant avec celui là si cela ne te dérange pas. » Je marche vers le tableau de bord et tourne juste la tête vers lui. Un signe de main pour l'inviter à s'approcher de moi. « Allez viens vite... »

J'avais fini par m'habituer à te cantonner à des souvenirs, à un prénom qu'on cite quand on nous demande nos anciennes relations. Mon retour à la Dunster comme responsable ne nous avait pas fait échapper à d'absurdes saluts. Juste pour ne pas éveiller les ragots. Alors oui, j'insiste davantage, je marque ta joue d'un baiser. Comme une volonté de te dire que je suis las de faire comme si tu n'importais pas plus que de simples connaissances. Je devance le malaise. On a passé le pire. Enfin, je suppose. J'commence à me poser la question, quand tu me tends une rame, un pied dans le canoë. J'plaisantais, hein. Le regard bleuté s'agrandit à peine, cherchant à jauger de la fiabilité de la belle. « J'espère que tu es prêt à le faire avancer parce que je ne pagaie pas ! » Attrape la rame, par mécanisme. « Me fait pas croire que j'suis le mec le plus musclé que t'ai trouvé pour te servir de chauffeur. » Qu'il raille, cherchant la moindre raison justifiant de sa présence ici. « Je passe devant avec celui là si cela ne te dérange pas. » Et la gazelle saute sur le yacht, qui se trouvait juste à côté. Voilà qui est mieux. J'abandonne déjà ma rame, peu décidé à rester dans cette embarcation instable. Juste le temps de la regarder à la barre, avec sa casquette de capitaine, secouant la tête avec une mine amusée. J'ai toujours aimé ton espièglerie. J'l'avais juste plus vu depuis des années.« Allez viens vite... » Saute à son tour sur le bateau, rejoignant en quelques enjambées la dunster. « J'me rappelais plus que tu savais naviguer. » Moi, j'sais pas. Qu'on soit au clair, si ça se passe mal, faut m'oublier pour reprendre le contrôle de ce truc. « J'ai prévenu personne que j'étais ici, j'aurai peut-être dû. » Qu'il reprend, taquin, balayant un  regard vers Nienke, avant de s'appuyer contre la rambarde pour s'y pencher un peu. Ca a des airs de vacances prolongées. Puis, j'leur aurais dit quoi ? J'vais voir Nienke mais je sais pas pourquoi ? A coup sûr, on m'aurait taxé d'un mauvaise idée.

Le mec le plus musclé que je connaisse ? Non, ce ne doit pas être lui. Et je souris qu'il puisse croire quelques secondes que je vais l'emmener en pleine mer avec cette embarcation de fortune. Le yacht m'appelle, ce bateau que j'ai loué pour la nuit puisque je ne sais pas combien de temps va durer notre parloir. Je le regarde sauter sur le bateau, les yeux rieurs. Il ne se rappelle plus que je navigue ? « Peut-être ne m'écoutais-tu pas parler, peut-être que je ne te l'ai jamais dit. » J'erre dans mes souvenirs lointain pour essayer de répondre à ma question moi-même. Je ne sais pas s'il nous est arrivé de parler de la mer, de ce permis que j'ai passé dès que j'en ai eu l'âge. Je n'ai pas vraiment l'habitude de naviguer, mais à chaque voyage humanitaire, cela me permettait de m'évader un peu au large des côtes que je foulais toute la journée. J'aime la mer de nuit, j'aime les odeurs, j'aime les sons, la musique des vagues, la fraîcheur de l'air, les étoiles qui nous éclairent faiblement. Je ferme les yeux un instant et inspire fortement l'odeur du port à la tombée de la nuit. J'ouvre un seul œil quand il évoque l'éventualité de prévenir quelqu'un. J'ai beau sentir son humour dans la phrase, je me sens un peu paniquée. « Je ne préfère pas que quelqu'un soit au courant... Qu'est ce que CS pourrait penser si elle apprenait que tu te retrouves sur un bateau seul, la nuit, avec ton ex encore étudiante ? » Même si ça, je m'en fiche totalement. Je veux surtout que personne ne soit au courant de ce que j'ai à lui demander, et que rien ne lui arrive après avoir réaliser la dite action. Je lève l'ancre et actionne les moteurs pour sortir du port doucement. Debout à la barre, je jette toujours un coup d’œil à Jasp'. « Ne te jette pas par dessus bord, je ne veux pas d'un mort sur la conscience. » Je vire ma casquette, la lance sur le tableau de bord, un léger sourire sur le visage, laissant mes cheveux virevolter à leur guise.

 « Peut-être ne m'écoutais-tu pas parler, peut-être que je ne te l'ai jamais dit. » Se pince les lèvres, se plongeant lui aussi dans cette réflexion. Il fallait soulever le voile qu'il jetait sur ses précédentes relations. Oser un œil sur ce qu'il prenait soin de camoufler derrière des années de vie. « Surement un peu des deux. » J'ai surement failli, des fois. Souvent. J'n'ai jamais eu la prétention d'être le compagnon de vie parfait. Je loupe des infos, des dates, mon égoïsme prime parfois, j'omets des vérités. Mais ça, tu le sais. On a connu le début et la fin, je n'ai plus grand chose à te cacher. Pourtant, tu me surprends dans ta maîtrise à la barre de ce yacht. J'ai toujours eu une certaine admiration sur ce qui me dépasse, ce que je ne connais pas. Si le tien est l'eau, mon élément est assurément plus la terre. J'aime sa stabilité. L'eau est bien trop colérique, changeante.  « Je ne préfère pas que quelqu'un soit au courant... Qu'est ce que CS pourrait penser si elle apprenait que tu te retrouves sur un bateau seul, la nuit, avec ton ex encore étudiante ? » L'Ellington se met à rire doucement, je sens la légère inquiétude dans ta voix. Si tu savais comme je m'en fous. Pour l'instant. Laissez-moi croire que ça va continuer comme ça, que jamais mes écarts ne me rattraperont. « Que j'te donne des cours particuliers ? » J'ai jamais rien compris à tes spécialités, j'aurai bien du mal. « Je garderai ça pour moi, t'inquiète pas. » Si CS se préoccupait de mes errances, il aurait déjà foutu un beau bordel. Mais j'ai l'habitude de garder mes portes fermées, de jouer à la mascarade des relations professionnelles en public. « Ne te jette pas par dessus bord, je ne veux pas d'un mort sur la conscience. » Se redresse, rictus aux lèvres, abandonnant sa rambarde pour se rapprocher de la demoiselle. « J'ai tellement hâte de voir mes funérailles nationales de là-haut. » Qu'il s'amuse, se postant aux côtés de l'ex, les mains appuyées sur le tableau de bord. Les billes bleues cherchant celles d'en face. « Qu'est-ce que j'fais là Nienke ? » C'est soit ça, soit j'commence à toucher à tous ces boutons, et jouer aux apprentis capitaine, maintenant qu'on s'éloigne des côtes.

Qu'il me donne des cours particuliers ? J'ai envie de rire mais garde le visage fermé, le regard rivé sur l'horizon, déjà focalisée sur ce que je vais lui demander. Je lance juste un : « Tu y connais quelque chose en neurosciences toi ? », plus que sérieux. Et je me rassure un peu en l'entendant me dire qu'il ne va rien dévoiler. Même si son « t'inquiète pas » m'a toujours paru assez faux. Depuis que j'ai découvert qu'il m'avait caché plusieurs choses, je me rends compte que j'analyse encore plus ses réactions. La psycho m'aide. Et là, il a plus l'air impatient que dans le mensonge. Alors oui, je me vois espérer qu'il n'en parlera à personne : ni de notre rencontre, ni de cette soirée, et encore moins du hackage que je vais lui demander. Il se redresse à mes paroles et se rapproche de moi. Mon poing frappe son épaule quand il parle de ses funérailles. Ce n'est pas parce que nous n'avons plus de relation que je souhaite sa mort. Loin de là. Et encore moins maintenant qu'il n'est plus un fantôme pour moi, maintenant qu'il devient la faible lumière sous mon orage. L'idée de la mort me touche un peu trop en ce moment. Moi qui me fiche plutôt de tout habituellement, me voilà un peu angoissée. Tommy m'a fait peur, terriblement. J'ai eu peur de perdre mon jumeau, sans le revoir avant qu'il ne pousse son dernier soupire. J'ai eu peur qu'il termine sa vie dans cette chambre d'hôpital, qu'il ne puisse plus jamais marcher de nouveau. Je veux savoir comment il va, à n'importe quelle heure de la journée. J'en ai les larmes aux yeux, que je vais rapidement disparaître d'un mouvement rapide de la main. Je ne l'ai pas entendu s'approcher, et maintenant que j'ai les yeux un peu rouge, il essaye de plonger ses yeux bleus dans les miens. Je croise son regard une seconde et le fuit pour regarder le tableau de bord et les doigts de Jasp non loin. « Tu veux naviguer ? » Je lâche la barre et recule de quelques pas sans couper les moteurs. Nous sommes hors du port et il n'y a pas grand risque maintenant qu'il ne fasse foncer le bateau dans quelque chose. Je termine ma cigarette et l'écrase dans le cendrier. Comment lui demander ? J'avance vers lui et m'appuie sur le tableau de bord, face à lui. « Je te crois capable de hacker le serveur d'un hôpital. Est ce que je te place encore sur un piédestal ? »

On a maintenant quitté la terre, où il semble qu'on ai laissé nos bonnes résolutions de distance. D'ignorance. A ce stade, je suis encore bien incapable de savoir si le choix est payant, s'il ne s'agit pas encore d'une de mes décisions hasardeuses, que je regretterai plus tard. Je me suspends à tes lèvres, j'attends que la sanction tombe. Si j'suis là, c'est pour une raison précise. La patience n'est pas vraiment une de mes qualités les plus prononcées, et ça, tu le sais parfaitement. « Tu y connais quelque chose en neurosciences toi ? » Les commissures laissent tracer un fin sourire. « Absolument pas, et encore moins en psycho. » Allez, dit-le que ça se voit. Dit-le que je comprends rien aux autres, qu'on ment pas quand on est en couple, que c'est pas comme ça que ça marche. Voyant que les choses tardent, ou que je m'impatiente, j'm'avance, et j'avance mes pions en même temps. Quand mes billes captent les tiennes, une infime seconde, elles y voient le tumulte, elles y voient qu'on joue plus.« Tu veux naviguer ? » J'te laisserai celle-la, j'te laisserai ta faille et j'y plongerai pas. « Si tu t'endors, j'préfère m'assurer qu'on rentre entier. » Ca n'a pas l'air si compliqué, et j'ai le regard qui cherche rapidement à capter les différentes manœuvres possible, mais vite désintéressé. J'm'y attarderai après, ca devient secondaire. Je laisse le bateau aller à sa guise, mes mains appuyées sur le tableau de bord, face au passé aux yeux rouges. « Je te crois capable de hacker le serveur d'un hôpital. Est ce que je te place encore sur un piédestal ? »  La mâchoire se serre, à peine pour être visible, le sourire devient acide. « Tu plaisantes ? » L'ironie est criante. La seconde réaction s'apaise, et fait marcher son ego : « Ca serait me sous-estimer que de m'en penser incapable. » La question n'est pas de savoir si je peux le faire, mais pourquoi. « Tu dois avoir une bonne raison de me demander ça, j'me trompe ? » On appuie là où ça fait mal.

Le bateau navigue seul. Il n'y a plus de capitaine à la barre, ni de moussaillon. Il erre sur l'océan, sous la voie lactée, sans faire attention à la scène qui se joue à son bord. Je suis triste. Et j'arrive à peine à le cacher. Voilà mon problème du moment. Je déteste paraître vulnérable, et encore plus quand je suis en compagnie d'un homme qui m'a faite souffrir par le passé. Je remets rapidement le masque de la fille glaciale que je peux être, et le laisse prendre ma remarque comme il l'entend. Outch. Je crois que j'ai touché à son égo, pas vraiment malgré moi. Je le cherche. J'ai besoin de savoir si cela le tente, et la lumière qui vient de s'allumer dans ses pupilles m'éclairent sur ses capacités. Il aime autant l'illégalité qu'avant. Il n'a pas changé. Et si d'un côté il me fait encore un peu peur, je suis heureuse d'apprendre qu'il est en capacité de réaliser ce que je lui demande. Je me surprends à être capable maintenant de le regarder dans les yeux. Ses iris bleues me crient sa fierté et m'explose son égo à la figure. « Tu te doutes que c'est important si j'ai pris la peine de te contacter et de passer du temps avec toi. » Cinglante comme je peux l'être. Et pourtant, je me radoucis, que ce soit physiquement ou dans mes paroles. Je pense qu'il est le meilleur, mais jamais je ne vais lui avouer puisqu'il serait bien trop fier de cette image qu'il me renvoie. Mais je comprends rapidement qu'il veut mettre le doigt sur ma faiblesse, la plus grosse, celle que je ne pourrais jamais surmonter : mon jumeau. Tout ce qui touche à mon frère me rend fiévreuse, folle, prête à entrer en contact avec l'illégalité. Je ferai tout pour lui, tout. Si je suis de retour sur Boston, c'est qu'il me l'a demandé. Mais le savoir si loin de moi, sans pouvoir le voir, sans pouvoir avoir de ses nouvelles quand je le souhaite, me dérange tellement que je suis prête à faire hacker le serveur de l'hôpital pour avoir de ses nouvelles dès que je le veux. « La question, ce n'est pas de savoir pourquoi, c'est plutôt de connaitre ce que tu vas me demander en échange. » Je me tourne légèrement et arrête le moteur du bateau pour nous stopper au milieu de l'étendu d'eau. Je nous laisse dériver au grès des vagues qui nous balancent en douceur.

Droit là où ça blesse. Y a le cœur qui est friable, mais aussi l'ego. Chez certain il est plus imposant que chez d'autres. Chez l'Ellington, il recouvre chaque parcelle de son corps. Il dégouline. Il protège le battant déjà bien amoché. Ca m'plait pas, cette tournure. J'aime pas que tu me parles de mes talents, quand c'est ce qui a posé problème. J'crois. J'ai jamais vraiment compris pourquoi ça c'était fini. Si c'est pour l'illégalité, ou pour le fait que j't'ai jamais rien dis là-dessus. J'ai pas compris, et j'ai pas cherché. Qu'importe la réponse, j'étais fautif, et comprendre qu'on est mieux sans moi, ça, j'le saisis assez vite. J'aime pas, j't'ai dis. Ca, et ce ton que tu prends. « Tu te doutes que c'est important si j'ai pris la peine de te contacter et de passer du temps avec toi. » Nienke ou sa façon de te balancer les choses en pleine gueule, sans les enrober. Ca m'décroche un rire jaune fluo. « Tant d'efforts quasi insurmontables, vraiment c'est rude. » Tu l'sens, qu'il est un tantinet vexé d'être vu comme le pire type avec qui passer du temps ? Qu'il fait même pas gaffe à votre passé, qu'après, tout, c'est légitime. « T'en fais pas, on est pas loin du bord, on mettra pas longtemps à faire demi-tour. » Le bleu est acier, quand il se redresse légèrement, abandonnant toute idée de manœuvre ou d'apprentissage. Je remarque que tes traits se détendent, ce qui aurait tendance à provoquer la même chose sur les miens. Plus progressivement. « La question, ce n'est pas de savoir pourquoi, c'est plutôt de connaitre ce que tu vas me demander en échange. » Secoue la tête, consterné par l'idée même qu'une contrepartie me soit nécessaire. Les services, je les rends 1), s'ils me sont utiles 2), s'ils sont légitimes. Le 2 pouvant l'emporter sur le 1, selon l'importance. J'ai jamais eu besoin d'échange, j'suis pas un mec qu'on paye pour pirater le facebook de ta meuf. « Saute. » Qu'il arbore un espèce de sourire, serrant les bras contre son ventre. « Si tu veux que je t'aide, saute. » Ouais, ça me semble être une idée merveilleuse.